Psychosomatique
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Le terme psychosomatique désigne une relation de l'esprit au corps, un trouble psychique pouvant se répercuter sur la santé physique.
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[modifier] Découverte du psychosomatique
C'est dans la seconde moitié du XIXe siècle que le terme psychosomatique est né. On attribue sa paternité au psychiatre allemand Heinroth (1773-1843). Ce nouveau courant médical visait à introduire dans le courant organiciste et expérimental de la médecine du XIXe siècle des facteurs d'ordre psychique pour rendre compte de la causalité et de l'étiopathogénie de certaines maladies. Cette approche nouvelle et globale de l'homme malade s'est poursuivie jusqu'à nos jours dans la pratique médicale et en constitue l'un de ses courants. Son activité s'est cependant heurtée au développement des découvertes et des conceptions biologiques qui organisent aujourd'hui les fondements de la médecine occidentale.
[modifier] Approches diverses
[modifier] Hystérie freudienne
On distingue la conversion hystérique et la maladie ou le symptôme psychosomatique. La conversion hystérique est en effet traduction d'un désir refoulé dans le somatique : expression au travers du corps, d'une manière symbolique. Les symptômes hystériques touchent souvent aux organes de la communication : gorge, membres...
Tant au niveau de son histoire que de sa personnalité, le malade psychosomatique diffère du malade hystérique : si le symptôme ou la maladie qui motive sa plainte est déterminée psychiquement, il n'en est pas moins réel : au contraire du symptôme hystérique.
Certains auteurs de plus s'accordent pour ne trouver aucune symbolique dans les symptômes psychosomatiques, présumant une étiologie beaucoup plus archaïque que celle de l'hystérie, et sortant la psychosomatique du champ des névroses et de l'ordre du symbolique : le mode d'être de ces patients est qualifié de pensée opératoire.
[modifier] Apport de Groddeck
Le psychanalyste Georg Groddeck est à l'origine du « ça ». Sa représentation de l'esprit en est toute empreinte. Pour Groddeck, toute maladie, et plus largement tout symptôme physique, provient d'un conflit psychique.
[modifier] États psychosomatiques
Joyce McDougall oppose névrose et psychose d'une part, et psychosomatique d'autre part. Dans la névrose et la psychose, le conflit est psychique. Il peut concerner la vie interne ou bien la réalité, mais il y a un drame qui se joue dans la scène imaginaire. Le psychosomatique est, au contraire, théâtre du corps.
Cette analyste comprend le psychosomatique comme conséquence d'un refus, par le psychique, de prendre en charge le conflit pulsionnel, qui s'exprime alors dans le corps (là où, dans l'hystérie, la conversion est conséquence d'un conflit psychique).
Ce refus de traiter le conflit pourrait être décrit comme incapacité de représentation - Mc Dougall prend l'exemple d'un patient qui ne sait pas qu'il souffre « psychiquement ». Cette incapacité de représentation proviendrait d'une faille, voire plus radicalement d'une coupure, dans le processus originaire conceptualisé par Piera Aulagnier.
McDougall décrit donc une faillite dans la mise en scène psychique. Cet échec conviendrait au sujet, persuadé de n'éprouver aucun problème et peu soucieux d'un travail sur lui-même. C'est ce qui fait décrire des habitudes banales, par exemple trop fumer, trop manger ou trop boire, comme le signe d'un agir s'opposant à l'élaboration. Le psychosomatique serait agir sur le corps, et attaquer le corps signalerait non seulement une disparition du conflit psychique, mais également une attaque de la mère, ou plutôt de l'objet partiel qu'est le vide insondable du corps-peau maternel.
La cure psychanalytique fera, dans les meilleurs cas, ressurgir le psychique et créera une « hystérisation » des symptômes psychosomatiques. Des défenses obsessionnelles peuvent également se mettre en place. Ce processus fait que McDougall rapproche états psychosomatiques, et névroses actuelles, qu'il s'agisse de névrose d'angoisse (laquelle serait, justement, psychosomatique), de neurasthénie ou d'hypocondrie.
McDougal pointe également sur un aspect interrelationnel, décrivant par exemple des réponses refusant à l'enfant sa vie psychique : « je n'aime pas mon frère » - « mais si, tu l'adores ! ». De telles réponses induisent une dévalorisation dramatique de la scène mentale, et provoquent donc la réponse psychosomatique. McDougall rappelle également le danger relationnel qu'est le double bind (double entrave).
[modifier] Pensée et vies opératoires
Pierre Marty désigne deux notions : celles de pensée opératoire puis de vie opératoire. La vie psychique est très réduite, très pauvre ; le discours s'avère factuel, sans élaboration; le symptôme psychique ne peut être élaboré.
Marty décrit des patients a priori très peu propices à l'analyse, puisqu'ils réduisent leur vie psychique afin de se protéger, qu'ils s'échappent dans le factuel, dans un agir valant comme déni du psychique.
La conséquence psychosomatique n'est pas une référence historique comme dans l'hystérie, mais le déplacement d'un malaise psychique sur le corps.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Pierre Marty
- Syndrome de Münchausen
- Alexithymie
- Psychanalyse et médecine
- Maladie psychosomatique
[modifier] Bibliographie
- Sigmund Freud, Joseph Breuer, Études sur l'hystérie
- Pierre Marty, L'Investigation psychosomatique, Presses universitaires de France, coll. Quadrige, 2003. ISBN 213053337X
- La psychosomatique de l'adulte, 6e édition, PUF, Que sais-je ?, 2004. ISBN 2130547354
- Joyce McDougall, Théâtres du corps
- Claude Smadja, La Vie opératoire : Études psychanalytiques, PUF, 2001. ISBN 2130514200
- Léon Kreisler, L'enfant et son corps : études sur la clinique psychosomatique du premier âge, 4e édition, PUF, mise à jour 1999. ISBN 2130400183
- Léon Kreisler, La psychosomatique de l'enfant, PUF, Que sais-je ?, 2001. ISBN 2130378919
- Léon Kreisler, Le Nouvel enfant du désordre psychosomatique, Dunod, 1995. ISBN 2100026739