Lugdunum

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Vous avez de nouveaux messages (diff^?).

Lugdunum était le nom romain de l'actuelle ville de Lyon comme il a été celui des villes de Laon dans l'Aisne, de Luchon dans la Haute Garonne, et de Leyden aux Pays Bas. C'est un lieutenant de César, Lucius Munatius Plancus, gouverneur de la Gaule chevelue, qui fonda la ville sous le nom de Lugdunum le 9 octobre 43 av. J.-C. avec des citoyens de Vienne chassés de leur ville par une révolte gauloise, augmentés d'une légion en garnison. Le site choisi est l'actuelle colline de Fourvière (Forum Vetus) — Lugdunum signifiant d'ailleurs « la colline de Lug » —, vraisemblablement sur l'emplacement d'un ancien camp militaire qui servait de base d'expédition lors de la guerre des Gaules. La Saône sépare la nouvelle ville du site de Condate, ville gauloise antérieure, située au pied de la Croix-Rousse.

Des fouilles réalisées dans le quartier de Vaise ont montré que le site de la nouvelle ville était occupé bien avant sa fondation « officielle » par les conquérants romains. Un camp gaulois s'était installé sur les collines à l'ouest de la Saône dès le VI^e siècle av. J.-C. et commerçait avec la Méditerranée. Les premiers Romains qui s'y installèrent venaient d'être chassés de Vienne par les Allobroges.

Selon la légende, la ville a été fondée par le druide Momoros et le roi Atepomaros. L'appellation de Lugdunum dérive du nom de Lug, dieu suprême de la mythologie celtique, auquel un autel aurait été consacré sur l'actuelle colline de Fourvière, et du mot dun (" forteresse ", " colline "). On avance aussi le terme lukos qui signifie " le corbeau ", animal annonciateur de la présence de Lug, dans la mythologie. Une autre théorie sur le nom de la ville avance que le mot lug pourrait avoir le même sens que le mot latin lux (lumière). Le nom de la ville signifierait ainsi "Colline éclairée". Les deux interprétations ne sont d'ailleurs pas très éloignées, Lug étant une divinité solaire et de la lumière...

Sommaire

1 La capitale des Gaules
2 Lugdunum et Vienne, cités rivales
3 Prospérité et Christianisation
4 Lugdunum dans les crises de l'Empire romain
5 Fin de Lugdunum romaine
6 Empereurs romains nés à Lugdunum
7 Bibliographie

[modifier] La capitale des Gaules

En 27 av. J.-C., Lugdunum devient la capitale de la province de Gaule lyonnaise et le siège du pouvoir impérial pour les trois provinces gauloises (« capitale des Gaules »). Le rôle privilégié de Lugdunum fut renforcé par l’installation en -15 du second atelier monétaire impérial puis par la dédicace en l’an -12 du sanctuaire fédéral des trois Gaules, sur les pentes de la Croix-Rousse, où se rassemblent chaque année les délégués des tribus gauloises pour célébrer le culte de Rome et de l'empereur.

La position clé de Lugdunum, au confluent de l'Arar (Saône) et du Rodanus (Rhône), en fait un important port fluvial. C'est aussi un nœud routier, relié au sud de la Gaule (la Narbonnaise), à l'Aquitaine, la Bretagne, la Germanie et bientôt l'Italie. Cette double position met Lugdunum en contact avec l'ensemble de l'Empire. Son statut de colonie romaine accordé par le Sénat et le rôle de capitale des Gaules favorisent l'essor de la ville.

Il reste des vestiges impressionnants des quatre aqueducs, dont celui du Gier long de 75 km, qui avaient été contruits pour amener l'eau à la ville. Des monuments prestigieux équipèrent la ville : outre l'Amphithéâtre des Trois Gaules, le Théâtre antique de Fourvière, un temple dédié à Cybèle, , et aussi les grands thermes (quelques vestiges dans le quartier de St Just, près du Lycée Jean Moulin), des mosaîques, un port sur la Saône (découverte de barques gallo-romaines au cours des travaux pour un parking dans le Vieux Lyon entre 2003 et 2005). Les voies romaines entrant dans la ville étaient bordées de tombeaux honorant les personnalités défuntes de la cité (tombeau de Turpio)

En 48, les Gaulois obtinrent de l'empereur Claude la possibilité d'accès aux magistratures romaines et donc au Sénat Romain. Ils firent alors graver sur une plaque de bronze le discours prononcé par l'empereur au Sénat et l'exposèrent au sanctuaire des Trois Gaules. Les fragments de cette plaque, les Tables Claudiennes, sont exposées au musée de la civilisation gallo-romaine de Lyon.

