Jules Anspach

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Jules Anspach est un bourgmestre de Bruxelles. Il naquit à Bruxelles le 20 juillet 1829 et mourut à Etterbeek le 19 mai 1879.

Après avoir remplacé dès 1858 le bourgmestre Fontainas, il fut nommé le 15 octobre 1863 bourgmestre de Bruxelles par le roi Léopold I^er et exerça sa charge jusqu’au tombeau.

Il appartenait à une vieille famille calviniste d’origine genevoise. Son grand père Isaac-Salomon Anspach, citoyen de Genève, (1746-1825), pasteur, dut en 1784 pour des motifs de politique interne s’exiler avec une colonie de Genevois à Bruxelles. Après un séjour de sept ans, il put retourner dans sa patrie, où il devint en 1793 chef d’État de la République de Genève ou « Procureur Général ».

Isaac-Salomon Anspach était le frère de Pierre-Marc Anspach qui, resté à Genève, est connu comme peintre émailleur de grand talent.

Par la suite, François Anspach (1784-1858), fils d’Isaac-Salomon et père du bourgmestre, vint pour ses affaires s’établir à Bruxelles où il était né durant l’exil de son père. Il eut également une activité politique, devenant conseiller communal puis membre de la Chambre des Représentants.

Jules Anspach, après des études à l’Athénée royal de Bruxelles, décrocha en 1851 son diplôme de docteur en droit à l’Université libre de Bruxelles.

Il est considéré à juste titre comme le plus grand bourgmestre de Bruxelles. Il eut la volonté de doter la nouvelle Belgique d’une capitale digne de ce nom, après le projet avorté un siècle auparavant de Maximilien-Emmanuel de Bavière de faire de Bruxelles la plus belle ville d’Europe et la capitale des Pays-Bas du Sud, dont il aurait été le souverain.

L'état de délabrement de Bruxelles en ce début de notre indépendance était effrayant et à part le "quartier autrichien " entourant le Parc de Bruxelles rien n'avait cette majesté nécessaire à la capitale d'un pays qui pour survivre devait affirmer son existence à la face d'un monde hostile. Les grands travaux d'Anspach devaient ainsi rapidement hausser Bruxelles au niveau des grandes capitales européennes et éloigner les esprits nostalgiques, de Paris ou d'Amsterdam. L'on reste admiratif devant la rapidité et l'enthousiasme avec lesquels ont été entrepris ces travaux qui ont aéré le centre de Bruxelles mais préservé tout le reste de la ville ancienne.

Les destructions massives des quartiers historiques, avec comme point d'orgue la Jonction Nord Midi, n'ont commencé qu'au vingtième siècle avec l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle classe politique inculte et affairiste.

Jules Anspach désira donc sortir rapidement du délabrement cette ville qui croupissait dans la vallée de la Senne, accablée par les maladies et l'insalubrité, et la hausser au niveau des plus belles et des plus saines cités d’Europe.

La tâche était immense. Il parvint à l’accomplir et à donner à la capitale belge l’aspect qu’elle a encore de nos jours. Parmi ces travaux : le voûtement de la Senne, la construction de la Bourse, la transformation du centre de la ville, la création du quartier Notre-Dame-aux-Neiges, les prolongements de l’avenue Louise, de la rue de la Régence et de la rue Belliard, le Parc du Cinquantenaire. À cela s’ajoute la distribution du gaz et de l’eau, l’assainissement des impasses.

Ces lourds travaux eurent raison de sa santé. Après trois mois de repos à Nice il fut rappelé par le roi et dû s’atteler à nouveau à la tâche. La veille de sa mort il se rendit en compagnie de son gendre Jules van Dievoet aux environs de Dinant où il avait loué une propriété.

Après son retour il avait rejoint son frère Eugène Anspach (1833-1890) qui avait une campagne à Etterbeek, le pavillon de Linthout. Le lendemain, le 19 mai 1879, atteint d’un coma diabétique, il y mourut lors d’une promenade dans le parc.

La ville de Bruxelles, consciente de l’œuvre immense accomplie par son bourgmestre, lui offrit des funérailles grandioses.

Homme d’une grande intégrité et d’une haute moralité, pareil à ces grands citoyens de l’Antiquité romaine, il mourut pauvre après avoir consacré toute sa vie au bien public.

Dans son ouvrage les « Cités Obscures » l’auteur de bandes dessinées le baron François Schuiten s'en prend à la mémoire d’Anspach en le dénommant « Spanach » et décrit comme un bourgmestre véreux et indigne cet homme qui fut entièrement dévoué à son devoir jusqu’à l’abnégation. Mais dans le même ouvrage cet auteur s’était déjà attaqué à la mémoire de l’architecte Joseph Poelaert, un autre géant du règne de Léopold I^er et de l’époque des « Conditores Patriae », des fondateurs de la Belgique.

Schuiten établit ici un parallèle (heureux ou malheureux, c'est selon) avec l'entourage de Paul Vanden Boeynants qui, dans les années 1960, comprenait de nombreux personnages peu soucieux de préserver les qualités urbanistiques de Bruxelles. De cette période date le terme de bruxellisation.

Voici ce qu’écrit le baron François Schuiten :

« SPANACH Auguste (anagramme d’Anspach)

Echevin de Brüsel comme l’avait été son père, Auguste Spanach n’avait que 34 ans lorsqu’il fut élu Bourgmestre de la ville. D’emblée, il donna une impulsion décisive à la politique des Grands Travaux dont il confia l’entière responsabilité à son proche ami Freddy De Vrouw. Eclaboussé par le scandale dont ce dernier fut l’objet, Spanach mourut prématurément en 746, laissant Brüsel dans un terrible chaos ».