Dzogchen

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Le dzogchen est une doctrine ésotérique transmise dans la religion Bön et les écoles Nyingmapa et Drukpa Kagyu du bouddhisme tibétain, également connue sous le nom d'ati-yoga (yoga extraordinaire). La tradition nyingmapa considère que Padmasambhava et surtout Vimalamitra en sont les principaux propagateurs au Tibet, et que son origine transcendentale n'est pas le Bouddha historique, nirmanakaya, mais le dharmakaya Samantabhadra. Pour le courant Bön, religion très similaire au bouddhisme mais qui se réclame d’une tradition parallèle et antérieure, imprégnée de chamanisme, le bouddha primordial source de la doctrine est Kuntu Zangpo et Tongpa Shenrab Miwoche le premier à avoir reçu son enseignement. Ses pratiquants nyingmapa et bonpo prétendent que le dzogchen se développa tout d’abord au royaume de Zhang Zhung dans l’Ouest de l’actuel Tibet. Le principal texte dzogchen est d’ailleurs également appelé « tradition orale du Zhang Zhung ».

Sommaire

1 Principaux traits
2 Rigpa ou la condition naturelle de l'esprit
3 Bibilographie
4 Voir aussi

[modifier] Principaux traits

Se réclamant directement du bouddha primordial, cet enseignement, tout comme le mahamudra, prétend se situer au-delà des sutras et des tantras qu'il peut toutefois utiliser comme des moyens auxiliaires. Mais dans son essence ce n'est pas une voie tantrique, c'est un véhicule à part entière, le véhicule ultime. Son principe est l'autolibération spontanée des passions et non leur transformation comme dans le tantrisme.

Le dzogchen, particularité unique du bouddhisme tibétain, offre toutefois certaines analogies fonctionnelles et essentielles avec le chan chinois, qui d’ailleurs faillit s’implanter au Tibet avant d’en être chassé comme le relate le concile de Lhassa. On pourrait encore dire que le dzogchen est au bouddhisme vajrayâna ce que le subitisme est au gradualisme, une voie directe, située au-delà des causes et des effets.

[modifier] Rigpa ou la condition naturelle de l'esprit

Pour aboutir à l'autolibération, le dzogchen fait usage du rigpa, un état de présence claire et éveillée. Dans son essence, le rigpa est vacuité, mais dans sa nature, il est lumière spontanée, énergie créatrice dont les phénomènes sont les attributs. Interprété selon la doctrine des « trois corps » ou trikaya, l'essence vide est le « corps absolu » ou dharmakaya, la lumière le « corps de félicité » ou sambhogakaya, et les phénomènes le « corps d'apparition » ou nirmanakaya. L'esprit et les passions ne sont donc qu'un jeu issu de la créativité lumineuse. Les phénomènes se dissolvent dans le rigpa sans laisser de trace, il n'y a pas d'attachement, pas de finalité et donc pas de karma. Le rigpa peut être comparé à un miroir, vide en lui-même mais simultanément doté de la potentialité de refléter toutes les apparences, belles ou laides, sans en être souillé. Dans l'état de rigpa, on contemple les phénomènes sans s'y attacher ou se projeter en eux. Ainsi, on demeure stable, en deça de l'illusion. La condition naturelle de l'esprit est donc identique au rigpa, spontanément et primordialement pure, lumineuse et vide.

Pour retrouver cette condition, on distingue la base, la voie et le fruit. La base est indiscernable du rigpa. La voie est la reconnaissance du rigpa en soi. Le fruit ou réintégration de la base est le retour des éléments du corps grossier à leur nature lumineuse, et le plein éveil dans un corps de lumière. Le fruit et la base sont une seule et même chose. C’est pourquoi, pour un bouddha, être éveillé, il n'existe aucune voie suceptible d'être parcourue pour en réaliser le fruit. Le chemin de réintégration n'a de sens que pour les êtres sensibles égarés de la base par l'ignorance.

Pour l'être établi en rigpa, il n'y a pas de différence entre la méditation et la vie quotidienne.

[modifier] Bibilographie

Dzogchen et tantra, de Namkhaï Norbu Rinpoché, Albin Michel.
L'escalier de cristal, 3 volumes, de Kunzang Péma Namgyèl, éd.Marpa.
La liberté naturelle de l'esprit de Longchenpa, Seuil.
Dzogchen, l'essence de la grande perfection, par le Dalaï Lama, The Tertön Sogyal Trust.
L'union du Dzogchen et du Mahamudra par Chôkyi Nyima Rinpoché, éd. Dharmachakra.
Les prodiges de l'esprit naturel, l'essence du Dzogchen dan la tradition bön originelle du Tibet, de Tenzin Wangyal, Seuil.
Le miroir du cœur. Tantra du Dzogchen (traduit du tibétain et commenté par Philippe Cornu). Éditions du Seuil, coll. « Points. Sagesses » n° ?, Paris, 1997. 284 p. (ISBN 2-02-022848-3)