[modifier] Lugdunum et Vienne, cités rivales

En 64, les notables de Lugdunum prennent connaissance de l’incendie qui a ravagé Rome, et envoient 4 millions de sesterces d’aide pour la reconstruction. L’année suivante en 65, Lugdunum est victime d’un terrible incendie. Néron fait à son tour un don de 4 millions de sesterces à Lugdunum.

Lors des événements de 68, Julius Vindex, légat de la Gaule lyonnaise, se révolte contre Néron et soutient son compétiteur Galba. Les Lyonnais restent fidèles à Néron, tandis que leurs voisins Viennois prennent le parti de Galba. Tandis que Vindex se faisait battre à Besançon par l’armée du Rhin, les Viennois montent une expédition armée contre Lugdunum, qui parvient à résister. La fin de Néron et l’arrivée au pouvoir de Galba mirent une pause à ce conflit.

Seulement une pause, car l’année suivante en 69, la situation politique est toujours confuse : l’armée du Rhin de Vitellius, marchant contre l’Italie et contre Othon, passe par Lugdunum. Ses habitants pour se venger convainquent Fabius Valens, lieutenant de Vitellius d’attaquer Vienne. Vienne dut payer une somme énorme à l’armée pour échapper au pillage.

[modifier] Prospérité et Christianisation

Sous les Antonins, Lugdunum prospère : l'amphithéâtre et le théâtre sont agrandis, et un odéon est construit.

Des chrétiens venus de Phrygie s'implantent à Lugdunum. Saint Pothin et sainte Blandine figurent parmi les premiers martyrs, morts en 177 sous le règne de Marc Aurèle dans une période incertaine pour l'Empire (peste, invasions barbares). Saint Irénée, successeur de Saint Pothin, est l'un des premiers théologiens chrétiens - de langue grecque. Lyon devient l'un des centres intellectuels de la chrétienté, illustré au V^e siècle par Sidoine Apollinaire.

[modifier] Lugdunum dans les crises de l'Empire romain

En 197, l'empereur Septime Sévère affronte et bat son concurrent Clodius Albinus, puis laisse ses soldats piller la ville qui avait soutenu Albinus. Septime Sévère connaissait pourtant bien Lugdunum, pour y avoir été légat, et ses deux fils Caracalla et Geta y étaient nés.

Lugdunum est touché en 276 par les raids germaniques. On retrouvera à Vaise les biens les plus précieux qu'un habitant avait ensevelis et qui ne revint jamais les récupérer : le trésor de Vaise comportant une riche vaiselle d'argent, des bijoux, des pièces de monnaie et des statuettes religieuses est maintenant exposé au musée de la civilisation gallo-romaine.

Peu après en 281, les habitants de Lugdunum soutiennent l'usurpation de Proculus, un riche propriétaire terrien qui arme 2000 de ses esclaves. Il prend la fuite dès l'approche des légions de l'empereur Probus. Que traduisait ce mouvement d'humeur irréaliste ? Mécontentement fiscal, raison fréquemment évoquée pour l'époque ? On ne sait…

À la fin du III^e siècle lors des réorganisations de la Tétrarchie, Lugdunum perd son rang de capitale des Gaules, au profit de Trèves, plus proche de la frontière du Rhin. Lugdunum n'est plus que le siège administratif de la petite province de Lugdunaise Ière.

Vers cette période, l'étendue de Lugdunum s'est considérablement rétrécie : par manque d'eau, la colline de Fourvière est désertée, et l'habitat est concentré en bord de Saône et dans les îles du confluent.

[modifier] Fin de Lugdunum romaine

En 437, des tribus germaniques burgondes sont installées en Savoie et Romandie comme troupes auxiliaires par le général romain Aetius après la destruction de leur royaume de Worms par les Huns. Ces Burgondes étendent leur domination lors de la désintégration de l'Empire d'Occident et en 461 font de Lyon une capitale de leurs royaumes, avec Vienne et Genève. Dans cette Burgondie, l'intégration des Burgondes et des Gallo-romains est marquée, au plan du droit, par la proclamation de la loi Gombette, introduisant une égalité de fait, et, au plan religieux, par le passage progressif des Burgondes de l'arianisme au catholicisme, avec Sigismond.

En 532, les fils de Clovis, à l'instigation de Clotilde, princesse burgonde veuve de Clovis, intègrent ce royaume sous la domination franque.