Prise d'otage d'Ouvéa

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La prise d'otage d'Ouvéa désigne une succession d'événements violents en Nouvelle-Calédonie en avril-mai 1988 qui ont durablement marqué le territoire.

Sommaire 1 Le contexte 2 La prise d'otage 3 L'assaut de la grotte 4 Conséquences politiques et sociales 5 Notes et références 6 Filmographie 7 Bibliographie 7.1 Liens externes

[modifier] Le contexte

Aux mois d'avril 1988, après deux ans de cohabitation la France se prépare à l'élection présidentielle qui voit s'affronter le Premier ministre Jacques Chirac et le Président de la République François Mitterrand.

En Nouvelle-Calédonie la situation politique est particulièrement tendue. L'élection présidentielle coïncide avec les élections régionales instaurant un nouveau statut pour le territoire, le controversé statut Pons. Le FLNKS avec l'ensemble des indépendantistes rejettent celui-ci et appellent à un « boycott actif » des élections.

[modifier] La prise d'otage

Le vendredi 22 avril 1988 au matin à Fayaoué sur l'île d'Ouvéa, deux jours avant le premier tour des élections, des indépendantistes Kanak et membres du FLNKS, attaquent la gendarmerie. Trois gendarmes sont tués par balles et l'un devait décéder de ses blessures suite à un coup de "tamioc" sur la tête. Les autres gendarmes sont désarmés, certains emmenés au sud à Muli^[1] les autres dans une grotte^[2] près de Gossanah.

Des actions similaires étaient prévues à Lifou et Maré^[3].

Le dimanche 24 avril, les élections marquent une nette radicalisation du clivage entre les électorats : l'électorat loyaliste sanctionne le RPCR avec une importante progression du Front national, tandis que le mot d'ordre de boycott indépendantiste est largement suivi dans l'électorat mélanésien. On note trente-huit bureaux fermés.

Les preneurs d'otages constatent alors que la situation insurrectionnelle qu'ils espéraient provoquer reste sporadique. Et, le 27 avril, le capitaine Legorjus, sous commandement présidentiel, accompagné de cinq hommes et d'un substitut du Procureur de Nouméa sont à leur tour retenus quelques heures dans la grotte.

[modifier] L'assaut de la grotte

Le 5 mai 1988 le gouvernement Chirac^[4] fort du succès de la libération des otages du Liban ayant eu lieu quelques jours plus tôt^[5]déclenche l'opération « Victor » conduite par l'armée française (GIGN, EPIGN, 11^ème Choc, commando Hubert). Cette opération permet la libération des gendarmes retenus en otages.

Dix-neufs preneurs d'otages sont également tués, pour certains dans de troubles circonstances; deux militaires furent également tués lors de l'assaut. Des membres du FLNKS accusent alors les forces de l'ordre d'avoir « laissé mourir volontairement » au moins 5 des leurs, blessés "les armes à la main" lors de l'assaut de la grotte.^[6]

[modifier] Conséquences politiques et sociales

Deux jours plus tard François Mitterrand est réélu Président de la République. En Nouvelle-Calédonie l'élection mobilise 60% du corps électoral et François Mitterrand n'y recueille que 10% des suffrages exprimés.

Michel Rocard est nommé Premier ministre et constitue une mission du dialogue chargée de renouer la discussion entre loyalistes et indépendantistes. Cette mission conduira aux accords de Matignon.

De hauts responsables politiques de gauche parlèrent d'« assassinat », de « meurtre » et même de « crime de guerre »^{réf. nécessaire}, le Garde des Sceaux, Pierre Arpaillange exprima « son doute »^{réf. nécessaire}.

Le 22 avril 1989, Laurent Fabius, président de l'Assemblée nationale refuse de laisser observer une minute de silence à la mémoire des gendarmes assassinés un an plus tôt, alors que le 8 juin 1989, le premier ministre, Michel Rocard se rend aux obsèques de Jean-Marie Tjibaou.

Suite à une enquête de commandement, Jean-Pierre Chevénement, ministre de la Défense relève qu'« aucun élément de l'enqûete ne fait apparaître de qu'il y a eu des exécutions sommaires » tout en évoquant des « actes contraires au devoir militaire » et "des points lui paraissant obscurs après l'évacuation d'Alphonse Dianou"^[7].

Le dossier fut transmis à la justice avant d'être classé sans suite, le gouvernement Rocard ayant décidé une amnisitie sur cette affaire ainsi que pour les indépendantistes concernés par la prise d'otage.

Ces évènements accrurent le malaise de la gendarmerie. Dans Le Quotidien de Paris, le 16 août 1989, Charles Hernu, ancien ministre de la défense et fils de gendarme, déclare : « Les gendarmes se sentent de moins en moins reconnus dans leur dignité. Après les évènements de Nouvelle-Calédonie, l'opinion ne s'est pas assez rendu compte que les gendarmes avaient laissé leurs vie là-bas. La nation, dans son ensemble ne s'est pas montrée suffisamment reconnaissante ».

Une céremonie de réconciliation entre gendarmes et les habitants de Gossanah eut lieu en 1998.

[modifier] Notes et références

[modifier] Filmographie

Un film français intitulé Les Médiateurs du Pacifique a été réalisé en 1996 par Charles Belmont sur ce sujet en collaboration pour le scénario avec le journaliste Olivier Duhamel. Le film est sorti en mai 1997.

[modifier] Bibliographie

• Chanel Kapoeri, Témoignage de Chanel Kapoeri, Conseiller municipal d'Ouvéa, Attaché au cabinet du président de la Province des Iles Loyauté, secrétaire général adjoint de l'Union Caledonienne', in Le Mémorial Calédonien, vol. 9 (Nouméa 1995).
• Jean Guiart, A drama of ambiguity: Ouvea 1988-89, Journal of Pacific History.(Juin 1997)
• Philippe Legorjus, La morale et l'action (Paris 1990).
• Cédric Michalski, L'Assaut de la grotte d'Ouvéa : Analyse juridique, Éditions L'Harmattan, Paris, 2004, ISBN 2-7475-6467-3
• Antonio Raluy, La Nouvelle-Calédonie. Paris, Éditions Karthala, 1990. ISBN 2-86537-259-6
• Alain Rollat et Edwy Plenel. Mourir à Ouvéa, Le tournant calédonien (Paris 1988).
• Antoine Sanguinetti (dir. de pub.), Enquête sur Ouvéa, Études et documentation internationales, Paris, 1989
• Henri Weill, Opération Victor, GIGN et Services Secrets dans le Pacifique (Balma 1989).

[modifier] Liens externes

• Chronologie de la prise d'otages sur l'île d'Ouvéa
• Jean Guiart "A drama of ambiguity: Ouvea 1988-89" (Journal of Pacific History). De nombreux ouvrages défendant différents points de vue sont donnés en référence dans cet article
• Journal Télévisé d'Antenne 2 du 30 mai 1988 concernant le rapport d'enquête faisant suite à la prise d'assault dela grotte d'Ouvéa (Site de l'Inathèque)