Syrie (province romaine)
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La Syrie fut une des provinces romaines les plus importantes de l'empire, tant par sa richesse que par son importance militaire. Étendue de la Méditerranée à l'Euphrate, elle constituait un riche creuset de civilisations où de nombreux peuples (Phéniciens, Grecs, Juifs, Arabes…) coexistaient.
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[modifier] Une province frontière et une des armées les plus importantes de l'empire
L'armée de Syrie était une des plus importantes de l'empire. Elle comptait trois légions. Elle devait protéger la province contre le puissant empire des Parthes qui s'étendait au-delà de l'Euphrate. Elle chercha parfois à s'étendre à ses dépends, comme lors du règne de Trajan. L'armée de Syrie pouvait aussi faire face à des révoltes locales, comme celles des juifs. Sous Marc Aurèle et Lucius Verus, une nouvelle guerre opposa Parthes et Romains. La puissance de l'armée de Syrie fit qu'à plusieurs reprises elle joua un rôle lors des guerres civiles qui opposèrent plusieurs prétendants à l'empire. Ainsi, au premier siècle, c'est l'armée de Syrie qui porta Vespasien au pouvoir. Elle se prononça aussi en faveur d'Avidius Cassius en 175 et de Pescennius Niger en 193. Mais ni l'un ni l'autre ne purent régner légitimement. C'est ce rôle politique de l'armée de la province de Syrie qui porta Septime Sévère à diminuer la puissance de son gouverneur vers 197. Pour cela, il divisa la province en deux provinces plus petites : la Syrie Coele au nord et la Syrie Phénicie au sud. Au troisième siècle, l'armée des provinces de Syrie doit faire face à la dynastie des Sassanides et à son empire Perse qui remplaça l'empire Parthe. Elle subit des défaites sérieuses, notamment face au Roi Shapur Ier (ou Sapor Ier) en 260. La région passa alors sous le commandement de nobles de Palmyre qui organisèrent la défense locale de l'empire. L'empereur Aurélien ramena la province de Syrie dans le giron de l'empire en 272. La défense de la région face aux Perses resta un enjeu majeur de l'empire romain jusqu'aux invasions arabes.
[modifier] Histoire politique (64 av. J.-C. - 211)
La Syrie fut conquise par Pompée en 64 av J-C et réduite en province romaine. C'est en effet, en 63 av JC, que Pompée, après avoir vaincu le roi Mithridate VI, transforma le royaume voisin de Syrie en province romaine, mettant ainsi fin à la dynastie séleucide, l'acquisition du territoire n'était cependant pas sa mission originelle.
Le gouvernement de cette riche région fut vite un enjeu majeur à Rome. Crassus qui l'avait obtenu y trouva la mort en tentant une expédition militaire contre les Parthes en 53 avant J.-C à Carrhae (ou Carrhes). Sous Auguste, la province fut placée sur l'autorité d'un légat impérial propréteur de rang consulaire, résidant à Antioche, la capitale. Les frontières de la province connurent à plusieurs reprises des modifications. Le royaume de Judée devenu province fut renommé Syrie Palestine durant le règne de l'empereur Hadrien mais n'appartenait pas à la province de Syrie proprement dite. Les frontières varièrent aussi avec l'Arabie nabatéenne. La Syrie englobait l'Iturée et le territoire de Palmyre. Si les conquêtes de Trajan furent éphémères, la frontière sur l'Euphrate fut durablement déplacée jusqu'à Doura Europos lors de la guerre parthique de Lucius Verus entre 162 et 166.
À partir de la seconde moitié du deuxième siècle, le sénat romain comprend un nombre important de Syriens, ainsi Claudius Pompeianus ou Avidius Cassius sous Marc Aurèle. Dans la première moitié du troisième siècle, des Syriens accèdent au pouvoir impérial, avec la dynastie des Sévères.
En 193, après la mort de Pertinax, l'armée de Syrie proclame son gouverneur, Pescennius Niger, empereur. Il fait face à Septime Sévère et est défait par lui en 197. Septime Sévère pousse alors ses campagnes en direction de l'empire Parthes, annexant une partie de la Mésopotamie, pillant les villes de Ctésiphon et Séleucie du Tigre.
