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Utilisateur:Delphine Ménard/test - Wikipédia

Utilisateur:Delphine Ménard/test

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ARTICLE PROPOSÉ PAR PRITHWINDRA MUKHERJEE

Jatindranâth Mukherjee Jatîndranâth Mukherjee (en dévanâgari : यतीऩ्दरनाथ मुखोपाध्याय) (le 7 décembre 1879-le 10 septembre 1915), populairement connu comme Bâghâ Jatîn (dans des documents officiels il signe son nom : Jyotindranath Mukherjee; dans les rapports de la police on en trouve des variantes: Jotindra ou Jatindra). Jatîndranâth Mukherjee, que nous nommons ici JNM, est l'un des fondateurs du mouvement d’indépendance de l’Inde. Aux côtés de Sri Aurobindo, il précède et prépare le soulèvement de masse que dirigera M.K. Gandhi vingt ans plus tard. Partisan d’une insurrection pan-indienne à l’aide des régiments coloniaux, JNM crée un réseau international pendant la Première Guerre mondiale, animé par la promesse de Guillaume II d’importantes livraisons d’armes et de munitions sur les côtes indiennes. Son objectif est alors d’entraîner une armée de libération au Moyen-Orient avec des soldats indiens incarcérés par l’Allemagne comme prisonniers de guerre et, de même, en Asie du Sud, de synchroniser un mouvement en tenaille pour gagner l’Inde par les frontières birmano-thai à l’est et l’Afghanistan à l’ouest. Table des matières 1 Enfant du Bengale rural 2 Etudes à Kolkâtâ 3 Une double vie 3.1 Père tranquille 3.2 Organisateur d’une société secrète 4 Feu de rampe 5 Consolidation d’un réseau national et international 5.1 San Francisco via Vancouver et Tokyo 5.2 Berlin via Londres et Paris 6 Martyr fidèle à son enseignement 7 Son héritage : évaluation 8 Hommages posthumes 8.1 Ouvrages et articles 8.2 Monuments 8.3 Films 9 Ainsi parlait Jatîndranâth Mukherjee 10 Renvois

PHOTO 1 STATUE EQUESTRE DE JNM AU CENTRE DE KOLKÂTÂ


Sommaire

[modifier] Enfant du Bengale rural

A l’âge de cinq ans, JNM et sa soeur Vinodebâlâ (Binodebâlâ) de cinq ans plus âgée que lui, perdent leur père. Celui-ci, Umesh Chandra, Brâhmane érudit de Jhenâidah en Jessore (au Bangladesh aujourd’hui), est connu pour son patriotisme et son amour de l’équitation. Les enfants reçoivent l’empreinte de la forte personnalité de leur mère Sharat Shashi qui les élève à Koyâ, près de Kushtea (au Bangladesh toujours), au sein de sa propre famille d’origine : l’aîné de ses frères, Basantakumâr Chatterjee, avocat et professeur de droit, est un notable de la région et compte parmi ses clients et voisins le poète Rabindranath Tagore qui s’était installé à Shilidah (1890-1901) pour gérer les propriétés familiales. L’égard de Tagore pour Bankimchandra Chatterjee - visionnaire de l’Inde en tant que Divine Mère - confirme Sharat Shashi dans son admiration de lectrice pour les maîtres à penser de l’époque. Charitable et sensible à la misère, Sharat Shashi avait pour passion de s’occuper des gens - de la famille ou non – en difficulté. Ayant attrapé le choléra d’un malade qu’elle soignait, elle meurt lorsque JNM a vingt ans. (Source: Notes manuscrites de Vinodebâlâ).

La maison des Chatterjee est non seulement un rendez-vous de grands esprits mais, à l’occasion des fêtes, accueille un millier de convives de toutes origines. Entrainé dans les arts martiaux en même temps que ses études, le jeune JNM se livre à des épreuves de force avec des sujets intouchables forts et agiles. Respectueux de l’être humain, il méprise toutes distinctions de naissance : ayant porté le fardeau d’une vieille villageoise musulmane, il partage avec elle sa gamelle de riz avant de lui laisser un peu d’argent pour employer un porteur à d’autres occasions. (Source: Vinodebâlâ, et écrits de Lalitkumar Chatterjee, oncle maternel et collègue de JNM).

