Manichéisme
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Le manichéisme est une religion, aujourd'hui disparue, dont l'initiateur fut le mésopotamien Mani au IIIe siècle.
C'est un syncrétisme inspiré du zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme qui le combattirent.
Par dérivation et simplification tendancieuse du terme, on qualifie aujourd'hui de manichéenne une pensée ou une action sans nuances, voire simpliste, où le bien et le mal sont clairement définis et séparés.
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[modifier] La base du manichéisme
La base du manichéisme est de diviser l'univers en deux :
Selon le manichéisme, la lumière et les ténèbres coexistaient sans jamais se mêler. Mais suite à un évènement catastrophique, les ténèbres envahirent la lumière. De ce conflit est né l'homme, son esprit appartient au royaume de la lumière et son corps (la matière), appartient au royaume des ténèbres.
Cette lutte entre le bien et le mal est le fondement du manichéisme. Pour qu'un homme puisse une fois sa mort arrivée atteindre le royaume de la lumière, il faut qu'il abandonne tout ce qui est matériel.
[modifier] La philosophie complète
L’essence même de la philosophie manichéenne est basée sur deux concepts dogmatiques : la division du monde en trois temps et deux entités. Ces théories sont issues du mythe fondateur imaginé par Mani.
D’abord, la division du monde en deux entités. D’un côté, Mani place les Ténèbres, gouvernées par Satan ou « le Prince des Ténèbres » et de l’autre, la Lumière, gouvernée par Dieu. Ce concept si drastique s’applique évidemment au monde des idées. En effet, dans la loi manichéenne, il n’y a pas de zone grise, un acte est bien ou mauvais, tout simplement. C’est sans doute de cette réalité qu’on a créé la « pensée manichéenne » actuelle, si rattachée à l’Église catholique romaine ou encore aux groupes extrémistes.
Ensuite, la division du monde en trois temps. Elle est intimement liée avec la précédente.
En lieu de premier temps, le moment antérieur. Il est caractérisé par la division absolue et non mélangée du monde entre les Ténèbres et la Lumière. Ces dernières semblent presque ignorer leur existence mutuelle. Puisque les Ténèbres (ni la Lumière d’ailleurs) ne peuvent être anéantis, l’état antérieur est considéré comme un état parfait du monde.
En lieu de deuxième temps, le moment médian ou présent. Celui-ci commence avec la création de l’humanité (voir mythe fondateur). Il est caractérisé par un mélange instable des Ténèbres et de la Lumière.
En lieu de troisième temps, le moment postérieur. Il est en tout point identique au moment antérieur : les âmes humaines (provenant de l’essence de homme primordial) reposent au royaume de la Lumière en un immense « carma » lumineux représentant l’homme primordial.
Ces divisions du monde ont pour effet que le manichéen tente constamment d’atteindre un idéal conséquent : il doit rétablir la division entre Ténèbres et Lumière. D’après le mythe fondateur, l’âme humaine est faite de la Lumière et son corps, des Ténèbres. La relation avec Dieu s’en retrouve donc très intime, celle avec Satan aussi, malheureusement. Le croyant met en contexte l’idéal premier manichéen en le suivant : il doit séparer son esprit de son corps, maximiser l’expansion de celui-là et réduire celle de celui-ci. Pour ce faire, il suivra des règles précises réduisant le plus possible toute forme de matérialisme et de sensualité dans sa vie. Il considèrera aussi la matière comme quelque chose de mauvais mais ne la détruiras pas puisqu’elle contient la lumière dans le cas des êtres vivants et contient les armes de l’homme primordiale dans le cas des éléments non biologiques comme l’eau, l’air etc.
Si le manichéen provoque une rupture entre son esprit et son corps, il espère accéder au royaume de la Lumière et fondre sa particule lumineuse aux autres en un immense «carma» (Mani a été fortement influencé par diverses religions préexistantes à la sienne comme le bouddhisme). Sinon, il renaîtra en un autre corps et devra continuer son cheminement jusqu’à ce que la dissociation soit faite.
[modifier] La vie des manichéens
Deux groupes de manichéens existaient :
- les élus : qui passaient leur temps à prêcher, pratiquaient le célibat et étaient végétariens. Après leur mort, les élus étaient assurés d'atteindre le royaume de la Lumière ;
- les auditeurs : ils devaient servir les élus, pouvaient se marier (mais il leur était déconseillé d'avoir des enfants) et pratiquaient des jeûnes toutes les semaines. Après leur mort, les auditeurs espéraient être réincarnés en tant qu'élus.
Pour que le royaume de la lumière triomphe sur les ténèbres, il faut que tous les élus et les auditeurs atteignent le royaume de la lumière. En réalité, ce n'est pas vraiment un triomphe que les manichéens recherchent, mais un retour à l'état originel, la séparation du bien et du mal. Car selon le manichéisme, il est impossible de triompher du mal, car le mal est indestructible. Le seul moyen d'être totalement dans le royaume de la lumière, c'est de fuir les ténèbres.
