Château de Sceaux
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Le château de Sceaux se situe à Sceaux (actuel département des Hauts-de-Seine). Le bâtiment actuel, édifié au milieu du XIXe siècle en style Louis XIII, n'a rien à voir avec le château qui appartint à Jean-Baptiste Colbert, puis au duc et à la duchesse du Maine.
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[modifier] Le premier château de Sceaux
[modifier] Le château de Colbert
En 1670, Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV, qui souhaite disposer d'un domaine près de Paris et non loin de Versailles où il puisse travailler au calme, achète le château de Sceaux à la famille Potier de Gesvres. Après avoir procédé à d'importantes acquisitions foncières afin d'agrandir le domaine qu'il porte à 240 hectares (700 arpents), Colbert fait moderniser l'édifice, qui avait été bâti en 1597, et dessiner un parc à la française par André Le Nôtre. L'architecte n'est pas connu, mais compte tenu de la position éminente du commanditaire – qui s'était vu confier depuis 1664 la charge de Surintendant des Bâtiments du Roi – il ne fait guère de doute qu'il devait s'agir d'un des plus grands de cette époque : François Le Vau, Antoine Le Pautre ou, plus probablement, Claude Perrault.
Le château comporte un corps central flanqué de deux pavillons et, en retour d'équerre, deux longues ailes en rez-de-chaussée terminées par deux pavillons. Celui de gauche, carré à l'extérieur mais circulaire à l'intérieur et sommé d'une coupole, renferme la chapelle, décorée par Charles Le Brun. La décoration intérieure a fait intervenir d'excellents artistes comme François Girardon et Jean-Baptiste Tuby. Le cabinet de travail est orné de vingt-quatre bustes en marbre d'empereurs, d'impératrices et de sénateurs romains et de médaillons en marbre blanc des douze Césars, dans des cadres en bois doré. On y trouve également un buste d'Homère, un groupe de lutteurs en marbre blanc et deux sphinx de marbre rouge.
Le parti d'ensemble, déjà démodé à l'époque de la construction, trahit le souci de Colbert de ne pas répéter l'erreur de Nicolas Fouquet à Vaux-le-Vicomte : bien que considérablement agrandi par rapport à la modeste demeure des Potier de Gesvres, le bâtiment doit donner le sentiment d'une implantation antérieure aux travaux du ministre.
Pour les jardins, Le Nôtre crée un axe nord-sud parallèle à la façade principale du château : sur plus d'un kilomètre, il commence du côté du village avec un bassin en demi-lune, puis trace deux allées, une grande cascade et, en contrebas, le bassin dit de l’Octogone. D'est en ouest s'étagent des terrasses à pans coupés. A l'est, un potager est flanqué d'un pavillon dit de l'Aurore. Le parc s'orne de nombreuses statues dont le célèbre Hercule gaulois de Pierre Puget (aujourd'hui au Musée du Louvre). La Grande Cascade, dont les eaux sortent des urnes de deux statues de fleuves dues à Antoine Coysevox, fait l'admiration des contemporains.
En 1673, Colbert reçoit dans son château Monsieur, frère du Roi, venu solliciter des subsides pour une fête qu'il projette de donner. En juin 1675, la Reine, le Dauphin et la Dauphine visitent à leur tour le domaine. En juillet 1677, le Roi enfin vient à Sceaux. C'est pour Colbert un exercice difficile et à haut risque, dont il s'acquitte en parfait courtisan. Leurs Majestés visitent les appartements, dont elles remarquent « la merveilleuse propreté » avant d'entendre le prologue de l'opéra Hermione dans les jardins. Après le souper, l'on donne Phèdre de Racine à l'orangerie (alors située dans l'aile droite). En sortant, Louis XIV est acclamé par la population de Sceaux réunie dans le jardin merveilleusement éclairé. Le souverain, enchanté, dira à son ministre qu'il ne s'est jamais si agréablement diverti, et le Mercure galant écrit de la fête « qu'elle fut somptueuse sans faste, et abondante en toutes choses sans qu'il y eût rien de surperflu ».
