E. L. T. Mesens

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Vous avez de nouveaux messages (diff^?).

Cet article est une ébauche à compléter concernant la littérature, vous pouvez partager vos connaissances en le modifiant.

E. L. T. Mesens, né dans le vieux quartier de Saint-Géry à Bruxelles le 27 novembre 1903 et mort à Bruxelles le 13 mai 1971, est l'un des fondateurs du mouvement surréaliste en Belgique.

[modifier] Biographie

Sa mère originaire de Lille et son père, droguiste puis épicier en gros, du Brabant, E. L.T. (Édouard-Léon-Théodore) Mesens apprend très jeune à jouer du piano. Il décide en 1919 de se consacrer à la musique et entre au Conservatoire de Bruxelles où il étudie l'harmonie, le contrepoint et l'orchestration. Il écrit alors une vingtaine de petites partitions de chansons accompagnées au piano. Ayant rencontré son œuvre, il fait la connaissance d'Erik Satie, de passage à Bruxelles, à qui il rend visite à Paris. Satie l'emmène ainsi à la première exposition de Man Ray à Paris et dans l'atelier de Brancusi. Mesens se lie alors avec Man Ray (et Kiki) ainsi qu'avec Marcel Duchamp. Simultanément il rencontre en 1920 le peintre René Magritte et le poète Pierre Bourgeois. A cette époque, selon Louis Scutenaire, "c'est Edouard - et nul autre que lui - qui montre à René Magritte la reproduction d'une toile de Chirico, Le chant d'amour, une oeuvre qui enthousiasma le jeune peintre au point qu'il faut y voir le détonateur de l'explosion magritienne" (Mon ami Mesens, p. 31).

Après un premier concert à Bruxelles en 1922, Mesens, séduit par le mouvement Dada, rencontre dans les années suivantes à Paris Philippe Soupault (en 1922), Aragon puis Breton (vers 1925), Eluard, Francis Picabia, collaborant à sa revue "391", mais aussi Hemingway (en 1923). Il réalise en 1924 ses premiers collages et photomontages, renonce à la musique, aborde la poésie. Avec Magritte il projette de lancer "Période", coulée dès avant sa naissance par un tract lancé par Paul Nougé, puis fonde la revue Œsophage (un numéro en mars 1925, avec la collaboration de Hans Arp, Max Ernst, Georges Ribemont-Dessaignes, Picabia, Kurt Schwitters et Tristan Tzara), puis édite la revue Marie, "journal bimensuel pour la belle jeunesse" (trois numéros en 1926 suivis d'un quatrième, "Adieu à Marie", qui marque leur alliance avec Paul Nougé, Camille Goemans, les musiciens André Souris et Horeman).

Mesens occupe dès lors une place essentielle dans le groupe surréaliste belge ainsi formé, auprès de Nougé, Goemans, Magritte, Marc Eemans, Marcel Lecomte, Souris et Scutenaire. Il publie en 1926 Garage, musique qu'il a composée en 1921 sur un poème de Philippe Soupault (couverture de Man Ray). Il dirige en 1927 la galerie "L'Époque", expose certaines des oeuvres les plus importantes des peintres surréalistes, de Magritte, dont il présente en 1928 vingt-trois oeuvres, de Max Ernst et Joan Miro. Il y présente également ses photographies, avec celles notamment d'Atget, Moholy-Nagy, Man Ray. Entre 1928 et 1930 plusieurs de ses poèmes paraissent dans "Distances", "Variétés" de P. G. Van Hecke, à l'élaboration de laquelle il participe, et dans "Le Surréalisme en 1929".

En 1931 Mesens dirige la galerie Mesens, est employé au Plais des Beaux-Arts de Bruxelles, et en 1933 fonde les Editions Nicolas Flamel qui publient Femme complète, illustré par Magritte, un hommage des surréalistes, dont Breton, Char, Éluard, Maurice Henry, Péret, Dali, Tanguy, Max Ernst, Brauner, Magritte, Hans Arp, Giacometti, à la jeune parricide Violette Nozières, Alphabet sourd aveugle, avec une préface d'Eluard, ainsi que le numéro trois du "Bulletin international du Surréalisme". Secrétaire au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles Mesens y organise en 1934, avec le concours de Breton et d'Eluard, l'exposition Minotaure. Simultanément il est le rédacteur en chef de la revue Documents 34. A La Louvière il organise en octobre 1935 la deuxième exposition internationale du surréalisme, y prononce une conférence et, avec Irène Hamoir,fait des lectures des textes surréalistes. Il est l'un des signataires du tract "Le couteau dans la plaie" publié dans le "Bulletin international du Surréalisme" qui réunit pour la première fois le groupe surréaliste de Bruxelles et celui du Hainaut (Achille Chavée, Dumont, Simon, Lefrancq, Van de Spiegele). En juin 1936 Mesens organise à Londres, avec Breton, une nouvelle exposition internationale du surréalisme, tandis que le groupe surréaliste de Bruxelles se disloque, Magritte, Mesens et Nougé signant un tract contre Souris, accusé d'avoir, chef d'orchestre, dirigé une messe.

