Bataille de Mantinée (418 av. J.-C.)

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La bataille de Mantinée eut lieu en 418 av. J.-C., au cours de la Guerre du Péloponnèse dont elle est un des épisodes cruciaux.

[modifier] Contexte

Rupture de la paix de Nicias

La cité athénienne mène une politique impérialiste et a étendu son influence dans le Péloponnèse fief de son rival Sparte.

[modifier] Forces en présence

Athènes et ses alliés Argiens, Mantinéens, et Éléens contre Sparte et la Ligue du Péloponnèse.

Une des plus grande batailles du monde grec antique, seule la bataille de Platées aligna des effectifs plus importants au Ve siècle avant J-C.

[modifier] Conséquences

Après une lutte acharnée ce sont les Spartiates qui remportèrent la victoire, ce qui leur permis de retrouver leur influence sur le Péloponnèse par le renversement des alliances dues à la victoire.

Pour Athènes c'est un échec de sa politique hégémoniste qui se concrétise par son effondrement en 411 après le désastre de l'expédition de Sicile.

- La disposition des troupes à la bataille de Mantinée en 418 - - La disposition des troupes à la bataille de Mantinée en 418 -

En 431 débute la guerre du Péloponnèse(431-403), la « plus grande crise qui ébranla les Grecs et une partie des Barbares » tel que la qualifie un contemporain des événements, Thucydide, historien et homme politique athénien, soucieux de vouloir faire de cette période un évenement majeur comme avait pu traiter Hérodote des guerres médiques en leur temps.

Cette guerre du Péloponnèse fut l'objet de l'œuvre majeure de Thucydide où en 8 livres il aborde avec un souci d'objectivité, par l'observation directe, s'appuyant sur des documents officiels, l'Histoire de la Guerre du Péloponnèse (431-411).

Thucydide est né vers 460 dans une famille riche alliées aux princes thraces, il dispose d'une immense fortune, accrue par l'exploitation, dans la région du Pangée, de quelques mines d'or. Il fut, en 424, élu stratège mais ne put empécher Brasidas de s'emparer d'Amphipolis, et dut s'exiler en Thrace jusqu'en 395 où il revint à Athènes pour mourir dans des conditions obscures.

La guerre du Péloponnèse est donc le choc entre de deux alliances hégémoniques, l'une autour de l'oligarchique Sparte, l'autre autour de la démocrate Athénes. La premiére période appelée « guerre d'Archidamos » s'achève par la paix de Nicias en 421, trêve entre les deux puissances considérablement affaiblies par leurs conflits. Cependant, cette trêve, prévue pour cinquante ans et l'alliance entre Sparte et Athènes, n'est pas respectée. Alcibiade, citoyen athénien, entreprit les rapprochement entre sa cité et celle d'Argos, afin de fixer Sparte dans la péninsule et de libérer la partie nord de l'Egée de toute menace. En 419, les trois cités péloponnésiennes Argos, Mantinée et Elis concluaient une alliance défensive avec Athènes créant un barrage à tous les mouvements lacédémonien vers l'Attique. Argos se dote entre-temps d'un gouvernement démocratique et cherche à étendre son influence. En 418, l'armée argienne prend Orchomène, en Arcadie, et menace Tégèe, alliée de Sparte. Les Lacédémoniens réunissent leur armée placée sous le commandement du jeune roi Argis, l'autre roi Pléistoanax, étant considéré comme défaillant, et marche vers Mantinée. Nous sommes à la fin août. Argis II est issu de la dynastie des Agides, il régne de 457 à 388. Le texte intutilé, Dispositon des troupes à la bataille de Mantinée, est donc extrait du livre 5 de l'Histoire de la Guerre du Péloponnèse. Thucydide décrit la disposition des troupes juste avant l'affrontement entre les deux armées. La problématique issue de l'étude de ce texte est de comprendre quelles sont les forces en présence, quelles alliances lient les différentes cités et si ces liens orientent leur position sur le champ de bataille, de définir clairement l'organisation des différentes armées en fonction de la cité dont elles sont issues, de comprendre les stratégies et tactiques utilisées par les stratéges des différentes pour cette bataille. On peut s'interroger à savoir si le modèle spartiate s'applique à l'ensemble des cités athéniennes. Et voir les raisons pour lesquelles les historiens définissent cette bataille comme l'une des plus grandes bataille de la Gréce classique.

