Marc'h
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Dans la mythologie celtique bretonne, Marc'h est un roi légendaire de Cornouaille dont l'originalité est d'avoir des oreilles de cheval. Par ailleurs c'est l'un des protagonistes de l'histoire de Tristan et Iseut. Son nom qui signifie « cheval » en breton, lui confère un rôle psychopompe. Certains l'assimilent à Komonor (Cunomorus), roi des Cornouailles britanniques. Jean Markale affirme quant à lui, qu'il aurait été un roi historique du VIe siècle, régnant à la fois sur la Domnonée armoricaine et sur le Cornwall-Devon dans l'île de Bretagne.
Sommaire |
[modifier] Le barbier du roi
En Bretagne, près de Douarnenez, la commune de Plomarc'h (« paroisse de Marc'h » - plo signifie paroisse en Breton) recèle des fondations dont on dit qu'elles sont celles du palais du roi Marc'h. La légende affirme que ce roi était affublé d'oreilles de cheval, dissimulées sous un bonnet et que la divulgation du secret entraînait inévitablement la mort. À partir de là, il existe plusieurs versions : selon l'une d'elles, le roi Marc'h tuait systématiquement tous les barbiers qui le servaient et connaissaient son secret. On dit aussi qu'un de ces barbiers se confia à la terre, un roseau poussa à cet endroit qui fut coupé par un sonneur pour en faire un biniou. Quand il se mit à jouer, l'instrument chanta « Le roi Marc'h a des oreilles de cheval ». Et selon le poème tardif de Béroul, trouvère normand du XIIe siècle, c'est le nain astrologue du roi qui dévoila le secret et fut tué par le roi.
L’attribut physique des oreilles de cheval peut évoquer le roi Midas de la mythologie grecque, mais l’analogie s’arrête là.
[modifier] Morvarc’h
Un conte, collecté par Yann ar Floch, présente une version différente de la légende. Il est roi de Poulmarc’h et possède un cheval fantastique, qui peut traverser la mer et galope aussi vite que le vent. L’animal est surnommé « Morvarc’h », ce qui signifie « cheval de la mer » en breton. Un jour, alors qu’il chasse, son chemin croise celui d’une biche. Il a beau forcer son cheval, il ne parvient pas à la rattraper. Ce n’est qu’acculée au bord de la falaise, près de l’endroit où la ville d’Ys a été engloutie, qu’il peut lui faire face. Le roi Marc’h arme son arc et lui décoche une flèche, mais par un sortilège, le trait fait demi-tour et vient tuer directement son précieux cheval. Mu par la fureur, il sort son poignard, mais la biche a disparu, à la place se trouve une superbe jeune fille. C’est Ahès, la fille de Gradlon. Pour se venger de la poursuite, elle affuble le roi d’oreilles semblables à celles de son cheval, puis s’enfonce dans la mer.
[modifier] Tristan et Iseut
Voir article détaillé sur Tristan et Iseut.
Marc'h est le roi de Cornouaille en Bretagne armoricaine, sa sœur Bleunwenn (Blanche-Fleur) a épousé Rivalen, le roi de Loonois, une contrée au sud de l'Écosse. Rivalen meurt à la guerre et son épouse expire alors qu'elle met un enfant au monde : Tristan. L'enfant est recueilli par son oncle le roi Marc'h qui l'élève. Bien des années plus tard, au cours d'une expédition guerrière en Irlande Tristan est blessé en tuant le géant Morholt, frère du roi de l'île. Iseut la fille du roi sait comment soigner la blessure empoisonnée de Tristan. Une fois remis, il rentre en Bretagne.
Marc'h veut faire de Tristan son successeur, mais les nobles de Cornouaille s'y opposent et le roi doit se marier. Le seul parti intéressant est Iseut. Tristan part en ambassade et demande la main d'Iseut pour son oncle, au roi d'Irlande qui s'empresse d'accepter. Avant de partir, la reine confie à la servante Brangaine qui est du voyage, un philtre d'amour destiné à sa fille et au roi Marc'h ; ce philtre rend éternellement amoureux ceux qui le boivent. Pendant le voyage Tristan et Iseut boivent le philtre par erreur et deviennent très épris l'un de l'autre. En dépit de leur amour, Iseut épouse Marc'h, mais c'est la servante Brangaine qui prend place dans la couche du roi, la nuit des noces.
Les amants finissent par partir, mais après une longue fuite ils sont retrouvés par le roi, alors qu'ils dorment dans la forêt. Marc'h remplace l'épée de Tristan qui est placée entre eux par la sienne – élégante façon de leur dire qu'il les épargne. Les amants se séparent et Tristan quitte la Cornouaille.
Des années plus tard, alors qu'ils se sont retrouvés avant de mourir, Marc'h interviendra pour qu'ils soient inhumés l'un près de l'autre.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
Consulter aussi la Bibliographie de la mythologie celtique.
- Yann Brekilien, La Mythologie celtique, Éditions du Rocher, Monaco, 1993, (ISBN 2-268-01631-5).
- Albert Grenier, Les Gaulois, Petite bibliothèque Payot, Paris, 1970, (ISBN 2-228-88838-9).
- Christian-J. Guyonvarc'h, Magie, médecine et divination chez les Celtes, Bibliothèque scientifique Payot, Paris, 1997, (ISBN 2-228-89112-6).
- Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Druides, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », Rennes, 1986, (ISBN 2-85882-920-9).
- Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, La Civilisation celtique, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », Rennes, 1990, (ISBN 2-7373-0297-8).
- Christian-J. Guyonvarc'h et Françoise Le Roux, Les Fêtes celtiques, Ouest-France Université, coll. « De mémoire d’homme : l’histoire », Rennes, 1995, (ISBN 2-7373-1198-7).
- Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, Gallimard, coll. « Bouquins » , Paris, 2000, (ISBN 2-7028-6261-6).
- Jean-Paul Persigout, Dictionnaire de mythologie celte, Éditions du Rocher, Monaco, 1985. (ISBN 2-268-00968-8).
Romans
- Joseph Bédier, Tristan et Iseut, Éditions Flammarion, coll. « 10/18 », Paris, 1981, (ISBN 2264003790).
- Yann Brekilien, Iseut et Tristan, Éditions du Rocher, Monaco, 2001. (ISBN 2-268-04007-0).