Manifestations de la place Tiananmen
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Les manifestations de la place Tiananmen en 1989 sont le symbole du mouvement étudiant qui exigeait des réformes politiques et dénonçait la corruption en République populaire de Chine. La répression sanglante qui s'ensuivit de manifestants pacifiques sur la place Tiananmen est l'une des images fortes de la lutte pour la démocratie en Chine et dans le monde entier.
Sommaire |
[modifier] Chronologie des événements
- 15 avril : Décès de Hu Yaobang
- 18 avril : Fondation du comité préparatoire de la FAE de Pékin par Wan Dan
- 19 avril : Création du comité solidarité à Beida
- 20 avril : Incident de la porte de Xinhua
- 22 avril : Cérémonie officielle à la mémoire de Hu Yaobang
- 23 avril : Départ de Zhao Ziyang en Corée du Nord
- 26 avril : Éditorial du Quotidien du peuple
- 27 avril : Limogeage de Qin Benli par le gouvernement. Début des pourparlers
- 28 avril : Formation de l’Association autonome des étudiants de Pékin (Wuer Kaixi président, Wang Dan dans comité) .
- 30 avril : Retour de Zhao Ziyang de Corée du Nord
- 1er mai : Création d'un journal par les étudiants (Xinwen Daobao) et tentative de s’organiser au niveau national
- 04 mai : Commémoration du 70e anniversaire du 4 mai 1919
- 13 mai : Début de la grève de la faim
- 14 mai : Création du « Groupe de la grève de la faim »
- 15 mai : Début à Pékin de la visite de Gorbatchev
- 17 mai : Manifestation monstre à Pékin, appel des intellectuels (notamment Hu Jiwei)
- 18 mai : Hauts responsables au chevet des grévistes hospitalisés
- 19 mai : Zhao Ziyang au chevet des grévistes à Tiananmen (« J’arrive trop tard. »)
Création de l’Association autonome des ouvriers de Pékin.
- 20 mai : Loi martiale : le couvre-feu est décrété
- 23 mai : Formation du FMSC (Commandement général unifié)
- 24 mai : Exclusion de Zhao Ziyang, début du reflux de la place
- 29 mai : Création de l’Université démocratique par Zhang Boli
- 30 mai : Fabrication de la Déesse de la démocratie
- 02 juin : Grève de la faim des quatre personnalités : Hou Dejian (chanteur), Liu Xiaobo (universitaire), Zhou Duo (société Stone), Gao Xin (universitaire)
- 04 juin : Répression du mouvement par l'armée populaire de libération
[modifier] Déroulement
En hommage à l’ancien dirigeant du PCC, Hu Yaobang, qui a dû quitter son poste en janvier 1987 en raison de ses convictions libérales, des centaines de milliers d’étudiants se mobilisent et s'installent sur la place Tiananmen, le 2 avril 1989. La mort inopinée de Hu Yaobang, le 15 avril, provoque une grande émotion qui vient renforcer le mouvement de protestation en faveur de la démocratie ; la manifestation du 22 avril n’est pas autorisée et le pouvoir est pris au dépourvu. Les manifestants campent alors devant le monument des héros du peuple alors que des manifestations similaires se déroulent dans de nombreuses autres grandes villes de la RPC.
Le pouvoir est face à un mouvement d’une ampleur sans précédent : 200 000 étudiants défient le pouvoir et réclament des réformes politiques dans le pays. Le mouvement de Tiananmen se déroule en pleine politique de réforme de l’URSS de Gorbatchev et alors que le 16 mai les leaders soviétique et chinois se retrouvent à Pékin.
Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, après des semaines d'agitation, Deng Xiaoping et les neuf membres du Comité permanent du PCC confient au Premier ministre Li Peng la charge de mener à bien la répression. Fort de la loi martiale votée le 19 mai précédent, celui-ci ordonne aux forces de sécurité de tirer sur la foule. Appuyée par les chars, l'armée populaire de libération investit la place Tiananmen où étaient rassemblés les étudiants à Pékin et la fait violemment évacuer. Le nombre de victimes est évalué à 1 400 au cours du seul week-end, auxquels s'ajoutent plus de 10 000 blessés.
Des dizaines de milliers de personnes sont également arrêtées durant les semaines suivantes. Par la suite, des procès eurent lieu, plusieurs insurgés furent envoyés en prison, quelques autres furent condamnés à mort et fusillés.
[modifier] Conséquences Politiques
Pendant les manifestations, Zhao Ziyang, alors secrétaire général du Parti communiste chinois, avait soutenu que ces manifestions n'étaient pas « contre-révolutionnaires » et prônait le dialogue. Il fut limogé et placé en résidence surveillée jusqu'à sa mort. Bao Tong, son secrétaire politique, est arrêté. Condamné en 1992, il est en résidence surveillée depuis 1996.
Au lendemain du massacre, Deng Xiaoping mit Jiang Zemin au pouvoir et désigna son successeur Hu Jintao.
C'est à la suite de ce massacre qu'un embargo sur les ventes d'armes à la Chine — toujours en vigueur — a été mis en place par l'ONU et l'Union européenne.
[modifier] Censure actuelle
En mai et en juin 1989, la télévision a montré au peuple chinois des émeutiers pillant les magasins, blessant et tuant des policiers. Cette version est toujours celle des livres d'histoire en RPC.
Aujourd'hui encore, il n'est pas autorisé de parler de cette tragédie en RPC et l'événement a été gommé de l'histoire officielle. En fait, il n'est pas évoqué par les manuels scolaires, même dans sa version officielle (« un complot contre-révolutionnaire »). De nombreux Chinois, surtout les jeunes, n'ont qu'une très vague idée de ce qui s'est passé. De rares ouvrages d'historiens chinois traitant de cette question taboue ont été publiés, mais dans la région autonome de Hong Kong. L'ancienne colonie britannique est d'ailleurs le seul endroit où se déroulent des manifestations de commémoration.
Une « grande muraille électronique » a été édifiée autour des nombreux sites étrangers évoquant l'événement. Une force de police spécialisée traque les mots-clé « Tiananmen » ou « 6-4 » (liu-si, le 4 juin, comme il est connu en Chine). Pour contourner l'espace de quelques heures cette censure, certains internautes font héberger leurs documents sur le sujet sur des sites érotiques, ou en remplaçant les mots-clés traqués par des astérisques. Le régime est parvenu cependant jusqu'ici à entretenir une amnésie quasi complète de la population.
[modifier] Sources
- « 1989 - 2006 : la mémoire purgée de Tiananmen », Libération, n 7796 du 2 juin 2006.
- José Frèches, Il était une fois la Chine. 4300 ans d'histoire, Xo éditions, Paris.
[modifier] Voir aussi
- L'homme de Tiananmen
- Hu Yaobang
- Zhao Ziyang,
- Deng Xiaoping,
- Place Tiananmen
- Censure de l'Internet en RPC
- Zheng Yi
[modifier] Liens externes
- Quinzième anniversaire du massacre de la place Tiananmen (RSF)
- Chronologie des événements
- La célèbre vidéo de l'homme de Tiananmen faisant face aux chars
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