La préparation d'une bataille commence par la connaissance des forces humaines que le général en chef est capable de réunir et bien évidemment de définir les régles de commandement qui régissent le camp afin de mener en ordre les troupes. Ensuite, l'inventaire réalisé et le rappel de la place de chacun dans l'armée expliqué, le général peut définir la stratégie, c'est à dire de préparer le placement de chaque unité avant le combat et la préparation du terrain pour mener son armée à la victoire.

I- Les Forces en présence Lors de la bataille de Mantinée, en 418, deux coallitions vont s'affronter, l'une est dirigé par les Lacédémoniens et l'autre structurée par les Argiens et ses alliés. Athènes et Sparte étaient liés l'un à l'autre par une alliance défensive, mais les alliances que chacune d'entre elles ont pu signé rend caduques leur alliance. En effet, ici, Argos, alliées d'Athènes, menace une cité sous protection de Sparte, Thégèe. Sparte lance donc une campagne contre la cité argienne, ce qui implique donc les athèniens venus honorés leur alliance avec les cités d'Argos, de Mantinée et d'Elis.

A-L'Armée Lacédémonienne La cité de Sparte entretient dans son régime oligarchique une tradition forte autour de l'armée, puisque dès leur plus jeune âge les jeunes spartiates reçoivent une formation forte destinés à faire d'eux de parfaits hoplites ce qui en fait la spécificité des Lacédémoniens. La discipline militaire et la hiérarchie qui en découle peut paraître stricte mais assure aux lacédémoniens une formation sérieuse et structuré de leur phalange.

1-Le découpage de l'armée lacédémonienne. Selon les études de JF Lazenby, l'armée lacédémonienne est découpée en 6 morai d'environ 1280 hommes (chiffre maximal), le polémarque dirige une mora, chaque mora est composée de 2 lochoi de 640 hommes ( sous l'autorité d'un lochage), le lochos est divisé en 8 pentekostyes, ( représente 1/50éme de l'armée) le pentekosys est dirigé par le pentécontère qui a sous ses ordres 32 unités d'une quarantaine d'hommes. Ces unités sont appelées énomoties structurés par des cadres, les énomotarques. Dans chaque mora, il y a un lochos de Sparte, et un lochos de périèques. Les périèques étant issus des cités autonomes mais non souveraine placée sous le contrôle de Sparte. La cité de Sparte compte 5 lochoi : Edolos, Sinis, Sarinas, Ploas et Mesoates (et Pitana). Les Skirites dit Skiritai sont un lochos issu d'un district proche de Sparte peuplé par des périèques, ils sont placés ici sur l'aile gauche, on peut s'interroger sur « le privilège excusif de ce poste » puisque nous l'avons vu l'aile gauche est celle qui rencontre l'aile droite de l'armée adverse, aile droite qui est l'aile offensive composé des meilleurs élements. De plus, les anciens compagnons de Brasidas sont revenus de Thrace et font corps avec l'armée spartiate. Les thraces ont avec eux des neodamodes qui sont des hilotes affranchis. Les béotiens forment les deux ailes de cavaleries, les hippeis sont dirigés par un hipparque chaque unité compte à peu prés 300 cavaliers. Il semble que lors de la bataille, des hamippoi furent présent aux côtés des cavaliers. Les hamippoi sont des fantassins légérement armés montés en croupe sur le cheval d'un cavalier et en descendant pour aller au combat en complément du cavalier. Mais il semble que leur rôle soit limité à la charge. Par calcul divers, on arrive à une armée spartiate d'à peu prés 9000 hoplites.

2-Le rôle du chef Chez les Lacédémoniens, la société est dirigé par deux rois. Les prérogatives de ces rois sont surtout religieuse et militaire. Le pouvoir militaire (hêgemôn) du roi n'est donné qu'une fois hors de la cité. Le roi est alors investi de son rôle de général. Dans diverses sources, le général prend la tête de l'expédition, et il prend part à la bataille en étant au front. Mais la témérité des généraux fait débat et dès Xénophon on note le souhait des penseurs grecs que le chef soit prudent et évite de s'exposer à la mort. Car la mort du chef pourrait se concevoir comme une défaite. Agis est nommé général de l'armée pour l'expédition contre l'armée argienne mais sa jeunesse et ses déboires en Argolide, où il s'est replié en abandonnant ses alliés corinthiens et béotiens, inquiéte Lycurge qui lui adjoint dix conseillers (Xymbouloi) pour l'aider dans sa campagne en plus des deux éphores chargés de le surveiller. Le rôle essentiel du chef est d'organiser les troupes avant la bataille. De plus, le chef doit se montrer à ses troupes, ce qui est aisé lors des petites batailles mais devient plus compliqué lorsqu'on atteint des effectifs élevés comme à Mantinée. Le rôle du chef avant la bataille réside dans sa capacité à galvaniser ses troupes par un discours enflammé qui valorise les valeurs de la cité... Même si dans le texte de Thucydide, la parole du roi semble incontestable. Le déroulement de la bataille montrera que les polémarques et les xymbouloi n'hésiteront pas à contester les choix d'Agis II.

