Marguerite Audoux
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Marguerite Audoux est une romancière française (1863-1937).
[modifier] Biographie
Marguerite Donquichote naît à Sancoins, dans le centre de la France, le 7 juillet 1863. À l’âge de trois ans, elle perd sa mère, et son père abandonne ses deux filles. Marguerite et Madeleine (l’aînée), d’abord confiées à une tante, passent neuf années à l’orphelinat de l’Hôpital général de Bourges. Marguerite est placée de 1877 à 1881, en tant que bergère d’agneaux et servante de ferme, en Sologne. Les deux dernières années de cette période sont marquées par la rencontre d’Henri Dejoulx, avec qui la jeune fille vit un amour payé de retour, mais auquel la famille d’Henri, par peur d’une mésalliance, met un terme. L’orpheline monte alors sur Paris, où elle vit des années noires en exerçant le métier de couturière, que le chômage la contraint de faire alterner avec d’autres travaux pénibles (à la Cartoucherie de Vincennes, et dans la buanderie de l’Hôpital Laënnec). Pendant ces années de misère, en 1883, elle a un enfant qui ne survit pas, et qui lui vaut, au terme d’une grossesse et d’un accouchement pénibles, une stérilité définitive. À la même époque, sa sœur Madeleine lui laisse sa fille Yvonne, que la future romancière élève, en dépit des difficultés financières auxquelles elle est confrontée. C’est précisément cette nièce qui, sans bien sûr en avoir conscience, va favoriser la carrière littéraire de sa mère adoptive : la jeune fille volage, à seize ans, se prostitue, à l’insu de sa tante, dans le quartier des Halles de Paris ; or, un jeune homme, qui ignore également le commerce auquel elle s’adonne, s’éprend d’elle. C’est Jules Iehl, alias Michel Yell en littérature, un ami d'André Gide. Quand il prend conscience de la situation, il va voir la tante, avec qui il se console si bien que leur relation ne prendra fin qu’en 1912. Yell fait rencontrer à son amie un groupe d’intellectuels, des écrivains et des artistes parmi lesquels figurent Charles-Louis Philippe, Léon-Paul Fargue, Léon Werth et Francis Jourdain. Michel Yell découvre que celle avec qui il partage ses jours (et qui, dès 1895, a définitivement adopté son matronyme d’Audoux) a écrit ses souvenirs, et d’une fort jolie façon. Il trahit le secret auprès des compagnons de route, qui constituent le « Groupe de Carnetin » (du nom du village de l’est de Paris où ils se réunissent chaque dimanche de 1904 à 1907). Francis Jourdain, dont le père, l'architecte Frantz Jourdain, est un ami d’Octave Mirbeau, va trouver l’auteur de Le Journal d’une femme de chambre. Celui qui règne en maître dans la République des Lettres est alors dépressif, et fait comprendre au jeune peintre qu’il n’est, pour l’heure, plus prêt à défendre quiconque. Il prend cependant le manuscrit, commence à le lire, et ne le termine avec enthousiasme que pour aller l’imposer aux éditeurs. C’est donc à Octave Mirbeau que la couturière des lettres doit ce véritable coup d’état du 2 décembre 1910 : le Prix Femina-Vie heureuse que l’on décerne à l’ancienne bergère, qui assistera, de son vivant, au dépassement des cent mille exemplaires de Marie-Claire, traduit dans de nombreuses langues, en allemand et en anglais bien sûr, mais aussi en esperanto, en russe, en catalan, en suédois, en espagnol, en danois, en slovène... Le second livre ne paraîtra que dix ans plus tard, après le départ de Michel Yell (puis la mort d’Alain-Fournier, le fils spirituel de la romancière, et celle d'Octave Mirbeau), et au moment de l’adoption des trois fils d’Yvonne. L’Atelier de Marie-Claire, en 1920, rencontre encore un certain succès, mais qu’un tirage à douze mille exemplaires place cependant loin derrière le best-seller dont il constitue la suite. C’est le début d’un lent decrescendo ponctué par De la ville au moulin (1926), La Fiancée, un recueil de contes digne d’intérêt que Flammarion édite en 1932, et enfin Douce Lumière, roman posthume qui sort fin 1937. La romancière, décédée le 31 janvier de cette même année, est enterrée à Saint-Raphaël, où l’amoureuse de la mer a terminé son existence.
