Chasse aux phoques
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La chasse aux phoques est une pratique humaine ancienne consistant à tuer des phoques adolescents ou adultes pour des fins alimentaires et surtout commerciales. Cette chasse se pratique de tous temps par les Inuits en Arctique. Il s'agissait d'une question de survie car ils utilisaient pour leur vie quotidienne toutes les parties du corps du phoque (fourrure, graisse, chaire et os). Cette chasse était respectueuse des populations de phoques car les inuits ne tuaient que le nombre de phoque nécessaires à leur subsistance. Mais, dès le XVIIIe siècle, la chasse commerciale s'est développée.
Sommaire |
[modifier] Historique
Dès le XVIIIe siècle, la chasse aux phoques devient plus massive et dépasse la simple démarche de survie. Dans les mers du sud, des millions d'éléphants de mer et d'otaries à fourrures sont tués. De nombreux morses sont morts dans l'Articque et l'éléphant de mer du nord a frôlé l'extinction. En France, au XIXe siècle, une colonie de phoques gris comptait plusieurs centaines d'individus en baie de Somme. Une chasse intensive fut la cause de la disparition progressive sur les bancs de sable de la baie de Somme. En 1930, on observe une baisse des reproduction et en 1960, les derniers individus disparaissent. Depuis 1987, la chasse aux blanchons (le bébé du phoque, dont la fourrure est blanche) est interdite.
[modifier] Aujourd'hui
Cette chasse à grande échelle a lieu sur le littoral entre Terre-Neuve (Newfoundland) et le Labrador. Elle fait depuis des années l'objet de violentes protestations de la part de la communauté internationale qui ne supporte pas cette chasse, se faisant selon l'opinion de certains de manière très violente, à coups de gourdins et d'hakapiks, une sorte de "pic à glace". Six espèces de phoques sont concernées par cette chasse : le Phoque du Groenland, le phoque à capuchon, le phoque gris, le phoque annelé, le phoque barbu ainsi que le phoque commun, dont la population globale dépasse 6 millions d'individus. Après l'embargo plus ou moins réussi sur la fourrure blanche des bébés phoques dont la chasse révolta l'opinion, les chasseurs se sont rabattus sur la fourrure argentée des phoques. En effet, cette dernière plaît beaucoup aux Russes et aux Chinois. Les Canadiens avancent que cette activité régulerait les stocks de morue et représenterait un "apport socio-économique", dixit Pêches et Océans Canada.
[modifier] La Protection
La chasse des petits du phoque de Groenland et des petits du phoque à capuchon et interdite depuis 1987. Le règlement sur les mammifères marins interdit le commerce, le troc ou la vente de fourrures de ces petits phoques. De plus, il est interdit de chasser les phoques dans leurs aires de reproduction, de mise à bas et les jeunes doivent être sevrés, autonomes et indépendants. Pour la chasse des phoques adultes, le Canada a mis en place un système de quotas depuis 1971. L'introduction de la US Marine Mammal Protection de 1972 interdit l'import de fourrures de phoques sur le territoire des États-Unis depuis le Canada.
En 1983, la communauté économique européenne bannit l'importation de blanchons et de dos bleus. En conséquence, la récolte diminue de façon draconienne. La Norvège applique à la chasse aux phoques une réglementation rigoureuse et sévère qui comporte des dates et des quotas précis, spécifie les méthodes pour tuer les animaux, prévoit une formation obligatoire des chasseurs ainsi que l'homologation et le contrôle des navires utilisés. En France, les phoques jouissent d'une protection légale depuis 1961.
[modifier] Campagnes et contre-arguments
De nombreuses associations, telles que l'IFAW ou Greenpeace, mènent régulièrement des campagnes contre la chasse aux phoques. En France, dans les années 1980, Brigitte Bardot a beaucoup fait pour protéger les bébés phoques, tellement qu'en 1987 le Canada adoptait le règlement sur les mammifères marins[1] interdisant notamment la chasse aux blanchons (bébés phoques de moins de 3 semaines) et encadrant mieux les pratiques de chasse. En Angleterre, Paul McCartney et sa femme Heather ont également mené des campagnes pour réclamer la fin de la chasse commerciale aux phoques.
Les chasseurs répondent que les phoques sont des animaux sauvages que les humains ont le droit de chasser. Ils rappellent qu'ils ne sont pas menacés, que l'organisation mondiale du commerce autorise le commerce sans restriction de la plupart des produits du phoque et que les Inuits pratiquent une chasse viable. Ils revendiquent le droit des Inuits de continuer à chasser comme ils l'ont toujours fait. Pour sauver les phoques, la meilleure chose à faire selon eux serait d'essayer de freiner les changements climatiques qui détruisent les glaces marines — l'habitat des phoques en Arctique.
