Guy Debord

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Guy Debord (28 décembre 1931 - 30 novembre 1994) est un écrivain, théoricien et cinéaste français.

Auteur de La Société du spectacle (1967), il a été l'un des fondateurs de l'Internationale situationniste (IS), dont il a dirigé la revue.

Sommaire

1 L'internationale situationniste
2 L'auteur
3 Choix bibliographique
- 3.1 Ecrits de Guy Debord
- 3.2 Ouvrages sur Guy Debord
4 Films
5 Citations
6 Liens
7 Voir aussi

[modifier] L'internationale situationniste

Les situationnistes critiquaient à la fois la société spectaculaire-marchande à l'ouest et le capitalisme d'État à l'est, s'inspirant en cela de Socialisme ou barbarie, groupe auquel participe Debord en 1960-61. Ils prônaient l'instauration de conseils ouvriers et jouèrent un rôle clef, sinon dans la révolte, du moins dans l'imagerie de Mai 68 et eurent une influence majeure sur toute une génération de nouveaux sociologues, tel Pierre Mallet.

[modifier] L'auteur

L’œuvre de Debord se situe dans la continuité de celle de Marx, la notion de spectacle étant déjà dénoncée par Karl Marx comme une action à laquelle les hommes ne pouvaient plus participer dans le monde industriel. Il s’agit essentiellement d’une critique radicale de la domination de la valeur sur la vie. Son concept de spectacle se réfère à un mode de reproduction de la société basé sur la reproduction de la marchandise. Debord dénonce la domination de la loi marchande sur la vie. Le spectacle est l’idéologie économique, c’“est le capital à un tel degré d'accumulation qu'il devient image” (thèse 34 de La Société du Spectacle), il est l’ensemble des légitimations que la société contemporaine porte à elle-même pour assurer la reproduction de son pouvoir et de l’aliénation générale ; il "n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images" (thèse 4 de La Société du Spectacle). Sa théorie critique porte tant sur le spectacle diffus de la société occidentale, que celui concentré du capitalisme d'État des "démocraties populaires". En 1988, les Commentaires sur la société du spectacle notent la convergence récente, à l'époque, entre les deux variantes d'organisation du capital, de sociétés du spectacle, vers le stade du spectaculaire intégré. Pour montrer par l'exemple qu'une autre vie est possible, il s'attacha également à décrire dans un style très fin inspiré de grands auteurs français (Retz, La Rochefoucauld, Bossuet, Chateaubriand...) son expérience personnelle dans des livres très médités: "In girum imus nocte et consimimur igni", "Panégyrique" tome un et deux. Il profite aussi de ces ouvrages pour développer le concept du détournement de citations. Debord s'est suicidé le 30 novembre 1994. Dix ans auparavant, il avait interdit la diffusion de l'ensemble de son œuvre cinématographique en conséquence de l'assassinat de son ami et producteur Gérard Lebovici, assassinat pour lequel il avait été mis en cause dans la presse. Il avait au préalable vu certaines de ses thèses acquérir quelque notoriété, notamment outre-Atlantique (voir par exemple Koyaanisqatsi). Un certain nombre de contresens ont été émis sur ce livre et il remarquait que certains avaient cru, pour reprendre un mot d'Ebenezer Njoh-Mouellé, “en assimiler d'emblée l'essence en s'étant contentés d'en lire le titre”.

[modifier] Choix bibliographique

[modifier] Ecrits de Guy Debord

Les écrits de Guy Debord ont été réunis en un volume d'Œuvres (Gallimard, 2006).

Y figurent notamment : Rapport sur la construction des situations (1958 ; Mille-et-Une Nuits, 1999), Mémoires (avec Asger Jorn, 1958 ; Pauvert, 1993 ; Allia, 2004), La Société du spectacle (Buchet-chastel,1967 ; Champ libre, 1971 ; Gallimard, 1992), La Véritable Scission dans l’Internationale (Champ libre, 1972 ; Fayard, 1998), Œuvres cinématographiques complètes (Champ libre, 1978 ; Gallimard, 1994), Préface à la quatrième édition italienne de « La Société du spectacle » (Champ libre, 1979 ; Gallimard, 1992), Considérations sur l’assassinat de Gérard Lebovici (Gérard Lebovici, 1985 ; Gallimard, 1993), Commentaires sur la société du spectacle (Gérard Lebovici, 1988 ; Gallimard, 1992), Panégyrique, tome premier (Gérard Lebovici, 1989 ; Gallimard, 1993), In girum imus nocte et consumimur igni. Édition critique (Gérard Lebovici, 1990 ; Gallimard, 1999), « Cette mauvaise réputation... » (Gallimard, 1993), Des contrats (Le Temps qu'il fait, 1995), Panégyrique, tome second (Fayard, 1997), La planète malade (Gallimard, 2004).

On peut y ajouter : Fin de Copenhague (avec Asger Jorn, 1957 ; Allia, 1986), Le "Jeu de la Guerre" (avec Alice Becker-Ho ; Gérard Lebovici, 1987 ; Gallimard, 2006).

