Zénon Ier
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Zénon Ier est un empereur d’Orient, né vers 430 à Rosoumblada dans le sud est de l’Asie Mineure, qui gouverne l’empire de 474 à 491. Il est membre d’une famille noble d’origine isaurienne, peuple dont certains historiens contemporains font les ancêtres des Kurdes. Les Isauriens, quoique citoyens de l’empire depuis plusieurs siècles sont considérés comme des barbares par les autres peuples et en particulier les Grecs. Cela explique en partie les difficultés que connaît Zénon Ier confronté tout au long de son règne à de multiples rébellions.
Sommaire |
[modifier] La prise du pouvoir
Zénon (Tarasicodissa de son véritable nom), se fait remarquer assez rapidement pour ses talents militaires par l’empereur Léon Ier dont il commande les troupes isauriennes. Celui-ci cherche au milieu des années 460 à échapper à l’emprise des mercenaires Alains et Alamans de son armée et à l’influence de leur chef le patrice Aspar véritable « faiseur d’empereur » de cette époque. Aspar, qui ne peut règner car c’est un Alain qui plus est de religion arienne, est à l’origine de l’accession au trône de Marcien (450) puis de Léon Ier en 457. L’un de ses fils a épousé l’une des filles de Léon Ier. Dans l’empire d'Occident à la même époque ce rôle est tenu par Ricimer qui à défaut de ne pouvoir devenir empereur, à cause de ses origines barbares, fait et défait les empereurs d’Occident à sa guise.
C’est dans ce contexte dangereux que Zénon va parvenir au pouvoir. En 466 il dénonce la trahison d’un des fils d’Aspar ce que le puissant ministre ne lui pardonne pas. Il est nommé Magister Militum en 466 en Thrace où il repousse les Huns dirigés par le fils cadet d’Attila, Dengitzik (ou Densegich) qui est tué un peu plus tard en 469. En 468 il est le seul général qui échappe au discrédit qui retombe sur les militaires après l’échec de l’expédition contre les Vandales. Cette même année il renforce sa position en épousant Ariane la fille de Léon Ier et de l’impératrice Vérine qui lui donne un fils, le futur Léon II, vers 470. C’est à cette époque, et probablement pour se faire mieux accepter de la hierarchie romaine et de la population grecque qu’il adopte le nom de Zénon.
Le danger est perçu par Aspar, qui pousse son propre fils Patricius lequel vient aussi d’épouser une autre fille de Léon, Léontia. Zénon est nommé Consul ordinaire en 470. Aspar, alors que Zénon dirige une expédition militaire en Thrace en 471, organise un attentat contre lui lequel semble t-il échoue de justesse. Léon Ier éloigne Zénon en le nommant maître de la milice des provinces d’Orient ou il lutte un temps contre le chef de guerre isaurien Indacus. Mais il s’installe rapidement à Chalcédoine pour éventuellement intervenir à Constantinople si la situation l’exige. C’est alors qu’éclatent des émeutes religieuses contre les ariens et bien sur, en premier chef contre Aspar. Celui-ci est assassiné ainsi que son fils Ardaburius dans des conditions peu claires mais probablement à l’instigation de Zénon et avec la complicité, au moins passive, de Léon Ier. Zénon en 473 devient maître de la milice à la place d’Aspar.
[modifier] 474/475 : le premier règne
Le 3 février 474 Léon Ier meurt et son petit-fils Léon II lui succède le 9 février. Mais il n’a que 4 ans et les deux impératrices, Vérine et Ariane obtiennent de Léon Ier, peu avant sa mort que Zénon deviennent co-empereur. Le 17 novembre 474 Léon II meurt de maladie et son père devient alors le seul titulaire officiel du titre et de la fonction. Il donne le titre de César à Julius Nepos, gouverneur de la Dalmatie et une flotte pour traverser l’Adriatique et renverser Glycerius du trône de l’empire d'Occident. Il doit aussi lutter contre un raid des Vandales en Épire qui prennent provisoirement la ville de Nicopolis d'Épire.
[modifier] L’usurpation de Basiliscus
C’est alors que ses relations avec Vérine vont se dégrader. Il semble que celle-ci souhaite se remarier avec Patricius un ancien préfet du prétoire mais Zénon, peu pressé de voir poindre un nouveau prétendant alors que la mort de son fils le prive d’une forte légitimité, refuse ce mariage. Mais il a négligé son impopularité, en raison de ses origines, tant au Sénat que dans le peuple. Ainsi en Janvier 475 Zénon quitte Constantinople pour Antioche. Aussitôt une conjuration, avec le général Illus ancien compagnon d’armes de Zénon, porte au pouvoir le frère de Vérine, Basiliscus qui semble-t-il prend de vitesse sa sœur et Patricius. L’une des premières mesures de Basiliscus est d’ailleurs de faire tuer Patricius, éliminant ainsi un concurrent potentiel.
