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Histoire de la Colombie - Wikipédia

Histoire de la Colombie

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Sommaire

[modifier] Civilisations pré-colombiennes

On trouve les premières traces d'établissements sédentaires sur le territoire colombien datant du Ve siècle av. J.-C.. Ces reliques, d'une civilisation quasiment inconnue, ont été découvertes à San Augustín dans les Andes colombiennes.

[modifier] Avant la République

Avant l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique, l'actuelle Colombie était occupée principalement par des chasseurs et des agriculteurs nomades. Les Chibchas, qui vivaient dans la région de Bogotá, dominaient les différents groupes indigènes.

Les espagnols s'approchèrent des côtes colombiennes en 1500, mais les premieres colonies permanentes, qui s'établirent à Santa Marta, datent de 1525. En 1549, la zone fut considérée par les espagnols comme une colonie et la capitale fut installée à Santa Fé de Bogotá. En 1717, Bogotá devint la capitale de la vice-royauté de la Nouvelle Grenade, qui comprenait aussi les actuels Venezuela, Équateur et Panama. Bogotá, tout comme Lima et Mexico, devint l'une de principales villes sur le continent américain pour l'administration espagnole. Couramment appelée Santa Fe jusqu`à l`indépendance, rebaptisée Bogotá tout court à ce moment, la capitale reprit officiellement son nom colonial dans les années 1990.

Le 10 juillet 1810, les habitants de Bogotá instaurèrent la première assemblée représentative à défier l'autorité espagnole. L'indépendance ne fut proclamée qu'en 1813 et le 17 janvier 1819, la République de la Grande Colombie fut créée.

[modifier] La République

La République de la Grande Colombie regroupait les territoires de la vice-royauté. Simón Bolívar fut élu président et Francisco de Paula Santander, vice-président. Chacun de ces deux hommes sera à l'origine d'un parti politique. Ainsi les partisans de Bolívar formeront le parti conservateur tandis que ceux de Santander constitueront les libéraux. Ces deux partis domineront l'histoire de la Colombie. Les conservateurs désiraient un État très centralisé, et l'appui de l'Église catholique tandis que les libéraux voulaient un État décentralisé et la préeminence de l'État dans le domaine de l'enseignement et des affaires civiles, et désiraient aussi un suffrage plus élargi.

Les deux partis alternèrent au pouvoir tout au long des XIXe et XXe siècles. Ils occupèrent le pouvoir durant à peu près la même durée. Contrairement, à la plupart des pays d'Amérique latine, en Colombie, il y eut relativement peu de dictatures et les élections étaient organisées régulièrement et étaient libres. Les militaires s'emparèrent du pouvoir en 1830 -lorsque l'Équateur et le Venezuela quittèrent la République-, en 1854 et 1953. La dictature militaire dura moins d'un an en 1830 et 1854, dans le dernier cas, elle se maintint durant 4 ans entre 1953 et 1957.

Malgré le faible nombre de coups militaires, par rapport aux autres pays d'Amérique latine, la Colombie reste un pays dont l'histoire est jalonnée d'épisodes violents. En effet, de nombreuses guerres civiles opposèrent libéraux et conservateurs, dont deux se révélèrent particulierement violentes. La première, surnommée « des Mille Jours » (1899-1902), coûta la vie à environ 100 000 personnes, la seconde, connue sous le nom de « La Violencia » (fin des années 1940 et années 50) aurait causé la mort de 300 000 personnes.

Le 1er janvier 1880, le Français Ferdinand de Lesseps, commence les travaux du Canal de Panama, encore partie intégrante de la Colombie.

Panama est séparé de la Colombie en 1903, cédant à perpétuité cette région aux États-Unis, suite à une rébellion par le groupe indépendantiste Amador Guerrero appuyé par des navires de guerres des États-Unis.

En 1953, le général Gustavo Rojas Pinilla organisa un coup d'État. Il bénéficia au début d'un important soutien populaire, en raison de son succès à apaiser dans une certaine mesure « La Violencia ». En 1957, les militaires soutenus par les deux partis le renversèrent car il n'avait pas restauré la démocratie. Un gouvernement provisoire fut mis en place

[modifier] Le front national

[modifier] La Violencia

Voir l’article La Violencia.