2 Etudes à Kolkâtâ

En 1898, JNM s'inscrit au Central College de Kolkâtâ, de même qu’aux cours de sténodactylo dispensés par Mr Atkinson : ce nouveau métier ouvrait les portes à des carrières convoitées. Épris de Swâmi Vivékânanda, le moine patriote, JNM apprend de lui combien l’indépendance politique de l’Inde (mukti) était indispensable pour la délivrance spirituelle (moksha) de l’humanité. Le Maître lui ouvre de nouveaux horizons : chargé de maîtriser la libido avant de former une jeunesse aux muscles de fer et aux nerfs d’acier (qu’il caractérisait de propres aux vrais êtres humains), JNM aborde le précepte de “celui qui est au service des créatures (jîva) est au service du Créateur (Shiva)” : il s’engage, avec ses adeptes, aux secours des victimes d’épidémies, qu’organise Sister Nivéditâ, disciple irlandaise de Vivékânanda. Celui-ci, découvrant en lui porteur d’une envie de “mourir pour une cause”, envoie JNM parfaire ses arts martiaux au gymnase des Guha où lui-même s’entraîne , gymnase qui est un carrefour de penseurs et de meneurs d’hommes. JNM y rencontre, entre autres, Sachin Banerjee, fils de Yogendra Vidyâbhûshan (auteur à succès des biographies dont Mazzini et Garibaldi). L'oncle Lalitkumar épouse la fille de Yogendra. Chez celui-ci, en 1903, JNM fait la connaissance de Sri Aurobindo, venu de Barodâ explorer le terrain pour une révolution armée. PHOTO 2 JNM EN 1903 (A DARJEELING)

[modifier] Une double vie

Remettant en question les études qui “ne servaient à rien d’essentiel”, JNM part pour Muzaffarpore en 1900, employé comme secrétaire par le juriste Pringle Kennedy. Il est impressionné par cet historien, qui réclame pour l’Inde - par ses écrits et sur le podium du Congrès indien - une armée nationale autonome, critiquant le recel britannique des deniers indiens pour sauvegarder militairement l’intérêt impérial dans le monde. (Source: Vinodebâlâ; Militant Nationalism in India, Bimanbehari Majumdar, 1966, p.111, 165). Recommandé par Kennedy auprès de Henry Wheeler, Chargé des Finances au Gouvernement du Bengale, JNM prend son service au Secrétariat dès 1903 : il doit partager son année entre Kolkâtâ et Darjeeling. En mars 1906, lors d’un séjour à Koyâ, par un concours de circonstances et pour protéger la vie d’un innocent, il accepte une lutte corps à corps avec un tigre royal du Bengale : grièvement blessé, il réussit à plonger une dague dans la nuque de la bête avant de l’achever. Le célèbre chirurgien de Kolkâtâ, Lt-Colonel Suresh Sarbâdhikari, s’occupe personnellement de lui et publie dans la presse britannique un hommage au jeune héros. Le Gouvernement du Bengale marque l’événement en décernant à JNM une médaille sur laquelle la scène de son combat est gravée. Sarbâdhikâri constituera, en hommage posthume à JNM, en 1916, le Bengal Regiment expédié en Mésopotamie. (Source: Two Great Indian Revolutionaries, Uma Mukherjee, 1966, pp.167-168). PHOTO 3 DR SURESH SARBADHIKARI

[modifier] Le Père tranquille

Marié à Indubâlâ Banerjee de Kumârkhâli en 1900, JNM eut une fille et trois fils : Ashâlatâ (1906-76), Atindra (1903-06), Tejendra (1909-89), Birendra (1913-91). Bouleversé par la mort d’Atindra, il part en pèlerinage et reçoit l’apaisement et l’initiation du saint Bholânand Giri de Hardwâr qui le soutient dans ses desseins patriotiques.

Apprécié professionnellement, JNM obtient en 1907 une mission officielle spéciale à Darjeeling pour une durée de trois ans. En mars 1908, dans la gare de Siliguri, son altercation avec un groupe arrogant d’officiers militaires britanniques donne lieu à un procès médiatisé, qui secoue le pays. Sous la pression de Wheeler (qui se demande si le battage médiatique fait bien référence à son employé exemplaire et qui augure mal cette publicité sur l’impuissance des Britanniques), les officiers retirent leurs plaintes. Un jour, de bonne humeur, Wheeler demande à JNM, “Jusqu’à quel nombre d’agresseurs pouvez-vous mater ?” “Pas un seul s’il s’agit de gens honnêtes; sinon, autant que vous voudrez !” répond celui-ci. (Source: notes de Vinodebâlâ, témoin; notes de Bhavabhûshan Mitra, témoin; Two Great, p.166).

Organisateur infatigable de secours encadrés par un corps médical - et une discipline quasi militaire - lors des épidémies, des catastrophes naturelles (inondations), des congrégations religieuses dont ardhodaya, kumbha-mélâ, anniversaire du saint Râmakrishna, JNM en profite pour établir et maintenir le contact avec des militants de divers districts et leur transmettre des consignes, recruter de nouveaux volontaires, plus ou moins à l’insu de la police dont la suspicion d’arrière-pensées douteuses ne cesse de croître.(Source: Political Trouble in India: A Confidential Report, James Campbell Ker, 1917, repr. 1973, pp.9-10).

3.2 Organisateur d’une société secrète

Selon les archives de la police secrète, JNM, appartenant au premier groupe de dirigeants qui fondent vers 1900 l’Anushîlan (‘Société d’entraînement’ conçu par Bankimchandra), lance dans sa province natale des gymnases, dont l'enseignement ajoute à l’éducation physique une dimension patriotique et spirituelle grâce à des conférences et des lectures, notamment sur le secret de l’action juste révélé par la Gîtâ que JNM connaît par coeur. (Source: Daly's Report in Samanta, Vol.I, p.14; Nixon's Report on Revolutionary Organisation in Samanta, vol.II, p.509).

