Culture des Comores
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Culture d'origine Swahili des habitants de l'archipel des Comores, constitué des Grand-Comoriens, Anjouanais, Mohéliens, Mahorais et Sabénas1
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[modifier] Introduction
La population des Comores, pour une grande part d'origine ethnique bantou, est essentiellement musulmane sunnite de rite chaféite. La religion structure en grande partie la société, mais de nombreuses coutumes et schémas sociaux propres aux peuples d'Afrique de l'Est (culture swahilie), sont profondément ancrés dans la vie de tous les jours :
- Famille matriarcale,
- Regroupement par classe d'âge et rites initiatiques ou de passages…
- Chaque Comorien, possède un lien très fort avec son village d'origine (ethnie) et entretient des liens privilégiés avec les membres de son village.
- La tradition de l'accueil et de l'hospitalité.
La richesse, l'ambiguïté, le génie et donc le fondement même de la société comorienne est la recherche d'équilibre permanent entre diverses traditions quelquefois contradictoires. Ainsi tout s'oppose : matriarcat/islam, tradition comorienne bantou/modernité à la française, etc. sans jamais s'exclure.
[modifier] Les fêtes culturelles/religieuses
- Les maoulides, fêtes pour marquer la naissance de Mahomet
- Le grand mariage, le Enda en shikomori
- les twarab
- les « ides » (Aïd el fitr et Aïd el-Kebir)
- Enterrements
- Les Majilis, réunion de femmes
- Circoncisions: elles ont lieu vers 3-4 ans, cérémonie extrêmement difficile à supporter pour un non averti.
[modifier] La structure sociale
Comme de nombreuses sociétés bantoues l'individu n'est rien face au groupe. L'appartenace au groupe est le fondement de la société et toutes mises à l'écart est la plus sévère des punissions. Aux Comores l'appartenance se définit d'abord par le village d'origine ensuite par l'apartenance à des sociétés de type initiatique. Ces liens forment un quadrillage qui défini un individu.
D'autre part si déjà aux Comores, les comoriens ont une tendance forte à se regrouper par communauté d'origine et même de village, ce comportement est encore plus marquant à l'étranger ou les communautés d'îles différentes n'ont pratiquement aucun contact entre elle.
[modifier] Les classes sociales
La société issue du mélange arabo-bantou du XIIe siècle au XVe siècle forme les fondements de la culture comorienne. Cette société qui s'appuie sur l'esclavage et le clientélisme possède plusieurs classes distinctes. La plus importante numériquement est celle des gens libres (wangwana), elle même très hiérarchisée en fonction de l'importance sociale de la famille dans le village de naissance. Les gens du palais (wakabaila) sont les descendants arabo-perso-africains, ce sont les nobles. Les serviteurs de ces nobles, issues de familles clientes. Les sociétés socio-professionnelles regroupées dans les villes ou dans les villages de pêcheurs, jugées inférieurs par les gens libres. Les commercants, grands voyageurs, bénéfiçiaient d'un status particulier.
[modifier] La société de type initiatique
Comme typiquement dans les sociétés bantoues, il existe une organisation de la population en classes d'âge (Hirimu en Grande Gomores, Shikao à Mohéli) et en différents mérites ou rituels accomplis. Cette organisation permet un certain mixage sociale qui sert à la fois d'échapatoire, un amis, meme noble peu y être brocardé par exemple et d'assenceur sociale. L'aboutissement de cette organisation est le Grand mariage. La signification des rituels et l'importance sociale que cela génère diffère selon les îles. Les grands moments de ces rituels sont les sacrifices et les partages de boeufs qui révèlent la structure de la hiérarchie sociale.
En Grande Comore, la situation est plus hiérarchisée que dans les autres îles. Le pouvoir obtenu par l'obtention de ce status engendre des situations et des comportements très particulier. On estime que cette coutume en Grande Comore est un frein au développement.
Les Wandru Wadzima, les hommes accomplis :
- Mfomandji (Mfaumé roi), littéralement rois du village
- Wabaladjumbé, littéralent ceux du centre
- Wanazikofia, ceux qui pourte le Kofia
Les Wanamdji en Grande Comore et wanahirimu dans les autres île, qui n'ont pas fait le grand mariage
- Maguzi, adulte
- Wafomandji, chef des enfants
- Wzuguma
- Washondjé, ceux qui fond les corvés
[modifier] La famille
La famille traditionnelle est matriarcale, ce qui ne va pas sans contradiction avec la tradition musulmane. Les règles sont codifiées et très logiques si l'on accepte ce système. Ceci a pour conséquence :
- Un mari vit chez sa femme, qui est propriétaire de la maison. Chez lui, c'est chez sa sœur ou sa mère.
