Special Operations Executive
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
|
|
Le Special Operations Executive est un service secret créé le 6 juin 1940 par Winston Churchill. Sa mission était de soutenir les divers mouvements de résistance dans les pays occupés par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Son quartier général était à Londres, avec deux bureaux régionaux au Caire et à Delhi. Le SOE était placé sous la responsabilité du Dr Dalton.
Sommaire |
[modifier] Création du SOE
En 1940, la Résistance n'existait pas, les peuples ne l'avaient pas encore créée et les dirigeants politiques comme Churchill ou De Gaulle ne l'avaient pas imaginée. Dans son célèbre appel du 18 Juin, De Gaulle invite, dans l'ordre, les officiers et soldats Français, les ingénieurs et ouvriers des industries d'armement "qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver", à se mettre en rapport avec lui. Pour Churchill, comme pour De Gaulle, la guerre était l'affaire de l'armée, et l'armée comprenait des soldats en uniformes qui constituaient l'armée régulière et observaient les lois de la guerre, et des agents en civil, autrement dit des espions, qui acceptaient d'être fusillés s'ils étaient pris en territoire ennemi.
Le 6 Juin 1940, au lendemain de la chute de Dunkerque symbolisant la déroute de l'armée britannique aux cotés de l'armée française, Churchill avait compris que ses troupes régulières ne pourraient pas reprendre pied sur le continent avant un bon bout de temps. Seuls des agents pouvaient asticoter les troupes ennemies à travers l'Europe hitlérienne. "Où en est le recrutement d'agents au Danemark, en Norvège, en Belgique, en Hollande et sur la côte Française ?" écrivait-il à son chef d'état-major Ismay. Le 19 Juillet, le SOE, Special Operation Executive était officiellement créé. Il s'agissait de ce qu'on appelle dans les services spéciaux français un "service action" pour le distinguer des services de renseignements. En Anglais, "renseignement" se dit "intelligence". Le service de renseignement anglais s'appelle l'Intelligence Service, ou pour être plus précis, le MI6, qui est une partie du SIS (Secret Intelligence Service) qui comprenait également le MI5 spécialisé dans le contre-espionnage. Le SIS dépendait du Ministère des affaires étrangères, le Foreign office, et recrutait ses agents dans les plus hautes couches de la société.
En 1938, il avait bien été créé un service action interne au MI6, le service D, de même qu'il existait un service de renseignement au sein du ministère des armées, le War office, le MI. Aussi, les deux ministères se disputèrent-ils la tutelle du SOE. Mais Churchill donna finalement raison à un troisième larron, Sir Hugh Dalton, un travailliste ministre de la guerre économique qui convainquit le premier ministre que l'action à mener en territoire ennemi s'apparentait davantage à de la subversion sociale qu'à du renseignement ou à des opérations militaires. Le SOE eut donc pour ministre de tutelle Hugh Dalton, au-dessous duquel Churchill plaça un de ses amis d'enfance, un banquier du nom d'Hambro. Churchill résuma à Hugh Dalton la mission du SOE par ces mots Set Europe ablaze c'est-à-dire, "Mettre l'Europe à feu".
Le SOE s'établit dans d'anciens locaux des magasins Marks et Spencer, situés à Baker Street. il est structuré en sections correspondant aux différents pays d'Europe occupés par les Allemands: Pologne, Yougoslavie, Norvège, Danemark, Belgique, France, Pays-Bas. La section française est appelée section F. Grace à l'appui de Churchill, le SOE comprendra rapidement plus de 10000 permanents.
Churchill avait parlé de mettre l'Europe à feu, mais il est également clair que la principale mission du SOE était de préparer le débarquement, donc de faire du renseignement, c'est-à-dire de marcher sur les plate-bandes du MI6. Or le MI6 n'a nullement été dissous, il a certes perdu une bataille en juillet 40, mais pour son éminence grise, le colonel Dansey, ami personnel de Churchill, il est clair que le MI6 saurait rester maître du jeu. De fait il est difficile pour le SOE de recruter massivement, tant sur le sol Britannique que dans les pays occupés, des cadres et des agents du même niveau professionnel que leurs collègues du MI6 ou leurs équivalents Allemands de l'Abwehr, le service de renseignement de la Wehrmacht. De fait, jusqu'en 43, le SOE se retrouve directement confronté avec l'Abwehr. En 1940, l'Abwehr était beaucoup plus présente dans l'Europe occupée que le SD ou que la Gestapo. A partir de 42, le poids de la Gestapo devient plus important que celui de l'Abwehr qui sera finalement complètement absorbé en 44.
Nombre de réseaux du SOE ont été d'abord infiltrés, puis souvent retournés par l'ennemi. Le phénomène est massif en Hollande où la totalité des réseaux SOE sont contrôlés par les Allemands, mais il est également important en France.
[modifier] La section française (section F)
Le premier patron de la section F est Leslie Humphries qui se voit adjoindre en décembre 1940 Nicholas Bodington, un brillant diplomé de Cambridge de 35 ans. Correspondant de presse à Paris avant-guerre, il a collaboré à cette époque avec le MI6 et conserve des relations avec son ancien patron Dansey. Au début de l'été 41, Humphries laisse la place à un certain Maurice Buckmaster, un ancien cadre de Ford France, qui a séjourné plusieurs années à Bordeaux, mais n'est pas spécialement averti des choses du renseignement.
