Victoire de Samothrace
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La Victoire de Samothrace (en grec ancien Νίκη της Σαμοθράκης / Níkê tês Samothrákês) est une sculpture grecque représentant la déesse Athéna Niké (« Athéna qui apporte la victoire »).
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[modifier] Découverte
La statue est découverte en morceaux le 15 avril 1863, sur l'île de Samothrace, par Charles Champoiseau, vice-consul de France par intérim à Andrinople, au cours d'une mission d'exploration. Le buste et le corps permettent à Champoiseau d'identifier une représentation de Niké, la Victoire, traditionnellement représentée comme une femme ailée. Les morceaux sont envoyés au musée du Louvre.
En 1875, une mission archéologique autrichienne fouille de nouveau le site. On identifie alors les gros blocs de marbre gris trouvés à proximité comme la proue d'un navire servant de base à la statue, représentation qui se retrouve sur des tétradrachmes de Démétrios Poliorcète. Les relevés permettent également de montrer que la vue normale de la statue était son trois-quarts gauche : au reste, la finition du côté droit est très rudimentaire. Sur ses bases, et à l'aide de quelques moulages (aile droite, sein gauche, dos du buste), une reconstitution complète est effectuée au Louvre. La statue est placée sur le palier supérieur de l'escalier Daru, où elle se trouve toujours.
[modifier] L'ensemble
[modifier] La Victoire
La statue est en marbre blanc, probablement originaire de Paros. Elle représente une femme ailée, allégorie de la Victoire, vêtue d'un chiton en tissu très fin, laissant apparaître les courbes du corps ; partiellement recouverte d'un himation (manteau) enroulé sur la taille et découvrant la jambe gauche. Le vent plaque les vêtements contre le corps : la Victoire est représentée en train de se poser sur le pont du navire.
La Victoire est composée de six blocs de marbre travaillés séparément : le corps, le buste et la tête, les deux bras et les deux ailes. Cette astuce, largement utilisée par les sculpteurs grecs, permet d'économiser des frais de matériau : il est plus facile d'extraire de petits blocs qu'un seul gros. Or la Victoire mesure 2,40 m de haut — 3,28 m ailes comprises — soit environ 1,5 fois la hauteur naturelle... Les blocs sont assemblés entre eux par des goujons de bronze.
[modifier] Le bateau et le socle
Le bateau et le socle sont en marbre rhodien gris veiné de blanc. Le navire est typiquement rhodien : la τριηρημιολία / triêrêmiolía, un petit vaisseau de guerre long, sans pont, avec deux rangs et demi de rames et deux éperons à l'avant. Le socle lui-même est constitué de six dalles sur lesquelles s'empilent trois rangs de blocs, maintenus solidaires par des goujons, figurant le navire. Le deuxième rang se dédouble pour représenter les caisses de rames. La statue était posée sur le rang supérieur.
[modifier] Datation et attribution
Nous ne possédons aucun témoignage antique sur la statue. Celle-ci ne peut donc être datée qu'en fonction de son style. On a d'abord considéré que les monnaires de Démétrios Poliorcète représentaient le monument lui-même ; le roi l'aurait édifié en commémoration d'une victoire navale. À ce stade, la statue est attribuée à un sculpteur de la fin du IVe siècle ou du début du IIIe siècle av. J.-C., par exemple un élève de Scopas, qui a travaillé à Samothrace. Cependant, Samothrace est alors sous le contrôle de Lysimaque, ennemi de Démétrios : il parait peu probable que ce dernier ait pu y dédier un monument.
La découverte de monuments en forme de bateau à Lindos, une cité de Rhodes, le type de bateau représenté et l'origine du marbre du socle font ensuite conclure à un monument rhodien, en commémoration d'une victoire telle que celle de Cos (v. 261 av. J.-C.), de Sidè ou encore de Myonnisos (toutes deux en 190 av. J.-C. L'époque correspond à la période d'activité du sculpteur Pythocritos, auteur de l'un des monuments de l'acropole de Lindos. Or Chamoiseau avait trouvé un fragment portant la signature « …Σ ΡΟΔΙΟΣ / …S RHODIOS », ce qui peut correspondre à « Pythocritos de Rhodes ».
Cependant, certains estiment que le fragment, de par sa taille, correspond plutôt à un socle de statuette. En outre, aucun élément de la statue elle-même ne laisse supposer une provenance rhodienne. Certains ont également comparé la Victoire à des personnages de la frise du Grand Autel de Pergame, dont les sculpteurs étaient alors très réputés.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- autres statues grecques : Discobole, groupe du Laocoon, Apoxyomène, Doryphore, Diadumène, Vénus de Milo ;
- sculpture grecque ;
- Athéna et Niké ;
- sanctuaire des Grands Dieux de Samothrace.
[modifier] Bibliographie
- Marianne Hamiaux, Feuillets du Louvre, Louvre et Réunion des Musées nationaux, vol. V, n° 3/43, 2000 (ISBN 2-2-7118-4191) ;
- R. R. R. Smith, La Sculpture hellénistique, Thames & Hudson, coll. « L'univers de l'art », 1996 (ISBN 2-87811-107-9).
[modifier] Lien externe
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