[modifier] L'apparition des guérillas modernes

C’est dans ce contexte particulièrement hostile que se sont développées les guérillas marxistes qui furent les seules à ne pas déposer les armes après les élections de 1958 et qui comptaient à cette époque 912 membres. La Colombie, fidèle alliée des États-Unis d’Amérique, s’engage dans la guerre de Corée et combat autant que possible l’influence soviétique puis chinoise puis cubaine qui sévit sur son territoire. La victoire des communistes en Chine en 1949, la montée en puissance sur la scène internationale de l’Union Soviétique ainsi que la victoire castriste à Cuba en 1959 favorisent la transformation d’un certain nombre de guérillas libérales en mouvements ouvertement communistes qui n’ont plus comme objectif de seulement combattre les conservateurs mais qui sont porteurs d’une idéologie radicale de changement de la société et de la politique colombienne. La première phase d’insurrection des années cinquante demeure limitée et ne concerne que des éléments épars, isolés et mal armés qui ne sévissent que dans les zones les plus reculées de la Cordillère centrale. Les années soixante au contraire voient le rapide développement de guérillas d’origine communiste, comme conséquence de la révolution cubaine et de la conversion de Fidel Castro au marxisme-léninisme qui décide dès lors de promouvoir dans le sous continent latino-américain sa politique d’extension de la révolution mondiale.

En 1957 est créé le mouvement agraire de Marquetalia (Huila) qui se transforme progressivement en une république indépendante. Les années soixante voient se multiplier ce genre de petites « enclaves de colonisation paysanne, contrôlée par la guérilla et orientées par le parti communiste », perdues dans les montagnes au sud du Tolima peuplées et défendues par des paysans armés qui refusent toute ingérence d’un État qu’ils jugent prédateur et à la botte de l’oligarchie capitaliste. L’État colombien met alors tout en œuvre pour combattre la subversion et s’attaque violemment aux guérillas communistes. Les forces armées détruisent d’ailleurs en 1964 l’éphémère République de Marquetalia sans pour autant parvenir à éliminer les rebelles qui la défendaient. Les combats de Marquetalia, qui durent plusieurs mois, donnent une visibilité exceptionnelle à un groupe guérillero pourtant insignifiant : les FARC, emmenée par Manuel Marulanda Velez, alias Tirofijo (tire précis), sont nées. Alors que les FARC se réclament d’une ligne soviétique (et se veulent d’ailleurs le bras armé du PCC), l’Armée de libération nationale (Ejercito de Liberación Nacional, ou ELN) suit une ligne castriste. Fondé en 1964 dans le département de Santander par Fabio Vasquez Castano, l’ELN est également une guérilla paysanne profondément marquée par la théologie de la libération. Le Père Camilo Torres, grand orateur et homme d’Eglise radical, fut la figure majeure et charismatique de l’ELN à ses débuts et orienta largement le mouvement dans ses orientations anti-oligarchiques et de dénonciation des inégalités sociales. Il ne fut cependant pas d’une aide majeure au point de vue militaire puisqu’il mourut dans son tout premier combat en février 1966, à peine six mois après son ralliement.

L'EPL (Ejército Popular de Liberacion, Armée populaire de libération) est quant à lui issu d'une rupture idéologique au sein de parti communiste en 1963 (suite à la rupture de l'axe Moscou-Pékin) et se constitue comme une guérilla foquiste (issue du modèle cubain de guérilla qui cherche à créer des "focos", des foyers d'insurrection dans les zones les plus reculées du pays où l'État est le plus faible) d'influence maoïste. L'EPL débute ses opérations militaires en 1967 et s'implante dans le nord du département d'Antioquia, dans le Cordoba et le Cauca. En dépit de la volonté de l'EPL de trouver en la Chine de Mao un allié puissant et généreux, seule l'Albanie d'Enver Hoxha cherchera à soutenir effectivement une guérilla trop souvent victime de luttes intestines et de rivalités avec les FARC pour pouvoir prétendre à cette époque à devenir autre chose qu'un mouvement ultra minoritaire.

