Cyrano de Bergerac (pièce)
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Auteur | Edmond Rostand |
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Genre | comédie héroïque en vers |
Pays d’origine | France |
Date de parution | |
Date de la 1re représentation | 1897 |
Metteur en scène | Coquelin |
Lieu de la 1re représentation | Paris - Théâtre de la Porte Saint-Martin |
Cyrano de Bergerac est le personnage principal éponyme de la plus célèbre pièce d'Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, écrite en 1897 et jouée pour la première fois le 28 décembre de la même année au théâtre parisien de la porte Saint-Martin . La pièce, difficile d'accès à cause de l'érudition de l'auteur, du vocabulaire désuet, de la versification originale, et difficile à jouer à cause des décors très différents de chaque acte, du nombre de personnages, de sa longueur, de la longueur du rôle titre (mille six cents vers pour lui, un record), et de la présence même d'une scène de bataille, semblait perdue, au point que Edmond Rostand lui-même, doutant du succès de sa pièce, se confondit en excuses auprès de l'acteur Coquelin le jour de la première pour l'avoir entraîné dans une pareille aventure. La suite des évènements démentit le jugement a priori de l'auteur : ce fut un triomphe sans pareil ; non seulement les applaudissements furent copieux (vingt minutes ininterrompues !), mais un ministre vint dans la loge épingler sa Légion d'honneur sur la poitrine de l'auteur en expliquant : « Je me permets de prendre un peu d'avance » — Rostand la reçut en effet peu après.
Le succès de Cyrano de Bergerac est à regarder en fonction du contexte de l'époque : omniprésence du théâtre de boulevard, défaite de 1870, affaire Dreyfus, récents attentats anarchistes (dont celui qui coûta la vie au président Sadi Carnot), etc. Dans un tel contexte, cette pièce, grandiose, héroïque, peignant un héros qui se bat même lorsque cela est inutile, fut ressentie comme une bouffée d'oxygène dans une époque trouble et comme un exemple à suivre.
La statue de Cyrano trône sur une des places de la ville de Bergerac. Edmond Rostand s'est inspiré plutôt librement pour sa pièce d'un personnage réel, Savinien Cyrano de Bergerac (1619-1655). Le personnage de fiction a aujourd'hui pris le pas sur le personnage réel.
Sommaire |
[modifier] Un nouvel archétype
La pièce venait à point pour réconforter une France traumatisée par sa défaite de 1870 et la perte de l'Alsace-Lorraine. Cette pièce lui montrait qu'on peut être infortuné dans tous les domaines (naissance, fortune, carrière, amour...) et ne rien perdre pour autant de son panache, voire à certains égards faire pâlir des puissants (Valvert, De Guiche) par son courage, sa verve et sa force morale. Le héros est un homme de haute volée, plein d'esprit, de courage, qui souffre de sa laideur ; en cela la pièce est une ode à tous ceux que la société met de côté pour diverses raisons, à tous les "petits" écrasés par les "grands". Elle montrait aussi qu'un amour n'avait pas besoin d'être partagé pour être exemplaire, que la fidélité à une attitude peut durer toute une vie, et — révélation dramatique de l'avant-dernier acte — que même une précieuse peut non seulement avoir du cœur, mais préférer l'âme d'un homme à son physique ou à sa fortune. Comme le chantera plus tard Georges Moustaki :
- À regarder le monde s'agiter et paraître
- En habit d'imposture et de supercherie
- On peut être mendiant et orgueilleux de l'être
- Porter ses guenilles sans en être appauvri
Le succès de Cyrano fut mondial. Il est devenu aujourd'hui un archétype humain au même titre qu'Hamlet ou Don Quichotte (à l'évocation duquel il tire d'ailleurs son chapeau dans la pièce).
Charles de Gaulle a mentionné Cyrano comme étant son livre favori. La pièce a suscité de nombreux films.
[modifier] Quelques citations célèbres de la pièce
- « Tous les mots sont fins, quand la moustache est fine! »
- « Que dites-vous ? C'est inutile ? Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! Non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile ! »
Une tirade célèbre de cette pièce est la Tirade des nez (acte 1, scène IV) où Cyrano de Bergerac se prête au jeu de l'autodérision pour montrer le manque d'esprit du vicomte de Valvert qui vient d'essayer de se moquer de son grand nez. Il décline sur divers tons, les boutades qu'on pourrait lui adresser. La plus connue de toutes est celle donnée sur le ton descriptif, exemple typique de gradation et d'hyperbole :
- « C'est un roc !… C'est un pic !… C'est un cap !… Que dis-je, c'est un cap ?… C'est une péninsule ! »
- Note : voir la scène 4 de l'acte I pour la totalité de la fameuse Tirade des Nez.
Un autre vers est bien connu, qui décrit bien le personnage, et qui sera repris dans le langage courant :
- « Moi, c'est moralement que j'ai mes élégances »
[modifier] Adaptations cinématographiques
- Cyrano de Bergerac réalisé par Jean-Paul Rappeneau, sorti sur les écrans en 1990.
[modifier] Anecdotes
- Cyrano de Bergerac était la pièce favorite de Charles de Gaulle
- Gérard Depardieu, qui découvrit la pièce lors du film de Rappeneau, en fut emballé au point de déclarer qu'en lisant une telle pièce, on pouvait se sentir "fier d'être français".