[modifier] Règles
Les principes fondamentaux du manichéen sont de réfuter le plaisir de la chair, de ne pas tuer et de ne pas blasphémer. Les manichéens ne possèdent aucune permission, si ce n’est de respecter les rites et les règles qui leur sont imposés. Comme vous pourrez le constater, les règles de cette religion sont à la fois simples, rigoureuses et assez semblables aux voeux des prêtres catholiques.
Les classes des auditeurs vivent en respectant les «Dix Commandements» 10 de Mani. Ces commandements touchent autant la vie sociale que religieuse des manichéens. Par contre, le mode de vie des deux classes est différent. Ils doivent prier quatre fois par jour, soit pour chacune des quatre positions du soleil, jeûner ainsi que contribuer à l’aumône correspondant environs à 1/7 des biens qu’il possède. Les manichéens doivent aussi se garder de parler des tentations, celles-ci étant strictement tabous. À travers ces interdits, l’auditeur aura pour objectif d’atteindre un état qui le rendra parfait lors de sa réincarnation. Il sera alors Élu.
Les règles des Élus, beaucoup plus strictes, se divisent principalement en trois sceaux: soit « celui de la main, de la bouche et du sein ». Le « sceau de la main » est la restriction des gestes pouvant briser la vie tels la chasse et la guerre. Le « sceau de la bouche » représente la discipline de la parole et celle du régime alimentaire. Celui-ci se résume aux herbes. Le « sceau du sein » représente l’abstinence sexuelle de l’Élu. Le but de ceux-ci est d’incarner la perfection afin de montrer l’exemple aux religieux des classes inférieures. Cette perfection est le dernier stade précédant l’accès au «Carma» du royaume de la Lumière.
Chez les manichéens, un enfant naît Élu ou auditeur. Il n’est pas possible de le devenir au cours des années. Le choix se fait par rapport aux ancêtres et aux familles. La seule façon de changer de classe, selon la religion, est de se réincarner en Élu dans une vie ultérieure.
Les récompenses des religieux vivant au sein de cette religion sont en fait l’ascension dans la hiérarchie. Par contre, passer d’auditeur à Élu ne pourra se faire autrement qu’en se réincarnant. Les pénitences, contrairement aux récompenses, constituent la perte d’un grade ou d’un privilège dans la hiérarchie manichéenne.
Comme vous pourrez le constater, la relation qu’entretient le manichéen avec le Dieu (la Lumière) se fait par l’intermédiaire de la prière et dans une optique de sainteté. Pour ce faire, les manichéens doivent tout simplement respecter les règles à la lettre.
[modifier] Rites
Les manichéens croient en la Lumière, l’image de Dieu et ses serviteurs. Ces entités sont à la fois très près de leur corps et loin de leur réalité. En effet, les manichéens affirment que la Lumière est emprisonnée en eux, mais ne peuvent se la représenter. La prière constitue un des moyens privilégiés du manichéen pour accéder à la Lumière.
La prière quotidienne se pratique individuellement tandis que la confesse a lieu devant les Élus. Apparemment, aucun objet n’est nécessaire à l’accomplissement des rites. Les Élus se laissent pousser les cheveux, s’habillent en blanc, retranscrivent et étudient les écrits de Mani, chantent sept hymnes par jour, enseignent, s’isolent à la pleine lune et prient sept fois par jour ainsi que durant la majeure partie de la nuit. La plupart des Élus sont également nomades.
Les auditeurs, de leur côté, mémorisent les écrits de Mani, chantent quand ils peuvent, prient quatre fois par jour et jeûnent la semaine afin de se préparer à la confesse du lundi. En effet, une confesse a lieu chaque lundi, tandis qu’une autre de plus grande envergure prend place à la fin du mois. Durant celle-ci, les manichéens demandent le grand pardon. Également, à quelques reprises durant l’année, les auditeurs sont appelés à se départir de leurs biens matériels en les offrant à l’Église. Cette pratique est nommée l’aumône. Les Élus, ayant fait voeu de pauvreté, se débarrassent systématiquement de leurs biens.
Les rites sont foncièrement positifs à l’exception de la célébration du Bêma 11, soit la nouvelle année chez les manichéens fêtée en été (le jour de la fête de Mani). En effet, un jeûne d’un mois presque entier (26 jours) la précède et mettent en carence de certains éléments nutritifs les Élus et les Auditeurs, déjà restreints par des habitudes alimentaires pauvres en protéines.
En ce qui concerne les symboles, le manichéisme n’en possède que très peu. Cette carence repose en partie sur le fait qu’un des dix commandements manichéens indique clairement que la représentation de Dieu est proscrite. Malgré tout, quatre symboles évidents et connus de tous font partie du manichéisme. Les deux premiers symboles sont ceux de la Lumière et des Ténèbres représentées par des teintes contrastantes de noir et de blanc. Le troisième, est la croix de Jésus Christ, empruntée au christianisme. Néanmoins, elle n’a pas exactement la même signification. Elle signifie l’incarnation de Jésus sous forme humaine pour faire le lien entre l’homme et Dieu. La souffrance du Christ semble considérée comme le fruit d’une illusion chez les manichéens. Le quatrième est le serpent, représentant la chair, chose mauvaise.
