Physiocratie
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
La physiocratie (étymologiquement : gouvernement de la nature) est une théorie économique et politique prétendant que la richesse des pays provient exclusivement de l'agriculture, seule « création » annuelle de richesse. L'école des Physiocrates est originaire de France et a eu son apogée au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. La physiocratie est probablement la première théorie d'économie politique.
Sommaire |
[modifier] Secte des économistes
Ils s'appelaient entre eux économistes mais on utilise plutôt le terme de physiocrate, développé par Pierre Samuel du Pont de Nemours, signifiant littéralement « gouvernement » (du grec « kratos ») par la nature (du grec « physio »). Les principes de l'école physiocratique ont été élaborés en premier par Richard Cantillon, un banquier irlandais vivant en France, dans sa publication Essai sur la nature du commerce en général de 1756. Ces idées furent développées par Jean Vincent et François Quesnay, qui deviendra le chef de file de cette école. Les physiocrates s'opposent fortement aux idées mercantilistes.
Le mercantilisme prône que la richesse est constituée de métaux précieux qu'il faut thésauriser :
- L'accumulation de la richesse des nations découle du solde positif des échanges extérieurs. D'où les efforts de chaque nation pour drainer les excédents monétaires dérivés du commerce international et de l'exploitation coloniale. Mise en place de mesures pour garantir une balance commerciale positive, notamment en stimulant ou créant des productions nationales. En taxant les importations, et protégeant sur le marché intérieur les manufactures locales, au bénéfice de monopoles de production. Et destruction des productions concurrentes des nations dominées.
- Subsides à l'exportation, aux monopoles, commandes publiques.
- Affaiblissement des corporations et du petit producteur indépendant au profit des manufactures dans les villes portuaires ou sous la protection spéciale du roi.
- L'économie est un jeu à somme nulle dont la mise est le stock de métaux précieux… Tout le monde ne pouvant gagner, ce que certains gagnent, d'autres le perdent.
[modifier] Ordre naturel
Selon les physiocrates, il existe un ordre naturel gouverné par des lois qui lui sont propres. Il ne s'agit aux économistes que de “révéler” ces lois de la nature. Ils mettent en avant l'existence de lois économiques, comme il existe des lois en physique.
Les physiocrates ne remettent pas en question la monarchie, mais veulent que le souverain, loin de se comporter en monarque absolu ou en despote arbitraire, se soumette au droit naturel et le fasse respecter. C'est le sens de l'expression "despotisme légal" utilisée par Lemercier de la Rivière, qui s'apparente plus au concept libéral d'État minimum qu'à l'acception courante du mot despotisme.
Par exemple, chaque homme a droit à ce qu'il acquiert librement par le travail et l'échange. La liberté et la propriété sont des droits naturels que le souverain doit respecter et protéger en les consacrant dans le droit positif.
[modifier] Ordre économique
La seule activité productive, pour les physiocrates, est l'agriculture. La terre multiplie les biens: une graine semée produit plusieurs graines. Au final, la terre laisse un produit net ou surplus. Au contraire l'industrie et le commerce sont des activités stériles car elles se contentent de transformer les matières premières produites par l'agriculture. La Physiocratie distingue trois classes d'agents économiques:
- La classe des paysans, qui est la seule productive (producteurs terriens),
- la deuxième classe est appelée stérile et est composée des marchands et "industriels".
- la troisème classe est celle des propriétaires.
[modifier] Tableau économique
François Quesnay publie le Tableau économique pour la première fois en 1758 où il représente la circulation des richesses dans l'économie. Ce tableau synthétise les idées de l'école physiocrate: ordre divin et l'agriculture comme seul secteur capable de dégager un produit net.
[modifier] Filiation idéologique
Vincent de Gournay est l'auteur de la fameuse phrase « Laissez faire, laissez passer » qui passera à la postérité. Ce programme résumé en une phrase connaîtra un renouveau particulier avec la mise en avant des idées libérales dans le dernier quart du XXème siècle, les idéologues du libre-échange reconnaissant les physiocrates comme des précurseurs du libéralisme économique.
[modifier] Citations
- « La doctrine des physiocrates est un mélange de libéralisme économique et de despotisme éclairé [...] la pensée des physiocrates s'ordonne autour de quatre grands thémes : la nature, la liberté, la terre, le « despotisme légal » [...] L'État doit être gouverné par des propriétaires fonciers ; eux seuls ont une patrie ; patrie et patrimoine sont joints. [...] Les physiocrates sont donc hostiles à toute réglementation. Leur formule est « laissez faire, laissez passer » [...] Les physiocrates sont partisans de la monarchie absolue. » Histoire des idées politiques, Tome2, Du XVIII éme siécle à nos jours, Jean Touchard, PUF, 1958.
[modifier] Liste (non exhaustive) de physiocrates
- Nicolas Baudeau
- Richard Cantillon
- Joseph-Michel Dutens
- Ange Goudar
- Vincent de Gournay
- François Quesnay
- Lemercier de la Rivière
- Victor Riqueti de Mirabeau
- l'abbé Roubaud
- Pierre Samuel du Pont de Nemours
- Gaspar Melchor de Jovellanos (Espagne)
- Le Trosne
- Jean-François Melon
- Jean Vincent
[modifier] liens externes
Les courants de la pensée économique |
Chrématistique · Classique · Historicisme · Keynésianisme · Libéralisme · Marxisme · Mercantilisme · Monétarisme · Néo-classique · Physiocratie |
Portail de l'économie – Accédez aux articles de Wikipédia concernant l'économie. |