Histoire du cinéma allemand de 1910 à 1930
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Cet article est une chronologie commentée du cinéma allemand entre 1910 et 1930.
[modifier] Débuts timides
- Premier film : 1913 « Der Student von Pray » de Stellan Rye et Paul Wegener
- Ne se distingue pas du cinéma français et ne joue pas un grand rôle dans les 20 premières années…
- Veille de 14/18 : le cinéma allemand est pauvre niveau prod et distribution
- Malgré recherches importantes, le ciné allemand ne se développe mal alors que l’Allemagne est la deuxième puissance au monde derrière les ricains.
- Oskar Messier (Berlin) et Peter Ostermayer (Munich) se lancent dans la prod.
Ils font des films à trucs, pas d’innovations.
- Lancement de deux gros laboratoires de pélicule : Agfa et Bayer
- 1ère star découverte par Messier : Henny Porten, sans doute la première star adulée du cinéma mondial.
- Max Davidson se lance à son tour dans la prod avec comme star A. Nielsen
[modifier] L’ouverture aux théatreux
- Véritable développement à la veille de la Première Guerre mondiale (alors que les films allemands s’octroient seulement 15% des films en salles) > Il s’ouvre au théâtre.
- Le plus grand metteur en scène de théâtre : Max Reinhardt s’intéresse au cinéma.
- Développement du feuilleton écrit (Serials) à la veille de la guerre
[modifier] Quelques acteurs et actrices du cinéma allemand de cette période
[modifier] Actrices
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[modifier] Acteurs
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[modifier] La 1ère Guerre
- Bon point pour ciné allemand car beaucoup moins de films français et anglais dans leurs salles.
- Il se développe donc et à la fin de la guerre productions allemandes très riches alors que le pays est en ruines.
- Ils tuent le ciné Danois, s’imposent en Suède, Danemark et Europe centrale.
- C’est L’AGE D’OR jusqu’en 1930
[modifier] L’UFA
- Développement ciné nationaliste (avec la création de l’UFA)
- UFA = Universum Film (dirigé par Erich Pommer)
- Ne vont développer que des super productions à l’italienne (favorisés par le chômage qui donne beaucoup de mains d’œuvre et figurants pas chers)
[modifier] Après la Guerre
- Le genre comédie se développe (avec Lubitch)
- Les Serials arrivent dans les salles. Donnent une forme au film policier.
- Apparition aussi des films érotiques projetés dans les bordels et aussi films portant sur l’hygiène sexuelle.
[modifier] Le cinéma expressionniste
- Là ça devient intéressant, c’est un peu le gros plus du cinéma allemand
- 1919 : « Le Cabinet du docteur Caligari » premier film expressionniste (Manifeste du cinéma expressionniste) si ce n’était pas déjà « Student von pray » qui avait déjà un petit quelque chose d’expressionniste (un étudiant qui vend son reflet au diable).
- C’est une revendication du Moi, de l’individu
- Or vu que l’Allemagne a une éducation militaire, hiérarchisée et que les rapports entre les individus sont très « chefs / soumis », les expressionnistes dénoncent ce système.
- La première Guerre, violente, barbare, va énormément influencer les cinéastes expressionnistes
[modifier] Après la 1ère Guerre
- C’est la grande humiliation, désillusion, c’est la fin du Reich.
- La démocratie s’empare du système allemand, c’est tout nouveau.
- Chômage, inflation, chaos, désolations, l’expressionnisme y acquière ses formes ainsi que le nazisme.
[modifier] Les 3 Modes de représentation expressionniste
- Le décors :
- Expressionnisme pictural (« Caligari ») et architectural
- Films toujours tournés en studio ( sauf « Nosferatu » de Murnau)
- Décors faits de surfaces simples sur lesquels ont peut jouer avec la lumière.
- Grandes surfaces, détails simplifiés
- Mise en évidence des lignes géométriques
- La Lumière :
- Elle est capitale car après la guerre, manque de matériaux donc stylisation du décors, on va utiliser la lumière pour suggérer.