En octobre 1677, Colbert invite tous les membres de l'Académie française. Après le déjeuner, Philippe Quinault donne lecture de son Poème de Sceaux dans le pavillon de l'Aurore tandis que Charles Perrault lit des stances très applaudies.
[modifier] Le château du marquis de Seignelay
Lorsque Colbert meurt en 1683, le château de Sceaux devient la propriété de son fils, le marquis de Seignelay. Celui-ci fait luxueusement réaménager les intérieurs, commandant notamment un appartement dans le goût chinois, décoré de laques, destiné à sa femme. Il fait construire en 1686 par Jules Hardouin-Mansart l'orangerie qui subsiste en partie aujourd'hui (longue à l'origine de 80 mètres, elle a été amputée de sa partie est pendant la guerre de 1870).
Il agrandit considérablement le parc dans lequel il fait créer un second axe, perpendiculaire à l'axe originel, en creusant le grand canal, long de 1140 mètres, achevé en 1691. L’ensemble des terrassements et des parterres devant le château sont remaniés pour créer quatre niveaux de terrasses en pente douce, ornés de parterres de broderies avec bassins, d'un parterre de compartiments surplombant le canal et, d'un Tapis Vert.
Le 16 juillet 1685, Seignelay reçoit le Roi et la Cour lors d'une fête demeurée célèbre. Le roi se promène longuement dans les jardins. Il admire le pavillon de l'Aurore, les bassins et les fontaines puis il regagne le château. L'orangerie qui occupe alors l'aile sud du château a été transformée en salle de spectacle. Le fête se termine par un somptueux festin. Les tables ont été disposées autour d'un nouveau bassin proche du château.
Le marqui de Seignelay meurt en 1690.
[modifier] Le château du duc du Maine
En 1700, les héritiers du marquis de Seignelay vendent le château au duc du Maine, fils naturel légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan. La duchesse du Maine tient à Sceaux une cour brillante. Elle fait construire par Jacques de La Guépière le pavillon de la Ménagerie (détruit), situé au nord du grand parc et entouré d'un jardin.
À la mort de la duchesse du Maine en 1753, le château passe à ses fils, le prince de Dombes puis, au décès de celui-ci en 1755, le comte d'Eu. En 1775, ce dernier lègue le château à son cousin le duc de Penthièvre, qui projette de transformer une partie du parc en jardin à l'anglaise (projet aux Archives nationales). En 1791, il donne le domaine à sa fille, la duchesse d'Orléans.
[modifier] Le domaine à la Révolution
Le domaine est confisqué comme bien national dès 1792. Il est transformé en école d'agriculture. La plupart des statues sont enlevées par Alexandre Le Noir pour le musée des monuments français. Le domaine est acheté en 1798 par Jean François Hippolyte Lecomte, négociant, enrichi dans le commerce du vin, proche de Fouché, qui, vers 1803, détruit le château pour en vendre les matériaux.
[modifier] Le château du duc de Trévise
En 1828, Anne-Marie Lecomte-Stuart (1808-1870), fille de M. Lecomte épouse Napoléon Mortier de Trévise (1804-1869), fils du maréchal Mortier, duc de Trévise. Deuxième duc de Trévise en 1835, celui-ci fait construire à l'emplacement du château de Colbert, le château de style Louis XIII en brique et pierre que l'on peut voir aujourd'hui. Les travaux sont dirigés par l'architecte Joseph-Michel Le Soufaché entre 1856 et 1862. Le parc est soigneusement replanté sur les tracés de Le Nôtre. Sous le Second Empire, le domaine est le théâtre de fêtes brillantes.
Le second duc de Trévise meurt en 1869. En 1870, le parc est occupé par les troupes bavaroises. En butte à des difficultés d'argent, Hippolyte Mortier de Trévise, troisième duc de Trévise ne peut plus entretenir le domaine.