C'est en Mai 41 que les 3 premiers agents SOE furent parachutés en France. Ils réceptionnèrent les premiers parachutages d'armes en Juin. L'un des trois premiers agents parachutés s'appelle Pierre de Vomécourt. Il constitue le premier réseau SOE en Lorraine et reçoit des parachutages d'armes dès juin 41. Malheureusement, le jour de Noël, il est présenté à Mathilde Carré, dite La Chatte, qui collabore au réseau interallié, fondé par des officiers polonais, mais démantelé par un sergent de l'Abwehr, Hugo Bleicher. Vomécourt demande à Mathilde d'utiliser pour ses transmissions les radios du réseau interallié. Or, La Chatte est devenue la maîtresse de Bleicher qui contrôle entièrement ses radios. Finalement, Vomécourt est arrêté par Bleicher le 25 Avril 42 et son réseau entièrement démantelé par Bleicher.
Le 29 Juillet 42 , Nicholas Bodington, l'adjoint de Buckmaster, débarque près d'Antibes accompagné d'Henri Frager, un agent Français du SOE. Il vient contacter un certain André Girard, connu sous le pseudonyme de Carte et qui s'est fait connaître à un agent Anglais en prétendant avoir derrière lui un réseau dont les nombreux membres sont prêts à passer à l'action armée. Il est décidé que dix hommes iront en Angleterre pour y suivre un entraînement. En fait, le 31 Août 1942, seuls deux volontaires embarquaient pour l'Angleterre. Carte est en partie un mythomane, mais il a réellement constitué un carnet d'adresse copieusement fourni qui servira de base de recrutement pour le réseau Prosper. Or, ce carnet d'adresse est riche d'individus que Carte ne connait même pas. La zone sud n'est pas encore occupée, et beaucoup de fichiers de résistants potentiels circulent librement. L'Abwehr, on s'en doute, a aussi su profiter de cette liberté.
En Septembre 42, le SOE est rattaché directement à l'état-major interallié pour une meilleure coordination entre les actions de guérilla et les opérations militaires. La French Section désigne 2 officiers pour coordonner l'ensemble de ses réseaux en France: Alfred Suttill en zone Nord et Peter Churchill en zone Sud. Après le débarquement en Afrique du Nord, les opérations de la section F vont s'intensifier: 60 parachutages d'armes en 1942 mais 400 en 1943 et seulement 200 en 1944.
[modifier] Agents
Parmi les agents du SOE, citons :
- Jack Agazarian (1916-1945)
- France Antelme (1900-1945)
- Guy D'Artois
- Lisé de Baissac
- Anne de Bauffremont Courtenay
- Alcide Beauregard
- Yolande Beekman (1911-1944)
- Georges Bégué (1911-1993)
- Robert Benoist (1895-1944)
- Muriel Byck
- Gustave « Guy » Biéler (1904-1944)
- Emanuel Bierer (1884-???)
- Helen Anna Agate Thormann-Bierer (1885-???)
- Denise Bloch (1915-1945)
- Andrée Borrel (1919-1944)
- Tony Brooks
- Sonya Butt
- Robert Bennett Byerly
- Francis Cammaerts (1916- )
- William John Chalk (1899-???)
- Robert Arthur Chapman (1901-???)
- Peter Churchill (1909-1972)
- Adolphus Richard Cooper (1899-???)
- Yvonne Cormeau (1909-1998)
- Madeleine Damerment (1917-1944)
- Major Jim Davies
- François Adolphe Deniset
- Henri Dericourt (1909-1962)
- Sir Derek Dodson
- Gustave Duclos
- Lucien Dumais
- Emile Garry (1909-1944)
- Haim Gerson
- Christine Granville (1915-1952) (de son vrai nom Krystyna Skarbek)
- Virginia Hall (1906-1982) (appelée Diane ou la Madone en France de 1940 à 1944)
- Marcel Homet (1897-???)
- Desmond Hubble (1910-1944)
- Max Hymans (1900-1961)
- Peter Johnsen
- Noor Inayat Khan (1914-1944)
- Andrzej Kowerski
- James Larose
- Cecily Lefort (1900-1945)
- Vera Leigh (1903-1944)
- Patrick Leigh Fermor (1915- )
- John Kenneth Macalister (1914-1944)
- Eileen Nearne
- Alfred Newton
- Henry Newton
- Gilbert Norman (1914-1944)
- Sonia Olschanezky (1923-1944)
- Harry Peulevé (1916-1963)
- Frank Pickersgill (1915-1944)
- Eliane Plewman (1917-1944)
- Alex Rabinovich
- Harry Rée (1914-1991)
- Chaviva Reik (1914-1944)
- Lilian Rolfe (1914-1945)
- Diana Rowden (1915-1944)
- Yvonne Rudelatt (1895-1945)
- Roméo Sabourin (1923-1944)
- Odette Sansom-Hallowes (1912-1995)
- Krystyna Skarbek (également appelée Christine Granville) (1915-1952)
- Einar Skinnarland (1918-2002)
- Maurice Southgate
- Arthur Staggs (1912- )
- George Reginald Starr (1904-1980)
- John Renshaw Starr
- Brian Stonehouse (1918-1998)
- Francis Suttil (1910-1945)
- Violette Szabo (1921-1945)
- Hannah Szenes (1921-1944)
- Jacques Taschereau
- Paul-Émile Thibeault
- F. F. E. Yeo-Thomas (1902-1964)
- Pierre de Vomécourt
- Nancy Wake (1912- )
- Peter Wand-Tetley
- William Grover-Williams (1903-1945)
- Jean-Pierre Wimille (1908-1949)
- Pearl Witherington (1914- )
- John Young
- Arthur Christie (1921-2003)
[modifier] Stations numérotées
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie et filmographie
- Les Héros de Télémark (The Heroes of Telemark) tourné en 1965, basé sur une opération de sabotage du SOE à l'usine d'eau lourde de Rjukan en Norvège en 1943.
- "Robert et les ombres" de Jean-Marie Barrère
- Raconte l'histoire de résistants français venant en aide à des agents secrets enrôlés dans la S.O.E dans les campagnes du Gers.