Légende dorée
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La Légende dorée (Legenda aurea) est un ouvrage rédigé en latin par Jacques de Voragine entre 1261 et 1266 qui raconte la vie de 180 saints, saintes et martyrs chrétiens ainsi que certains épisodes de la vie du Christ, suivant le calendrier liturgique.
Initialement intitulée Legenda sanctorum alias Lombardica hystoria, qui signifie littéralement « ce qui doit être lu des saints », cette œuvre est rapidement appelée Legenda aurea car son contenu, d'une grande valeur, est aussi précieux que l'or. Jacques de Voragine a puisé dans les sources les plus authentiques, écartant les légendes de saints locaux : évangiles apocryphes de Nicodème, le Speculum historiale de Vincent de Beauvais, les textes de Grégoire de Tours, de saint Augustin, de saint Jérôme, de Cassien et de bien d'autres pour réaliser cette compilation d'histoires merveilleuses ou atroces du début de la chrétienté. Outre les vies de saints, environ 40 % de la Légende dorée est consacrée aux explications des fêtes religieuses principales, qui renvoient à la vie du Christ. L'ensemble des vies de saints et des explications de fêtes religieuses est présenté dans l'ordre du calendrier, à partir de l'avent. L'abrégé d'histoire de l'Europe qu'il donne, commençant au VIe siècle avec l'arrivée des Lombards, lui vaut également le nom d'Histoire lombarde.
Hauts en couleurs, largement destinés et utilisés par les prédicateurs, ces récits avaient pour vocation d'exalter la foi, car le véritable sujet de la Légende dorée est le combat que mène Dieu contre les esprits du Mal, s'exprimant notamment dans le courage des martyrs qui démontre finalement l'impuissance des persécuteurs. La Légende dorée est ainsi conçue comme un instrument de travail, servant à la préparation de sermons à destination notamment des urbains, plus sensibles aux hérésies (cathares, vaudois). Elle fournit ainsi une collection de modèles de vie exemplaires, destinés à émailler les prédications.
Cet ouvrage connaît dès sa création, vers 1261-1266, un succès considérable. Très rapidement, la Légende dorée devient avec la Bible l'œuvre la plus lue, la plus copiée mais peut-être aussi la plus « augmentée » : aux XIVe siècle et XVe siècle, il n'est pas rare d'en trouver des copies contenant pas moins de 400 histoires… On estime qu'il en existe plus de 1 000 manuscrits, du plus simple au plus enluminé, et l'arrivée de l'imprimerie accroît encore sa diffusion.
La Légende dorée influence également de manière très significative l'art du Moyen Âge, et permet«bien souvent d'expliquer à elle seule la plupart des bas-reliefs d'une cathédrale» (Émile Mâle). Des peintres comme Giotto, Simone Martini, Jan Van Eyck, Fra Angelico, Masaccio, Piero della Francesca, Antonello de Messine, Andrea Mantegna, Memling et bien d'autres encore puisent largement dans cette œuvre, mettant en scène la vie des saints.
Aujourd'hui la plupart des bibliothèques du monde possèdent au moins un exemplaire de la Légende dorée. Le plus ancien manuscrit connu, datant de 1282, est conservé à la Staatsbibliothek de Munich. La première traduction française de cet ouvrage, effectuée par Jean de Vignay au XIVe siècle, a été imprimée à Lyon en 1476 par Barthélémy Buyer.
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[modifier] Généralisation
- Hormis l'acception française:
- Florence a également une légende dorée : le Decameron de Boccace, conté en dix jours ;
- Chronique anglo-saxonne : (en)Historia ecclesiastica gentis Anglorum ;
- Occident chrétien : la légende du Roi Arthur se diffuse en Europe et devient une épopée médiévale enluminant le thème des croisés ;
- Civilisation islamique : le corpus des Contes des Mille et une nuits ;
- autres exemples : voir personnage historique.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Article connexe
[modifier] Bibliographie
- Jacques de Voragine, La Légende dorée, édition sous la direction d'Alain Boureau, Paris, éd. Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2004.
- Barbara Fleith et Franco Morenzoni, De la sainteté à l'hagiographie. Genèse et usage de la Légende dorée, Genève, éd. Droz, 2001.
- Jacques de Voragine, La Légende Dorée. Edition critique dans la révision de 1476 par Jean Batailler, d'après la traduction de Jean de Vignay (1333-1348), publiée par Brenda Dunn-Lardeau, Paris, Editions Champion, 1997.
[modifier] Liens externes
- Texte intégral, traduit en français Numérisation Abbaye Saint Benoît de Port-Valais en la fête de la chaire de Saint Pierre, 22 février 2004
- Extraits du texte en latin