Sophisme d'une masse fixe de travail
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Vous avez de Le sophisme d'une masse fixe de travail (en anglais : lump of labour fallacy) est un sophisme économique qui repose sur l'hypothèse (naïve et fausse selon les économistes) que la demande de travail (ou offre d'emploi) est une quantité fixe dans une économie de marché. Il est parfois mis en avant abusivement au sujet de toute proposition de réduction du temps de travail, afin de la décrédibiliser[1].
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[modifier] Présentation
Les économistes de toutes tendances considèrent que l'hypothèse d'exogénéité de la demande de travail [2] d'une économie semble très forte et qu'elle n'est pas confirmée par les études empiriques ; ils ne la reprennent dans aucun modèle du marché du travail.
En termes de théorie des jeux, le sophisme d'une masse fixe de travail fait partie des « sophismes de jeux à somme nulle » (en anglais : zero-sum game fallacies), où l'on fait à tort l'hypothèse que le gain d'un joueur se fait nécessairement au détriment des autres joueurs.
Historiquement, ce sophisme économique a été dénoncé comme tel[3] depuis la fin du XIXe siècle pour contrer l'idée populaire que la réduction du temps de travail légal diminuerait mécaniquement le chômage dans une économie de marché. Au sens général, on retrouve ce sophisme dans l'idée que les robots, les femmes ou les immigrés « prennent » des emplois, ou que les importations détruisent des emplois, ou que le départ des baby boomers à la retraite va faire diminuer automatiquement le taux de chômage.
Si cette vision naïve du marché du travail ne rencontre aucun soutien chez les économistes, le mythe est parfois utilisé abusivement par les adversaires (souvent libéraux) de toute politique de réduction du temps de travail. Il n'existe en effet pas de consensus sur les effets d'une telle politique, mais certains modèles économiques « non naïfs » parviennent aussi à la conclusion du bien-fondé d'une politique de réduction du temps de travail. Ainsi, en France, une étude de la DARES sur l'application des « 35 heures » (lois « Aubry 1 » et « Aubry 2 ») estime une création nette de plus de 300 000 emplois[4].
[modifier] Terminologie
Il n'existe pas d'expression française courante pour reprendre lump of labour fallacy, chaque traducteur semblant faire son propre choix et rappelant souvent explicitement la forme anglaise. On trouve par exemple, outre « sophisme d'une masse fixe de travail »[5], « mythe du partage du travail »[6] et « supposition » (d'une quantité fixe de travail), « piège »[7], « illusion »[8], « sophisme »[9] , « idée fausse »[10], « hypothèse d'une quantité d'emplois déterminée et fixe »[11] ; ainsi que des expressions comme « le travail est un bien rare » ou « la fin du travail »[12].
Lors du débat en France sur les « 35 heures », l'expression « malthusianisme » a été couramment employée.
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Une analyse économique standard prédit qu'une baisse du temps de travail ne produit pas d'augmentation mécanique de l'emploi pour plusieurs raisons. Dans un système libéral, elle crée tout d'abord une augmentation du coût du travail et donc décourage l’emploi, à salaire égal. Même avec une baisse de salaire, il existe des coûts fixes (bureau de l’employé, administration) et des coûts de transition (formation, recrutement), plus difficiles à amortir si le salarié travaille moins longtemps, et qui découragent donc l’embauche[13] tandis que la baisse de salaire peut avoir un effet sur la consommation. Cet effet sur la consommation est contrebalancé par le fait que les nouvelles personnes embauchées, elles, vont consommer plus.
Pour les keynésiens, l’augmentation de l’emploi permet l’augmentation de la demande qui pousse les entreprises à embaucher. Inversement le licenciement provoque une baisse de la demande qui pousse les entreprises à diminuer la masse salariale. Le volume de travail dans la société est donc une variable dynamique et non constante.
[modifier] Notes et références
- ↑ (en) Tom Walker, The "Lump-of-Labor" Case Against Work-Sharing: Populist Fallacy or Marginalist Throwback?, lire en ligne
- ↑ C'est-à-dire l'hypothèse que la demande de travail disponible ne dépend pas de facteurs internes et qu'on ne peut pas influer directement sur elle.
- ↑ Par des économistes libéraux comme keynésiens ; pour un exemple keynésien, voir : (en) Paul Krugman, Lumps of Labor, New York Times, 7 octobre 2003, lire en ligne
- ↑ Stéphane Jugnot, Combien d’emplois créés par la réduction du temps de travail, in Données sociales 2002-2003, INSEE, novembre 2002
- ↑ Olivier Blanchard L'Europe ne va pas si mal, in En Temps Réel, Cahier 14/15, juin 2004
- ↑ Utilisé dans Des pyramides du pouvoir aux réseaux de savoirs, rapport du Sénat 97-331 ; CRA 2ème séance du 6 octobre 1999, Assemblée nationale
- ↑ Walter Nonneman, L’immigration et le marché de l’emploi'
- ↑ Paul Swaim et Pascal Marinna, Différentes facettes du temps de travail : évolution récente du temps de travail, OCDE
- ↑ Le Café pédagogique, numéro 66, http://www.cafepedagogique.net/disci/ses/66.php lire en ligne]
- ↑ Daniel Cohen, Nos temps modernes
- ↑ Michel Camdessus, Le Sursaut: Vers une Nouvelle Croissance pour la France, La Documentation française, Paris, 2004, page 40
- ↑ Daniel Cohen, Nos temps modernes
- ↑ (en) Dennis J. Snower et Guillermo de la Dehesa, Unemployment Policy : Government Options for the Labour Market, Cambridge University Press, 1997, ISBN 0521599210, page 37
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