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Alcide De Gasperi est né autrichien à Pieve Tesino, dans la province de Trente, au Sud du Tyrol le 3 avril 1881. En 1900, âgé de 19 ans, il devient boursier à l’université de Vienne et deviendra plus tard docteur en philosophie et lettres. En 1904, des émeutes sont provoquées par des étudiants de langue allemande lors de l’inauguration de la faculté de droit à Innsbruck et De Gasperi se fait donc emprisonner une première fois. Cela aurait pu le mener à s’allier à l’irrédentisme (autrichiens du Sud qui veulent devenir italiens), mais il n’est pas tenté par cette voie là. Un mouvement pro-italien se forme autour de lui et il devient donc, en 1905, directeur de la Voce Catolica, qui deviendra par après Il Trentino, l’organe de presse du parti populaire du Trentin pour les italiens de cette région. En 1911, il est élu député autrichien à la chambre autrichienne. Ses discours défendent « l’italianité » de sa province. A la veille de la première guerre mondiale, ce jeune député va se dépenser en faveur de la paix en rencontrant le ministre italien des affaires étrangères. Mais la guerre va éclater et couper court à ses projets. Au lendemain des traités de paix de 1919, le Trentin est attribué à l’Italie. Alcide De Gasperi devient donc Italien ; c’est un homme-frontière, comme la beaucoup d’acteurs de la construction européenne. Il s’établi à Rome et poursuit son action politique. En 1921, il devient député italien et préside le groupe politique des Popolari. Il va voyager en Allemagne à cette époque. Anecdote : pendant son voyage, il passe à Cologne et Adenauer, qui est à cette époque maire de Cologne, l’y accueille. Ils nouent des liens. Cependant, Mussolini arrive au pouvoir et De Gasperi va connaître des difficultés avec les fascistes, qui vont s’attaquer à lui. Ils lui suppriment son immunité parlementaire et l’arrêtent, lui et sa femme. Il connaît 4 ans de prison (NB : Schuman et Adenauer ont aussi fait de la prison). Il est relâché en 1928 grâce à l’action de l’évêque de Trente auprès du Roi d’Italie, qui collabore avec Mussolini. Malgré ces 4 ans de prison, il poursuit son combat et essaye, à la veille de la seconde guerre mondiale, de construire un nouveau parti populaire, sans succès à cause de la guerre. En décembre 1944, il devient ministre des Affaires étrangères. Son grand défi : redonner une place à l’Italie dans le Concert des Nations Occidentales. En octobre 1945, il va être Premier Ministre pour la première fois. Il le sera 8 fois. En mai 1950, il répond favorablement à l’appel de Schuman et donne tout de suite son plein appui. Selon lui, la place de l’Italie est dans la CECA, il veut redorer l’image de son pays. Il rêve d’une fédération européenne, non seulement dans le domaine du charbon et de l’acier, mais dans tous les domaines. Il va se lier d’amitié avec Schuman. Il ne verra pas la naissance de l’armée européenne qu’il souhaitait car il meurt le 19 août 1954, à Sella di Valsugana (dans le Trentin).
Il a exercé les fonctions de président du Conseil des ministres italien à huit reprises, dans huit gouvernements successifs :
- du 10 décembre 1945 au 1er juillet 1946, succédant à Ferruccio Parri,
- du 13 juillet 1946 au 20 janvier 1947, se succédant à lui-même,
- du 2 février 1947 au 13 mai 1947, se succédant à lui-même,
- du 31 mai 1947 au 12 mai 1948, se succédant à lui-même,
- du 23 mai 1948 au 12 janvier 1950, se succédant à lui-même,
- du 27 janvier 1950 au 16 juillet 1951, se succédant à lui-même,
- du 26 juillet 1951 au 29 juin 1953, se succédant à lui-même,
- du 16 juillet 1953 au 28 juillet 1953, se succédant à lui-même, et étant à son tour remplacé par Giuseppe Pella.