Après avoir préparé au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles une exposition de Magritte, Man Ray et Yves Tanguy, Mesens s'établit en 1938 à Londres. Il y dirige la "London Gallery" où il présente les oeuvres des surréalistes et crée la revue "London Bulletin" qui paraît de 1938 à 1940 (vingt numéros), contribuant à la diffusion du Surréalisme dans le monde anglo-saxon. En 1941 Mesens collabore aux émissions de guerre de la BBC. Il y est notamment l'auteur de la célèbre formule : "Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand". Il publie en 1944 à la "London Gallery Editions" Troisième Front, poèmes de guerre, suivi de Pièces détachées, un ouvrage collectif sous le titre "Message from Nowhere" et, en collaboration avec Jacques B. Brunius, Idolatry and Confusion, pamphlet contre le chauvinisme de la littérature de guerre. Avec Penrose il traduit "Poésie et vérité 1942" d'Eluard.

A partir de 1952 Mesens renoue avec les collages, rassemblant les matériaux les plus insolites. Plusieurs expositions en sont organisées, en 1958 à Paris, en 1959 au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, en 1963 au Casino de Knokke (125 collages et objets), en 1970 à Turin, en 1971 à Bruxelles. Il écrit parallèlement plusieurs textes et préfaces, notamment pour des expositions de Max Ernst à Knokke en 1953, de Magritte en 1961.

E. L. T. Mesens meurt à Bruxelles en 1971.

[modifier] Jugement

"L'écriture, pour Mesens, n'est pas une esthétique mais avant tout une arme; tant mieux si elle est belle : un kriss malais, un poignard florentin dignes des musées tuent aussi bien que la navaja fabriquée à coups de marteau par un pauvre forgeron andalou. Ses textes se veulent efficaces, propres à influencer le lecteur et par conséquent le monde, un monde toujours pris à partie"

Louis Scutenaire, Mon ami Mesens, p. 55.

[modifier] Bibliographie sélective

[modifier] Œuvres de Mesens

Danse pour un piano, avec un portrait par P.-L. Flouquet, Fernand Lauweryns, Bruxelles, 1920.
Garage, pour voix et piano, poème de Philippe Soupault, couverture de Man Ray, Music, Bruxelles, 1926.
Femme complète, triptyque sur un dessin de Magritte, Editions Nicolas Flamel, Bruxelles, 1933.
Alphabet sourd aveugle, préface et note de Paul Eluard, Editions Nicolas Flamel, Bruxelles, 1933.
Troisième front, poèmes de guerre, suivi de Pièces détachées, London Gallery Editions, Londres, 1944.
Poèmes 1923-1958, dix dessins de Magritte, Le Terrain Vague, Paris, 1959.

[modifier] Sur Mesens

E. L. T. Mesens, textes d'André Breton, Paul Eluard, George Melly, Roy Edwards, P. G. Vaan Hecke, galerie Isy Brachot, Bruxelles, 1971.
Louis Scutenaire, Mon ami Mesens, [Luc Canon], Bruxelles, 1972.
Chritstian Bussy, Anthologie du surréalisme en Belgique, Paris, Gallimard,1972.
Suzanne Otlet-Moutoy, Les étapes de l'activité artistique chez E. L. T. Mesens et l'esprit du collage comme aboutissement d'une pensée, dans "Bulletin des Musées royaux des Beaux-Arts", Bruxelles, 1973.
René Magritte et le surréalisme en Belgique, Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 1982.
E. L. T. Mesens [avec notamment un entretien de Georges Melly avec E. L. T. Mesens, traduit de l'anglais, et un entretien de Gérard Preszow avec Irène Hamoir et Louis Scutenaire], "Art en marge", bulletin n° 4, Bruxelles, décembre 1986 (100 p.).
Le surréalisme en Belgique, I, textes de Louis Scutenaire, Irine [Irène Hamoir], André Blavier, Galerie Isy Brachot, Paris, 1986.
Marcel Mariën, L'activité surréaliste en Belgique (1924-1950), Bruxelles, Lebeer-Hossmann, 1979.
Le mouvement surréaliste à Bruxelles et en Wallonie (1924-1947), Paris, Centre Culturel Wallonie Bruxelles, 1988.
Irène, Scut, Magritte & C°, Bruxelles, Musée Royaux des Beaux-Arts de Belgique, 1996.

Mesens apparaît sous la figure du "général Mesens" dans Les Jours dangereux les nuit noires, récit de Scutenaire écrit en 1932 (Brassa, Bruxelles, 1972) et sous le nom de "Edouard Massens" dans Boulevard Jacqmain d'Irène Hamoir (Bruxelles, Editions des Artistes, 1953; Bruxelles, Didier Devillez Editeur, 1996).