Paul Kagame
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Rwanda
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Paul Kagame est né en octobre 1957 à Kamonyi, province de Gitarama dans le centre du Rwanda dont il est actuellement président.
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[modifier] Biographie
Paul Kagame quitte son pays à l'âge de deux ans, suivant sa famille, lors des premières persécutions des Tutsi suite à l'indépendance de 1959. La famille s'installe en Ouganda.
À l'âge de 22 ans en 1979, il rejoint le futur président de l'Ouganda, Yoweri Kaguta Museveni, dans un mouvement de résistance à la dictature d'Idi Amin Dada, qui devint la NRA, National Resistance Army. Plusieurs réfugiés rwandais font aussi partie du noyau de cette résistance qui affrontera ensuite la dictature de Milton Obote, puis celle de Tito Okello. Cette période permettra à Fred Rwigema et Paul Kagame de se construire une culture politico-révolutionnaire, dans laquelle les grandes figures révolutionnaire d'Amérique latine et chinoises ont une place prépondérante. En 1986 Yoweri Kaguta Museveni devient Président de la République de l'Ouganda et plusieurs de ses compagnons d'armes rwandais, deviennent officiers dans l'armée ougandaise. La petite histoire raconte que Yoweri Kaguta Museveni invita le Président du Rwanda de l'époque, Juvénal Habyarimana, lors d'une visite officielle, à grader lui-même ces officiers « ougandais », signe d'une indéfectible amitié entre les deux Présidents.
Marié avec Jeannette en 1989, dont la famille était réfugiée au Burundi, il est père de quatre enfants.
[modifier] Arrivée de Paul Kagame sur la scène internationale
Venant d'Ouganda, le 1er octobre 1990, le Front patriotique rwandais (FPR) de Fred Rwigema entame le retour au Rwanda des exilés rwandais, réfugiés à partir de 1959. Dès le 2 octobre 1990, Fred Rwigema est tué au combat, ou par ses amis selon les Forces armées rwandaises du régime Habyarimana. La mort de ce leader emblématique sera cachée plusieurs jours aux combattants du FPR. Ses responsables sont dans le désarroi. Le président ougandais, Yoweri Kaguta Museveni, très proche des responsables du FPR, dont plusieurs se sont illustrés comme officiers dans les rangs de son armée, impose son chef des renseignements militaires, Paul Kagame, vieil ami de Fred Rwigema, pour résoudre cette crise circonstancielle du FPR. Paul Kagame, alors en stage de formation aux États-Unis à Fort Leavenworth, entre sur la scène internationale en prenant les commandes du FPR qu'il avait créé avec Fred Rwigema.
De 1991 à 1993, alternant combats, défaites et victoires, Paul Kagame négociera parallèlement les accords d'Arusha avec le Président Juvénal Habyarimana, poussé à la discussion par la France, par l'intermédiaire de Pasteur Bizimungu qu'il fera élire président de la république de la période de transition, après le génocide. Pendant la période de ces négociations et lors d'un séjour du 17 au 23 septembre 1991, Paul Kagame sera arrêté à Paris par les services français une douzaine d'heures, sous le motif de terrorisme, juste après avoir été reçu par Jean-Christophe Mitterrand et Paul Dijoud conseillés du gouvernement français pour les Affaires Africaines auprés de l'Elysée. Paul Dijoud justifiera cette arrestion :"Les accompagnateurs du Major Kagame, qui circulaient avec des valises de billets, s’étaient fait repérer par la police et ont été arrêtés, sans que le Quai d’Orsay en ait été averti, puis libérés le soir après l’intervention du Ministre des Affaires étrangères"[1].
En 1994, au moment de l'attentat contre le président Juvénal Habyarimana, les soldats belges de la Minuar sont accusés par ceux qui s'apprêtent à former le gouvernement interimaire d'en être les auteurs. Dix d'entre eux sont assassinés le lendemain par la garde présidentielle rwandaise. Par la suite, Paul Kagame sera accusé à son tour d'avoir commandité l'assassinat du président Juvénal Habyarimana, notamment par la France, le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière, et par des officiers dissidents du FPR. Paul Kagame mènera les troupes du FPR à la victoire militaire contre les Forces armées rwandaises et le gouvernement intérimaire. Malgré des troupes inférieures en nombres (15 000 hommes contre 50 000) et des moyens militaires moins important, faisant preuve d'un grand sens stratégique et d'une grande fermeté, il bénéficiera aussi de l'épuisement des troupes adverses mobilisant toute leur énergie dans la conduite d'un génocide qui fera environ 5 à 8 000 morts par jour pendant cent jours et exterminera plus de 90 % des Tutsi de l'intérieur du Rwanda. Il devient vice-président du Rwanda et Ministre de la Défense le 19 juillet 1994.
[modifier] « L'homme fort » du Rwanda
Paul Kagame sera ensuite l'artisan de la reconstruction du Rwanda, complètement détruit et vidé par le génocide mais aussi par la fuite de plus de deux millions de Rwandais qui sont partis en République démocratique du Congo pour fuir la nouvelle justice rwandaise ou craignant la vengeance des tutsi. Mais en même temps il est l'un des principaux artisan du renversement de son homologue du Zaïre en 1997, le président Mobutu Sese Seko, dont le pays est quatre-vingt dix fois plus grand que le Rwanda. On le surnomera le « Napoléon des grands lacs ». Des proches de ses officiers racontent qu'au départ les Rwandais n'avaient pas l'intention de renverser Mobutu Sese Seko. Mais devant la faible résistance qu'ils ont rencontré au Zaïre ils auraient décidé d'aller jusqu'à Kinshasa, entrainant l'Ouganda, qui ne voulait pas être en reste, et l'AFDL de Laurent-Désiré Kabila dans leur sillage, lors de la Première guerre du Congo.