- Seules les femmes peuvent hériter mais elles n'ont jamais l'usufruit de leur bien. C'est leur oncle maternel ou le frère à défaut qui en est gérant.
- Un homme a le devoir de s'occuper matériellement de ses sœurs et nièces (filles de ses sœurs uniquement) puis éventuellement ensuite de ses filles.
- Deux cousins issus de frère sont considérés comme éloignés, alors que des cousins à la 4e génération, issus de femme (uniquement) sont considérés comme très proches.
- De nombreux problèmes de consanguinité apparaissent
- Un homme, si cela est nécessaire doit se ruiner pour ses nièces, sans quoi le déshonneur le guette.
Le système de l'honneur est également particulier. La plus grande punition que l'on peut infliger à un homme, c'est l'ostracisme. Vivre seul est la plus grande malédiction que l'on puisse souhaiter à un homme, aussi à cette idée, tous rentrent dans le rang.
L'adoption est également une pratique courante, l'enfant dit alors maman à plusieurs femmes, et il sait parfaitement qui est sa génitrice. Une femme adopte, mais l'autre n'abandonne pas, la mère confie l'enfant parce que la mère adoptive a envie d'en avoir un avec elle, parce qu'elle ne peut plus en assurer la garde, etc. Si le besoin s'en fait sentir, l'enfant peu fort bien retourner vivre avec sa mère biologique, ou une autre…
Les divorces sont courants, il n'est pas rare pour une femme de se marier plusieurs fois.
Il existe plusieurs sortes de mariage et ils n'ont pas tous la même valeur sociale dans chacune des îles. Le mariage festif et de notoriété s'appelle grand mariage. C'est le but de tout homme et femme respectable.
Les mariages forcés entre jeunes filles et vieux messieurs (il faut être riche donc souvent vieux pour s'offrir un grand mariage) sont de moins en moins acceptés et restent une préoccupation des jeunes filles même s'ils deviennent rares. Ce thème est très présent dans les concours de nouvelles pour lycéens organisés dans la COI auxquel les Comores participent.
[modifier] La religion et les croyances
[modifier] Les pratiques magiques
Issu des croyances africaines, le savoir-faire des Comoriens dans l'occultisme est très réputé dans l'océan Indien. Ali Soilih, dirigeant de l'État Comorien entre 1975 et 1978 a fermement poursuivi et persécuté les auteurs de ces pratiques (ulémas qui sont aux Comores les gardiens de toutes les traditions).
[modifier] Les pratiques de l'islam
L'archipel a été islamisé du XIIe au XVe siècle. [1] L'islam pratiqué est un islam tolérant de rite chaféite. Surtout dans l'Union des Comores, les enfants ont pour premier lieu de formation l'école coranique ou ils apprennent à lire et écrire en caractère arabe et à réciter les versets. Il n'est pas rare d'y rencontrer des personnes se réclamant du soufisme. En Grande Comore, les ulémas s'attachent à garder vivante les coutumes issues d'Afrique ainsi que les pratiques islamiques. Ces deux héritages sont quelquefois en contradiction ce qui colore d'une façon très originale l'islam des Comores. On peut citer par exemple dans cette île :
- La situation des femmes (qui peut sembler plus favorable)
- Les cérémonies en mémoires des morts (qui font penser aux rites vaudous)
- La tolérance à écrire des sourates du Coran sur les vêtements
- La présence de rite "magique"
etc.
[modifier] Les enjeux et transformations
Dans l'Union des Comores, l'équilibre est instable. En effet, de nombreux étudiants obtiennent des bourses d'étude pour aller étudier la religion dans les pays arabes et reviennent enseigner des principes qui peuvent être en contradiction avec la tradition. Plusieurs pays du Golfe, par l'intermédaire de financement de mosquée et de centre de formation, tentent d'introduire un islam plus rigoureux de type wahabite. Certains voient dans ces changements la volonté des autorités locales et religieuses de s'affranchir de l'influence de la France. A contrario, à Mayotte, la société subit une certaine sécularisation du fait de l'abandon de la loi islamique locale pour la loi française. D'autre part, comme dans l'ensemble des pays de la région, se développe dans les îles, un islamisme plus radical, qui conduit certains à des voies violentes. Même si cet islam laisse incrédule la plupart des habitants des îles, son audience augmente notamment par mimétisme.