[modifier] Les années soixante-dix

Quoi qu’il en soit, les guérillas paysannes n’ont jamais et à aucun moment eu la possibilité de menacer le pouvoir en place et de se trouver en position de force. Au contraire, les années soixante dix sont une époque de très net recul de leur influence et de leurs capacités offensives. L’armée colombienne se trouve parfaitement capables de réduire au maximum le pouvoir de nuisance des guérillas et de les cantonner à des zones totalement marginales du territoire. Du propre aveu des FARC, la fin des années soixante et le début des années soixante dix est une époque de grave crise où l’organisation perd 70% de ses effectifs suite aux combats avec l’armée régulière. Les estimations du nombre de combattants au milieu des années soixante-dix sont assez révélatrices des difficultés de ces guérillas rurales: Une trentaine de soldats pour l'EPL, une centaine pour l'ELN et 400 pour les FARC. D’autre part, les guérillas se trouvent rapidement engluées dans de nombreuses querelles internes qui paralysent leur action et font exploser le peu d’organisation qu’elles avaient développées depuis le début des années cinquante.

Si les années soixante dix ne sont pas une époque faste pour les FARC, l’ELN ou l’EPL, elles ont vu la naissance de l’un des mouvements guérilleros les plus puissants d’Amérique Latine : Le M-19. Dans un contexte international qui voit le Viêt Nam parvenir après trois décénnies de guérilla à vaincre l'impérialisme occidental, le Moyen-orient et l'Europe subir la nouveauté que sont les attentats terroristes, et le Cône sud latino américain en proie aux dictatures conservatrices et anti-communistes, "l'internationale subversive" et notamment sa composante colombienne, se restructure et expériemente de nouveaux modes d'action. La guérilla urbaine qui cherche à frapper, avec peu d'hommes et des moyens limités, des lieux ou personnes sensibles obtient une visibilité beaucoup plus importante que les mouvements ruraux souvent jugés comme rétrogrades. Le M-19 colombien, à l'image du MIR chilien ou des Montoneros argentins, est représentatif de ce changement de tactique.

En 1973, le Mouvement du 19 avril est créé suite aux élections supposément frauduleuses du 19 avril 1970 qui voient la défaite du général Rojas Pinilla. Ses partisans du parti de l'Alliance nationale populaire (ANAPO, Alianza NAcional POpular), frustrés par la défaite, alliés à des cercles universitaires marxistes, à des nationalistes de gauche et à un certain nombre d’intellectuels urbains fondent le M-19 sous la houlette de Jaime Bateman. C'est principalement à la fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt que le M-19 fait parler de lui par une série de coups d'éclat qui le rend populaire et légitime dans sa contestation du pouvoir d'autant plus facilement que le président libéral de l'époque, Julio César Turbay Ayala (1978-1982) se fait le chantre de la doctrine de la Sécurité Nationale et bafoue régulièrement les droits de l'homme dans sa lutte anti-subversive. Que cela soit par le vol de 7000 armes dans un dépôt de l'armée en plein Bogota en 1978, par la prise d'otage d'une cinquantaine de diplomates (dont les ambassadeurs américain et israelien en Colombie) au sein de l'ambassade de République Dominicaine pendant 4 mois ou avec la tragique prise du Palais de Justice de Bogota où périrent 95 personnes (dont 9 juges de la cour suprême), le M-19 devient l'acteur rebelle numéro un de Colombie et modifie profondément les méthodes d'insurrection (actions urbaines, terrorisme, organisation plus efficace, financement régulier par les enlèvements, modernisation de l'équipement militaire, union entre groupes rebelles...). C'est au début des années quatre-vingt que les guérillas rurales reprennent de la vigueur grâce notamment à de meilleures sources de financement qui proviennent en grande partie de la production de feuilles de coca, du contrôle de zones de production d'hydrocarbures et d'enlèvements de chefs d'entreprise ou de personnalités politiques. Alors que ces guérillas étaient mal en point durant toute la décennie passée, l'apparition du narcotrafic change totalement la donne.

[modifier] La drogue en Colombie

La Colombie jouit d'une situation géographique exceptionnelle. Elle se trouve à la croisée de deux grandes routes commerciales internationales: l'une part des États-Unis d'Amérique, traverse l'Amérique Centrale et plonge vers le sous continent sud américain; l'autre relie le pacifique à l'Atlantique par le canal de Panama et permet de joindre par mer la côte ouest américaine aux Caraïbes, à l'est américain et à l'Europe. Il s'agit d'ailleurs du seul pays d'Amérique du sud à posséder une double façade maritime.

