Sonnet
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Le sonnet est un poème comportant quatorze vers. La répartition des quatorze vers dépend de l'origine du sonnet.
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[modifier] Sonnet français
Le sonnet français est un poème comportant quatorze vers, répartis normalement en deux quatrains suivis d'un sizain (souvent considéré comme la suite de deux tercets).
Les deux quatrains présentent le plus souvent, dans la « norme » française, la même disposition des rimes, soit croisées (ABAB), soit embrassées (ABBA) soit plates (AABB) (cependant deux quatrains sur deux schémas de rimes différents est possible). En outre, aux époques anciennes (XVIe au XIXe), une alternance de rimes masculines et féminines devait être respectée.
Le sizain doit respecter à son tour certaines normes sur la succession de ses rimes : CCDEDE. Le sonnet de type italien se termine lui selon le modèle CCDEED.
Cette forme poétique dans sa variante originelle est apparue en Italie au XIIIe siècle et a acquis ses lettres de noblesse au XIVe siècle, après quelques modifications au niveau des rimes par exemple, en particulier grâce à Pétrarque dont les sonnets dédiés à Laure demeurent parmi des modèles du genre Canzoniere. Elle a ensuite été très utilisée en Europe, d'abord dans les pays latins (Italie, péninsule ibérique) puis en France lors de la Renaissance, aux XVIe et XVIIe siècles, tout particulièrement chez les poètes de La Pléiade (Pierre de Ronsard et Joachim du Bellay), mais aussi chez Louise Labé (Clément Marot en avait composé quelques-uns). La norme pétrarquienne a subi alors de sensibles aménagements, surtout lorsque le sonnet fut importé en Angleterre par Shakespeare. Le sonnet français connut une grande vogue dans la première moitié du XVIIe siècle, la rigueur de sa forme lui conférant un caractère noble, avant d'être délaissé au XVIIIe. Au XIXe siècle, il fut exploité à nouveau par les poètes, d'abord par les romantiques anglais (Wordsworth) puis allemands et slaves (Pouchkine), avant d'être réintroduit en France par les Parnassiens (Théophile Gautier) et les symbolistes (Paul Verlaine, Charles Baudelaire). Au fil des siècles, détourner la forme contraignante du sonnet est devenu un jeu : nombre des poètes modernes s'y sont adonnés.
[modifier] Exemple de sonnet français
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- Sonnet à Hélène de Ronsard
- Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
- Assise auprès du feu, dévidant et filant,
- Direz, chantant mes vers et vous émerveillant :
- « Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle ! »
- Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
- Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
- Qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant,
- Bénissant votre nom de louange immortelle.
- Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,
- Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;
- Vous serez au foyer une vieille accroupie,
- Regrettant mon amour et votre fier dédain.
- Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
- Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
[modifier] Sonnet italien
Un sonnet de Pétrarque, aussi appelé sonnet italien, est un sonnet comprenant un huitain, suivi d’un sixain (peut s'écrire sizain). Le huitain est composé de deux quatrains suivant la forme ABBA. Le sizain, pour sa part, est composé de deux tercets, suivant la forme CCD EED (en réalité toutes les possibilités offertes par les trois rimes CDE, comm'il apparaît dans le sonnet du Pétrarque donné en exemple, qui présente la forme CDE CDE). Le sonnet de Pétrarque comporte une Volta, ou charnière qui consiste en un changement majeur du sujet, du point de vue ou d’un autre aspect important du sonnet entre le huitain et le sixain. Le plus souvent, le poète identifie une problématique dans la première moitié du poème, la seconde lui permettant de présenter, grâce à la ‘’Volta’’, une réflexion personnelle à propos du problème susmentionné.
[modifier] Exemple de sonnet italien
Canzone 1 tiré du Canzoniere de Pétrarque
Voi ch'ascoltate in rime sparse il suono
di quei sospiri ond'io nudriva 'l core
in sul mio primo giovenile errore
quand'era in parte altr'uom da quel ch'i' sono,
del vario stile in ch'io piango et ragiono
fra le vane speranze e 'l van dolore,
ove sia chi per prova intenda amore,
spero trovar pietà, nonché perdono.
Ma ben veggio or sí come al popol tutto
favola fui gran tempo, onde sovente
di me mesdesmo meco mi vergogno;
et del mio vaneggiar vergogna è 'l frutto,
e 'l pentersi, e 'l conoscer chiaramente
che quanto piace al mondo è breve sogno.
[modifier] Postérité, permanence et métamorphoses du sonnet
Les contraintes étant posées pour être autant bafouées ou contournées que respectées, de nombreux poètes ont inventé des formes spécifiques de sonnets qui se détournaient du modèle pétrarquiste. Par exemple, les poètes élisabéthains (à commencer par Shakespeare, auteur d'une des séquences de sonnets les plus célèbres de la littérature européenne) ont importé le modèle élaboré par Pétrarque et les Italiens en l'assouplissant. Ainsi, dans un sonnet anglais classique, la structure huitain/sizain est remplacée par une succession de trois quatrains de rimes croisées, suivis d'un distique ou rhyming couplet (ABAB CDCD EFEF GG). Cette structure offre l'avantage de dépasser le dualisme de la forme italienne, mais aussi d'une chute qui permet de très nombreux jeux verbaux, allitérations et polysémies. Plus près de nous, les poètes symbolistes français, en particulier Albert Samain, ont élaboré un sonnet pourvu d'un quinzième vers. L'OULIPO a exploité de nombreuses possibilités, dont les plus audacieuses sont certainement les Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau et la composition de sonnets en prose par Jacques Roubaud.
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