Martine

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Martine est une série de livres illustrés publiée depuis 1954 avec une périodicité quasi annuelle. Les auteurs sont Gilbert Delahaye (jusqu'en 1997) puis Jean-Louis Marlier. Marcel Marlier, le père de Jean-Louis Marlier, en est l'illustrateur. Chaque volume de Martine présente une activité : ainsi, Martine va à la mer, à la montagne, à la ferme, au cirque, au zoo ; elle fait la cuisine, de la voile, de l'équitation, de la danse, du théâtre, etc.

Depuis sa création, la série a connu un tirage total d'environ 50 millions d'exemplaires dans un grand nombre de pays.

[modifier] Concept

Le style des illustrations a évolué au fil des années mais d’une façon générale, il est d’un réalisme « sucré » qui se veut séduisant pour les petites filles : le dessin est très détaillé, les lumières sont flatteuses, les couleurs agréables ; un grand soin est apporté aux décors et aux tenues des personnages. Il est fréquemment fait reproche à l'illustrateur d'avoir trop souvent montré en contre-plongée la culotte de sa jeune héroïne. Ce reproche est tout à fait fondé, mais le procès d’intention est excessif : confronté aux affaires de pédophilie, le regard du spectateur s'est vicié. Rappelons également que depuis 1977, Martine porte le pantalon.

Un cliché actuel présente Martine comme une œuvre rétrograde et/ou sexiste. Cette interprétation quelque peu outrancière tient sans doute de la méconnaissance des illustrés. Si on peut reprocher à l'univers de Martine d'être assez bourgeois dans ses préoccupations, il dresse, jusque dans les années 1980, le portrait d'une petite fille bien dans son époque. Moins accaparée que ne le laissent penser ses détracteurs par les tâches domestiques, Martine s’essaye, au fil des volumes, à de nombreuses activités, toujours avec succès. En ce sens, elle préfigure le fantasme de l’« executive woman » si présent aujourd’hui dans les mentalités. Sociable, curieuse, sportive, débrouillarde et autonome, Martine réussit tout ce qu'elle entreprend.

Il ne faut pas se laisser abuser par la lecture que nous pouvons avoir aujourd'hui de cette série. La clé du succès de Martine — et ce qui lui vaut de nos jours des reproches — est sans doute le fait que pour une génération de petites filles, Martine pouvait avoir valeur d’exemple. Que l’on soit d’accord ou non avec les valeurs induites par ces illustrés, ériger ceux-ci en symbole du sexisme ou du conservatisme est excessif. Il est peu probable que les auteurs de la série aient eu d’autres velléités que celle de distraire. Sans doute faut-il voir dans ce déni un signe de rejet de certains modèles, lié à l'évolution de la société.

Un des principaux intérêts de la série est qu’elle témoigne d'une certain idéal des années 1950, 1960 et 1970. À partir des années 1980, la série devient beaucoup moins représentative de son époque. Même si certains efforts ont été faits pour tenter de rester dans le coup, elle s’essouffle et peine à échapper à une certaine désuétude.