[modifier] Le manichéisme dans l'histoire
Le manichéisme fut créé par Mani, durant le IIIe siècle.
Grâce à la protection de l'empereur de Perse Shapur Ier, Mani put prêcher le manichéisme à travers tout le Moyen-Orient. Sa religion s'est répandue plus tard à travers l'Afrique du Nord et l'Europe jusqu'en Gaule et à travers l'Asie jusqu'en Chine, où on l'appelait le "Bouddha de lumière".
Peintre de grande qualité ainsi que ses disciples et successeurs les plus habiles, Mani créa une tradition d'illustration des manuscrits religieux, qui a bien pu avoir sa part dans la naissance de la miniature persane.
Saint Augustin fut à l'origine un manichéen, avant de se convertir au christianisme. Plus tard, il critiqua férocement le manichéisme.
Les Ouïgours du Xinjiang, protecteurs de la Chine des Tang à la suite de la rébellion d'An Lushan qui s'acheva en 762, se convertirent au manichéisme à l'exemple de leur khan Bögü, et leur religion fleurit dans le bassin du Tarim jusque vers la fin du Ier millénaire.
Jusqu'au XXe siècle, le manichéisme était une religion connue principalement à travers les écrits de ses adversaires (comme Saint Augustin). Mais la découverte de plusieurs manuscrits en Algérie et en Chine permit de mieux connaître cette religion.
Rudolf Steiner parle également de Mani ou Manès comme d'un grand initié dont la tâche principale est de transformer le mal en bien.
[modifier] Manichéisme en Chine
[modifier] Mythe Fondateur
Lorsque le manichéisme est créé, Mani sait qu’il doit donner des réponses aux questions existentielles de la population pour gagner des fidèles. C’est pourquoi, il monte une histoire expliquant la philosophie bipolaire manichéenne. Ce mythe est celui de la création, celui racontant la naissance de l’homme et de la matière. Il s’agit d’un mythe cosmogonique avec substrat préexistant. En effet, la création du monde réside non seulement en l’action d’un dieu supérieur mais aussi en celle de personnages secondaires.
Le mythe fondateur commence dans la période antérieure du temps (voir philosophie). La Lumière (le royaume de Dieu) et les Ténèbres ou la Matière (royaume du Prince des Ténèbres) sont donc séparées. Résultat du discontinu chaos dans la matière, une partie de cette dernière se rapproche assez du royaume de la Lumière pour en apercevoir l’éclat. Aussitôt, la matière désire y pénétrer. Dieu mandate alors l’homme primordial –engendré par la Mère de la Vie, elle-même issue du sein de Dieu- de protéger son royaume des Ténèbres. Pour aider l’homme dans sa tâche, Dieu le pourvoit de cinq auxiliaires puissants : le feu, l’eau, le vent, la lumière et la matière (terre).
Malgré tous les efforts de la Lumière, les Ténèbres l’emportent sur l’homme originel. On dit que ce sont cinq archontes qui affrontèrent l’homme, sans doute à cause du fait qu’il possède cinq armes. La matière (les Ténèbres) s’empare alors de l’homme et l’enferme en elle-même. Désespéré, l’homme fait appel à Dieu qui envoie, pour l’aider, l’Esprit de vie. Ce dernier tente de ramener l’homme vers le royaume de la Lumière par le biais du soleil, de la lune, des plantes qui montent vers le ciel, etc. Avant que l’opération achève, le prince des Ténèbre commande à deux démons de s’unir et ainsi de former une contrefaçon de l’homme primordial pour y enfermer la dernière parcelle de lumière non aspirée par l’Esprit de vie. L’homme est créé; son corps est mauvais, son esprit est bon.
[modifier] Dérive du sens de manichéen
C'est à tort qu'on qualifie aujourd'hui de manichéenne une pensée ou une action sans nuances, voire simpliste. Cet usage ignore manifestement tout de la pensée au contraire très riche et toute en nuances de Mani qui prend précisément en compte la nécessité pour l'homme de cheminer dans un monde que le Bien et le Mal semblent bipolariser.
[modifier] Bibliographie
- Nahal Tajadod, Mani le bouddha de lumière, catéchisme manichéen chinois, Cerf, 1991, ISBN 2-204-04064-9
- Amin Maalouf, Les jardins de lumière (roman), Lattès, 1991, ISBN 2-253-06177-8
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Dictionnaires des religions, équipe de composition du dictionnaire, vu le 10 novembre 2005 URL : http://atheisme.free.fr/Religion/Definition_ma.htm
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Le Temple des mystères, collective joséphite, 2005, vu le 18 novembre 2005 URL : http://www.arimathie.be/articles.php?lng=fr&pg=966
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes
- Regards sur le manichéisme par François Decret, Professeur honoraire des universités.
- (fr) Le manichéisme
- (fr) Le manichéisme en détail
- (en) Art manichéen
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