Vladimir Jankélévitch
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Vladimir Jankélévitch, philosophe et musicologue français, né à Bourges le 31 août 1903, décédé à Paris le 6 juin 1985.
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[modifier] Biographie
Vladimir Jankélévitch est né dans une famille d'intellectuels russes. Son père, Samuel, fut l'un des premiers traducteurs de Sigmund Freud en France. Comme de nombreuses personnes d'origine juive, ils ont fui les pogroms dans leur pays et se sont installés en France. Il entre en 1922 à l'École normale supérieure où il étudie la philosophie ; il y a pour maître Léon Brunschwig (1869-1944). En 1923, il rencontre Henri Bergson avec qui il entretiendra une correspondance. Reçu premier à l’agrégation en 1926, Jankélévitch part pour l'Institut français de Prague l'année suivante. Il y enseigne jusqu'en 1932 et y rédige une thèse sur Schelling. De retour en France, il enseigne à l'université de Toulouse, puis à Lille. Sous le régime de Vichy, il est déchu en même temps de la nationalité française et de son poste d'enseignant. En 1941, il s'engage dans la Résistance.Il dira : "Les nazis ne sont des hommes que par hasard". Il retrouve en 1946 son poste de professeur à la Faculté de Lille. De 1952 à sa mort, en 1985, il est titulaire de la chaire de philosophie morale à la Sorbonne. Il est fait docteur honoris causa de l'Université Libre de Bruxelles en 1965.
[modifier] Anecdotes
Il tenait à ce que l'on prononce la première syllabe de son nom comme "jean" et non "yan", soucieux ainsi d'ancrer son patronyme dans la culture française.
Sur la façade du 1 quai aux Fleurs (Paris, IVe arrondissement, face aux jardins de la Cathédrale Notre-Dame) est apposée une plaque rappelant que le philosophe et sa famille vécurent à cette adresse à partir de 1938 jusqu'en 2005.
[modifier] Sa pensée
Son œuvre est centrée autour de trois axes de réflexion:
[modifier] La métaphysique du "je ne sais quoi" et du "presque rien"
[modifier] La morale de l'intention bienfaisante
[modifier] L'esthétique de l'ineffable
Passionné par la musique (notamment le répertoire du piano) et musicologue, sa réflexion est autant philosophique qu'esthétique. C'est l'une des originalités de son œuvre qui se distingue également par les thèmes abordés. Influencé par Bergson, bien qu'il n'ait pas été son élève mais à qui il a consacré son premier ouvrage, Jankélévitch a aussi développé une réflexion sur l'existence de la conscience dans le temps. On lira une remarquable introduction à sa pensée dans le livre d'entretiens Quelque part dans l'inachevé (Gallimard) où Béatrice Berlowitz dialogue avec le philosophe sur l'ensemble de ses thèmes. Pendant cinquante-sept ans, Vladimir Jankélévitch a écrit à Louis Beauduc, ancien coturne de l'École normale supérieure ; ces échanges passionnants, rassemblés sous le titre Une vie en toutes lettres (éd. Liana Lévi) témoignent de l’itinéraire philosophique et personnel du grand philosophe.
Procédant par variations autour de quelques thèmes dominants - le temps et la mort, la pureté et l'équivoque, la musique et l'ineffable - la philosophie de Jankélévitch s'efforce de retraduire, dans l'ordre du discours, la précarité de l'existence. C'est tout d'abord l'essence très fragile de la moralité qui retient l'attention du philosophe : la fugace intention morale n'est qu'un « Je-ne-sais-quoi», constamment menacé de déchéance, c'est-à-dire de chute dans l'impureté. Seul l'amour en effet, inestimable dans sa générosité infinie, confère une valeur à tout ce qui est. Apaisante et voluptueuse, la musique témoigne elle aussi de ce « presque-rien » - présence éloquente, innocence purificante - qui est pourtant quelque chose d'essentiel. Expression de la « plénitude exaltante de l'être » en même temps qu'évocation de l'« irrévocable », la musique constitue l'image exemplaire de la temporalité, c'est-à-dire de l'humaine condition. Car la vie, « parenthèse de rêverie dans la rhapsodie universelle », n'est peut-être qu'une « mélodie éphémère » découpée dans l'infini de la mort. Ce qui ne renvoie pourtant pas à son insignifiance ou à sa vanité : car le fait d'avoir vécu cette vie éphémère reste un fait éternel que ni la mort ni le désespoir ne peuvent annihiler.
[modifier] Œuvres
[modifier] Philosophie
- Henri Bergson, 1931 ;
- L'Odyssée de la conscience dans la dernière philosophie de Schelling, 1933 ; réédité chez L'Harmattan en juillet 2005.
