Georges Bataille
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Georges Bataille, né le 10 septembre 1897 à Billom (Puy-de-Dôme), mort le 8 juillet 1962, est un écrivain français.
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[modifier] Biographie et Œuvre
D'abord tenté par la prêtrise, il fréquente le séminaire, mais perd totalement la foi en 1922. Il épouse Sylvia Maklès, sœur de Rose (épouse d'André Masson) et de Simone (épouse de Jean Piel).
En 1922, il obtient son diplôme de l'École des Chartes et entame sa longue carrière de bibliothécaire, d'abord à la Bibliothèque nationale où il restera vingt ans, avant d'être nommé à Carpentras (1949) puis à Orléans (1951).
Fondateur de plusieurs revues (dont en 1946, la revue Critique plus tard dirigée par son ami Jean Piel) et groupes d'écrivains, il est l'auteur d'une œuvre abondante et très diverse, publiée en partie sous pseudonyme : récits, poèmes, essais sur d'innombrables sujets (de la mystique à l'économie, en passant par la poésie, la philosophie, l'art, l'érotisme...). Il débat ainsi au sein du Collège de sociologie (1937-1939) avec des ethnologues Roger Caillois, Michel Leiris et Anatole Lewitzki. Relativement peu connu de son vivant, il exercera après sa mort une influence considérable sur des auteurs tels que Michel Foucault, Philippe Sollers ou Jacques Derrida.
Dans les années 1930, il écrit ce qui est sans doute son œuvre majeure, inspirée par sa propre histoire, dans laquelle il décrit d'une façon fascinante la débauche d'une jeune femme nommée Dirty. Ce livre ne sera publié qu'en 1957.
Fasciné par le rituel de sacrifice humain, il fonde Acéphale, une revue d'inspiration nietzschéenne mais aussi une société secrète visant à créer « la communauté de ceux qui n'ont pas de communauté. »
Bataille eut un talent interdisciplinaire étonnant - il puisa dans des influences diverses et avait l'habitude d'utiliser divers modes de discours pour façonner son œuvre. Son roman L'Histoire de l'œil, par exemple, publié sous le pseudonyme « Lord Auch »[1], fut critiqué initialement comme de la pure pornographie, mais l'interprétation de ce travail a graduellement mûri, révélant alors une profondeur philosophique et émotive considérable ; une caractéristique d'autres auteurs qui ont été classés dans la catégorie de la « littérature de transgression ». Le langage figuré du roman repose ici sur une série de métaphores qui se rapportent à leur tour aux constructions philosophiques développées dans son travail : l'œil, l'œuf, le soleil, la terre, le testicule.
D'autres romans célèbres incluent Ma mère et Le bleu du ciel. Le bleu du ciel avec ses tendances nécrophiles et politiques, ses nuances autobiographiques ou testimoniales, et ses moments philosophiques chamboulent L'histoire de l'œil, fournissant un traitement beaucoup plus sombre et morne de réalité historique contemporaine.
Bataille était également un philosophe (bien qu'il ait renoncé à ce titre), mais pour beaucoup, comme Sartre, ses prétentions philosophiques se bornent à un mysticisme athée. Pendant la deuxième guerre mondiale, influencé par Heidegger, Hegel, et Nietzsche, il écrit Summa Atheologica (le titre se réfère la Somme théologique de Thomas d'Aquin) qui comporte ses travaux L'Expérience intérieure, Le Coupable et Sur Nietzsche. Après la guerre il composa La Part maudite, et fonda le journal extrêmement influent Critique. Sa conception très spéciale de la « souveraineté » (qui peut être considérée anti-souveraine) a été discutée par Jacques Derrida, Giorgio Agamben, Jean-Luc Nancy et d'autres.
Bataille se maria deux fois, d'abord avec l'actrice Silvia Maklès ; ils divorcent en 1934 (elle épouse ensuite le psychanalyste Jacques Lacan). Bataille eu également une liaison avec Colette Peignot (morte en 1938). En 1946, Bataille épouse Diane de Beauharnais ; ils eurent une fille.
[modifier] Notes
- ↑ En traduction littérale, c'est une expression argotique pour signifier à quelqu'un qu'il doit dégager (vers les toilettes).
[modifier] Principaux ouvrages
- Histoire de l'œil, 1928 (sous le pseudonyme de Lord Auch).
- Madame Edwarda, 1937 (sous le pseudonyme de Pierre Angélique).
- L'Expérience intérieure, 1943.
- Le Coupable, 1943.
- La Part maudite, 1949.
- Le bleu du ciel, 1957 (écrit en 1935).
- L'érotisme, 1957.
- La Littérature et le Mal, 1957.
- Les Larmes d'Éros, 1961 (où est notamment évoqué le supplice du lingchi ou "cent morceaux"; les informations sur l'origine des photographies, et le degré d'authenticité de leur interprétation sont sujets à caution cf. http://turandot.ish-lyon.cnrs.fr/Essay.php?ID=27 )
- L'impossible, 1962 (première parution en 1947 sous le titre La haine de la poésie)
- Ma mère, 1966 (posthume et inachevé).
[modifier] Revues
[modifier] Voir aussi
[modifier] Études
- Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l'œuvre, Paris, Séguier/Gallimard, 1987/1992
- Stephan Moebius, Die Zauberlehrlinge. Soziologiegeschichte des Collège de Sociologie, Konstanz 2006
- Robert Sasso, Georges Bataille : le système du non-savoir, une ontologie du jeu, Minuit, Paris, 1978
- François Warin, Nietzsche et Bataille. La parodie à l'infini, PUF, Paris, 1994
