Nuit des longs couteaux (Allemagne)

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Lors de la Nuit des longs couteaux (en allemand Röhm-Putsch), du 29 au 30 juin 1934, une faction du parti nazi liquida des opposants et rivaux politiques potentiels :

• Sur sa gauche, Hitler élimina une grande partie du commandement de la Sturmabteilung (SA), l'organisation paramilitaire du parti qui pronait une politique plus "révolutionnaire".
• Sur sa droite, Hitler élimina quelques personnalités conservatrices en guise de coup de semonce et pour montrer qu'il n'épargnerait personne.

L'expression « Nuit des longs couteaux » fait référence au nom que Geoffroy de Monmouth donna au massacre, vers 460, des hommes de Vortigern par les Saxons et les Pictes au cours d'un banquet censé sceller la paix entre ces peuples (l'historicité de ce massacre n'est pas avérée).

Sommaire 1 Les raisons de l'opération 2 Le déroulement 3 Bilan politique 4 Principales personnes tuées 5 Voir aussi 5.1 Liens internes 5.2 Liens externes

[modifier] Les raisons de l'opération

Malgré la mainmise du NSDAP et d'Adolf Hitler sur l'Allemagne après sa nomination le 30 janvier 1933 au poste de chancelier, le pays souffrait toujours d'une mauvaise situation économique et le désenchantement de la population grandissait devant l'installation de la dictature, et elle était fatiguée des exactions brutales des chemises brunes.

De son côté, Ernst Röhm, qui dirigeait la SA depuis 1930, avait fait de celle-ci le bras armé de l'aile socialisante du NSDAP et souhaitait pousser encore plus loin l'élan révolutionnaire en absorbant l'armée allemande, la Reichswehr. Dès 1932, il s'était opposé à Hitler lorsque celui-ci avait initié son rapprochement avec les milieux d'affaires et les forces conservatrices pour parvenir à la chancellerie.

À partir de l'été 1933, l'opposition entre Hitler et Röhm avait éclaté au grand jour. Début 1934, forcé de choisir entre la Reichswehr, les forces légitimistes de droite et le président Hindenburg d'un côté et la Sturmabteilung de l'autre, Hitler décida, non sans hésitation, de sacrifier cette dernière et de la liquider, afin d'unifier politiquement le parti.

[modifier] Le déroulement

Dans la nuit du 29 au 30 juin 1934, affolé par de fausses rumeurs de tentative de coup d'état fomenté par Ernst Röhm, Hitler lança les SS de Heinrich Himmler, avec le soutien bienveillant de l'armée, dans une opération d'envergure contre ceux qui formaient un obstacle — alliés ou opposants — à son pouvoir. De Berlin à Munich, plusieurs centaines de SA et d'opposants sont arrêtés ou assassinés; parmi les victimes, Ernst Röhm. Arrêté par Hitler lui même au petit matin du 30, dans une auberge de Bad Wiessee où avait lieu une réunion de SA et accusé de haute trahison au profit de la France.

Edmund Heines, chef des SA de Breslau sera surpris au lit avec son jeune amant. La propagande nazie utilisera l'homosexualité des chefs SA (dont celle notoire d'Ernst Röhm) pour dénigrer le mouvement. Selon plusieurs témoins, Hitler souhaitait d'abord épargner Röhm, mais pressé par son entourage, il finira par le condamner. Enfermé dans une prison de Munich, il se verra proposé de se suicider : on lui laissera une arme à feu (et la dernière édition du Völkischer Beobachter). Mais tardant à le faire car ne comprenant pas ce qui lui arrivait, il croira jusqu'au bout à une erreur et sera finalement exécuté au matin du 1er juillet dans sa cellule. L'opération de purge se prolongera jusqu'au 2 juillet.

On estime à environ 200 personnes le nombre de tués lors de l'opération. Une cinquantaine de SA (seulement) et des personnalités diverses, dont de vieux adversaires de Hitler et quelques leaders conservateurs notamment des proches de Franz von Papen; mais aussi quelques victimes malchanceuses, car en de nombreux endroits, les liquidations furent chaotiques.

[modifier] Bilan politique

• La nuit des longs couteaux va sceller pour quelques années l'alliance de Hitler et des milieux conservateurs qui avaient commencé à se cabrer avec l'instauration de la dictature nazie qui ne les avait pas épargné.
  • parce que l'élimination des nazis révolutionnaires soulagea la droite.
  • parce que de nombreux généraux de la Reichswehr furent activement complices de cette opération et seront dès lors liés avec Hitler par une sorte de « pacte du sang ».
  • parce que l'assassinat de quelques personnalités conservatrices fit également monter la peur de représailles du régime dans ces milieux.

• Les SA continueront d'exister, mais auront désormais un rôle mineur dans la structure du parti nazi, Hitler ayant alors tout pouvoir sur le parti et sur l'Allemagne. Viktor Lutze, nouveau chef des SA entreprendra une sévère épuration : en un an, le mouvement perdra 40% de ses membres.

[modifier] Principales personnes tuées

• Parmi les nazis de gauche :
  • Ernst Röhm : Chef de la SA
  • Gregor Strasser : leader du NSDAP à Berlin et de l'aile gauche du parti

• Parmi les personnalités conservatrices :
  • Kurt von Schleicher et son épouse : ancien chancelier et général
  • Le général Bredow : un proche de Schleicher
  • Gustav von Kahr : leader de droite mais antinazi, responsable de l'échec du putsch de la brasserie en 1923,
  • Bernhard Stempfle : ecclésiastique catholique, proche d'Adolf Hitler.
  • Erich Klausener : chef de l'Action catholique
  • Herbert von Bose : secrétaire de Franz von Papen, homme politique conservateur.
  • Edward Jung : journaliste, écrivant les discours de von Papen.

• Autres victimes :
  • Wilhelm Schmid : critique musical, tué par erreur - confondu avec Ludwig Schmitt, un sympathisant de Strasser.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

• Représentation au cinéma : Les Damnés de Visconti

[modifier] Liens externes

• (en) Liste complète des alliés et opposants tués ou écartés durant la Nuit des Longs Couteaux (en anglais)