Après avoir créé la nouvelle province de Mésopotamie, Septime Sévère divisa la province de Syrie en deux : la Syrie Coele (ou Syrie proprement dite) au nord, avec Antioche pour capitale, et la Syrie-Phénicie au sud, avec Tyr ou Émèse comme capitale. La province romaine de Coele-Syrie ne recouvrait donc pas totalement ce que l'on appellait la Cœlé-Syrie à l'époque hellénistique.
[modifier] La Syrie romaine face aux menaces du troisième siècle (211-284)
Durant le troisième siècle l'histoire politique des provinces de Syrie devient inséparable des questions militaires : la pression exercée par l'empire Sassanide et les défaites romaines entraînent des bouleversements politiques.
La campagne décidée par Caracalla contre les Perses amena l'empereur en Syrie en 215, mais ne fut guère concluante. Tué à proximité de Carrhae en avril 217, le fils de Septime Sévère est remplacé par Macrin, son préfet du prétoire. Macrin tente de poursuivre les campagnes de Caracalla et dirige l'empire depuis Antioche. Il doit rapidement faire face à l'usurpation d'Élagabal, originaire d'Émèse. Vaincu, Macrin prend la fuite avant d'être tué en juillet 218. Élagabal a alors quatorze ans, il est l'héritier mâle d'une dynastie locale qui revendique pour elle le pouvoir impériale et argue pour cela de sa parenté avec Septime Sévère : Varius Avitus Bassianus dit Élagabal est un petit-neveu de la seconde femme de Sévère, Julia Domna. Sa famille revendique pourtant pour lui le titre de fils de Caracalla. Le jeune âge du prince font que ce sont ses parentes - en particulier sa grand-mère Julia Maesa - qui exercent la réalité de la direction de l'empire, en s'appuyant sur les plus hauts personnages de l'état.
Grand prêtre de la divinité principale d'Émèse, et sans égard pour la religion traditionnelle romaine, le jeune Élagabal ne correspond que peu aux critères attendus par les Romains. D'Émèse sa cour se déplaça à Antioche puis à Rome, où il arrive en 219, amenant avec lui son culte. Jusqu'en 235 sa famille règne sur l'empire. Le comportement d'Élagabal choquant les milieux sénatoriaux et le peuple romain, il est éliminé en 222 et remplacé par son cousin Sévère Alexandre, lui aussi fort jeune et gouvernant à l'aide de ses parentes et d'un conseil de sénateurs illustres. En 231, la menace perse le fait revenir en Syrie pour des campagnes peut concluantes avant que des menaces plus graves ne l'attirent sur le Rhin. Dès lors l'empire est menacé sur deux fronts principaux dont l'un se trouve à proximité de la Syrie.
De l'incapacité de faire face simultanément à ces deux menaces surgissent de nombreuses usurpations, chaque région menacée exigeant qu'un empereur la protège. La Syrie n'échappe pas à ce sort. En 242, la menace de Sapor Ier entraîne le retour d'un empereur en Syrie, Gordien III, mais sa défaite entraîne son remplacement par Philippe l'Arabe originaire de la province voisine d'Arabie en 244. Si ce dernier doit retourner à Rome pour assurer la légitimité de son pouvoir, il laisse sur place son frère, Caius Julius Priscus, préfet du prétoire avec des pouvoirs important sur la Syrie et les régions voisines.