Convaincu par le programme proposé par Sri Aurobindo, il se met dès 1903 à sa disposition en tant qu’adjoint autonome et forme des cellules clandestines dans l’attente d’une insurrection armée. Initiateur d’une organisation décentralisée de cellules régionales autonomes dont les dirigeants, seuls, seraient en contact avec le siège, JNM évite les conséquences d’éventuelles dérives de militants indécis.

Consécutif à l’assassinat par inadvertance de l’épouse et de la fille de Kennedy, en mai 1908, une vague d’arrestations met à jour un atelier à Kolkâtâ, où les révolutionnaires fabriquent des bombes : il en résulte le procès historique d’Alipore, dont Sri Aurobindo est la cible principale. Une série de mesures répressives s’empresse d'écraser la montée « séditieuse » depuis les agitations contre la Partition du Bengale en 1905. Dans un premier temps, JNM fait acquérir un lotissement appartenant à l’indophile Sir Daniel Hamilton dans les marécages du Sundarbans pour créer la société Bengal Youngmen's Zamindari Cooperative, hébergeant les militants en liberté, les poussant au travail social. Il prône l’utilité d’un endoctrinement des masses en faveur de la guérilla, arme souveraine contre l’impérialisme et engage ses hommes à se rapprocher du peuple avec des remèdes homéopathiques, des conseils pour leurs multiples malheurs et de petites industries artisanales. A l’usage des leçons de tir, il fait acheter des armes à feu auprès des contrebandiers. Toujours à l’aide de Sir Daniel, JNM expédie depuis 1906 de brillants étudiants à l’étranger pour leurs études supérieures, avec la consigne de suivre là-bas une formation militaire et, surtout, de préparer un climat de sympathie en faveur de la lutte de l’Inde pour sa libération politique. (First Spark, p.161; Tripathi, p.77).

4 Feu de rampe

En riposte contre les répressions de plus en acharnées et en défense des accusés dans le procès d'Alipore, JNM lance une série d'actions d'éclat à Kolkâtâ et en province : plusieurs hold-up (en 1908 : les 2 juin et 29 novembre; en 1909 : les 27 février, 23 avril, 16 août, 24 septembre et 28 octobre), une tentative d’assassiner le Gouverneur du Bengale (le 7 novembre 1908), deux assassinats, celui du Procureur Ashutosh Biswâs (le 10 février 1909) et celui du Commissaire-adjoint Samsul Alam (le 24 javier 1910), tous deux résolus à obtenir la condamnation des accusés. Arrêté, grugé par la Police, l’assassin du dernier divulgue le nom de JNM comme commanditaire.

Le 25 janvier 1901, dans le discours qui inaugure le nouveau Projet de Loi portant son nom, le Vice-roi Minto déclare ouvertement  : « Un nouvel esprit est né en Inde (…) un esprit d’anarchie et de défi aux lois, qui cherche à subvertir le règne britannique… » D’autres incarcérations - celle de JNM comprise - à la suite d’aveux de quelques autres militants mènent au procès « de Howrah » qui dure une année. Accusé de trahison, le 10e Régiment des Jats est démantelé. En détention préventive, JNM apprend par ses émissaires à l’étranger qu’une guerre mondiale est imminente. PHOTO 3 JNM EN PRISON (1910)

[modifier] Consolidation d’un réseau national et international

Sorti de prison en février 1911, renvoyé du service, JNM s’installe à Jhenâidah comme entrepreneur en bâtiments. Il conseille, avant de quitter Kolkâtâ, une cessation absolue d’actions, de consolider les cellules clandestines. Le Rapport Nixon met en relief ces trois ans d’arrêt significatif et confirme l’intuition de JNM concernant l’opportunité qu’allait fournir la Guerre. Son métier d’entrepreneur permet à JNM un déplacement quotidien d’environ une centaine de kilomètres en vélo ou à dos de sa jument : derrière cet alibi, il se hâte de relier les cellules clandestines des provinces entre elles et avec Kolkâtâ. Attiré par les secours organisés par JNM lors de l’inondation du Dâmodar en 1913, Rasbehâri Bose quitte Bénarès pour se joindre aux travaux : poussé par un nouvel élan dans son zèle révolutionnaire au contact de JNM, Bose examine avec lui la nature de l’insurrection, calquée sur le modèle de 1857 et part négocier avec les officiers indigènes du Fort William de Kolkâtâ (qui coordonnaient les casernes de toute l’Inde) les possibilités d’une collaboration étroite avec divers régiments.

