Conseil national de la Résistance
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Le Conseil national de la Résistance est l'organe qui dirigea et coordonna les différents mouvements de la Résistance intérieure française, de la presse, des syndicats et des membres de partis politiques hostiles au gouvernement de Vichy à partir de mi-1943.
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[modifier] Le CNR sous Jean Moulin
Son premier président fut Jean Moulin, délégué du Général de Gaulle. Ce Conseil était voulu par De Gaulle afin d'unifier les différents mouvements de résistance qui s'étaient spontanément constitués depuis la défaite et son appel du 18 juin 1940, le lendemain de la demande d'armistice par le Maréchal Pétain.
En effet, les mouvements de Résistance - hormis les Francs-Tireurs Partisans (FTP) et autres résistants d'obédience communiste - étaient le plus souvent inorganisés et n'étaient pas coordonnés. Nombre de maquis n'entretenaient pas de relations entre eux et ce cloisonnement des mouvements de résistance empêchait toute action commune organisée, et donc efficace.
Ainsi, Jean Moulin, un fidèle de De Gaulle, devient le représentant du général le 1er janvier 1942 afin d'unifier l'ensemble des mouvements de résistance. Ce tour de force se produira le 27 mai 1943 avec la première réunion du Conseil National de la Résistance (CNR) se tient dans l'appartement de René Corbin, au premier étage du 48 rue du Four, à Paris.
[modifier] Membres du CNR (27 mai 1943)
La première réunion (27 mai 1943) réunit, outre Moulin et ses deux collaborateurs, Pierre Meunier et Robert Chambeiron
- les représentants des huit grands mouvements de résistance :
- Pierre Villon du Front national,
- Roger Coquoin (Ceux de la Libération)
- Jacques Lecompte-Boinet (Ceux de la Résistance)
- Charles Laurent (Libération-Nord)
- Pascal Copeau (Libération-Sud)
- Jacques-Henri Simon (Organisation civile et militaire)
- Claude Bourdet (Combat)
- Eugène Claudius-Petit (Franc-Tireur).
- S'ajoutent les représentants des deux grands syndicats d'avant-guerre :
- Louis Saillant pour la CGT
- Gaston Tessier pour la CFTC
- Et les représentants des six principaux partis politiques de la Troisième République :
- André Mercier pour le PC
- André Le Troquer pour la SFIO
- Marc Rucart pour le radicaux
- Georges Bidault pour les démocrates-chrétiens
- Joseph Laniel pour l’Alliance démocratique (droite modérée et laïque)
- Jacques Debû-Bridel pour la Fédération républicaine (droite conservatrice et catholique)
Cette réunion aura une importance politique considérable, ainsi que l'expose Robert Chambeiron:[1]
« Après le 27 juin, les Américains ne peuvent plus douter de la légitimité de De Gaulle. La France devient un pays allié à part entière et, à ce titre, sera présente lors de la capitulation des armées nazies, le 8 mai 1945. D’autre part, les Alliés doivent abandonner leur projet d’administrer eux-mêmes la France au fur et à mesure de sa libération. Et, parce qu’il y a eu le CNR et de Gaulle, la France sera, lors de la création de l’Organisation des Nations unies, l’une des cinq grandes puissances à occuper un siège permanent au sein du Conseil de sécurité. »
[modifier] Le CNR après Jean Moulin
Mais, peu après sa création, Jean Moulin qui en était alors le président, est capturé à Caluire par les SS, sur dénonciation. Il sera alors torturé pendant 3 jours par Klaus Barbie lui-même, et décédera pendant son transfert vers l'Allemagne sans avoir rien dit à ses tortionnaires. Son mutisme empêchera aux nazis de démanteler le CNR. Cependant, celui-ci décide par sécurité de mettre fin aux séances plénières et constitue un bureau exécutif de cinq membres, chaque membre représentant son propre courant et deux autres courants ses actions, sous la direction d'Alexandre Parodi, délégué général et de Georges Bidault, nouveau président. Le 15 septembre 1944, Louis Saillant lui succédera à la tête du CNR.
[modifier] Le programme politique du CNR
Le CNR charge un Comité général d'étude de préparer une plateforme politique pour la France d'après la Libération.
Adopté le 15 mars 1944 après des mois de négociations, le programme du Conseil National de la Résistance est très empreint de rénovation sociale et de l'influence des groupes communistes comme le Front National, surtout dans la partie II « Mesures à appliquer dès la Libération du territoire », qui vise à instaurer une vraie « démocratie sociale », sous un régime d'économie planifiée.
Parmi les mesures envisagées et appliquées à la Libération, citons la nationalisation de l'énergie, des assurances et des banques, la création de la Sécurité Sociale... Ces actions ont constitué jusqu'à aujourd'hui une grande partie des acquis sociaux de la seconde partie du XXe siècle.
[modifier] Sources
- ↑ L'Humanité, 27 mai 1943