Cependant Philippe est tué en Occident où les proclamations impériales se succèdent jusqu'à celle de Valérien en 253. La même année Sapor a mené une offensive ravageuse contre l'empire romain et pénétré très avant en Syrie prenant Antioche et de nombreuses villes. Uranius Antoninus notable d'Émèse organise la défense de la province et pour cette raison prend le titre impérial, cette éphémère usurpation (253-254) n'étant connue que par des monnaies. À partir de 254 Valérien s'installe pour l'essentiel en Syrie, laissant l'Occident de l'empire sous la responsabilité de son fils Gallien, à l'exception peut-être d'un court passage à Rome en 257. Cela ne suffit pas cependant à assurer la défense durable de la province, et l'année 260 est celle d'une catastrophe : Valérien est capturé par Sapor ! Une partie des provinces d'Occident font sécession suivant l'usurpateur Postumus et Macrien se proclame empereur en Orient. Il est cependant vaincu avec Quiétus son fils en 261 par Odénath important personnage de Palmyre. Dès lors c'est ce dernier qui gouverne réellement, depuis la Syrie, l'Orient de l'empire, même s'il reconnaît le pouvoir de Gallien. Il prend cependant le titre d'imperator et de roi des rois. Son assassinat vers 267 par son fils Hairan n'éloigne pas le pouvoir de sa famille : c'est sa veuve Zénobie qui prend le pouvoir et donne le titre d'Auguste à son fils Vaballath (271). En 272 cependant Aurélien rétablit l'unité de l'empire lors d'une campagne dirigée contre la Syrie durant laquelle il capture Zénobie. En Perse Sapor Ier meurt, et ses successeurs immédiats n'ont que de courts régnes : l'ennemi le plus dangereux de l'empire n'est plus. Palmyre s'étant à nouveau révoltée est prise et pillée en 273 par Aurélien qui retourne célébrer son triomphe à Rome.
L'éloignement de la menace perse entraîne un recul de l'importance politique de la Syrie dans le choix des empereurs, et l'usurpation de Caius Julius Saturninus en 281 est très courte, il finit rapidement tué par ses soldats. En 283 Carus mène de brillantes campagnes contre les Perses mais meurt après avoir pris Ctésiphon et Séleucie du Tigre. Les forces militaires romaines retournent vers l'Occident où Dioclétien prend le pouvoir en 284.
[modifier] Économie, cultures et religions
[modifier] Une province très riche
La province était très riche et très peuplée. Par les ports de la côte (Sidon, Tyr, Césarée...) et les cités caravanières (Palmyre, Antioche, Damas...) transitait le commerce entre Rome et l'Orient. Les caravanes partaient alors pour l'Arabie, la Mésopotamie et la route de la soie.
La région est caractérisée par trois formes de reliefs différents et par la trilogie méditerranéenne (blé/vin/huile).
L'artisanat est très présent :
- céramique
- verre (sable fondu à haut degré, pas tout à fait transparent)
- parchemin (peau de veau)
- construction de navire en bois.
Le commerce est également intense grâce aux Phéniciens qui le favorise développant la route de la soie. Le commerce des épices est également très actif.
[modifier] Diversité culturelle et religieuse
Il y a trois langues principales : grec surtout dans les cités, araméen et le pablais (langue iranienne). La langue majoritairement parlée restait l'araméen et des dialectes sémites. La Syrie donna plusieurs grands écrivains de langue grecque à l'empire romain : Lucien de Samosate au deuxième siècle, Libanios au Bas-Empire.
La diversité des populations est une des caractéristiques de la Syrie qui voit cohabiter sur son sol des habitants d'origines très diverses et aux modes de vie très différents : paysans syriens des montagnes ou des plaines, descendants des colons grecs en général dans les cités, soldats romains, marchands palmyrénéens, communautés juives, nomades arabes etc.
La Syrie possède ses dieux propres comme la déesse Astarte, ou encore Elagabal, mais elle adopte les dieux grecs comme Tyché et latin comme Vénus (déesse de la victoire et de l'amour physique), ou tout au moins leur apparence. Nombre de cités de Syrie ont leur ba'al, divinité poliade d'origine locale. La Syrie est donc une province où d'important mouvement de syncrétisme se développent. Après la conversion de saint Paul sur le chemin de Damas, l'Église chrétienne se développa en Syrie avant l'évangélisation de la Grèce. La petite ville frontière de Doura Europos rend bien compte de cette diversité avec ses temples, les inscriptions religieuses de la garnison romaine et les célèbres peintures de sa synagogue et de son église.
[modifier] Références
[modifier] Bibliographie
M. Sartre, Les provinces de Méditerranée orientale d'Auguste aux Sévères,Points, Paris, 1997.
[modifier] Articles connexes
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