[modifier] Influence aux États-Unis

L'influence de JNM est internationale. Dès 1907, Târaknâth Dâs, émissaire de JNM, organise avec Guran Ditt Kumâr et Surendra Mohan Bose des écoles du soir pour les immigrés indiens (majoritairement hindous et sikhs) depuis Vancouver jusqu’à San Francisco, en passant par Seattle et Portland : outre l’alphabétisation, ils les sensibilisent à leurs droits sur place et à leurs devoirs envers la Patrie au travers de deux publications, Free Hindustân (en anglais, soutenu par des révolutionnaires irlandais) et Swadesh Sévak (‘Serviteurs de la Patrie’ en gurumukhi). En contact régulier avec Kolkâtâ et Londres (où militait Shyâmji Krishnavarma), Dâs était en correspondance avec des personnalités du monde entier (dont Léon Tolstoï). En mai 1913, Kumâr part former un satellite à Manille, reliant l’Asie avec la côte occidentale américaine. Familier de la doctrine de Sri Aurobindo et ancien collègue de Rasbehâri Bose, Har Dayâl démissionne en 1913 de son poste d’enseignant à Berkeley pour entamer une tournée de conférences aux centres d’immigrés indiens, invité par Dâs : il prêche ouvertement la révolte contre le régime britannique. Secondé par San Francisco, en novembre, il fonde le journal Ghadr ou Gadhar (‘Révolte’) et le Yugantar Ashram, en hommage à Sri Aurobindo. (Source: James Campbell Ker, pp.215-260).

5.2 Berlin via Londres et Paris

Fondateur du mensuel Indian Sociologist et le pavillon India House à Londres dès janvier 1905, Shyâmji s’attire la sympathie des socialistes britanniques et célébre l’imminent cinquantième anniversaire de la Révolte de 1857. Il est en contact avec deux collègues de Sri Aurobindo : Bipin Chandra Pâl et B.G. Tilak, et un adjoint de JNM : Bhavabhûshan Mitra. En juin 1906, avec une bourse, il fait venir à Londres V.D. Savarkar. D’autres révolutionnaires, dont Vîrendranâth Chattopâdhyây (Chatto), Madame Bhikhâji Cama, Lâjpat Rai, Har Dayâl, Pâl, Tirumal Achâri, V.V.S. Aiyar, S.R. Rânâ sont familiers de ce foyer de turbulence. Prévenu de la colère du Gouvernement, en 1907, Shyâmji s’installe à Paris, maintenant la direction de son organisation de Londres, avec une plus grande marge de manoeuvre. En 1908, lors de sa conférence à India House, un scientifique fait éloge des bombes et promet de s’associer à leur fabrication dès qu’il reçoit quelques candidats. Fin 1908, Madame Cama dans son discours à Londres se fait l'écho des événements qui secouaient le Bengale et rend hommage aux martyrs bengalis récemment exécutés : chaque nom qu’elle prononce est acclamé par l’audience. Elle s’installe à Paris en mai 1909. Menacés pour leurs activités, en juin 1910, Chatto et Aiyâr aussi se réfugient à Paris où s’était formé le siège révolutionnaire européen autour de Shyâmji et Cama. Chatto était resté en contact avec Kolkâtâ par l’intermédiaire des cousins révolutionnaires de Sri Aurobindo. Grâce à certains amis fidèles – dont Maître Jean Longuet, proche de Karl Marx et auteur d’articles dans L’Humanité – le groupe fait la connaissance des députés socialistes collaborateurs de Jean Jaurès. A l’approche de la Guerre en juillet 1914, Shyâmji déménage son siège à Genève.

Inscrit en linguistique comparée à l’université allemande de Saxe-Anhalt, Chatto rencontre en avril 1914 à Halle des compatriotes fort bien introduits à l’état-major du Kaiser. Début septembre il forme avec eux le Comité Amis de l’Inde et, reçu par le frère de Guillaume II, il signe un contrat d’aide accordée par l’Allemagne pour renverser le gouvernement colonial en Inde alors que les forces britanniques se concentreraient sur les fronts. Le 22 septembre 1914, Dhîren Sarkâr et N.S. Marathé quittent Berlin pour Washington avec une lettre du Ministère demandant à l’ambassadeur Bernstorff de réquisitionner des navires et expédier des cargaisons d’armes et de munitions sur la côte orientale de l’Inde. Le 20 novembre 1917, - émissaire de JNM et important dirigeant du Ghadr – revient à Kolkâtâ en compagnie de deux Ghadrites nommés V.G. Pinglé et Kartâr Singh, avec les nouvelles fermes du Plan Zimmermann, opération qui s’occupe de la collaboration indo-germanique. Pinglé va encadrer Bose avec une lettre de JNM.

