Camp celtique de la Bure
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Perché sur un promontoire en grès, le Camp celtique de la Bure domine la ville de Saint-Dié-des-Vosges et ses environs, attestant de l’existence depuis l’Antiquité d’un îlot de civilisation au milieu du cadre verdoyant de la vallée de la Meurthe. On désigne parfois ce castellum gallo-romain comme la « cité des Leuques ».
Les stèles originales et les objets exhumés lors des fouilles archéologiques sont exposés au Musée Pierre-Noël de Saint-Dié-des-Vosges, où l’on trouve également une maquette de l’ensemble du site.
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[modifier] Situation
Le camp se situe au nord-ouest de Saint-Dié-des-Vosges, à 8 km environ du centre. Si plusieurs parcours permettent d’y accéder, l’automobiliste choisit souvent la route forestière qui mène d’abord au col de la Crenée. De là, un sentier parfois abrupt conduit le promeneur jusqu’au sommet en une vingtaine de minutes.
Escarpé et boisé, le plateau s’étend sur 350 mètres de long et 120 mètres de large, à une altitude de 583 m. Devant un panorama d’une telle ampleur, une table d’orientation en fonte érigée en 1992 facilite la mise en perspective de la vallée de la Meurthe, ainsi que l’identification des villages et sommets environnants.
[modifier] Le chantier archéologique
Ces vestiges sont longtemps restés ignorés, même si quelques prospections avaient été menées au XIXe siècle par Edouard Ferry (parent de Jules Ferry) et Gaston Save. C’est surtout à partir du milieu des années soixante que des investigations systématiques ont été conduites, à l’initiative de la Société Philomatique Vosgienne, d’abord sous la direction d’Albert Ronsin, conservateur du Musée et de la Bibliothèque, puis de Georges Tronquart, professeur au Lycée Jules Ferry.
[modifier] Historique du camp
Les pointes de flèche, grattoirs, lames et burins aujourd’hui déposés au Musée constituent autant de signes d’une vie humaine sur cet éperon rocheux dès la fin du néolithique. En revanche, on ne trouve aucune trace de l’âge du bronze, et il faut attendre l’aube du Ier millénaire pour disposer de nouveaux éléments. C’est ainsi qu’au IIe siècle, à la fin du règne de Marc-Aurèle, des outils y auraient été dissimulés. L’arrivée des Alamans au milieu du IVe siècle a mis fin à la vie du camp. La découverte d’un soc et de nombreuses rainures de charrue rappellent qu'une économie agricole y avait aussi sa place. Les fouilles menées jusqu’ici n’ont pas permis d’établir une présence humaine sur le site entre le Ve siècle et le XVIIIe siècle (on y érigea une croix), puis les événements de 1914-1918.
[modifier] Une place forte
Dès le Ier siècle, le camp fut entouré par un rempart coudé d’une épaisseur exceptionnelle (jusqu’à 6,80 m ou 7,50 m). Les pierres sèches de ce murus gallicus sont bridées par des lits de poutres en chêne.
Un nouveau rempart périphérique, inspiré de la technique gallo-romaine, fut élevé en 275 après J.-C. Une série de stèles funéraires y ont été découvertes.
Quelques-unes ont été remplacées par des moulages, tandis que les originaux, tels que la stèle dite du « Maître de forge » ou celle « à deux personnages » ont été mis en lieu sûr au Musée.
L'oppidum comportait quatre portes. La base de la poterne nord (3) et plusieurs lits noyés sous les éboulis ont été retrouvés lors des fouilles de 1976. Sur la photographie ci-contre, au premier plan, on aperçoit un gros bloc mortaisé qui pouvait recevoir une poutre destinée à renforcer les battants de la porte, une fois celle-ci fermée (bras-de-force).
Le chemin, qui a conservé une partie de son dallage, reliait le camp à une source, à la vallée (mine) et à la voie des Sarmates (strata Sarmatarum).
Ici et là ,des boulets de granit (galets de la Meurthe) rappellent la fonction défensive du camp.
[modifier] La vie quotidienne
La population du camp d’alors est estimée à 100 personnes en temps de paix, mais ce chiffre s’élevait probablement à plusieurs centaines en cas de menace. Les habitants vivaient dans des maisons en bois, couvertes de chaume et fermant à clé.
Les objets retrouvés (vaisselle en céramique, faisselles, bijoux celtiques, jeux, clarines, monnaies) et la représentation des personnages sur les stèles permettent de reconstituer une vie quotidienne rustique, mais non dépourvue d’un certain raffinement.
Une intense activité métallurgique est attestée par divers outils : couteaux, marteaux, gouges, pinces, haches, burins, et même deux enclumes parmi les plus lourdes du monde antique (11 et 23,5 kg).
Alors que le troc était probablement d’usage courant à cette époque, on a pourtant retrouvé sur le site un nombre très important de monnaies (1 269, dont 346 gauloises contre 923 romaines). À noter la part significative des potins leuques.
[modifier] Le syncrétisme religieux
Parmi d'autres exemples, des sanctuaires voués à différentes divinités témoignent du syncrétisme de cette population, assez isolée et éloignée de centres plus romanisés.
En forme d’équerre (7), l’un de ces bassins cultuels est consacré à Taranis/Jupiter, le dieu du ciel. De fait il constituait aussi une réserve d’eau, permettant en outre de laver le minerai.
Deux cavaliers à l’anguipède en grès rose (IIIe siècle), dont une tête remarquable par la finesse de ses traits, ont été retrouvés à proximité, aux côtés d’autres vestiges, monnaies gauloises et étalons en plomb d’époque romaine.
L’autre bassin (8), celui dédié aux Déesses-mères/Dianes, est rectangulaire (6,60 m sur 5,10 m). Il est creusé dans la roche jusqu’à 65 cm de profondeur et entouré de deux marches. Un fragment de stèle votive portant l’inscription « Dianis » a été découvert près du bassin : une trouvaille assez rare, car le pluriel de la déesse Diane apparaît rarement.
À l’intersection du vieux monde gaulois et de la civilisation romaine, le castellum de la Bure n’a pas encore livré tous ses secrets. Des zones d’ombre subsistent, et les archéologues du futur auront à prendre la relève des passionnés d'hier.
[modifier] Bibliographie
- (fr) Georges Tronquart, Le « Camp Celtique » de la Bure, Saint-Dié-des-Vosges, Le Chardon, 1989, 127 p.
- (fr) Le Camp celtique de la Bure, guide édité par la Société Philomatique Vosgienne, Saint-Dié-des-Vosges, 1997 (1re éd. 1984), 40 p.
- (fr) Comptes-rendus de l'état des travaux dans de nombreux numéros des Bulletins de la Société Philomatique Vosgienne depuis 1965 (en consultation à la médiathèque Victor-Hugo de Saint-Dié-des-Vosges).
[modifier] Liens externes
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