Musée Magnin

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LA COLLECTION MAGNIN

Jeanne (1855-1937) et Maurice (1861-1939) Magnin constituèrent une collection de peintures, mais aussi de dessins, objets d’art, sculptures et mobilier. Dès les premières années du XXème siècle se profila le souhait d’en faire don à l’Etat. Après le décès de sa sœur, Maurice Magnin légua en 1938 à la Réunion des musées nationaux sa collection qu’il avait lui-même installée dans le musée. Il ne souhaitait pas la voir s’agrandir par des acquisitions. Le 16 janvier 1938, le musée fut inauguré ; l’année suivante fut marquée par le décès du donateur. Le 7 juillet 1947, le musée devint national.

Maurice Magnin, conseiller maître à la cour des Comptes, se forma pour une grande part en parcourant l’hôtel Drouot où il recherchait dans les ventes, souvent anonymes, des peintures à des prix modiques. Quant à Jeanne, formée à la peinture notamment par Henri Harpignies, elle est davantage connue comme historienne d’art (articles, catalogues des musées de Besançon et Dijon, ouvrages sur le romantisme et le paysage). La connaissance qu’elle avait des collections des musées a pu avoir une influence sur leurs acquisitions. Tous deux ont eu le souci d’évoquer les différentes tendances artistiques en France et à l’étranger. Une volonté pédagogique semble bien présider à l’aménagement du musée. Leur conception n’est en fait pas si éloignée de celle de Léon Bonnat qui, selon ses termes, avait “ essayé de donner par ce petit musée un aperçu général de l’art ”. Les Magnin amassèrent environ 1100 peintures qui témoignent d’une volonté d’acquérir des œuvres peu convoitées, comme le soulignait dès 1938 Jean-Gabriel Goulinat, leur ami et restaurateur de peintures au musée du Louvre.

La visite du musée débute par les salles consacrées aux écoles du Nord, dans lesquelles il est possible d’admirer entre autres des œuvres de Roelant Savery, Abraham van den Tempel, Bartolomeus van der Helst et Gérard de Lairesse. Le Festin des Dieux de Jan van Bijlert fut réalisé au cours de la période classique de cet artiste d’Utrecht, influencé par le caravagisme.

Parmi les écoles étrangères, l’art italien est le mieux représenté au musée, notamment avec l’école vénitienne du XVIème - dont Le Christ et la femme adultère de Giovanni Cariani est l’une des œuvres maîtresses de la collection -, du XVIIIème (Giambattista Tiepolo, Giovanni Antonio Pellegrini...), ainsi qu’avec les écoles lombardes et napolitaines (Giuseppe Danedi dit Montalto, Giovanni Battista Cerano ou bien Corrado Giaquinto, Gaspare Traversi...). Un choix judicieux a permis aux Magnin de constituer un ensemble exceptionnel de peintures du XVIIème siècle français. Les deux Putti musiciens de Laurent de La Hyre, Le Songe de Poliphile d’Eustache Le Sueur ou encore la Sainte Famille de Sébastien Bourdon illustrent bien l’art parisien des années 1640-1650.

Le XVIIIème siècle n’est pas pour autant négligé, mais il faut davantage y chercher des esquisses (Hyacinthe Collin de Vermont, Michel-François Dandré-Bardon, Jean-Baptiste-Marie Pierre) que des peintures des grands maîtres comme Antoine Watteau, Jean-Honoré Fragonard ou Jean-Baptiste Chardin dont les œuvres acquises par les Magnin ne sont plus acceptées sous ces attributions.

En ce qui concerne le XIXème siècle, ils ont fait preuve d’un goût original. Il faut moins y chercher les artistes phares du néo-classicisme, du romantisme ou du réalisme que des peintures de François-Xavier Fabre, Pauline Gauffier, Charles Meynier ou encore les subtils et rarissimes paysages d’Anne-Louis Girodet pour la période post-révolutionnaire. Un goût pour les œuvres intimistes de la période de 1830 est évidente (François-Marius Granet, Etienne Bouhot) ou encore pour la peinture romantique, Alphonse Roehn, Paul Delaroche, Alexandre-Evariste Fragonard, Louis-Auguste Couder, ou Eugène Devéria.

L’originalité de cette collection réside aussi dans la variété des artistes représentés et dans la curiosité que les Magnin ont témoigné pour les écoles provinciales. D’origine bourguignonne, Jeanne et Maurice se sont intéressés aux peintres de la région et de Franche-Comté. Citons parmi les œuvres du musée, celles de Jean Bardin, Bénigne Gagnereaux, ou encore Jean-François-Gilles Colson et Jean-Claude Naigeon.

Riche de plus de 600 peintures, l’école française est un des points forts de la collection de Jeanne et Maurice Magnin. Elle a été publiée en octobre 2000 sous forme de catalogue sommaire par la Réunion des Musées nationaux, avec le soutien de la Lyonnaise de Banque.

Le musée Magnin n’est pas seulement consacré aux peintures. Il rassemble également un très bel ensemble de dessins des écoles françaises et étrangères et offre aux amateurs de mobilier, objets d’art et sculptures, un choix d’œuvres séduisantes. Ces derniers pourront s’arrêter devant le Secrétaire de dame à double pente estampillé Bon Durand (maître en 1761) ou encore devant la sobre Commode de Courte, ébéniste dijonnais.

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