Vassili Golitsyne

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Vassili Vassilievitch Golitsyne (1643-1714) est considéré par plusieurs historiens russes comme le plus grand chef d'État de Russie du XVIIème siècle.

Il monte lentement en grade dans la bureacratie de l'État durant les années 1660. En 1676, il est suffisamment connu des Romanov pour que le nouveau tsar, Fédor III, le nomme son principal conseiller. La même année, il est témoin d'une campagne contre la Turquie qui le convainc de l'incompétence de plusieurs bureaucrates dans les hautes fonctions de l'État et de l'armée. Il persuade le tsar que le mestnitchestvo, le droit de préséance des boyards sur les plus hautes charges gouvernementales, est devenu désuet et qu'il doit être aboli. La suppression du mestnitchestvo sera accepté par un zemski sobor en 1682.

Vassili Golitsyne voit cependant plus large et envisage une réforme générale de l'État. Son programme, en avance sur son temps, comprend une ouverture plus grande avec l'Occident; le développement du commerce et de l'industrie; l'instauration de voies de communication avec la Sibérie; la mise sur pied d'une armée régulière; la colonisation des marches de la Russie. Il espère également légiférer sur la liberté complète de conscience et de confession et voudrait libérer la paysannerie du servage.

Lorsque Fédor III décède, en 1682, Golitsyne est loin d'avoir mis en marche ce programme. Après un flottement de quelques semaines, Sophia Alexeievna, sœur de Fédor et amante de Vassili, s'impose comme régente avec Pierre Ier et Ivan V comme co-tsars. Golitsyne est nommé chancelier et responsable des Affaires étrangères. Ce dernier poste lui prendra tout son temps pendant les sept années de régence de Sophia, ce qui l'empêchera d'entrependre la réforme ambitieuse qu'il désire.

Il passe les premières années à négocier avec la Pologne qui n'a toujours pas reconnu la conquête de l'Ukraine orientale par la Russie. Un traité est signé à Moscou en 1686. Le roi de Pologne reconnaît Smolensk, Kiev et l'Ukraine à l'est du Dniepr comme possessions russes à condition que le tsar l'aide à faire la guerre cotre les Tatars de Crimée.

C'est également Golitsyne qui négocie le traité de Nertchinsk de 1689, qui abandonne à la Chine la région de l'Amour. Moscou a alors trop de problèmes avec les Turcs pour entreprendre une guerre en Extrême-Orient.

En 1687, Sophia Alexeievna commet l'erreur de donner à Golitsyne le commandement des troupes qui tenteront de conquérir la Crimée. Celui-ci, s'il a de grandes qualités politiques, est très loin d'être un génie militaire. L'armée rebrousse chemin avant d'avoir combattu, les Tatars ayant mis le feu à la steppe afin de l'empêcher de passer. Incapable d'élaborer un plan de bataille ou une stratégie adéquate, le général en herbe a préféré tourer casaque plutôt que de tenter d'affronter l'ennemi.

Une nouvelle expédition est organisée en 1688 et Sophia s'entête à le remettre à la tête de l'armée. Cette, fois, il entre en Crimée, assiège Pérékop sans trop de conviction, puis revient sur ses pas, laissant 20,000 morts et 15,000 prisonniers sur le terrain.

Quelques semaines après le retour de Golitsyne à Moscou, Pierre Ier renverse Sophia. Le prince craint pendant un moment pour sa vie mais Pierre préfère l'exiler. Il vivra les dernières années de sa vie successivement à Kargopol, Mezen et Kholmogory avant de décéder le 21 avril 1714. Le nouveau tsar s'est peut-être alors privé d'un politicien compétent dont certaines idées concordaient avec les siennes.