Blocus de Berlin
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Le blocus de Berlin, du 23 juin 1948 au 12 mai 1949, était l’une des crises majeures de la Guerre froide. Le 23 juin 1948, après la conférence de Londres et l’introduction du Deutsche Mark dans la trizone occidentale, l'URSS bloqua les voies d’accès en direction de Berlin-Ouest. Pour ravitailler la ville, les États-Unis, le Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, la France mirent en place un gigantesque pont aérien, l'un des plus importants de l'histoire. Au bout de onze mois, Staline, conscient de son échec, décida de lever le blocus.
Sommaire |
[modifier] Origines
Quand la Seconde Guerre mondiale prit fin en Europe le 8 mai 1945, les troupes soviétiques et leurs alliés occidentaux sont séparés par une ligne de démarcation traversant le milieu de l'Allemagne. Du 17 juillet au 2 août 1945, la conférence de Potsdam esquissa l'après-guerre : les Alliés décidèrent de découper l'Allemagne en quatre zones d'occupation et Berlin en quatre secteurs, réaffirmant ainsi l’un des principes énoncés à la conférence de Yalta. Or, les secteurs occidentaux de Berlin étaient profondément enclavés dans la zone d'occupation soviétique, de sorte que les tensions résultant de la rupture de la « Grande Alliance » en 1947 se focalisèrent nécessairement sur l’ancienne capitale du Reich.
Le 20 juin 1948, sans avoir consulté les Soviétiques qui, de toute façon auraient refusé, les trois zones occidentales adoptèrent le Deutsche Mark en remplacement de la monnaie d'occupation. Par cette réforme monétaire, les Occidentaux détachèrent économiquement leur trizone de la zone soviétique, en attendant de l’en dissocier politiquement conformément aux « recommandations » de la Conférence de Londres. Staline protesta contre cette violation des accords de Potsdam, en vertu desquels les quatre puissances occupantes détenaient une souveraineté collective sur l’Allemagne.
[modifier] Le pont aérien de Berlin
Le 23 juin 1948, l'URSS franchit le pas et commença à bloquer les lignes de chemin de fer, les canaux et les routes en direction de Berlin-Ouest. D’après les Soviétiques, les droits d'occupation des Occidentaux à Berlin ne leur donnaient aucunement le droit d’utiliser librement les voies de communication terrestres. De fait, les Occidentaux n'avaient jamais négocié d'accord les autorisant à traverser librement la zone soviétique - alors que les trois couloirs aériens qu’ils empruntaient étaient garantis par des accords interalliés.
En réponse au blocus, le général Lucius D. Clay, gouverneur militaire américain, suggéra d’abord d'envoyer à Berlin-Ouest une colonne blindée ; elle éviterait toute provocation, mais serait préparée à se défendre. Le président américain Harry S. Truman de son côté, en accord avec ses conseillers, estimait qu’une telle opération comportait des risques inacceptables, car elle aboutirait éventuellement à une guerre dont les Américains auraient pris l’initiative.
On demanda à Clay de recueillir l'avis du général Curtis LeMay, chef de l'Armée de l'air américaine, sur un éventuel pont aérien. Par chance, le général Albert C. Wedemeyer, le Chief of Plans and Operations de l’armée américaine, faisait une tournée d'inspection en Europe quand la crise survint. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Wedemeyer avait été le chef d’état-major de Tchang Kaï-chek et avait pu se rendre compte de l’efficacité du pont aérien ravitaillant les forces chinoises par-dessus l’Himalaya. Il était d’avis qu’une opération de même nature permettrait de déjouer le blocus et que le lieutenant-général William H. Tunner, qui avait été en charge du Air Transport Command en Asie du sud-est, était le mieux placé pour la mener à bien.
Le 25 juin 1948, le général Clay donna l'ordre de lancer un gigantesque pont aérien (qui durera 324 jours) pour ravitailler Berlin-Ouest. Le 26 juin, le premier avion américain se posa à Tempelhof, suivi deux jours plus tard du premier avion britannique à Gatow. Le risque d’une confrontation militaire était réel, car Truman s'embarquait dans une opération dont la réussite humilierait publiquement les Soviétiques.