La Colombie fait donc le lien entre les pays sous développés du Sud producteurs de drogue et les pays développés du Nord consommateurs de stupéfiants, tout en étant une puissance économique sous régionale, disposant de capacités entrepreneuriales fortes, d'une diaspora en réseau et des moyens techniques nécessaires à l'élaboration et à la synthèse de drogues. La diversité de son relief ainsi que l'existence de zones totalement reculées et inaccessibles où l'État n'est que très peu présent, favorisent la production de tous types de drogues, que cela soit de la marijuana, de la coca ou du pavot. Il est évident que la violence endémique dans laquelle vit le pays depuis un demi siècle a contribué au développement de contrebandes diverses : alcool, tabac, émeraudes, précurseurs chimiques, produits manufacturés, stupéfiants...) et a fourni des opportunités économiques et des ressources financières sans commune mesure à plusieurs millions de colombiens. L'histoire de la production de drogues en Colombie repose pour beaucoup sur les évolutions des marchés internationaux et les coups et contre-coups faits aux pays producteurs. Entre 1974 et 1982, la Colombie est l'un des tous premiers producteurs de marijuana au monde et profite des campagnes d'éradication réussies au Mexique et en Jamaïque pour devenir le fournisseur numéro un des États-Unis d'Amérique.

La cocaïne est alors essentiellement produite au Pérou et en Bolivie et ne fait qu'être transformée et convoyée en Colombie pour ensuite prendre la route des Caraïbes ou du Mexique. En dépit de cela, les recettes de cette contrebande sont évaluées à presque 2000 millions de dollars (soit l'équivalent des gains issus de la production de café). L'argent de la drogue permet l'apparition au niveau politique des narco-traficants au début des années quatre-vingt, que cela soit par des assassinats ciblés (tel que celui du ministre de la justice Rodrigo Lara Bonilla) ou par la présence au niveau institutionnel des barons de la drogue tel Pablo Escobar. Cette époque voit le narco-terrorisme ravager le pays et les attentats se multiplier à Bogota, Medellin et Cali. La raison principale de cette lutte à mort est à chercher dans la question de l'extradition vers les États-Unis d'Amérique des traficants de drogues qui se révèlent être prêts à tout pour faire plier le gouvernement, que cela soit par la corruption, l'intimidation ou le recours à la violence. Ils cherchent par ailleurs à faire reconnaître au niveau institutionnel le caractère politique de leur lutte dans le but d'obtenir, comme les guérillas, un statut favorable pour négocier et se voir légaliser. Pablo Escobar, leader du cartel de Medellin est arrêté en 1991 et, après une fuite rocambolesque de près de quinze mois, finalement abattu en décembre 1993. Cette mort met un terme à une décennie de conflit ouvert.

Pablo Escobar mort, le cartel de Medellin s'ecroule et celui de Cali reprend le contrôle du trafic de drogues. Le président Ernesto Samper se voit en 1994 accusé d'avoir reçu six millions de dollars de la part du cartel de Cali pour financer sa campagne, ce qui provoque une crise politique interne et un grave incident diplomatique avec les États-Unis d'Amérique qui parviennent à faire voter la loi autorisant l'extradition de nationaux colombiens en 1997.

Jusqu'en 1994, la Colombie produisait relativement peu de coca et servait surtout de laboratoire pour transformer la pate base en cocaine qui était ensuite exporter vers le Nord. La politique étasunienne d'erradication de la coca au Pérou et en Bolivie ayant rencontré un certain succès et la production de marijuana en Colombie ayant chuté, les zones de production de coca se sont déplacées vers le nord du sous continent, d'autant plus facilement qu'un champignon ravage la production péruvienne de coca au début des années quatre-vingt dix et qu'est développée une nouvelle variété de coca poussant dans les basses terres amazoniennes. Dès 1997, la Colombie devient le premier producteur mondial de coca, de pâte base et de cocaine. D'autre part, bien que les chiffres soient difficiles à calculer, la Colombie s'est lancée dans les années quatre-vingt dix dans la culture du pavot et est aujourd'hui le principal fournisseur d'héroine des États-Unis d'Amérique.

