L'Œuvre au noir
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L'Œuvre au noir est un roman de Marguerite Yourcenar, paru en 1968.
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[modifier] L'histoire
Personnage imaginaire d'humaniste, Zénon Ligre, homme de la Renaissance, est à la fois un philosophe, un médecin et un alchimiste qui a beaucoup appris au cours d'une vie errante. Ses activités scientifiques, ses publications ainsi que son esprit critique indisposent l'Église. Réfugié à Bruges sous un faux nom, il sera enfermé dans une prison de l'Inquisition où il se suicidera. Le récit se compose de trois parties : La vie errante, la vie immobile, la prison. Zénon symbolise l'homme qui cherche - mais également ne peut taire - la vérité, au milieu de ses contemporains dont certains le comprennent et d'autres non. Il y perdra sa liberté, puis sa vie.
La fin du personnage (refus de rétractation) n'est pas sans rapport avec celle de Giordano Bruno.
[modifier] Portée de l'œuvre
L'Oeuvre au Noir peut être vu comme le pendant moyen-âgeux des Mémoires d'Hadrien, le roman le plus célèbre de Marguerite Yourcenar. Ces deux romans ont en effet comme point commun de présenter les réflexions de deux hommes, quoiqu'assez différents, sur leur époque, sur le monde tel qu'ils l'ont connu.
A la différence d'Hadrien, Zénon n'est pas un homme de pouvoir et évolue au sein d'une société où les risques sont permanents pour ceux qui prônent la liberté d'expression ou de pensée. Les expériences de Zénon (le roman nous décrit sa vie depuis sa naissance - bâtard de la sœur d'un riche négociant de Gand - jusqu'à sa mort en prison), poussé par une sagesse et ouverture d'esprit peu communes pour l'époque, le mèneront à s'intéresser à des sujets aussi divers que la médecine (approfondissant l'anatomie, pratiquant des dissections), l'alchimie, les voyages, etc. Toutefois, il se heurte à un monde où l'obscurantisme règne et où la peine de mort est appliquée pour un oui ou pour un non. Le danger est permanent dans ce roman.
De ses voyages, nous retenons les réflexions qu'il en tire sur la société, l'organisation politique, les relgions et leurs réformes, etc. De ses expériences scientifiques, nous retenons le fabuleux monde de connaissance à venir qu'il est en train de mettre à jour. De ses discussions avec les quelques personnes capables de le comprendre (le Prieur, son cousin), nous retenons sa tolérance et sa capacité à s'enrichir de l'autre. Hélas, tout ceci était trop moderne pour son époque et un tel personnage ne pouvait qu'irriter et éveiller les soupçons du pouvoir en place.
Une des forces du roman est de ne pas avoir forcé le trait sur le pouvoir en faisant passer les hautes autorités de l'époque pour des cyniques et corrompues. Le passage de la prison et le procès de Zénon est, à ce titre, très intéressant, car il constitue un échange entre deux mondes irréconciliables.
Certains tableaux du roman sont des chefs d'œuvre: les aventures précédent la naissance de Zénon, le siège de la ville de Munster avec les anabaptistes, l'épisode à la Mer du Nord, la prison.
[modifier] Extrait
[Zénon diagnostiquait] sous les symptômes obscurs de la maladie du prieur l'action néfaste d'une parcelle de chair dévorant les structures voisines. On eût dit que l'ambition et la violence, si étrangères à la nature du religieux, s'étaient apostées dans ce recoin de son corps, d'où elles détruiraient finalement cet homme de bonté. (...) Exception faite de la possibilité, toujours envisageable, d'une mort accidentelle gagnant pour ainsi dire de vitesse sur la maladie, le destin du saint homme était aussi scellé que s'il avait déjà vécu. (...) Quand le temps viendrait d'endormir d'excessives souffrances, des opiats seraient efficaces, et il serait sage de continuer à l'amuser d'ici là de ces médicaments anodins, qui lui éviteraient l'angoisse de se sentir abandonné à son mal.
[modifier] Citations
- « Fille qui montre ses formes fait assavoir à chacun qu'elle a faim d'autre chose »
- Quel est le prisonnier qui consentirait à mourir sans avoir fait le tour de sa prison ?
[modifier] Adaptation
Le roman a fait l'objet d'une adaptation cinématographique belge, réalisée par André Delvaux en 1988 : voir L'Œuvre au noir.