Vérine se rapproche de nouveau de Zénon sans doute par l’intermédiaire de sa fille Ariane épouse de l’empereur déchu. Celui-ci ne perd pas de temps. Il réunit une armée, retourne de nouveau son camarade Illus qui abandonne Basiliscus, reçoit le renfort de Théodoric et reprend en 476 sa capitale sans combats tant l’usurpateur s’est déconsidéré. Zénon promet de ne pas faire couler son sang ni celui de sa famille et tient sa promesse… en les faisant mourir de faim en Phrygie.
[modifier] Comment se débarasser des barbares ?
Cette même année prend fin l’empire d’Occident quand Odoacre, le roi des Hérules renverse le dernier empereur, Romulus Augustule et renvoie les insignes impériaux à Zénon qui lui accorde le titre de patrice. Par ce geste Odoacre signifie le rétablissement de l’unité de l’empire, ce que s’empresse de faire savoir Zénon, mais dans la réalité c’est la fin de l’empire romain, en occident en tout cas. Entre 478 et 483 Zénon doit lutter contre les Ostrogoths de Théodoric qui renoncent cependant à prendre Constantinople trop fortifiée. En 483 Zénon donne la Mésie à Théodoric ce qui n’empêche pas celui-ci de piller de nouveau la banlieue de Constantinople. Finalement pour s’en débarasser l’empereur, inquiet aussi de la montée en puissance d’Odoacre en Italie, propose à Théodoric en 487 de conquérir l’Italie.
Il est vrai qu’une fois empereur Zénon se révèle plutôt diplomate que guerrier. Non seulement il arrive à débarasser les Balkans des Ostrogoths mais il signe aussi un traité de paix (en 476) avec Genséric le roi des Vandales où il reconnaît la suzeraineté de ce dernier sur l Afrique, la Corse, la Sicile, les Baléares et la Sardaigne. En échange les Vandales mettent fin à leurs raids contre l’empire et ne persécutent plus les catholiques. Cet accord va tenir environ une cinquantaine d’années.
[modifier] Nouvelles rébellions
Les ennuis domestiques continuent pour Zénon quand en 478 Vérine tente de faire assassiner Illus. Elle est exilée dans un monastère de Tarse en Cilicie puis en Isaurie. Elle ne reviendra jamais à Constantinople mais son pouvoir de nuisance reste fort puisqu’elle encourage une nouvelle révolte en 479 organisée par ses frères Procope et Romulus et un autre de ses gendres, Marcien. La révolte n’échoue que de justesse grâce encore une fois à l’intervention d’Illus. Pourtant à de nombreuses reprise Arianne tente d’intercéder auprès de Zénon pour le retour de sa mère, en vain car Illus s’y oppose vigoureusement. Au moins trois attentats sont alors tentés contre lui dont un qui le blesse assez grièvement. C’est pourquoi il est difficile de comprendre la rébellion de 484 qui voit Vérine s’allier à son pire ennemi, Illus devenu commandant des armées orientales de l’empire, pour tenter de renverser Zénon et mettre sur le trône un usurpateur Léontios. Elle envoie des lettres de soutien aux rebelles et demande à certaines villes de soutenir la révolte. Sans doute est-elle contrainte dans sa volonté. Elle meurt peu après à la fin 484. La révolte est écrasée par Zénon en 488 avec l’exécution de Léontios et d’Illus.
[modifier] Une politique religieuse de compromis
Dans le domaine religieux il s’efforce de mettre fin à la querelle monophysite par un compromis, l’Henotikon, publié en 482 et qui provoque un premier schisme avec Rome. En effet le pape Félix III estime ce texte trop teinté de monophysisme. Il lance donc un anathème contre le véritable auteur du texte, Acace (ou Acacius) le patriarche de Constantinople, en 484. Cette première rupture va durer 35 ans jusqu’au règne de Justinien.
Zénon Ier meurt le 9 avril 491 sans avoir eu d’autres enfants avec Ariane. C’est donc un de ses hauts fonctionnaires, Anastase Ier qui lui succède.
Empereur romain d'Orient ou Basileus | ||
Précédé par Léon II |
Zénon Ier |
Suivi par Anastase Ier |
[modifier] divers
Des circonstances macabres associées à la mort de Zénon par les chroniqueurs Kedrenos et Jean Zonaras sont peut-être la première apparition d’une sorte de thème flottant, véridique ou légendaire, qui s’est attaché aussi au scolastique John Duns Scot et à d’autres personnages moins connus : l’enterré vif qui se dévore les bras ou les mains.