Expérience de la Terre jumelle
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Vous avez de L'expérience de la Terre jumelle est une expérience de pensée proposée par le philosophe américain Hilary Putnam en 1975 dans le cadre de la philosophie du langage. Il vise à discuter la notion de signification, notamment sur l'opposition entre vision internaliste et externaliste. Depuis, les philosophes ont proposé différentes variantes de cette expérience.
[modifier] Description de l'expérience
L'expérience consiste à considérer une planète en tout point identique à la Terre, à l'exception de l'eau qui est remplacée par un autre composant chimique que H2O, que Putnam propose d'appeler XYZ. Les deux "eaux" sont macroscopiquement identiques : elles sont toutes les deux liquides à la température ambiante, bonnes à boire, agréables pour nager et transparentes dans leur forme pure. Seule une analyse chimique approfondie pourrait révéler leur différence à l'échelle moléculaire. Considérons, maintenant un individu sur Terre, Ruth, et son double sur la Terre jumelle, une Ruth-jumelle. De même, l'auteur suppose que ces deux femmes enseignent à leurs enfants quelque chose comme « l'eau est bonne à boire ».
Qu'en est-il de la signification du mot "eau" lorsque les deux protagonistes emploient ce terme ? En effet, lorsque Ruth-jumelle dit que "l'eau" est bonne à boire, elle ne veut pas dire que l'eau terrienne (H2O) est bonne à boire. Puisqu'à l'exception de l'eau, tout est parfaitement identique entre les deux planètes, Putnam affirme que les états mentaux des deux Ruth sont parfaitement identiques également, alors même qu'ils ne désignent pas le même élément, donc la même chose.
[modifier] Conclusions et critiques
Ainsi, selon Putnam, la signification des mots que nous utilisons n'est pas que dans la tête (meaning ain't in the head) et dépend de notre environnement, puisque cette expérience de pensée montre que les deux femmes ne pensent pas à la même chose, alors qu'elles sont dans le même état de pensée ou même état psychologique. Cette posture intellectuelle, dans la lignée de Carnap, Frege ou Russell, s'appelle antipsychologisme et affirme que les significations ne sont pas dans la tête.
Cette position issue de l'expérience de pensée de Putnam a bien entendu été critiquée, notamment sur l'identité des états mentaux : sont-ils exactement les mêmes ou s'agit-il seulement d'une simple parenté ? Une approche moins radicale que celle de Putnam pourrait conduire à une conclusion plus tempérée : la connaissance d'un état psychologique ne permet pas de connaître (de déterminer) la signification du concept auquel se rattache cet état ; dans cette perspective, la signification resterait tout de même dans la tête.
[modifier] Référence et bibliographie
- Putnam, H. (1975/1985) The meaning of "meaning" in Philosophical Papers, Vol. 2: Mind, Language and Reality. Cambridge University Press.
- Putnam, H. (1981) Brains in a Vat. In his Reason, Truth, and History. Cambridge: Cambridge University Press.
