Lucien Rebatet
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Lucien Rebatet (1903, Moras-en-Valloire, Drôme — 1972, id.) est un écrivain et journaliste français.
[modifier] 1929 - 1940 : la naissance d'une vocation fasciste
Fils de notaire, après avoir abandonné des études de droit, puis de lettres, il entre comme critique musical au journal nationaliste et monarchiste l'Action Française en 1929 avec pour pseudonyme François Vinneuil. En 1932 il devient journaliste à Je Suis Partout, où son style et ses convictions vont s'affirmer. Il signe des articles comme Le Cinéma par ceux qui le font, Les Etrangers en France. L'invasion, Les Emigrés politiques en France. Il accueille avec enthousiasme la parution du pamphlet de Céline Bagatelles pour un Massacre. Car Rebatet se révèle un antisémite virulent. Outre les Juifs, il attaque avec férocité le communisme, la démocratie, l'Église (ce qui ne l'empêche pas de proclamer sa foi en Dieu et son admiration pour le général Francisco Franco), et, après des enquêtes en Allemagne et en Italie, se proclame fasciste.
[modifier] 1940 - 1944 : l'apologie de la collaboration
Mobilisé en janvier 1940, Lucien Rebatet est libéré en février, et on le retrouve à Vichy où il travaille à la radio. De retour à Paris, après un passage au journal Le Cri du Peuple de Jacques Doriot, il revient à Je Suis Partout. Il signe Les Tribus du Cinéma et du Théâtre et Le Bolchevisme contre la Civilisation.
En 1942 il publie Les Décombres, où il désigne comme responsables de la débâcle de 1940 les Juifs, les politiques et les militaires. Les gens de Vichy ne sont pas épargnés. Il y explique que la seule issue pour la France est de s'engager à fond dans la collaboration avec l'Allemagne nazie. C'est un grand succès sous l'Occupation (tirage estimé à 65 000 exemplaires).
Son dernier article, le 28 juillet 1944, s'intitule : « Fidélité au National-socialisme ». Mais le vent a tourné, il faut fuir vers l'Allemagne. On retrouve Rebatet, comme tant d'autres collaborateurs, à Sigmaringen.
[modifier] 1945 - 1972 : une vie d'écrivain
Arrêté le 8 mai 1945, il est jugé le 18 novembre 1946, condamné à mort puis, finalement, gracié. Détenu à Clairvaux, il achève en prison un roman commencé à Sigmaringen : Les Deux Etendards, publié par Gallimard. Cette œuvre, considérée comme de grande qualité, sera en grande partie ignorée par la critique, même après sa réimpression en 1991.
Libéré le 16 juillet 1952 et d'abord assigné à résidence, Lucien Rebatet revient à Paris en 1954. Un autre roman, Les Epis Murs, est plutôt bien accueilli. Un roman suivant, Margot l'enragée, demeurera inédit, l'auteur en étant peu satisfait. Il reprend son activité de journaliste. En 1958 on le retrouve à Rivarol. En 1965, à l'élection présidentielle, contre De Gaulle, il soutient au premier tour Jean-Louis Tixier-Vignancour, puis, au second, François Mitterrand. Ce choix est dû à un antigaullisme intact, mais aussi à une fidélité à l'idéal européen, telle que Rebatet est désormais prêt à transiger avec la démocratie, seule capable d'unifier l'Europe après la défaite du fascisme. Il est ensuite rédacteur à Valeurs actuelles. Jusqu'au bout il restera fidèle au fascisme, bien qu'il soutienne de moins en moins l'antisémitisme, en raison de la législation en vigueur (le décret-loi Marchandeau du 21 avril 1939, interdisant la provocation à la haine raciale, a été rétabli en 1944), mais aussi par une modification de son regard sur les Juifs : s'il ne renie rien de ses attaques antisémites d'avant 1945, il ne peut s'empêcher de respecter la nouvelle nation israélienne, en guerre contre les Arabes.
En 1969 il publie Une histoire de la musique, son œuvre la moins politique et la plus reconnue, qui reste comme un authentique livre de référence, bien que les jugements portés tant sur les compositeurs que sur les œuvres soient souvent empreints de la subjectivité de leur auteur, notamment en ce qui concerne la tradition lyrique française (jugements sur Auber, Gounod, Thomas, Bizet, Reyer, Massenet, Saint-Saëns, Bruneau, Charpentier, etc. Et d'une façon assez compréhensible de la part de l'auteur, sur Meyerbeer, et Halévy, qui voit son chef d'œuvre "La Juive" qualifié de "raciste", ce qui ne manque pas d'ironie...).
Lucien Rebatet était également critique de cinéma sous son pseudonyme de François Vinneuil.