Le réveil des guérillas rurales

L'apparition de la drogue a donc donné aux acteurs armés un moyen de financement puissant, régulier et quasi illimité. A cela s'ajoute la patiente et longue construction de zones de forte implantation des guérillas, notamment dans les zones du piémont amazonien (départements du Caqueta, Putumayo, Meta et Guaviare) sans que l'État colombien n'ait réellement cherché à désenclaver (par une politique d'investissement public, de construction de routes ou des programmes sociaux) ces régions isolées et mal contrôlées. C'est d'ailleurs là que les FARC (acteur principal dans cette zone) ont concentré l'essentiel de leur production de drogues et passent à une tactique offensive face à l'armée régulière.

Un second facteur responsable du réveil des guérillas rurales est sans conteste la politique menée par le président conservateur Belisario Betancur (1982-1986). En effet, après le mandat de Turbay Ayala qui avait répondu au M-19 par la militarisation du pays, Betancur cherche le dialogue et prône une politique de paix qui se concrétise par une généreuse loi d'amnistie, la légalisation d'un organe politique des FARC, les FARC-UP (Union Populaire), une volonté d'ouverture et de transparence, et des réformes sociales. Il négocie alors principalement avec les FARC et le M-19 et multiplie les trêves et les cessez-le-feu. Betancur semble alors en phase de réussir à changer totalement la donne mais les accords de paix demeurent trop vagues pour empêcher les acteurs armés de reprendre les hostilités.

La faillite des négociations est totale en 1985 quand le M-19 attaque la Palais de Justice de Bogota. Au final, ces trois années de va-et-vient ont permis aux guérillas de s'implanter plus fortement, d'étendre leurs capacités offensives et de devenir des acteurs de premier plan. C'est durant cette époque que sont créés les milices d'autodéfense (notamment le MAS, Muerte a los Secuestradores) et les groupes paramilitaires qui lutte en marge de la loi contre les guérillas et que l'État ne maîtrise en aucune manière. Il s'agit du début de ce que l'on appelle en Colombie "la guerre sale" qui se concrétise, entre autres, par l'assassinat de 165 membres des FARC-UP entre sa création (février 1985) et le mois d'octobre de la même année, expérience politique qui traumatisera les FARC et les vaccinera contre toute nouvelle tentation légaliste.

L'élection de Virgilio Barco (président libéral de 1986 à 1990) ne change que peu de choses au conflit qui s'aggrave du fait de la présence des narco-terroristes. Cependant, le M-19, convaincu de l'impasse de l'option militaire dans laquelle il s'englue depuis le massacre du Palais de Justice, entame des pourparlers de paix et finit par se démobiliser massivement le 9 mars 1990 pour entrer en politique sous le nom AD/M-19 (Alliance Démocratique). C'est durant le mandat de Barco qu'est lancée l'idée d'élire une assemblée constituante comme solution au problème des guérillas. En effet, nombreux sont ceux qui imputent au Front National et à la vieille constitution de 1886 une part de responsabilité dans l'apparition de mouvements rebelles, en avançant l'hypothèse que leur formation serait une réaction au bipartisme institutionnalisé, au manque d'ouverture et d'espaces de dialogue du système politique, au clientélisme et à la corruption généralisée. Il revient au successeur de Barco, le libéral Cesar Gaviria Trujillo (1990-1994), de mener à bien ce nouveau projet de Constitution.

Le 4 juillet 1991 est adoptée une nouvelle Constitution particulièrement progressiste et moderne: la Colombie est déclarée "État Social de droit, organisée en République unitaire, décentralisée [...], démocratique, participative et pluraliste, fondée sur le respect de la dignité humaine." (art1) Elle garantit la primauté des droits inaliénables de l'homme (art5), la protection de la diversité ethnique et culturelle du pays (art7), l'inviolabilité du droit à la vie (art11), le principe de non discrimination pour quelque motifs que cela soit (art13), les droits de la femme (art43) et de l'enfant (art44) ainsi que ceux des travailleurs (art53-57). La Constitution supprime la notion d'État de Siège et le remplace par celui d'État de Commotion Interne, beaucoup plus restrictif et protecteur des droits de l'homme. La Colombie devient par ce texte largement décentralisée, les départements acquérant un certain degré d'autonomie et l'État central leur déléguant les responsabilités administratives et entérine les élections directes des maires et gouverneurs de départements. D'autre part, elle reconnaît les droits linguistiques, culturels et politiques des minorités amérindiennes et afro colombiennes et enfin ouvre le jeu politique à tous les partis politiques.