- Le théatre Daniel Sorano de Dakar fut ainsi nommé en hommage au vif succès de cet acteur dans une diffusion télévisée de la pièce au Sénégal. Pour la petite histoire, Daniel Sorano a été le seul acteur ayant pu jouer Cyrano sans recourir à un nez postiche.
[modifier] Résumé de Cyrano de Bergerac
Acte I
La scène se déroule dans le théâtre de Bourgogne. Un public nombreux et très mélangé va assister à la représentation de La Clorise, une pastorale de Balthasar Baro. Il y a là des bourgeois, des soldats, des voleurs, des petits marquis et aussi un père qui veut faire découvrir le théâtre à son jeune fils. On y découvre aussi Roxane, une jeune femme précieuse, Christian de Neuvillette, un jeune noble provincial secrètement amoureux d’elle, et le comte de Guiche, qui lui, a décidé de marier la même Roxane au Marquis Valvert, l’un de ses amis. Le rideau se lève et la pièce commence. C’est alors qu’intervient Cyrano, le cousin de Roxane, au moment où Montfleury, l’un des acteurs, déclame sa première tirade. Il interrompt la représentation et chasse l’acteur. Valvert intervient et se moque du nez de Cyrano. Cyrano lui répond et donne son propre spectacle à travers une brillante tirade célébrant son long appendice. Le pauvre marquis qui n'a pas la verve poétique de son adversaire est la risée de tout le parterre. Le calme revient. Cyrano, qui, malgré sa laideur, est secrètement amoureux de sa cousine, Roxane, a le bonheur d’apprendre que celle-ci lui fixe un rendez-vous pour le lendemain.
Acte II
Cyrano rencontre Roxane chez son ami, le restaurateur Ragueneau. Roxane et Cyrano évoquent leur enfance heureuse. Puis Roxane révèle à son cousin qu’elle est amoureuse non de lui, mais d’un beau jeune homme qu'elle lui demande de protéger. Elle n’a jamais parlé à ce jeune homme et n’en connaît que le nom : Christian de Neuvillette. Elle lui raconte que leur amour est né d'un regard lors d'une représentation à la Comédie. Ce jeune homme vient d’entrer comme cadet dans la compagnie de Cyrano. Désespéré, Cyrano accepte pourtant. Il rencontre Christian et se prend de sympathie pour ce jeune homme courageux. Ce dernier lui avoue qu’il ne sait pas parler d’amour. Cyrano lui propose de l'aider à conquérir Roxane. Il écrira, à sa place, les lettres pour Roxane. Le jeune cadet accepte.
Acte III
Christian est beau et courageux mais est totalement incapable de se déclarer auprès de la belle précieuse. Caché dans l’ombre, Cyrano souffle à Christian, sous le balcon de Roxane, sa déclaration d’amour. La jeune fille est séduite par un si bel esprit. Roxane parvient, avec beaucoup d’adresse à repousser les avances du comte de Guiche, dont le régiment doit partir à la guerre. Roxane, qui craint le départ du régiment de Christian décide de précipiter son mariage avec le jeune homme. Se rendant compte qu’il a été abusé, de Guiche se venge et envoie aussitôt Christian et Cyrano pour combattre au siège d'Arras.
Acte IV
Bloqués par les espagnols, les gascons sont affamés et commencent à se décourager. Cyrano, lui, franchit régulièrement au péril de sa vie les lignes ennemies pour faire parvenir à Roxane des lettres qu'il écrit et qu’il signe du nom de Christian. Touchée par ces lettres, Roxane parvient, grâce à la complicité de Ragueneau, à se rendre au siège d’Arras avec un carrosse rempli de victuailles. Elle veut témoigner à Christian son amour. Lorsque le jeune homme réalise que Cyrano a écrit toutes ces lettres, il comprend que lui aussi est amoureux de Roxane. Il réalise aussi que ce n’est pas de lui que Roxane est amoureuse mais du poète qui a écrit ces lettres d’amour. Christian exige que Cyrano avoue toute la vérité à Roxane et court au combat se faire tuer. Il meurt dans les bras de Roxane , lui laissant une dernière lettre écrite par son ami. Cyrano décide de garder le secret.
Acte V
Quinze ans plus tard, Roxane, toujours amoureuse de Christian, s’est retirée au couvent. Cyrano vient très régulièrement lui rendre visite. Ce jour-là, Cyrano est tombé dans une embuscade et arrive blessé à la tête. Il est mourant mais il ne dit rien à Roxane. Il lui demande juste de pouvoir lire la dernière lettre de Christian. Il la lit avec une telle aisance et une telle émotion que Roxane se pose des questions. Elle reconnaît cette voix entendue du haut de son balcon. Malgré l'obscurité, due à la tombée de la nuit, Cyrano continue de lire cette lettre qu’il connaît par cœur. Roxane réalise qu’alors qu’elle croyait aimer Christian, c’est de Cyrano qu’elle était vraiment amoureuse. Elle comprend alors que l'amour qu'elle éprouvait ne venait pas de la beauté extérieure mais de la grandeur d’âme. En découvrant que c’est lui qu’elle aime, Cyrano meurt alors heureux.
[modifier] Liens externes
- Le Nez de Cyrano Texte et lexique des expressions truculentes de la fameuse tirade
- Cyrano(s) de Bergerac Le site qui fait le lien entre Savinien, écrivain du XVIIe, et Cyrano, personnage de théâtre.