Reçu par Guillaume II et muni de lettres de créances, Mahendra Pratâp quitte Berlin le 10 avril 1915 avec la Première Mission vers Kabul, en compagnie de Maulânâ Barakatullah et du diplomate Von Hentig. A Istanbul, le Sultân les accueille, de même que les Paça Enver et Hilmi. Ayant traversé Baghdad et Ispahan, la Mission s’arrête au consulat d'Allemagne à Kuman Shah où une deuxième mission dirigée par le capitaine Niedermeyer se joint à Pratâp. Le gouverneur de Hérat les héberge comme des hôtes de l’Etat et ils partent pour Kabul. Acclamés par une foule en liesse, le 2 octobre 1910, ils s’installent au palais Baghi Babar, en attendant l’entretien avec l’Amir Habibullah.

6 Martyr fidèle à son enseignement

L’arrivée massive des militants Ghadr du continent américain au Punjab et leur impatience de se jeter en action poussent Bose à consulter JNM afin de lancer d’après le modèle de 1857 une insurrection depuis Kolkâtâ jusqu’à Peshawar, sans attendre les livraisons d’armes. La date est fixée au 21 février 1915. A partir des casernes du Nord – Mian Mir, Lahore, Ferozepur, Rawalpindi, Jabbalpore, Bénarès – les insurgés hisseront le tricolore national (le bleu représentant les musulmans ; le jaune, les sikhs ; le rouge, les hindous). A Kolkâtâ, après avoir pris possession du Fort William, une déclaration de guerre sera prononcée et en vue d’empêcher toute expédition de renforts, on saboterait saboter les liaisons ferroviaires.

Pour subvenir au besoin d’armes, les révolutionnaires ont déjà subtilisé, le 26 août 1914, un lot de puissants pistolets Mauser appartenant à l’importateur britannique Rodda & Co de Kolkâtâ. Pressé par Bose qui manque d’argent, JNM exécute une deuxième vague d'opérations terroristes, à l’aide de taxis automobiles, à la manière de la bande à Bonnot. Le 12 février 1915, il commandite une attaque sur le fourgon de la Chartered Bank transportant une grosse somme sur le compte d’une firme britannique. Prévenu de l’échec de Bose – trahi par un militant sikh -, sans se laisser abattre, JNM exécute la deuxième opération, le 22 février 1915, avec un butin bien plus juteux. Le 24 février, alors que JNM tient une réunion secrète, un espion s’introduit dans la pièce et se fait abattre par un révolutionnaire ; avant de rendre l’âme, l’agent dénonce JNM comme son meurtrier. Malgré l’annonce d’importantes sommes pour capturer JNM, la police reste impuissante et le 28 février 1915, un inspecteur de police réputé pour son engagement dans la chasse aux révolutionnaires et chargé, ce jour là, de la sécurité du Vice-roi, se fait assassiner à l’angle du jardin de Héduâ. PHOTO 4 STATUE DE JNM, A HEDUA (Kolkâtâ)

Jiten Lahiri - émissaire de JNM et collaborateur de Dâs – quitte San Francisco et après une escale à Berlin en décembre 1914, rentre à Kolkâtâ en mars 1915 avec la demande urgente d’expédier un porte-parole à Batavia pour les modalités de la livraison d’armes que Von Papen a réunies à San Diego. JNM désigne Naren Bhattâchârya (le futur M.N. Roy) pour les négociations à Batavia. Avant son départ, Naren prépare pour le Dâdâ (‘Grand Frère’) un retrait convenable dans la forêt de Kaptipodâ, en Orissa, non loin de Balasore dont la côte serait idéale pour la livraison d’armes.

Durant six mois de vie clandestine avec quatre ou cinq compagnons d’armes, de son quartier général de Kaptipodâ, JNM dirige encore le réseau international lorsqu'une coupure du Penang Times lui révèle l’interception tragique du S.S. Maverick avec sa cargaison. Persuadé que le salut de l’Inde devrait venir de l’intérieur, JNM décide de laisser une dernière leçon en se sacrifiant au cours d’une guérilla, tandis que d’amples possibilités de se sauver – voire partir à l’étranger – s’offraient.

Des villageois, inquiétés par l’approche d’Européens à dos d’éléphants, tard le soir du 6/9/15, coururent prévenir Sâdhubâbâ (‘le Moine vénéré’, surnom qu’ils avaient inventé pour JNM). Accompagné de quatre jeunes révolutionnaires, il réunit quelques affaires et gagnèrent la jungle. Après plus de soixante heures de course-poursuite aggravée par la pluie, sans répit, sans nourriture, en début d’après-midi du 9/9/15, ils découvrent enfin une colline, au bord d’une mare à la lisière du village Châsâkhand : le sommet de la colline est entouré d’épineux jusqu’à la hauteur des épaules, recouverts de termitières, créant un rempart naturel dominant le paysage. Ils aperçoivent l’approche des forces armées en deux détachements en tenaille. Un informateur depuis la cime d’un arbre leur indique l’endroit recherché. (Source: Dépositions de Kilby et Rutherford, lors du Procès contre les trois compagnons survuvants de JNM, à Balasore, octobre 1915).