- Elle symbolise les états d’âme.
- Acteurs :
- Jeu statique et mécanique
- Paroles et gestuelles envahissent l’espace
- Gestuelles suivent les lignes géométriques
[modifier] Les 9 thèmes de l’expressionnisme
- Le Cercle et l’Angle :
- Le Cercle : Roue, manège, cirque, spirale, tambour, liane, etc.… > sont des signes du destin.
- L’Angle : Triangle, oblique, droite rompue, angle aigu, etc.… > Sont les images de la cruauté du réel qui aggrave son destin dans son environnement social
- La Ville :
- Labyrinthe, jungle, rues étroites, tortueuses, toits… > Très géométriques, représentent un climat de menace, fascination trouble, attirance morbide.
- Pont / Escalier :
- Lieux de passage, transition entre deux mondes, deux états.
- Pareil niveau lumière : passage du clair / obscure (ombres / lumières)
- La Nuit
- L’automate / Le Pantin :
- Robot, somnambule, épouvantail, clown, statue qui prend vie…
- C’est la déshumanisation, mécanisation de l’individu pour dénoncer le capitalisme, la justice bourgeoise et la militarisation.
- Le double, le reflet, l’ombre :
- Métaphore de la division, du sujet écartelé entre le bien et le mal, entre son inconscient et le conscient.
- La femme :
- Statut ambigu. Peut être démoniaque comme complice ou victime.
- A mi chemin entre la malignité du monde et la perversité de la bourgeoisie.
- Le Thaumaturge :
- Incarne la magie noire de la science et de la technique qui sont pour les expressionnistes sources d’aliénation.
- Perso du maître, du savant, du docteur sont des figures du père qui se révèle être profondément mauvais et responsables du mal qui vient de frapper l’Allemagne.
- Le Bourgeois :
- Toujours représenté dans vieux costars du 19ème (redingote et haut de forme).
- Il est puissant, supérieur hiérarchique, patron.
- Il est surtout effrayant et dérisoire.
[modifier] Grands Films expressionnistes
- « Métropolis » de Fritz Lang
- Film le + cher du cinéma allemand
- On retrouve l’homme robot, le somnambule, la machine qui asservit l’homme, l’escalier, l’homme réduit à l’état d’ombre, décors gothiques, le scientifique sorte de sorcier maléfique moderne, thème du double.
- « Les 3 lumières » de Fritz Lang (1921)
- On retrouve la mort, le thaumaturge, la jeune femme angélique, escalier médiéval (élément de transition entre deux mondes).
- Tout ça sous les traits d’un romantisme allemand du 19ème…
- « Nosferatu » de F.W. Murnau (1922)
- 1ère adaptation de « Dracula » de Bram Stocker.
- Certains codes du roman seront repris pas le cinéaste.
- Le mythe du lover vampire anglo-saxon qui éprouve beaucoup de plaisir sensuel en mordant ses proies va être revu par Murnau qui va faire du vampire un monstre laid et repoussant façon médiéval.
- Le vampire est ici le Thaumaturge absolu, une créature de l’ombre, somnambule du pays des morts.
- Le château du vampire est du type médiéval.
- La femme (qui attend que son beau brin revienne de chez le comte) est ici un être angélique.
- Le voyage du jeune homme est une peinture romantique.
- Le voyage du vampire en bateau est une prouesse technique et esthétique.
- C’est le seul film expressionniste tourné en décors naturels.
- « Faust » de F. W. Murnau (1926)
- Il y a deux mondes.
- Le thaumaturge est présent (le diable)
- La femme angélique aussi.
- La ville a une architecture de type médiéval.
- La nuit est omniprésente.
- Rôle de la Nature capital : c’est la régénérescence.
- Tourné en Studio.
- Lumière : Combat entre l’ombre et la lumière (le bien vs le mal)
- Photographie magnifique.
[modifier] Grands Réalisateurs
- Friedrich Wilhelm Murnau :
- 20 ou 21 films à son actif.