Ce projet généreux et porteur est adopté massivement par plébiscite et permet la démobilisation et l'entrée politique de l'EPL et d'autres mouvements guérilleros minoritaires (Quintin Lame, PRT...). Il est intéressant de noter que le parti créé suite à l'entrée en politique du M-19 remporte 26% des suffrages lors de l'élection pour la Constituante (et a donc largement contribué à sa rédaction) et son principal représentant, Antonio Navarro, arrive à la troisième place de l'élection présidentielle de mai 1990 (qui voient la victoire de Gaviria) devant le candidat conservateur.

Les efforts de paix du président Gaviria débouchent sur une série de négociations à Caracas (juin 1991) puis à Tlaxcala, Mexique (mars 1992) avec les FARC et l'ELN mais les guérillas demeurent dans une posture ouvertement belliqueuse et multiplient les attaques dans le courant de l'année 1992. La situation devient tellement chaotique que Gaviria doit déclarer l'État de Commotion Interne durant près de neuf mois (90 jours renouvelables deux fois) et renforcer les pouvoirs des militaires tout en re-centralisant le pouvoir. Les guérillas sont alors en phase de devenir de simples organisations criminelles illégitimes avec qui toute négociation politique est vouée à l'échec compte tenu du fait que leur seul intérêt est justement la poursuite de la guerre.

Le mandat du nouveau président libéral Ernesto Samper qui débute en 1994 ne modifie pas radicalement le conflit. En effet, comme c'est le cas depuis Betancur, Samper commence par vouloir négocier avec les guérillas dans le but "d'humaniser la guerre" et lance un programme social, voyant en la pauvreté et en le manque d'opportunités sociales et économiques une des racines du conflit. Mais le cycle de violence ne peut être stoppé et la méfiance réciproque entre gouvernement et guérillas ne s'estompe pas. L'année 1995 est tragique (près de 20 000 morts en 8 mois, 700 enlèvements...) et Samper se radicalise en déclarant l'État de Commotion Interne et en reprenant la voie militariste. Les FARC sont alors à leur apogée, dopées par les quelques cent cinquante mille hectares de coca produits en Colombie, et passent clairement à une stratégie offensive dans le sud est du pays. Entre 1996 et 1998, elles attaquent toutes les bases militaires des départements amazoniens avec un succès certain. Le 30 août 1996, la base de Las Delicias est prise à l'artillerie lourde par 400 guérilleros; le 2 mars 1998, à El Bilar, les FARC écrasent une unité anti-guérilla de l'armée et tuent 62 soldats (et font prisonnier 43 militaires) : la déroute de l'armée colombienne est lourde et les FARC ne se sont jamais montrées aussi puissantes.

Des concessions extrêmes à la guerre à outrance

Le nom d'Andres Pastrana Arango reste associé encore aujourd'hui à la politique la plus hasardeuse et la plus utopique de l'histoire contemporaine colombienne. Autant Gaviria fut l'homme de la nouvelle Constitution et Samper celui de la narco-politique, autant Pastrana demeurera le promoteur de Farclandia. Ce conservateur, élu de justesse en juin 1998, et qui a rencontré personnellement le leader des FARC, Tirofijo, avant sa prise de fonction comme président, cherche dès le début de son mandat à se concilier les faveurs de la vieille guérilla communiste.