B-L'armée argienne et ses alliés Nous l'avons vu précédemment, Argos est lié par un pacte d'alliance défensive avec plusieurs cités: Athènes, Elis, Mantinée, Cléones et Ornés.

1-Les Athéniens Pour les athéniens, l'armée est dirigé par 10 stratéges élu pour un an, bien que sous Périclès le systéme subit des transgressions qui conduisent à une spécialisation des généraux de l'armée athénienne. Les stratéges sont issus des différentes tribus athéniennes élus parmi la classe supérieur des pentacosiomédines. Pour la bataille de Mantinée, la cité a envoyé 1000 hoplites et une unité de 300 cavaliers. La cavalerie a pour but de défendre les hoplites lors de leur retraite. La défection de la cité d'Elis, poussera Athènes à envoyer un renfort tardif de 1000 hoplites supplémentaires.

2-La cité d'Elis Bien que signataire d'une alliance, Elis refuse d'envoyer ses 3000 hoplites à la bataille. Ce qui arrange Agis qui renvoi 600 hoplites garantir la sécurité de Sparte. Mais Elis décide juste avant le premier jour de la bataille d'envoyer ses 3000 hommes au secours des Argiens.

3-Les argiens et les autres cités Au total, Agos alignent 7000 hoplites. Nous savons peu de chose sur la maniére dont sont découpés ou structurés ses unités. Argos posséde un coprs d'élite de 1000 hoplites appelés, les mille. La difficulté pour la coalition argienne est de composer avec différentes cités qui ménent dans cette bataille leur propre combat plutôt qu'une bataille d'ensemble. Chaque cité fonctionnant sur ses propres traditions et jouant sa réputation, la transmission d'ordre est rendue difficile et l'élaboration d'une stratégie n'en est pas facilité, comme en témoigne la défection de la cité d'Elis.

II- Une bataille deux stratégies.

L'extrait étudié évoque donc la disposition des troupes lors du deuxiéme jour. Car en réalité, les lacédémoniens avaient rencontrer le jour précédant les argiens et étaient presque rentré en contact pour finalement rebroussé chemin. Il convient donc de comprendre les choix fait par les différentes armées qui ont menés à la disposition tel qu'elle nous est décrite dans ce passage.

A-La stratégie lacédémonienne Agis a réuni pour cette bataille tous les effectifs disponible. Dans un premier temps, les lacédémoniens sont inquiets car ils sont inférieur en nombre d'hoplites par rapport aux alliés. Cependant la défection de la cité d'Elis inverse le rapport de force. Agis installe, le camp de base prêt du sanctuaire d'Héraclès c'est à dire au sud du champ de bataille dans la plaine de Mantinée. Il prend conscience que la cité d'Elis va revenir sur sa position, il presse le mouvement et avance vers les argiens. Ceux-ci installer en position de force sur un terrain accidenté difficile d'accés pour les troupes spartiates. Agis fait avancer la phalange à une portée de javelot de la phalange adverse. Un Xymbouloi parvient in-extremis à convaincre Agis qu'il court à sa perte s'il lance l'assaut. La phalange se repli. Ne pouvant saccager les cultures qui ont déjà été récolté, Agis cherche un moyen de déloger les Argiens. Les conseillers lacédémoniens proposent à Agis de revenir au Sud vers Thégèe, de détourner le cours d'une riviére pour inonder la plaine de Mantinée afin de déloger les mantinéens et leurs alliés de leur poste imprenable. Chose faite, les argiens adoptent leur position de combat. Agis et les siens remontent au Nord, pour en découdre avec leurs adversaires. Surpris par la position offensive choisies par la coalition. Agis est contraint de disposer ses troupes en position défensive. Fort de ses 9000 hoplites et 600 cavaliers, Agis dispose ses derniers sur les ailes droite et gauche. Sur le point de force, c'est-à-dire l'aile droite il met 1000 hoplites spartiates et les Tégéates puis suivent les Ménaliens, 2000 hoplites spartiates et les arcadiens d'Héraia. Sur l'aile gauche se place donc les pérèques skirites et les hilotes affranchis. Chaque énomotie est composé de 4 hoplites en front et 8 rangées de profondeurs. Les 9000 hoplites s'étalent sur 1100 métres de longueur.