[modifier] L'habillement
Très attaché à leur lignée, chacun respecte les costumes caractéristiques et surtout les couleurs caractéristiques que leur village possède. Les différences de costumes sont surtout notables pour ceux des femmes. La couleur d'un foulard de femme (chiromanie en shikomori) indique, encore en 2005, l'île d'origine de cette femme. Les détails des vêtements indiquent le niveau dans la hiérarchie coutumière (célibataire, grand mariage, hadge…) Une des pièces les plus originale des costumes des hommes est le « Kofia à trou », sur lequel des paroles du coran sont souvent cousues.
[modifier] Les langues
Il existe trois langues officielles dans l'Union des Comores : le shikomori ou comorien, l'arabe et le français. Mayotte étant un territoire sous administration française, la langue officielle est le français. De nombreux Comoriens parlent également le malgache ou Shibushi pour différentes raisons :
- une très nombreuse communauté comorienne vit à Madagascar, ce qui facilite les échanges entre Madagascar et les îles de l'archipel.
- un tiers des Mahorais sont directement d'origine malgache
[modifier] La cuisine
Comme la cuisine créole, elle est influencée par les cuisines indienne, arabe, malgache et africaine.
Les aliments de base les plus consommés sont le riz, le manioc et les bananes plantains (ndrovi). La noix de coco est la base de nombreuses sauces.
On peut signaler les savoureuses spécialités suivantes :
- Poulet (ou poisson) et bananes plantains sauce coco, présenté bien sûr avec du riz.
- Le mataba : feuilles de manioc ou de taro pilées dans un mortier et cuites très longuement dans du lait de coco, incluant ou non un émincé de poisson, le tout présenté avec du riz.
- Nsambou ou (fr:sagou) : spécialité unique. Ce sont des noix séchées puis enterrées cinq jours pour en assurer la fermentation. Elles sont cuites enfin dans du lait de coco. Les curieux adoreront. Les autres, effrayés par une légère odeur inconnue, fuiront.
- Mkatécinia : gâteau de farine de riz et de lait de coco (un peu lourd).
- Mkaté Goudougoudou : gâteau au goût de cardamome, d'aspect marron.
- Les tangues : comme dans tout l'océan Indien on mange, mais essentiellement les hommes, les tangues, insectivores de la famille des tanguicités, qui ressemblent aux hérissons.
- Donace (sorte de beignets sucrés et frits), provenant de Zanzibar et qui seraient l'héritage de l'influence anglaise "donuts".
- Maélé na dzyoi : riz accompagné de lait caillé et parfois sucré au miel.
- Maélé na rougaï : riz accompagné d'une sauce à base de tomates et d'oignons.
- Frapa la Pvahwa:plat speciale pour la ville de mitsoudjè; du fruit à pain preparé à base de poisson et plein d'epices jaunatre qui lui donne l'aspect jaune;j'avoue qu'il est bon à manger mais qu'il reside le secret des mitsoudjéens.
On y savoure aussi des plats et spécialités directement d'origine indienne :
[modifier] Note
Les Sabenas sont des Comoriens chassés en masse de Madagascar début 1977, ce nom leur provient de la compagnie belge qui les a secourus. En effet, un "pogrom" c'est déclanché à Majunga vers la fin du mois de décembre 1976, perpetré par les Betsimisaraka et des Antandroy, deux tribues malgaches, contre une population d'origine comorienne. Les premières évacuations ont eu lieu début janvier 1977 par des bateaux "Ville de Tuliéar" et "Ville de Manakara", enfin par la ligne aérienne belge Sabena. Ces Comoriens installés sur la côte nord de Madagascar depuis des génération, sont le cinquième groupe culturel qui forme « les Comoriens ».
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
[modifier] Bibliographie
- Contes et légendes des Comores, auteur Hatubou s, éditeur Flies France, (ISBN 9782910272296)
[modifier] Liens externes
- (fr) Cuisine de Mayotte et des Comores (Recettes traditionnelles, informations, lexique français-shimaore-kibushi, jeux interactifs… proposés par les élèves du collège de M'tsangamouji).
[modifier] Sources
- ↑ L'Afrique et l'Europe, Philippe Lemarchand (dir.), éditions Complexe, 1994