Britannicus (Racine)
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Créée le 16 décembre 1669, Britannicus est la deuxième grande tragédie de Racine. Pour la première fois, l'auteur prend son sujet dans l'histoire romaine. L'empereur Claude a eu un fils, Britannicus, avant d'épouser Agrippine et d'adopter Néron, fils qu'Agrippine a eu d'un précédent mariage. Néron a succédé à Claude. Il gouverne l'Empire avec sagesse au moment où débute la tragédie. Racine raconte l'instant précis où la vraie nature de Néron se révèle : sa passion subite pour Junie, fiancée de Britannicus, le pousse à se libérer de la domination d'Agrippine et à assassiner son frère adoptif.
Comme c'est le cas généralement chez Racine, Néron est poussé moins par la crainte d'être renversé par Britannicus que par une rivalité amoureuse. Son désir pour Junie est empreint de sadisme envers la jeune femme et envers tout ce qu'elle aime. Agrippine est une mère possessive qui ne supporte pas de perdre le contrôle de son fils et de l'Empire. Quant à Britannicus, il donne son nom à la pièce mais son personnage paraît un peu en retrait par rapport à ces deux figures.
Le succès n'est arrivé que peu à peu. Britannicus est aujourd'hui la deuxième pièce de Racine la plus souvent représentée à la Comédie-Française après Andromaque, et c'est l'une des pièces les plus souvent étudiées au lycée.
[modifier] Britannicus ou la tragédie du pouvoir
En 1669, la France vit sous la monarchie absolue de Louis XIV; son pouvoir, célébré par de nombreuses fêtes, est à son apogée et oriente dans le domaine théâtral le goût du public aristocratique vers l'expression et l'analyse des sentiments plutôt que vers l'exaltation des rêves et des actions héroïques (le déclin du théâtre cornélien l'atteste). Ainsi, en choisissant l'accession au pouvoir de Néron, Racine peint surtout les aspects passionnels et les exigences intimes et contradictoires; d'ailleurs pour éviter tout rapprochement malencontreux avec son époque, le dramaturge précise dans sa première préface qu'il ne s'agit pas de représenter "les affaires du dehors. Néron est ici dans son particulier". Cette précaution prise, Racine met malgré tout en scène les jeux et les enjeux liés à la quête du pouvoir et montre que celle-ci anime l'action tragique surtout lorsque la nature du pouvoir est tyrannique. Ainsi, à travers Britannicus, Racine propose le spectacle, qu'il veut édifiant, d'une nature humaine plongée sans cesse au coeur d'une lutte entre le bien et le mal.