Intellectuel
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Le terme « intellectuel » est d'apparition récente. Il est directement lié à l'Affaire Dreyfus : le mot a été forgé par Maurice Barrès, dans ses écrits anti-dreyfusards, pour dénoncer l'engagement de personnes comme Émile Zola en faveur de Dreyfus. La connotation péjorative (l'intellectuel comme penseur réfugié dans l'abstraction et perdant de vue la réalité) a ensuite partiellement disparu.
L'intellectuel n'est pas nécessairement un philosophe ou un écrivain, il s'agit de toute personne qui a la volonté de persuader, de proposer, de débattre. Si l'on suit cette définition, l'intellectuel n'est pas une institution récente: dès la Grèce Antique des rhéteurs comme Gorgias ou Protagoras s'inscrivent dans cette démarche passionnelle de l'esprit. L'intellectuel est quelqu'un qui prend position : c'est Voltaire défendant Calas, Zola défendant Dreyfus, ou Noam Chomsky lorsqu'il dénonce la politique étrangère des États-Unis.
Plusieurs conceptions concurrentes du rôle de l'intellectuel dans la société peuvent être évoquées.
Raymond Aron, dans L'Opium des intellectuels (1955), pose cette question du rôle du savant dans la cité, et concernant les grands débats du moment. Pour Aron l'intellectuel est un « créateur d'idées »; il doit être un « spectateur engagé ».
Un essai de Julien Benda, intitulé La trahison des clercs (1927), déplorait le fait que les intellectuels ne jouent plus leur rôle de gardiens des valeurs cléricales universelles (la Vérité,la Justice, la Raison) et délaissent celles-ci au profit du réalisme. La référence aux clercs (que la tonsure distinguait des laïcs) souligne cette fonction quasi-religieuse qu'il assigne aux intellectuels. L'attitude du clerc est celle de la conscience critique (plutôt que de l'engagement).
Sartre définira l'intellectuel comme « quelqu'un qui se mêle de ce qui ne le regarde pas ». C'est celui qui utilise sa notoriété pour s'exprimer sur des questions qui ne relèvent pas strictement de son domaine de compétence. L'intellectuel, pour Sartre, est donc forcément « engagé » pour une cause donnée.
[modifier] Bibliographie
- Aron, R., L'opium des intellectuels, Calmann-Lévy, 1955.
- Benda, J., La trahison des clercs, Grasset, 1927.