Le 9 octobre de la même année, Pastrana décide de concéder aux FARC une zone démilitarisée dans la région du Caguan (Départements de Meta/Caqueta) de 42 000 km², soit approximativement la taille d'Israël, de la Palestine et du Liban réunis. Cette enclave au cœur de la forêt vierge se doit d'être un gage de bonne volonté de la part du gouvernement mais ne sera jamais rien d'autre que le pays officiel des FARC qui y s'en servent comme d'un retranchement utile à la culture de la coca et à sa transformation en cocaïne, au stockage d'armes et à l'entraînement de soldats. Comme l'écrit justement Rafael Pardo, "le principal résultat qui ne fut pas obtenu [par le plan de paix de Pastrana] fut la paix." Il faut reconnaître cependant que Farclandia a permis de rendre visible au niveau international ce que sont véritablement les FARC, une guérilla financée par la drogue et les enlèvements et qui n'a aucun intérêt à la paix. En contrepartie, les FARC ont acquis grâce à cela une puissance militaire vertigineuse et l'État colombien a officiellement et volontairement perdu sa souveraineté sur environ 4% de son territoire. La politique de négociation dure jusqu'en 2001 à un rythme imposé par les FARC et débouche sur la libération de 300 otages de la guérilla. Le mandat de Pastrana correspond également à une grave période de récession économique et au développement considérable du phénomène paramilitaire.

Alors que Samper était l'ennemi juré de Washington (l'affaire des 6 millions de dollars de sa campagne l'avait rendu suspect aux yeux de l'administration Clinton), Pastrana renoue diplomatiquement avec les États Unis d'Amérique et lance en août 2000 le fameux Plan Colombie avec le soutien actif du président Clinton. Il s'agit d'une aide de 1,3 milliard de dollars destinés à la lutte anti-drogue, au renforcement des capacités militaires de l'armée colombienne et à des réformes sociales.

La fin du mandat de Pastrana est marqué par l'enlèvement en février 2002 de la candidate écologiste Ingrid Betancourt alors que celle ci, en pleine campagne présidentielle, partait dans le Caguan négocier pour son propre compte avec les responsables guérilleros.

C'est un candidat indépendant, issu du parti libéral, qui gagne très largement au premier tour (avec 53% des voix) les élections de 2002. Alvaro Uribe Velez, ancien gouverneur du département d'Antioquia (Medellin), ne rentre pas dans le schéma classique de la vie politique colombienne qui consistait à entamer le mandat présidentiel par une période de négociation de paix. Au contraire, convaincu qu'il est d'abord nécessaire d'écraser militairement les guérillas pour ensuite négocier, Uribe se lance dans une politique offensive ("de sécurité démocratique") dans le but de réduire l'emprise territoriale des guérillas. Le contrôle du pays et des voies de communication est une priorité qui est de fait obtenu rapidement par un accroissement des effectifs militaires et policiers et par une surveillance accrue dans les provinces. Les méthodes autoritaires et guerrières du président ( militarisation de paysans, encouragement à la délation, violations des droits de l'homme, implication massive de civils dans le conflit...), ses liens supposés avec le cartel de Medellin et Pablo Escobar, son appétit de croisade contre la subversion narco-terroristo-communiste rappelant étrangement celle menée par les paramilitaires avec qui il entretient des relations douteuses, sont autant d'éléments dénoncés par les ONGs de droits de l'homme et la gauche colombiennes. Il n'en reste pas moins vrai que Uribe est de loin le président le plus populaire de l'histoire contemporaine colombienne (régulièrement crédité de plus de 70% d'opinions favorables) et qu'il travaille sans relâche à la pacification du pays. Le fait est que les colombiens sont lassés des multiples tentatives infructueuses de paix et qu'Uribe, populiste et démagogique, suit un programme qui séduit la population et qui parvient effectivement à réduire la criminalité, la violence et la présence guérillera dans le pays (les FARC sont repassées dans une dynamique défensive). Il a par ailleurs réussi en 2005 à faire démobiliser plusieurs milliers de paramilitaires sans que cela ait signifié la fin des activités de ce groupe terroriste. Uribe s'est fait le chantre de la lutte contre la production de drogue (dans le cadre du plan Colombie puis du Plan Patriote), devenant de ce fait le soutien numéro un en Amérique du Sud des États Unis d'Amérique du président Bush junior et l'ennemi personnel de Hugo Chavez.

Par l'acte législatif 02 de l'année 2004, l'article 197 de la Constitution de 1991 a été modifié pour permettre la réélection du président en cours. C'est par une victoire écrasante (62% des voix au premier tour) que le 28 mai 2006 le président Uribe a été réélu pour quatre ans.

[modifier] Voir aussi


Colombie | Histoire

[modifier] Liens externes

Implication d'Uribe dans le trafic de cocaïne.

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