- Acteur chez Reinhardt
- Part aux US en 1926
- Murnau c’est un peu la métaphysique appliquée au cinéma
- Rôle de la Nature capital dans ses œuvres : c’est la régénérescence.
- Fritz Lang :
- Fait dans la grosse production.
- Thème récurant : la machine qui assouvi l’homme.
[modifier] Réactions à l’expressionnisme
[modifier] Le Kammerspiel Film
- Se développe le Kammerspiel film
- Kammerspiel = Théâtre de chambre
- Règle des 3 unités : Unité de Lieu, de temps, d'action
- Karl Mayer va se tourner vers le Kammerspiel Film.
- Le ciné expressionniste c’est le ciné de l’extraordinaire alors que le Kammerspiel film est le ciné de l’ordinaire (des gens dans des vies à la con).
- Ces deux mouvements sont opposés mais parlent tout de même d’une Allemagne contemporaine. L’expressionnisme est plus une métaphore alors que le ciné Kammerspiel se montre plus réaliste, plus cru.
- Le Kammerspiel Film conserve les mêmes thèmes et codes de l’expressionnisme (Angle, Cercle, Nuit, Thaumaturge, Somnambule, Jungle urbaine).
- La mise en forme et sujets restent les mêmes.
- Leopold Jessner réalisera « Hintertreppe » (1921). Il va réinventer le décors en le rendant mobile et libérer le théatre de son semblant de réalité.
- Mayer va se lancer dans l’écriture inspiré par des faits divers sordides.
- Mayer tient à parler de la condition des allemands qui ne sont pas conscients de leur situation. Ils se laissent trop aller, ne prennent rien en mains. La seul solution serait le suicide. Du coup, il invente des persos qui se rebellent contre la société.
Il écrit POUR le cinématographe, c'est-à-dire que son écriture n’est pas littéraire. Il s’exprime par les axes de prise de vue, les mouvements. Tout est visuel chez lui.
- Trilogie écrite par Mayer
- « Le rail » (1921) de Lupu Pick – C’est une tragédie du quotidien, le poids social dirige le destin des hommes, on est en plein dans la lutte des classes.
- « Sylvester »(1923) de Lupu Pick - Unité de Lieu (Restaurant), de temps (Nouvel an) et d’action (La fête du nouvel an). La règle des trois unités y est donc parfaitement respectée.
- « Le Dernier des hommes » (1924) de Friedrich Wilhelm Murnau
- Le Kammerspiel Film va s’épuiser au bout de 4, 5 ans avant l’expressionnisme, mais avant de mourir, elle va générer le Strassen Film
[modifier] Le Strassen Film
- La rue devient le décors
- Réalisme plus cru
- Les persos basculent vers la marginalité. Ils se laissent tenter par l’ivresse de la rue.
- Grand maître du Strassen : Georges Wilhem Pabst
- La rue est capitale chez lui. Il a une volonté de réalisme mais ne veut pas se détacher totalement de l’expressionnisme (rue / ville / Nuit)
- « La rue sans joie » (1925) > L’action se passe à Vienne, chez Pabst, le pouvoir est éco, la rue a deux leaders : le boucher et le bordel (qui révèlent tous deux la vrai nature de l’homme)
- C’est un discours violent, anti-bourgeois, revendicatif.
- Il tourne aussi deux films admirables à la fin des années 1920 : « Loulou » (film violent sur les hommes, film qui se veut réaliste, la femme a le pouvoir de faire tomber les masques) et « Trois pages d’un journal » avec Louise Brooks.
- Pabst revendique la « Nouvelle objectivité ».
[modifier] Conclusion
Le cinéma expressionniste va mourir de sa belle mort dans les années 1930. Il laissera derrière lui la lumière et les décors qui lui survivront. La kammerspiel Film aussi va y passer. A venir le réaliste mais aussi le cinéma fantastique américain et surtout le film noir qui sera bien sûr très influencé par l’expressionnisme.