Ouvrant le feu pour alerter les fuyards de l’existence des armes à longue portée, la brigade se met à gravir la colline. Transformant leurs Mauser en puissants rifles, JNM et ses compagnons les laissent atteindre la mi-hauteur avant de se mettre à tirer. Surpris par cet assaut, les soldats dégringolent le long de la pente glissante. Au terme d’un échange prolongé de coups de feu, pendant que le soleil se couche, deux jeunes militants surgissent de leur cachette pour déclarer en anglais : « Nous capitulons. » Les deux responsables britanniques, Mr Rutherford, maréchal de logis, et Mr Kilby, magistrat de Kaptipodâ, parvenus au sommet, trouvent deux patriotes allongés : Chittapriya Rây Chaudhuri, mort ; JNM, grièvement blessé, ne tardera pas à mourir ; un troisième, blessé, c'est Jatish Pâl ; les deux autres, debout malgré leurs blessures : Nîren Dâsgupta et Manoranjan Sengupta. JNM se tourne vers Kilby pour murmurer : « Je suis coupable de tout ce qui s’est passé. Ces trois jeunes gens sont innocents. Veillez à ce qu’ils ne soient pas pénalisés. » Frappé par le ton héroïque et l’excellence de son anglais, Kilby ordonne tout de suite deux brancards improvisés et prévenir l’hôpital d’Etat de Balasore avant d’y emmener tous les cinq pour les soins.

Les interventions difficiles pratiquées durant la nuit par les chirurgiens laissent espérer que JNM va survivre. Kilby veille au chevet du héros. Le lendemain matin, à l’issue du passage de Tegart, redoutable Commissaire de police de Kolkâtâ, l’on trouve les pansements de JNM déchirés. Il rend son dernier souffle avec un sourire : à la vue du sang qui coulait, il s’exclame, « Il en restait encore ! Heureusement, j’ai versé chaque goutte de ce sang au service de la Mère ! » Kilby, Rutherford et tout le personnel présentent leur hommage silencieux à cette grande âme dont la mort était aussi magnifique que sa vie. (témoignage du chirurgien S. Gangopâdhyây in Desh, les 9 et 20 septembre, 20 décembre 1958).

PHOTO 5 JNM APRES LA BATAILLE (10/9/1915)

7 Son héritage : évaluation

Du point de vue du professeur Amales Tripathi , un examen minutieux du Procès de Howrah et des écrits des militants impliqués, révèle les nouveaux courants originaux que JNM avait introduits  : (a) la création d’une conscience révolutionnaire à partir d’actes audacieux et apparemment épars, et du martyr individuel ; (b) une résistance armée sporadique par petits groups, en même temps qu’un effort d’améliorer globalement le niveau de vie (notamment financier) de la population ; (c) la collecte d’armes de sources indigènes (dont le cas de l’entreprise Rodda de Kolkâtâ) et d’en importer (de l’Allemagne via la côte californienne); (d) l’organisation et la consolidation de la guérilla; (e) endoctrinement des soldats indigènes de différents régiments (dont les 10e Jats et les 16e Rajput Rifles) et la préparation d’un soulèvement panindien.

Bhûpati Majumdâr, ancien disciple de JNM – plusieurs fois ministre au Bengale-occidental depuis 1947 – réclame dans son article intitulé Dâdâ (‘Grand Frère’) que tout le réseau international est conçu et créé bel et bien par ce seul cerveau maître. La première alerte lancée par le Vice-roi Minto en janvier 1910 en caractérisant JNM et son action d’un nouvel esprit reçoit une corroboration de la plume de son successeur Hardinge qui, à peine arrivé en Inde, repère Jatin comme le vrai criminel, tout en regrettant vivement le non lieu qu’il venait de remporter ; exaspéré, Hardinge avoue dans sa lettre à Valentine Chirol que, par la suite, les services de l’Ordre et de la Justice se trouvent bafoués aux deux parties du Bengale. Dans une dépêche à Londres, la Police de Kolkâtâ informe Henry Wheeler, en début de 1915, que malgré une forte prime annoncée pour la capture de JNM, celui-ci se déplace libre de ses mouvements grâce à ses déguisements parfaits : nul agent n’est disponible pour le suivre à sa trace car l’homme estt « dangereux, se promenant toujours armé. »