L'opération américaine fut appelée Operation Vittles (« victuailles »). Le plan britannique de ravitaillement Knicker fut rebaptisé Carter Paterson, puis Operation Plainfare en juin 1948.
Des centaines d'avions, surnommés « Rosinenbomber » (litt. « bombardiers de raisins secs ») par les Berlinois, furent utilisés pour transporter vivres, matériel et matières premières, dont plus d’un million et demi de tonnes de charbon. Le 16 avril 1949, un avion allié atterrissait toutes les minutes, et 12 840 tonnes furent transportées ce jour-là. Les colis allaient du gros conteneur au paquet de friandises avec parachute pour les petits Berlinois. À côté de matériaux de construction pour les aéroports, on transporta essentiellement du blé, du charbon pour le chauffage et la production d'électricité, de l'essence et des médicaments.
L'acheminement de ces énormes quantités fut possible grâce à un système efficace : les trois couloirs aériens furent utilisés en sens unique, les vols vers Berlin se faisant dans ceux situés au nord et au sud tandis que celui du centre servait aux vols de retour. Chaque pilote n'avait droit qu'à une seule tentative d'atterrissage. S'il échouait, il devait revenir avec la totalité de son chargement. Grâce à ce système, il était possible de faire atterrir un avion toutes les trois minutes en moyenne. Le stationnement au sol dans Berlin-Ouest fut réduit à une demi-heure.
Le pont aérien était assuré essentiellement par les Américains et les Britanniques, mais les pilotes venaient également d'Australie, du Canada, d'Afrique du Sud et de la Nouvelle-Zélande. La France, dont la plupart des avions de transport étaient engagés en Indochine, n’y participa guère. Elle pouvait néanmoins approvisionner ses propres garnisons et elle utilisa des avions de transport allemands Junkers Ju 52/3m. La participation française majeure à l'effort allié a été l'aménagement de l'aéroport Berlin-Tegel en seulement quatre mois. À la fin du blocus, les Alliés avaient effectué 278 228 vols, et 2 326 406 tonnes de fret avaient été acheminées à Berlin-Ouest.
Le 4 avril 1949, en pleine crise, les gouvernements occidentaux signèrent le traité de l'Atlantique Nord. Un des articles du traité précisait que « les parties ( c'est-à-dire les pays signataires ) conviennent qu'une attaque armée contre l'une ou plusieurs d'entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties. » En 1950, les pays signataires se dotèrent d'une structure militaire commune : l'OTAN.
L'URSS leva le blocus le 12 mai 1949 à 0 heure. Cependant, les Occidentaux voulant s’assurer que Berlin-Ouest pût affronter un éventuel nouveau blocus, le pont aérien fut maintenu jusqu’au 30 septembre. Il avait coûté la vie à 76 participants. De nombreux civils berlinois sont également décédés durant le blocus à cause de la malnutrition et de la maladie, en particulier la tuberculose.
[modifier] Aéroports
Les aéroports berlinois impliqués dans ce pont aérien furent Tempelhof dans le secteur américain, Gatow et Havel dans le secteur britannique et Tegel (construit par une armée d'ingénieurs en 49 jours avec l'aide de volontaires Berlinois) dans le secteur français. Le contrôle des ponts aériens des trois secteurs était effectué par le Centre de contrôle du trafic aérien berlinois (CCTAB), basé à Tempelhof. De grands hydravions britanniques, qui transportèrent du charbon et surtout du sel, atterrirent également sur la Havel et le Grosse Wannsee. Ces appareils étaient prioritairement destinés au transport de sel car, du fait qu'ils étaient conçus pour une utilisation en mer, ils résistaient bien à la corrosion.
Quand aux bases de départ en Allemagne de l'ouest, les américains décollèrent essentiellement depuis leurs grandes bases de Wiesbaden et de Francfort. Les centres logistiques principaux pour l'importante denrée qu'était le charbon furent les aérodromes situés dans le secteur britannique à Celle, Faßberg et Wunstorf. Ces aérodromes furent également agrandis de manière significative et furent raccordés au réseau ferroviaire. Les hydravions britanniques décollèrent depuis l'Elbe à Hambourg.
[modifier] Voir aussi
Catégories : Guerre froide • Berlin • 1948 • 1949