[modifier] Les chiffres
Depuis 1980 environ, le gouvernement canadien accorde aux pêcheurs canadiens environ 325 000 prises annuelles sur des phoques âgés d'au moins 12 jours. Au moment de la chasse, plusieurs n’ont encore jamais nagé ni pris de repas solide. La saison de pêche est ouverte durant 7 mois, du 15 novembre au 15 mai et fait vivre de 12 000 à 15 000 familles canadiennes. La saison de la chasse trouve son paroxysme fin mars au large des Iles-de-la-Madeleine et de l'Ile-du-Prince-Edouard, et en avril au large de Terre-Neuve. D'autres pays comme la Norvège pratiquent la chasse au phoque, mais c'est le Canada qui en tue le plus.
Cette activité rapporte beaucoup d'argent : 58 $CDN par peau, et est en hausse à chaque année. Cela représente un chiffre d'affaires de près 19 millions de dollars canadiens chaque année. Le contrôle est fait par les garde-pêches de Pêche et Océans pour s'assurer que les lois sont respectés, ainsi que pour prévenir une situation passablement houleuse entre chasseurs et défenseurs des animaux. Bien qu'il y ait des quotas, 975 000 prises réparties sur 3 ans jusqu'en 2003, on constate en pratique qu'ils ne sont pas respectés et généralement dépassés de 10%.
En 2004, un recensement de la population de phoque du Groenland permet de constater qu'elle est saine et stable avec 5,8 millions d'individus, soit le triple de ce qu'elle était en 1970. Les populations de phoques du Groenland et de phoques à capuchon de l'Atlantique nord comptent environ 8 millions de têtes dont trois millions dans les zones où chassent la Norvège. Elles sont toutes les deux en augmentation. En France, les protections ont permis aux phoques gris de constituer une petite colonie en Bretagne. Le phoque est revenu en baie de Somme depuis 1986. Depuis 1992, cette petite colonie prospère avec deux à quatre naissances par an.
En novembre 2005, de nouvelles propositions ont été débattues. A l'avenir, les pêcheurs-chasseurs espèrent porter les quotas entre 1,25 et 1,75 million de prises sur 5 ans, soit une augmentation pratiquement du simple au double.
[modifier] Débats sur la chasse au phoque
Le fait que la chasse au phoque nourrit pendant 7 mois quelques 15 000 familles de pêcheurs (en hausse) est un fait économique certain dont il faut tenir compte, mais les revenus de cette chasse contribuent à moins de 1% de l’économie de la province de Terre-Neuve. Les prises doivent êtres âgées de plus de 12 jours, sous-entendant qu'il doit y avoir des adultes. La chasse aux blanchons étant interdite depuis 1987, les chasseurs doivent attendre que les phoques aient perdu leur pelage blanc et puissent se débrouiller seuls sur la glace, sans leur mère. Les prises comprennent donc pour l'essentiel des jeunes de moins 3 mois, mais aucuns blanchons.
Les techniques de chasse actuelles se font majoritairement avec un gourdin ou un akapik. Trois coups réglementaires doivent être donnés pour s'assurer que le phoque est bel et bien mort, et plusieurs études démontrent que cette technique est sans souffrance pour le phoque.
En fait, le Canada se retranche derrière l'aspect commercial de cette chasse qui reste l'argument fort de leur défense. En effet, actuellement le commerce de la fourrure de phoque est tolérée en Europe et permise en Russie, en Chine et dans beaucoup de pays du monde car les espèces concernées ne sont pas menacées d'extinction et ne sont donc pas listées en Annexe I de la CITES ni même sur la Liste Rouge de l'IUCN. Les diplomaties européennes éprouvent donc quelques difficultés sur le plan légal pour opposer des arguments valables à cette chasse. Toutefois, aux États-Unis, la loi sur la Protection des Mammifères Marins (Marine Mammal Protection Act) stipule clairement qu'il est illégal de tuer des mammifères marins ou de faire le commerce des produits dérivés.
Aussi, pour préciser le cadre scientifique de cette chasse mais reconnaissant son caractère caduque avancé par le Canada, les députés Mark Watts, Catherine Stihler et Phillip Whitehead siégeant au Parlement Européen ont pris cette question au sérieux et ont déposé un texte le 20 octobre 2003. Ils demandent que le Conseil International pour l'Exploration de la Mer (CIEM) et le Groupe des spécialistes du phoque de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature et de ses ressources (IUCN) étudient "les conditions des populations de phoques dans les eaux européennes et leurs interactions éventuelles avec le secteur de la pêche". Ils réclament notamment que la Commission récolte "toutes les données nécessaires sur les dommages causés par les phoques aux engins de pêche et sur les captures imputables aux phoques dans les eaux européennes ainsi que sur les effets des activités de pêche sur les populations de phoques."
Il existe environ six millions de phoques et cela représente effectivement une population en développement. Les troupeaux sont riches et peuvent supporter une chasse régulière et contrôlée annuelle.
La source des articles en faveur de cette chasse est exclusivement supportée par des Canadiens, journalistes ou politiques, pour ne citer que Louis-Gilles Francoeur du magazine canadien "Devoir". La seule association écologique qui supporte cette chasse est le WWF Canada.