Correspondance : Correspondance (6 volumes parus, Fayard, 1999-2006, dont le dernier en date à paraître fin 2006 couvre la période allant de janvier 1979 à décembre 1987), Le marquis de Sade a des yeux de fille (Fayard, 2004). Jean-François Martos, Correspondance avec Guy Debord (Le fin mot de l'histoire, 1998)

[modifier] Ouvrages sur Guy Debord

Jean-Marie Apostolidès, Les Tombeaux de Guy Debord (Exils, 1999 ; Champs-Flammarion, 2005)

Daniel Blanchard, Debord, dans le bruit de la cataracte du temps (Sens & Tonka, 2002)

Christophe Bourseiller, Vie et mort de Guy Debord (Plon, 1999 ; Presses Pocket, 2002)

Antoine Coppola, Introduction au cinéma de Guy Debord et de l'avant-garde situationniste (Sulliver, 2003 ; édition augmentée, 2006)

Boris Donné, Pour "Mémoires" (Allia, 2004)

Shigenobu Gonzalves, Guy Debord ou la beauté du négatif (Mille et une nuits, "les petits libres", 1998 ; Nautilus, 2002)

Cécile Guilbert, Pour Guy Debord (Gallimard, 1996)

Anselm Jappe, Guy Debord (Sulliver-Via valeriano, 1995 ; Denoël, 2001)

Asger Jorn, Guy Debord ou le problème du maudit (1964 ; Colophon, 2001)

Vincent Kaufmann, Guy Debord, la révolution au service de la poésie (Fayard, 2001)

Mathurin Maugarlonne, A la rencontre des disparus (Grasset, 2004)

Frédéric Schiffter, Contre Debord (Distance, 1997 ; PUF, 2004)

Toulouse-la-rose, La véritable biographie maspérisatrice de Guy-Ernest Debord : considérée sous ses aspects orduriers, cancaniers, folkloriques, malveillants, nauséabonds, fielleux, et notamment vulgaires et du manque de moyens pour y remédier... (Talus d'approche, 2000)

Œuvres romanesques : Alice Becker-Ho, Là s'en vont les seigneuries (Le Temps qu'il fait, 2003) ; Michèle Bernstein, Tous les chevaux du roi (1960 ; Allia, 2004). Bertrand Delcour, Blocus solus (Gallimard, 1995)

[modifier] Films

Hurlements en faveur de Sade (1952)
Sur le passage de quelques personnes à travers une assez courte unité de temps (1959)
Critique de la séparation (1961)
La Société du spectacle (1973)
Réfutation de tous les jugements, tant élogieux qu'hostiles, qui ont été jusqu'ici portés sur le film « La Société du spectacle » (1975)
In girum imus nocte et consumimur igni (1978)
œuvres cinématographiques complètes (augmentée du téléfilm "Guy Debord, son art, son temps") disponible en coffet 3 dvd : http://www.guydebordcineaste.com/
A propos du cinéma de Debord : http://parolesdesjours.free.fr/nonchalance.pdf

[modifier] Citations

« Il est juste de reconnaître la difficulté et l’immensité des tâches de la révolution qui veut établir et maintenir une société sans classes. Elle peut assez aisément commencer partout où des assemblées prolétariennes autonomes, ne reconnaissant en dehors d’elles aucune autorité ou propriété de quiconque, plaçant leur volonté au-dessus de toutes les lois et de toutes les spécialisations, aboliront la séparation des individus, l’économie marchande, l’État. Mais elle ne triomphera qu’en s’imposant universellement, sans laisser une parcelle de territoire à aucune forme subsistante de société aliénée. Là, on reverra une Athènes ou une Florence dont personne ne sera rejeté, étendue jusqu’aux extrémités du monde ; et qui, ayant abattu tous ses ennemis, pourra enfin se livrer joyeusement aux véritables divisions et aux affrontements sans fin de la vie historique. » Préface à la quatrième édition italienne de La Société du Spectacle (1979)
« Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux. » thèse 9 de la SdS
« Le spectacle est le mauvais rêve de la société moderne enchaînée, qui n'exprime finalement que son désir de dormir. » -- dans la thèse 21, la société du spectacle
« La séparation est l'alpha et l'oméga du spectacle. » thèse 25 de la SdS
« Une société toujours plus malade, mais toujours plus puissante, a recréé partout concrètement le monde comme environnement et décor de sa maladie, en tant que planète malade. Une société qui n'est pas encore devenue homogène et qui n'est pas déterminée par elle-même, mais toujours plus par une partie d'elle-même qui se place au-dessus d'elle, qui lui est extèrieure, a développé un mouvement de domination de la nature qui ne s'est pas dominée lui-même. Le capitalisme a enfin apporté la preuve, par son propre mouvement, qu'il ne peut plus développer les forces productives ; et ceci non pas quantitativement , comme beaucoup avaient cru le comprendre mais qualitativement. » La planète malade