[modifier] Les quatre romans
- Marie-Claire (1910), Grasset, Les Cahiers Rouges, 1987. Cette première œuvre est la plus autobiographique. Elle évoque l'enfance et l'adolescence de l'auteur. La première partie relate la mort de la mère, le départ du père et les neuf années passées à l'orphelinat, l'Hôpital Général de Bourges, période difficile, éclairée cependant par la présence tutélaire de soeur Marie-Aimée. La deuxième partie se situe à la ferme de Villevieille, où les premiers patrons de Marie-Claire, Maître Sylvain et Pauline, entourent la petite bergère d'une affection bienveillante. Dans la troisième partie, la jeune fille s'éprend d'Henri Deslois, le frère de la fermière qui a succédé à Pauline. La mère du jeune homme interdit à Marie-Claire de revoir Henri. Celle-ci retourne alors au couvent, où elle revoit soeur Marie-Aimée avant de partir pour Paris.
- L’Atelier de Marie-Claire (1920), Grasset, Les Cahiers Rouges, 1987. L'atelier de couture où Marie-Claire a trouvé du travail nous est dépeint comme une grande famille. Les patrons, M. et Mme Dalignac, et les ouvrières, obligées de s'embaucher en usine lors des périodes de chômage, dépendent de la même façon des clientes, exigeantes et souvent mauvaises payeuses. Ainsi, ce roman est à la fois la peinture d'un milieu social et une suite d'anecdotes variées qui, tout en campant avec précision les personnages des ouvrières, permettent au récit de progresser. Après la mort des patrons, on ne sait si Marie-Claire épousera Clément, le neveu de Mme Dalignac, qu'au demeurant elle n'aime pas.
- De la ville au moulin, Fasquelle, 1926. En voulant s'interposer lors d'une dispute qui oppose ses parents, Annette Beaubois est blessée à la hanche et demeure boiteuse. Elle part pour le moulin de son oncle, bientôt suivie par ses frères et sœurs que ses parents, en train de se séparer, lui confient. À vingt ans, elle consent à vivre avec un ami de son frère, Valère, qui sombre dans l'alcoolisme, et la trompe. Enceinte de ses œuvres, elle le quitte néanmoins pour aller accoucher, à Paris, d'un enfant qui ne survit pas. Dans la capitale, elle retrouve sa famille, puis, la guerre terminée, elle reconnaît Valère dans un grand blessé. Elle est prête à lui redonner sa chance.
- Douce Lumière, Grasset, 1937 (posth.). Douce est le surnom d'Eglantine Lumière. Sa mère est morte en couches, le père s'est suicidé de désespoir, et le grand-père maternel voue à la fillette une injuste rancune. Douce trouve du réconfort auprès de son jeune voisin, Noël, et, au fil des années, l'amitié se transforme en amour. Mais Eglantine est victime d'une campagne de calomnie de la part de la famille du jeune homme qui, hostile à leur union, réussit à les séparer. L'héroïne, à jamais marquée par son expérience et fidèle au souvenir de Noël, se retrouve à Paris, où elle sympathise avec Jacques, son voisin, malheureux en amour, puis veuf. Une tentative de relation amoureuse échoue. Jacques part pour la guerre. Lorsqu'il revient, il a perdu la raison.
[modifier] Études
- Georges Reyer, Un cœur pur : Marguerite Audoux, Grasset, 1942.
- Bernard-Marie Garreau, Marguerite Audoux, la couturière des lettres, Tallandier, 1991.
- Bernard-Marie Garreau, La Famille de Marguerite Audoux, Septentrion, 2 vol., 1998.
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