- Valeur et signification de la mauvaise conscience, 1933 ;
- La Mauvaise conscience
- L'ironie ou la bonne conscience, 1936 ;
- L'Alternative, 1938 ;
- Du mensonge, 1942 ;
- Le Mal, 1947 ;
- Traité des vertus, 1949 ;
- Philosophie première introduction à une philosophie du Presque, 1954 ;
- L'Austérité et la Vie morale',1956 ;
- Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien, 1957 ;
- Le Pur, et l'impur ,1960 ;
- L'Aventure, l'Ennui et le Sérieux, 1963 ;
- La Mort,1966 ;
- Le Pardon,1967 ;
- Le sérieux de l'intention, 1968 ;
- Les Vertus et l'Amour', 1970 ;
- L'imprescriptible, 1971 ;
- L'Innocence et la méchanceté, 1972 ;
- L'Irréversible et la nostalgie, 1974 ;
- Quelque part dans l'inachevé, en collaboration avec Béatrice Berlowitz, 1978 ;
- Le Je-ne-sais-quoi et le presque rien, 1980 ;
- Le Paradoxe de la morale', 1981 ;
- Sources
- 1. Lectures: Tolstoï, Rachmaninov;
- 2. Ressembler, dissembler;
- 3. Hommages: Xavier Léon , Léon Brunschvicg , Jean Wahl , 1984, Recueil établi par Françoise Schwab.
[modifier] Musicologie
- Gabriel Fauré et ses mélodies, 1938 ;
- Fauré et l'inexprimable, 1938 ;
- Ravel, 1939 ;
- Le Nocturne, 1942 ;
- Debussy et le mystère, 1949 ;
- La Rhapsodie verve et l'improvisation musicale, 1955 ;
- La Musique et l'Ineffable, 1961 ;
- La Vie et la Mort dans la musique de Debussy, 1968 ;
- Fauré et l'inexprimable; tome I: De la musique au silence,1974 ;
- Liszt et la rhapsodie : essai sur la virtuosité; tome III : De la musique au silence, 1979 ;
- La Présence lointaine, Albeniz, Séverac, Mompou, Paris, Le Seuil 1983
- La Musique et les Heures: Satie et le matin, Rimski-Korsakov et le plein midi, Joie et Tristesse dans la musique russe d'aujourd'hui, Chopin et la nuit, Le Nocturne. Recueil établi par F. Schwab, 1988.
[modifier] Publications posthumes
- L'imprescriptible: Pardonner? Dans l'honneur et la dignité, 1986 ;
- Premières et Dernières Pages, 1994 ;
- Penser la mort?, 1995 ;
- Une vie en toute lettres (correspondance avec son "coturne" de l'ENS Louis Beauduc), 1995.
- Cours de philosophie morale (université libre de Bruxelles, 1962-1963), Seuil 2006
[modifier] Actualités
Ces dernières années, son œuvre connaît un retentissement croissant, en France comme à l'étranger. Ses œuvres sont traduites dans de multiples langues. De plus en plus nombreux sont les chercheurs (philosophes ou musicologues) qui étudient sa pensée ; tout particulièrement en Italie.
En mai-juin 2003, à l'occasion du centenaire de sa naissance, se sont tenues des rencontres au Centre de Cerisy-la-Salle (France, Basse-Normandie); le programme est détaillé sur le site internet du Centre. Sous le titre V. Jankélévitch, l'empreinte du passeur paraîtra au second semestre 2006 aux éditions Le Manuscrit et présentera la plupart des interventions entendues lors de ces rencontres.
Pour le 20e anniversaire de sa mort, les 16 et 17 décembre 2005, s'est déroulé à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, un colloque international, introduit et modéré par Françoise Schwab, dont voici les intervenants : Esthétique Marianne Massin, Bernard Sève, Jean-Pierre Bartoli Métaphysique Pierre-Michel Klein, Frédéric Worms, Gilles Ernst, Enrica Lisciani-Petrini Morale Luc-Thomas Somme, Hélène Politis, Elisabeth de Fontenay, Jurgen Brankel, Arnold Davidson Politique Peter Kemp, Alain Le Guyader, Michèle Le Doeuff, Conclusion par Lucien Jerphagnon puis projection du film de Anne Imbert « Questions d’oreille, Vladimir Jankélévitch, un philosophe et la musique » Coordination du colloque : Jean-Marc Rouvière.
Le Bulletin de Littérature Ecclésiastique de l'Institut Catholique de Toulouse publie dans son numéro d'avril-juin 2006 les actes d'un colloque récemment consacré à V. Jankélévitch.
Au cours de l'été 2007 devraient se tenir en France (Var) des Rencontres organisées par la société Chestov et l'association Jankélévitch. Elles donneront certainement lieu à publication. Précisions à venir.
[modifier] Liens externes
- http://www.ccic-cerisy.asso.fr/jankelevitch03.html Programme détaillé du colloque de Cerisy en mai-juin 2003
- http://www.fsju.org/culture/programmation.tpl Diffusion vidéo d'une soirée en hommage à V Jankélévitch, à la Sorbonne en décembre 2003
- http://www.diffusion.ens.fr/ Diffusion vidéo en libre accès du colloque de décembre 2005 à l'occasion du vingtième anniversaire de la mort de V. Jankélévitch.
- http://www.ict-toulouse.asso.fr/ble/ Sommaire du numéro d'avril-juin 2006 du BLE de l'Institut Catholique de Toulouse
- Archives de l'INA dont Radioscopie avec Jacques Chancel et Apostrophes avec Bernard Pivot : http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?full=jankelevitch&action=ft
- association V. Jankélévitch, contact : 48 rue de Fresnes 94240 L'Hay les Roses
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