Loi de Lachmann

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On nomme loi de Lachmann un processus régulier d'évolution phonétique concernant le latin, lequel consiste en un allongement de voyelles brèves dans certaines conditions. Elle a été proposée par le philologue allemand Karl Lachmann pour expliquer certaines évolutions de la langue latine.

[modifier] Mécanismes généraux

Toute voyelle brève du latin est allongée devant une consonne voisée précédant une autre consonne, ce que l'on pourrait synthétiser ainsi :

Ă > Ā/-C[+voi]C (où A représente n'importe quelle voyelle)

[modifier] Problématique

On observe aussi en latin une autre loi phonétique : toute consonne voisée précédant une consonne non voisée s'est dévoisée. La reconstruction interne tendrait à prouver que cette loi a opéré avant la loi de Lachmann, car sinon celle-ci n'aurait pas opéré. Prenons les exemples des mot āctus et făctus. La reconstruction interne nous consuit à reconstituer la chronologie suivante :

t0 : ăg-tus făk-tus
- Loi de Lachmann
t1 : āgtus făktus
- dévoisement
t2 : āctus făktus

Or, la méthode comparative montre que le dévoisement a eu lieu en indo-européen commun, alors que Lachmann n'a eu lieu qu'en latin.

Pour résoudre cette énigme Ferdinand de Saussure a fait en 1889 la supposition suivante : un dévoisement a eu lieu en indo-européen commun, puis le voisement a été restauré en latin, ensuite seulement Lachmann est intervenu, avant un second dévoisement.

Kiparski en 1965 a fait une nouvelle hypothèse faisant intervenir la distinction entre représentation sous-jacente et représentation de surface : il suppose qu'au moment où Lachmann est intervenu en latin, la représentation de surface était ăktus, alors que la représentation sous-jacente était toujours ăgtus. Dans cette hypothèse, Lachmann ne se serait pas appliqué aux formes de surface, mais directement à la représentation sous-jacente.