B-La stratégie argienne L'avantage de la coalition argienne est la maîtrise du terrain. Agis donna rendez-vous à ces différentes armées dans la plaine de Mantinée, précipité par le possible retour des hoplites d'Elis et les renforts athéniens. L'armée argienne se range en ordre de bataille et s'installe donc sur un point fort difficile d'accés pour l'armée adverse, le terrain étant accidenté et favorable à la désorganisation de la phalange lacédémonienne qui le premier jour s'avança à portée de javelot des argiens avant de faire demi-tour. Les stratéges refusent de lancer l'armée à la poursuite des fuyards. Les tensions se font sentir dans les rangs les uns reprochant aux autres de ne pas avoir saisi l'occasion de la déroute lacédémonienne pour les abattre, créant un climat de suspition entre les généraux pensant que le choix fait n'était pas stratégique mais bien une faveur accordée aux Spartiates. Pour couper court aux rumeurs, l'armée est mis en branle. Et les argiens disposent l'armée en position offensive sans attendre les renforts. Ne disposant que d'une unité de cavalerie, ceux-ci sont disposé à gauche aux côtés de la phalange athénienne composé de 1000 hoplites, puis au centre les hoplites de Cléonais et d'Ornai puis des hoplites argiens aux côtés des « mille » et enfin sur l'aile droite les Mantinéens (déterminés car ils défendent leurs terres). Les mille argiens sont issus des classes aristocratiques. Le choix supposé fait par les stratéges fut que l'aile droite déborde l'aile gauche adverse puis viennent prendre à revers le centre lacédémonien. Nous avons vu dans les cours précédent que les armées placaient sur l'aile droite les meilleurs éléments mais on constate qu'ici c'est le centre qui est renforcé (2000 hoplites spartiates face aux mille argiens). La Cavalerie semble avoir joué un rôle secondaire lors de cette bataille même si le nombre de cavalier léger ne cesse de croître au cours du Véme siècle, les Spartiates commencent à créer une cavalerie dès 424 et les Athéniens possédaient en 438, c'est-à dire avant la guerre du Péloponése, 1000 cavaliers.

Conclusion :

Logiquement les deux ailes gauches sont débordées par les ailes droites des ennemies. Agis ordonne alors aux Skirites et aux thraces d'élargir le front. Il demanda alors aux deux autres lochoi suivant de combler la faille entre les lochoi thrace et la mora spartiate. Ceux que refusérent les deux polémarques Aristoclès et Hipponoïdas (l'autorité du roi ne paraît déjà plus si forte). Les argiens ont mis alors les thraces et skirites en déroute, et les poursuivérent au lieu de prendre à revers les lacédémoniens. Le centre argiens est mis lui aussi en déroute ce qui déstabilise le front et permet au spartiates de prendre à revers les argiens pour venir en aide aux Skirites. Les athéniens prirent alors la fuite couvert par leurs cavaliers. Les mantinéens sont décimés et les 1000 sont épargnés. L'unité du commandement lacédémonien quoique défaillante lors du refus des deux polémarques ( bien que cet évenement fut bénéfique pour la suite de la bataille ) a pris le dessus sur l'hétérogénéité des troupes de la coalition argienne. La faible motivation des athéniens et « l'individualisme » de chaque cité fait qu'il y a comme le dit Jean Pierre Vernant « des combats dans le combat » que chaque contingent méne sa propre action et que les lacédémoniens ont pu prendre le dessus. Agis par son manque d'expérience a faillit causé la déroute de son armée en agissant dans la précipitation le premier jour, puis en ouvrant une bréche lors de la bataille. Thucydide considére cette bataille comme l'une des plus importante que purent se livrer les grecs. En effet, à partir de Mantinée, le nombre d'hommes mobilisés ne cessera de croître. Mais la particularité de la bataille de 418 réside dans l'utilisation quasi-exclusive des hoplites, et le respect de tradition, les mille argiens auraient pu être massacré ou fait prisonnier mais Argis les libéra sur le champ car la bataille était terminé et ceux-ci se trouvait encerclé par l'armée lacédémone. Les batailles qui suivront seront certes plus imposante mais s'accompagneront du développement de fantassins plus légerement armées, les peltastes, déjà présent dans certains rangs athéniens, afin de faire entrer dans l'armée les classes les plus pauvres. Les Argiens vaincus durent se soumettre à la mise en place d'un régime oligarchique dans leur cité.