Prévenu que Charles Tegart rentre de Balasore, J.N. Ray, avocat et ami de JNM lui demande le bienfondé des bruits concernant l’éventuel mort de JNM. Tegart répond : «Malheureusement c’est vrai. » Interrogé sur son choix de l’adverbe, le Commissaire ajoute : «C’était le seul en Inde qui ait improvisé une guerre de tranchées !» (Source: Terrorism in Bengal: A Collection of Documents, ed. Amiya K. Samanta, Government of West Bengal, 1995, Vol. III, p.viii) Plus tard, fidèle à l’attitude condescendante occidentale, de même que Chirol, Ker, Rowlatt, jusqu’à Judith Brown, Tegart écrira : «Dans le tempérament de Jatin(…) et celui d’autres enthousiastes, le visionnaire remportait sur le réaliste(…) Cependant leur puissance de meneurs était immense.» Force est de constater que s’agissant de Gandhi et Nehru, Emery les trouvera «niggling unpractical» (créatures invétérées privées de sens pratique), tandis que Linlithgo commentera : «Ils ne pouvaient jamais courir tout droit. » Néanmoins, sortant de ce jugement paternalist traditionnel de l’indigène, Tegart finit par avouer que si – selon les projets de Jatin – l’armée de libération pouvait être entraînée de façon adéquate à la frontière birrmano-thaïlandaise et, si la livraison d’armes et de munitions pouvaient s’effectuer aux ports indiens, ceci signifierait sérieusement une défaite britannique dans la Première Guerre. (Source: Tegart Mss, p.128, in Svâdhînatâ samgrâmé bhâratér jâtîya congress (1885-1947) par Amalesh Tripathi, 2e éd., 1991,p.78).

Carnet JNM/ Procès de Balasore En résumant la théorie révolutionnaire de Sri Aurobindo en 1906, un militant de l’époque, Arun Chandra Guha – devenu collaborateur estimé de Gandhi et Ministre de l’Union indienne - semble esquisser le parcours pratique de JNM, son idole de jeunesse  : (a) prôner la violence en réponse à la violence devenait indispensable ; (b) tolérer l’injustice freinerait et affaiblirait l’enthousiasme, la persévérance et l’unité patriotiques, tellement nécessaires pour le mouvement d’indépendance ; (c) dans le contexte d’un peuple asservi, il était primordial d’apprendre à rendre coup pour coup, de se redresser contre une agression, d’instaurer la virilité chez le peuple ; (d) la prolifération impunie de la trahison et de la perfidie à l’intérêt patriotique était nuisible ; (e) un peuple qui cherchait à se libérer devait faire face à la tyrannie et à la persécution. Il fait état de l’importance qu’accordait Sri Aurobindo à la politique d’auto perfectionnement dans tous les domaines de la vie nationale, désireux d’appliquer la résistance en parallèle avec tous les points du développement de soi : Guha souligne l’aspect visionnaire de Sri Aurobindo qui anticipait le programme constructif et le Satyagraha de Gandhi. (Source: Aurobindo and Jugantar, éd. Sahitya Sansad, p.19). Dans la préface de ce même ouvrage, Bhupendra Kumar Datta ouvre la perspective de cette doctrine créative de se sacrifier : « La marche en avant fut maintenue d’Aurobindo à Jatindranath, de Jatindranath à Gandhi, de Gandhi à Surya Sen, de Surya Sen à Subhas Bose.»

Lors de la poursuite, JNM dépose - avec quelques affaires – son journal intime rédigé en anglais dans le creux d’un arbre : découvertes par les villageois, les affaires disparues avant que le carnet tombe entre les mains de la police, le jour même (9/9/1915) Kilby le transmet à Denham. Lors du procès des trois survivants à Balasore, attirant l’attention de l’avocat des révolutionnaires sur ces écrits de JNM, le juge britannique observe : « Si cet homme restait en vie, il saurait diriger le monde entier.» (Source: "Jatindranath Mukherjee" par Bhupendra Kumar Datta in Dictionary of National Biography, ed. S.P. Sen, Vol. III, p.164). Informant le Centre de la Police secrète de l’incident de Balasore, Denham mentionne : « Jatin Mukherjee était probablement le plus audacieux et le plus activement dangereux de tous les révolutionnaires bengalis.» Encouragé par Londres pour des mesures exceptionnelles, Hardinge écrit à Austen Chamberlain avoir « mobilisé toute source de force militaire disponible en Inde(…) au nom de l’Empire(…) Nous n’avons rien entre nos mains pour faire face aux nouvelles possibilités tant en Perse qu’en Mésopotamie…» Une fois que les membres du conseil du Vice-roi ont connaissance de ce rapport intéressant et les documents annexes, Hardinge fait éloge de l’habilité du Magistrat Kilby et du Sergeant Rutherford dans cette opération, avant de prévenir Austen Chamberlain (15/9/1915) que le premier Bengali tué s’avère être «Jatin Mukherjee, le très célèbre criminel politique en fuite(…) D’après les témoignages il est clair que ces cinq Bengalis étaient engagés dans le complot allemand d’expédier des armes en Inde en complicité avec d’autres de leur parti, dont certains ont été arrêtés au cours du dernier mois.» (Source: First Spark of Revolution par Arun Chandra Guha, 1971, pp.393-394). Le Ministre, au retour du télégramme, demande une extrême discrétion afin d’éviter tout ébruitement par la presse, avant d’écrire (29/10/1915) un mot de remerciement «pour les papiers concernant le Complot d’Armes allemandes.» Nulle recherche ne permet d’avoir accès à ce précieux carnet.


