Épuration à la Libération en France

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L’épuration à la Libération en France visait les personnes ayant collaboré avec les autorités d’occupation allemandes. Une épuration par le régime de Vichy avait eu lieu entre 1940 et 1944.

On considère généralement qu’il y eut trois périodes :

• d’abord l’« épuration sauvage », celle des exécutions sommaires,  ;
• puis l’« épuration légale », celle des jugements par des commissions d’épuration qui prononcèrent cent vingt mille condamnations et environ mille cinq cent condamnations à mort, dont celles de Pierre Pucheu et Robert Brasillach ;
• puis celle des condamnations plus indulgentes, par exemple de Philippe Pétain ou de Louis-Ferdinand Céline .

Plus tard vinrent les grâces, par exemple celle de Jean-Pierre Esteva.

Dans l’immédiat après-guerre, les détracteurs de l’épuration ont fait circuler sur celle-ci des chiffres fantaisistes et des récits apocalyptiques visant à présenter une France livrée à l’« anarchie », à la « terreur rouge », à la « vengeance aveugle », etc. Eux-mêmes souvent d’anciens épurés, ou nostalgiques du régime de Vichy et de la collaboration, ils ont avancé les chiffres de cent mille victimes, dépeint des scènes d’orgies sanglantes et de tortures collectives, etc. Le journaliste Robert Aron, dans les années 1960, lança le chiffre de quarante mille morts, s’attirant une réaction surprise de Charles de Gaulle, qui estimait le vrai chiffre aux alentours de dix mille.

C’est à ce dernier chiffre de dix mille ou moins que les historiens récents ont abouti. Près de 9.000 de ces 10.000 correspondent à des exécutions sommaires dans l’ensemble du pays, survenues pendant les combats. En valeur absolue, il y eut moins d'exécutions légales en France que dans la petite Belgique, et les internements furent plus nombreux en Norvège ou en Hollande.

[modifier] Les quatre aspects de l’épuration

Certains ont distingué :

• l’épuration chez les intellectuels, plus sévère que chez les autres dans la mesure où, sans prendre de risques eux-mêmes, ils ont poussé leurs lecteurs à la collaboration active avec l’Allemagne, à s’engager dans la police allemande, la Légion des volontaires français, antibolchevique, la Milice, ou la Waffen SS. Les preuves étaient faciles à trouver et à la portée de quiconque : livres, articles, émissions de radio, etc. Au contraire des fonctionnaires, plaider le double-jeu était difficilement possible.
• l’épuration chez les industriels ayant commercé avec l’occupant, très limitée dans la mesure où les nouvelles autorités ne voulaient pas freiner l’économie ; de surcroît, 80 % de l’économie ayant été mise au service de l’Allemagne, il n’était pas aisé de discerner la part de contrainte et celle de la complaisance ou de la recherche du profit ;
• l’épuration des individus ayant combattu pour le compte de l’Allemagne (Légion antibolchevique, Légion tricolore, Milice, Waffen SS).
• l'épuration des serviteurs de l'Etat : ministres, hauts fonctionnaires, préfets, policiers, magistrats, etc. Les ministres de Vichy furent déférés en Haute Cour. Contrairement à une idée reçue, il y eut bien une épuration des forces de l'ordre, des centaines de policiers étant révoqués. Mais la condamnation de l'ancien préfet Maurice Papon pour complicité de crimes contre l'Humanité (1998), au terme du dernier procès de la "seconde Epuration" née à la fin des années 1970 (Henry Rousso), montrait que bien des individus avaient pu passer à travers les mailles du filet dans l'immédiat après-guerre.

[modifier] Conditions de l’épuration

Dans la région parisienne, les collaborateurs ont été rassemblés au vélodrome d’Hiver et au camp de Drancy, ainsi qu’à la prison de Fresnes. Le quotidien Combat mentionne que les gardiens de Fresnes assaillaient le détenu Tino Rossi pour lui demander des autographes. Ce fut le cas pour d’autres célébrités, telles Pierre Benoit ou Arletty.

[modifier] Bibliographie

• Robert Aron, Histoire de l’épuration, tome 2 : Des prisons clandestines aux tribunaux d’exception (septembre 1944 – juin 1949), Fayard, Paris, 1969
• Marcel Baudot, « La résistance française face aux problèmes de répression et d’épuration », Revue d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, nº 81, janvier 1971
• Marcel Baudot, « L’épuration : bilan chiffré », Bulletin de l’Institut d’histoire du temps présent, nº 25, septembre 1986, pp. 37–52
• Philippe Bourdrel, L’Épuration sauvage (1944–1945), tome 2, Perrin, Paris, 1991, p. 351
• Michèle Cotta, La Collaboration (1940–1944), Armand Colin, coll. « Kiosque », Paris, 1964
• Marcel Henriot, « Statistique de la répression à la Libération. Département de la Haute-Marne », Bulletin du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, nº 183, septembre-octobre 1969, pp. 13–20
• Jean-Pierre Husson, « Statistique de la répression à la Libération. Département de la Marne », Bulletin du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, nº 243, novembre-décembre 1980, pp. 36–46
• Herbert Lottman, L’Épuration (1943–1953), Fayard, Paris, 1986
• Peter Novick, L’Épuration française (1944–1945), Baland, Paris, 1985, pp. 330–333
• Jean-Pierre Rioux, « L’épuration en France (1944–1945) », L’Histoire, nº 5, octobre 1978
• Henry Rousso, « L’épuration en France, une histoire inachevée », Vingtième siècle. Revue d’histoire, nº 33, juillet-mars 1992
• François Rouquet, « L’épuration administrative en France après la Libération. Une analyse statistique et géographique », Vingtième siècle. Revue d’histoire, nº 33, janvier-mars 1992 pp. 106–117
• Jacques Vadon, « Statistique de la répression à la Libération. Département des Ardennes », Bulletin du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, nº 197, janvier-février 1972, pp. 22–25