Bad Lieutenant
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Bad Lieutenant est un film américain réalisé par Abel Ferrara, sorti en 1992.
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[modifier] Synopsis
À New York, la plongée aux enfers d'un flic corrompu et drogué qui trouve une sorte de rédemption désespérée dans son enquête sur le viol d'une religieuse.
[modifier] Commentaires
[modifier] Un homme
Ce film raconte une histoire. Non, on ne peut pas vraiment parler d'histoire : plutôt une métaphore, une fable, une hallucination. Sur un homme. Non, on ne peut pas vraiment parler d'homme : plutôt un sous-homme, un déchet, une hallucination. Qui vit une déchéance. Non, on ne peut pas vraiment parler de déchéance : plutôt une dégénérescence, une hallucination, une stagnation.
Car au final ce lieutenant n'évolue pas : il meurt, mais il n'a jamais été vraiment vivant, à peine survivant, parvenant vainement à se frayer un passage, entre deux sursauts, dans ces lieux qu'il a réussi, on ne sait trop comment, à s'imposer comme habitude - l'église, le dealer, les scènes de crimes, les matches de baseball, le home sweet home menacé d'explosion. Il a réussi à engrosser une femme, afin d'en tirer des enfants, encore plus illusoires que leur père. Il a réussi à devenir policier, afin de récupérer sa drogue quotidienne et de quoi alimenter ses paris. Il a réussi à se trouver une compagne de défonce, afin de ne pas avoir à se piquer lui-même. Et finalement la seule chose qu'il fait, dénicher les criminels, sera immédiatement suivi de sa mort.
[modifier] Un dieu
On ne peut alors que difficilement parler de ce film, vu que les protagonistes eux-mêmes ne sont pas capables de se parler, ou alors qu'à Jésus. Mais que peut-il faire dans ce monde ? Il y est présent, et constamment, il souffre, plus que n'importe quel être humain, il leur révèle la vérité quand on le lui demande, mais qu'a-t-il à voir avec cet univers qu'il est censé avoir engendré ? Car il n'est pas question d'enfer, ce n'est que la faiblesse humaine qui est en cause, et seulement l'humaine, celle qui le pousse à la facilité la plus stérile, à la vénalité la plus accessible, à l'hallucination la plus extrême, celle qui lui permettra de ne jamais réaliser ce qu'il fait. Drogué dès le matin, littéralement, religieusement ou professionnellement, l'homme ne peut plus rien faire de lui-même et dans ce cumul de péchés qu'il a soigneusement constitué, Dieu n'a vraiment plus guère de recours.
[modifier] Une morale ?
Alors on s'occupe : on parie, on se drogue et on commet des crimes. L'une se réfugie dans la religion, mais au prix de nier toute réalité, jusqu'à celle de son propre viol. L'autre s'essaie à résoudre ce viol, mais au prix de ne même pas pouvoir arracher un seul mot à la victime. Et le mauvais lieutenant fait le lien entre toutes ces histoires. Ou alors n'est-ce que la caméra, perpétuellement collée à son héros, présent lui à chaque scène, si ce n'est à chaque plan, qui nous illusionne sur un possible lien à imaginer dans ces histoires. Et voilà que l'on s'aveugle à vouloir trouver une histoire, un déroulement, une ligne de conduite. Mais Abel Ferrara n'en est pas à son coup d'essai et sait très bien qu'entre tout ça rien n'existe : une simple histoire de coïncidences, avec justement plus ou moins d'incidences. Peut-être l'être humain est-il comme ça mais c'est déjà essayer de tirer une morale de tout cela. Peut-être est-ce la faute à Dieu mais il n'y a pas non plus de religion. Peut-être est-ce la faute à rien, mais vu comme ce rien est drôlement plein de laideurs et d'immondices, on est mal barré...
Pauvres hommes, complaisez-vous alors dans vos illusions, tirez-en votre constant espoir d'amélioration, de positivisme, de salut. Mais il est de bien pire réalité : ce film, cette relecture négative de toute la destinée humaine, cette vision d'un réalisateur qui a enfin le cran de montrer ce que chacun se cache. Alors contemplez, admirez, zyeutez et hallucinez : ô certes, pour vous, pour moi, pour nous, la vie ne se résume pas à cela, trente siècles de philosophie ne peuvent pas conduire à un tel néant ! Si nous apprend-on...
[modifier] Fiche technique
- Titre : Bad Lieutenant
- Réalisation : Abel Ferrara
- Scénario : Abel Ferrara et Zoë Lund
- Production : Mary Kane, Edward R. Pressman, Randy Sabusawa, Patrick Wachsberger et Ronna B. Wallace
- Musique : Joe Delia
- Photographie : Ken Kelsch
- Montage : Anthony Redman
- Décors : Charles M. Lagola
- Pays d'origine : États-Unis
- Format : Couleurs - 1,85:1 - Stéréo - 35 mm
- Genre : Policier
- Durée : 96 minutes
- Dates de sortie : 16 septembre 1992 (festival de Toronto), 20 novembre 1992 (États-Unis), 10 mars 1993 (France)
- Film interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en France
[modifier] Distribution
- Harvey Keitel : Le lieutenant
- Frankie Thorn : La religieuse
- Victor Argo : Un policier
- Paul Calderon : Un policier
- Leonard L. Thomas : Un policier
- Zoë Lund : Zoe
[modifier] Récompenses
- Prix du meilleur acteur (Harvey Keitel) et nomination au prix du meilleur film, lors du festival Fantasporto 1993.
- Prix du meilleur acteur (Harvey Keitel) et nominations aux prix du meilleur film et meilleur réalisateur, lors des Independent Spirit Awards 1993.
[modifier] Voir aussi
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