Paul Kagame est élu président de la République par le Parlement le 17 avril 2000, après l'obtention de la démission de Pasteur Bizimungu. À la suite de l'instauration d'une nouvelle constitution par référendum, il est réélu au suffrage universel direct le 25 août 2003 avec plus de 95 % des voix.
[modifier] La personnalité de Paul Kagame
Les Occidentaux qui approchent Paul Kagame le décrivent comme quelqu'un de courtois, calme et lucide et avec lequel le « courant passe bien ». Ses détracteurs voient en lui un tortionnaire mal éduqué, d'une dureté implacable, ancien voyou-mafieu de Kampala où il était surnommé Kagome (de umugome, « le méchant » en kinyarwanda).
[modifier] Le régime de Paul Kagame et les droits de l'homme
Voir aussi l'article Front patriotique rwandais pour plus d'informations.
[modifier] Arguments de ses partisans
49 % des députés, 30 % des sénateurs et des ministres sont des femmes. Selon les informations officielles, madame Kagame prend une part très active dans la politique sociale du Rwanda et la lutte contre le sida, autre fléau du génocide, dont le viol fut une arme de prédilection y compris sur des fillettes de moins de dix ans.
La lutte contre l'ethnisme est un des thèmes du FPR et de Paul Kagame, bien avant le génocide de 1994. Ce combat contre l'idéologie de l'ethnisme est inscrit dans la nouvelle constitution. Mais cette lutte contre l'ethnisme est perçue par d'autres comme une volonté de faire passer discrètement le pouvoir d'une minorité.
[modifier] Critiques et accusations contre Paul Kagame
Lors de la campagne en RDC contre les forces génocidaires qui s'y étaient réfugiées (miliciens interahamwe et anciennes Forces armées rwandaises), les troupes de l'armée patriotique rwandaise sont accusées de s'être livrées à des massacres de civils. En 1996-97, il est accusé de s'ingérer dans les affaires internes Zaïre du Maréchal Mobutu et d'en violer la souveraineté nationale. Cette ingérence débouchera sur la première guerre du Congo et la chute de Mobutu. Kagame n'a pas été inquiété par la communauté internationale pour les troubles occasionnés dans la région des grand lacs. Selon ses opposants, le sentiment de culpabilité de la communauté internationale vis-à-vis du génocide de 1994, qui a causé 800 000 morts selon l'ONU, n'y est probablement pas étranger. Le régime de Kagame est accusé de prendre prétexte de l'argument sécurité pour contribuer à piller les ressources naturelles de l'est du Congo, région où vivent les banyamulenge, congolais rwandophones, et dont une partie a été une province rwandaise avant la fixation des frontières, en 1896[2].
Les opposants de Kagame le soupçonnent d'avoir favorisé, juste après la fin du génocide, l'accession au pouvoir d'un Hutu dans le seul but de donner l'impression de réfléchir au-delà des considération ethniques alors qu'il détenait déjà, avec son parti, le véritable pouvoir sur tout le pays. Ils lui reprochent de refuser la négociation avec les partis d'opposition (hutu en général), qui n'ont d'autre choix que de se muer en mouvements rebelles.
La seule personnalité qui aurait pu être un adversaire sérieux aux élections présidentielles de 2003, l'ancien Président de la République Pasteur Bizimungu, a été emprisonnée pour quinze ans, six mois avant les élections, par la justice rwandaise. On déplore des disparitions de plusieurs opposants et des assassinats. D'autres ont été maltraités pendant la campagne électorale.
[modifier] Assassinat du président Habyarimana
Une enquête est ouverte en France sur l'attentat contre le président Juvénal Habyarimana en avril 1994. En 1998, les familles des trois membres d'équipage français de l'avion présidentiel abattu ont porté plainte pour "assassinats en relation avec une entreprise terroriste".
La justice française privilégie donc la thèse d'un attentat perpétré par le Front patriotique rwandais (FPR). Selon des témoignages d'anciens membres du FPR, cette décision a été prise fin 1993 et début 1994 par les chefs de l'Armée patriotique rwandaise, dont Paul Kagame.
Le 21 novembre 2006, le parquet de Paris a donné son accord au juge d'instruction Jean-Louis Bruguière pour qu'il délivre des mandats d'arrêts internationaux contre neuf proches du président rwandais Paul Kagame, dont James Kabarebe, chef d'Etat-major général des Forces rwandaises de défense et Charles Kayonga, chef d'Etat-major de l'armée de terre. [1]
Le juge d'instruction ne peut pas engager de poursuites contre Paul Kagame en raison de l'immunité accordée en France aux chefs d'Etat en exercice. Il devrait demander à l'ONU de saisir le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) en Tanzanie pour engager contre Paul Kagame une procédure judiciaire. [2]
[modifier] Référence
- ↑ Sources:Audition Assemblée Nationale Commission Rwanda
- ↑ Rapport final du groupe d'experts sur l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres formes de richesses de la République démocratique du Congo, document S/2002/1146, New York, 16 octobre 2002, p. 15.
[modifier] Liens externes
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