[modifier] Le parc de Sceaux aujourd'hui
Le duc de Trévise meurt en 1892 et le domaine est laissé à l'abandon. Les troupes françaises l'occupent en 1914. En 1923, l'héritière du duc de Trévise, sa nièce Marie Léonie Mortier de Trévise, par son mariage princesse de Faucigny-Cystria, envisage la cession de son domaine. Jean-Baptiste Bergeret de Frouville, maire de Sceaux de 1919 à 1925, convainc le Conseil général du département de la Seine d’en faire l’acquisition. En 1971, le domaine est devenu la propriété du département des Hauts-de-Seine.
Pour financer la restauration du domaine, le département de la Seine en lotit le tiers. Les travaux de restauration sont entrepris à partir de 1928 sous la direction de l'architecte Léon Azéma. Le parc de Sceaux retrouve, dans leurs grandes lignes, les dispositions voulues par Le Nôtre. Des mascarons sculptés par Auguste Rodin viennent orner les Grandes Cascades recréées. Le parti-pris d'ensemble est fidèle au classicisme, même si les détails révèlent, par leur dépouillement non exempt d'une certaine sécheresse, une exécution dans les années 1930. Ce parti-pris permet aussi de limiter les frais d'entretien. Œuvre de longue haleine, la restitution ne s'achève que dans les années 1970 avec la recréation du Tapis Vert.
Quelques vestiges significatifs rappellent le château de Colbert et de son fils. La grille d'entrée est encadrée de guérites sommées d'animaux sculptés par Antoine Coysevox qui illustrent les vertus dont le ministre de Louis XIV avait voulu se parer : la licorne transperçant une chimère symbolise la pureté et le désintéressement, tandis que le dogue, qui prend un loup à la gorge, représente la fidélité. À droite de l'entrée, les communs ont été partiellement construits sur les plans d'Antoine Le Pautre. Dans le jardin, derrière les communs, le Pavillon de l'Aurore, attribué à Claude Perrault, est surmonté d'une coupole sur laquelle Charles Le Brun a peint l'aurore et décoré de peintures de Nicolas Delobel. On peut également mentionner, outre l'orangerie déjà citée, les deux pavillons des gardes en pierre et la ferme et son potager.
Près du château, on avait installé le groupe, œuvre de Martin Desjardins (1686), des quatre nations vaincues (l'Empire, la Hollande, l'Espagne et le Brandebourg) qui escortaient la statue pédestre de Louis XIV de la place des Victoires à Paris (aujourd'hui au musée du Louvre, salle Pujet). Au fond du parc, on a remonté en 1932 le Pavillon de Hanovre, construit entre 1758 et 1760 par l'architecte Jean-Michel Chevotet dans les jardins de l'hôtel du duc de Richelieu, rue Neuve-Saint-Augustin (actuellement boulevard des Italiens), qui avait été démonté au moment de la construction du Palais Berlitz.
Le château accueille le Musée de l'Île-de-France, inauguré en 1937. Le parc est ouvert au public.
[modifier] Références
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
- Le site officiel du Parc de Sceaux
- Site du Ministère de la Culture consacré à André Le Nôtre - Pages consacrées au parc de Sceaux
- Maquette du château à télécharger et à construire
- Plans et vues satellite : 48° 46’ 28’’ N, 2° 18’ 0’’ E
- Site synthétique consacré à l'histoire du château de Sceaux
[modifier] Bibliographie
- Marianne de Meyenbourg, Gérard Rousset-Charny, Le Domaine de Sceaux, Éditions du patrimoine, Collection Itinéraires du patrimoine, 2000 - ISBN 2-85822-341-6
- Inès Murat, Colbert, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1980 – ISBN 2-501-00614-3
- Jean-Marie Pérouse de Montclos (dir.), Guide du Patrimoine. Île-de-France, Paris, Hachette, 1992 – ISBN 2-01-016811-9
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