Constantin Pobiedonostsev
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Vous avez de Constantin Petrovitch Pobiedonostsev (18 décembre 1827-23 mars 1907), précepteur des tsars Alexandre III et Nicolas II et membre de leurs Conseils des ministres pendant plus de vingt-cinq ans, a été un personnage influent dans la politique intérieure de cette époque.
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[modifier] Début de carrière
Né à Moscou, Pobiedonostsev a été professeur de droit à l'université de cette même ville de 1860 à 1865. Il publie alors un traité de droit politique qui le fait connaître à la Cour impériale de Saint-Pétersbourg. Alexandre II l'y fait mander pour qu'il devienne le précepteur de son fils héritier, Alexandre Alexandrovitch, le futur Alexandre III.
Son influence sur lui sera décisive. Le parlementarisme est la plus grande tromperie de notre temps, déclare-t-il. Selon lui, le pouvoir russe doit reposer sur deux piliers, l'autocratie et la bureaucratie. L'autocratie elle-même doit s'appuyer sur l'Église orthodoxe qui la légitime.
Le nationalisme russe doit être dominateur et a le devoir d'écraser les formes de nationalité dans les provinces. La Pologne, la Finlande, l'Ukraine doivent se conformer aux directives de Moscou, leurs vues n'ayant aucune espèce d'importance. La moindre velléité, la moindre opposition doivent être écrasés dans l'œuf.
Pobiedonostsev enseigne également au tsarévitch que tous les problèmes de la Russie viennent des Juifs qui, selon lui, savent s'immiscer partout et sapent les fondements de la société. Leur élimination devrait constituer un objectif à long terme.
Précepteur d'Alexandre jusqu'en 1868, Pobiedonostsev est ensuite nommé sénateur. En 1872, il devient membre du Conseil impérial puis, en 1880, Alexandre II le nomme haut-procureur du Saint-Synode, qui est en quelque sorte une sorte de ministre du Culte. Non seulement administre-t-il l'Église orthodoxe, mais toutes les religions de l'Empire se trouve sous sa juridiction.
[modifier] Sous Alexandre III
En 1881, l'assassinat d'Alexandre II met fin à une certaine politique libérale adoptée pour faire taire une opposition de plus en plus grandissante. Pobiedonostsev devient, avec l'avènement d'Alexandre III, un personnage tout puissant qui va lui conseiller fortement de mettre fin aux réformes de son père. Le ministtre de l'Intérieur, Michel Loris-Melikov, demande une libéralisation progressive et modérée du régime mais le haut-procureur s'y oppose car, selon lui, elle dérivera à terme vers un système constitutionnel.
Il est le principal rédacteur du Manifeste de mai 1881 qui décrète que toute réforme politique deviendra incontrôlable car elle signifiera à moyen terme la fin de l'autocratie et le début d'un parlementarisme libéral.
Sa politique ouvre la voie à une russification brutale des provinces aux limites de l'Empire. La Finlande et la Pologne subissent une oppression grandissante. De nombreux pogroms se multiplient dans les quartiers juifs des villes.
Pobiedonostsev instaure des réformes rétrogrades en éducation et dans la justice. Il ne fait pas confiance au réseau d'écoles élémentaires financées par les zemstvos car il croit qu'elles ne délivrent pas l'enseignement adéquat. En 1884, il crée des écoles primaires rattachées aux églises. Ces écoles de paroisse lui conviennent mieux car leurs enseignants sont contrôlés par l'Église et l'État, ce qui empêche selon lui la subversion.
Avec l'accord du tsar, Pobiedonostsev met à mal la réforme judiciaire créée par Alexandre II. Les juges peuvent de nouveau être remerciés et remplacés; la publicité des procès est limitée; les types de crimes rendus par les jurés sont réduits. D'ailleurs il déteste les jugements rendus par les jurés en critiquant leur impréparation et leur ignorance. Il conseille au tsar de les supprimer mais celui-ci décide de ne pas le suivre sur ce point.
Au cours des dernières années de son règne, Alexandre III commence à lui faire moins confiance. Il lui confie tout de même l'éducation politique de son fils Nicolas Alexandrovitch, futur Nicolas II.
[modifier] Sous Nicolas II
Dès son avènement, les zemstvos supplient Nicolas II d'instaurer au plus vite des réformes libérales à l'exemple de son grand-père. Pobiedonostsev lui dicte une partie du Manifeste qu'il publie comme réponse : Tout le monde doit savoir que, consacrant toutes mes forces au bien du peuple, je maintiendrai le principe de l'autocratie aussi fermement et constamment que le fit mon inoubliable père.
La répression contre les Juifs prend une nouvelle ampleur au début du règne. L'État va même jusqu'à encourager les pogroms. En 1901, c'est dans les bureaux du ministère de Pobiedonostsev que sont rédigées les Protocoles des Sages de Sion, des faux qui tentent de démontrer comment des rabbins et des banquiers tentent de planifier la domination juive mondiale.
En 1899, devant les troubles universitaires qui se multiplient, la commission Vannovski demande de revenir aux dispositions libérales de l'époque d'Alexandre II. Sur les conseils de Pobiedonostsev, Nicolas II décide de ne pas en tenir compte. S'ensuivent une série d'attentats auxquelles le procureur échappe de peu en 1903.
Son influence commence à décliner cette même année lorsqu'il tente de s'opposer à la politique agressive en Extrême-Orient qui mènera à la guerre russo-japonaise.
En janvier 1905, la Révolution éclate. Dans un Manifeste, Pobiedonostsev déclare qu'il faut maintenir l'autocratie et imposer un retour à l'ordre. Il démissionne à l'automne lorsque Serge Witte annonce l'instauration d'une Constitution avec des élections et un Parlement.
Pobiedonostsev décède à Saint-Pétersbourg le 23 mars 1907.
[modifier] Sources
- Heller, Michel. Histoire de la Russie et de son empire, Plon, 1997.
- Carrère d'Encausse, Hélène. Nicolas II. Fayard. 1996.