8 Hommages posthumes TIMBRE-POSTE JNM


8.1 Ouvrages ¤ Samasâmayik'ér chokhé Sri Aurobindo, biographie en bengali / Prithwindra Mukherjee, Jijnâsâ, Kolkâtâ, 1969; Sri Aurobindo Institute of Culture, Kolkâtâ, 2003) [Prix Sri Aurobindo pour 2003] ¤ Sâdhak biplabî Jatîndranâth, biographie de JNM en bengali/ Prithwindra Mukherjee, West Bengal State Book Board, Kolkâtâ/ Scheme of University level books, Government of India, New Delhi, 1990 ¤ Undying Courage : Biography of Jatindranath Mukherjee / Prithwindra Mukherjee, Academic Publishers, Kolkâtâ, 1992, xvi+188p (illustrations) ¤ Sri Aurobindo, biographie / Prithwindra Mukherjee, Desclée de Brouwer, Paris, 2000 ¤ Bâghâ Jatin, biographie de JNM / Prithwindra Mukherjee, Dey's Publishing, Kolkâtâ, 4e édition, 2003 ¤ Jyotindranath, the Humanist Revolutionary/ Basudha Chakravarty, Minerva Associates (Publishers), Kolkâtâ, 1982 ¤ First Spark of Revolution /Arun Chandra Guha, Orient Longman, 1972 ¤ Two Great Indian Revolutionaries / Uma Mukherjee, Firma K.L. Mukhopadhyay, Kolkâtâ, 1966 ¤ Terrorism in Bengal / Amiya K. Samanta (ed.), Government of West Bengal, Kolkâtâ, 1995, 6 volumes

8.2 Articles

  • ”Jatindranath Mukherjee” /Bhupendrakumar Datta in Dictionary of National Biography, by Dr S.P. Se, (Ed.), Vol.III, 1974, pp162-165
  • "Jatin Mukherjee ô Mânavendranâth" (‘JNM et M. N. Roy’) / Prithwindra Mukherjee, in Desh, Kolkâtâ, 13/06/87, pp.39-56.
  • "The Haldighât of New India" (Poème de Kazi Nazrul Islâm,, en hommage à JNM) / Prithwindra Mukherjee in The Worlds of Muslim Imagination, compil. Alamgir Hashmi, éd Gulmohar, Islamabad (Pakistan), 1986, pp.109-112.
  • "Nazrul Islam's Poem on Bâghâ Jatîn"/ Prithwindra Mukherjee in The Worlds of Muslim Imagination, compil. Alamgir Hashmi, éd Gulmohar, Islamabad (Pakistan), 1986, pp.241-242
  • "L'héritier, Râjîv"/ Prithwindra Mukherjee in Défense nationale, Paris, juin 1985, pp.109-126.
  • "mahâviplabi târaknâth dâs" (Note biographique sur Târaknâth Dâs, émissaire de JNM aux Etats-Unis) / Prithwindra Mukherjee in Jayashrî, Kolkâtâ, janvier, 1985, pp. 393-416
  • "Bâghâ Jatîn"/ Prithwindra Mukherjee in Challenge : A Saga of India's Struggle for Freedom, People's Publishing House, New Delhi, 1984, pp.264-273.
  • "Hommage à Bâghâ Jatîn"/ Prithwindra Mukherjee in Nouvelles de l'Inde (Bulletin de l'Ambassade de l'Inde), Paris, novembre 1982, pp.11-15.

.*"agni-yug'éra nândîkâr bâghâ jatîn" (Hommage à JNM pour le centenaire de sa naissance) / Prithwindra Mukherjee in Desh, Kolkâtâ, 01/12/79, pp.44-55 (illustrated)

  • "The Transformation of Bourgeois Morality in the Scheme and the Action of Jatin Mukherjee"/ Prithwindra Mukherjee in Indian History Congress : Proceedings of the 38th Session, Bhubaneswar, 1977, pp.493-500.
  • "Jatin Mukherjee and Indo-German Conspiracy (1914-18)" / Prithwindra Mukherjee in Indian Historical Records Commission: Proceedings of the 45th Session, 1977, pp.248-256.
  • "viplabi nétâ jatîndranâth"/ Prithwindra Mukherjee in Saïnik Samâchâr (Journal du Ministère de la Défense), New Delhi, décembre 1975, pp. 20-22.
  • "Jatîndranâth Mukhopâdhyâya" / Prithwindra Mukherjee in Mrityuhîn ('Immortals'), Viplabi Nikétan, Kolkâtâ, 1970, pp.46-57.
  • "Viplabi Jatîndranâth'éra jîvana-darshana" (Essai sur la vie et la philosophie de JNM / Prithwindra Mukherjee in Jayashrî, Kolkâtâ, janvier 1966, pp.748-757.

8.2 Monuments 8.2.1 Bâghâ Jatin : Statue équestre à côté du Victoria Memorial, Kolkâtâ 8.2.2 Bâghâ Jatin : buste en marbre au parc Héduâ (Azad Hind Bâg) de Kolkâtâ 8.2.3 Bâghâ Jatin : buste de marbre au sud de Kolkâtâ 8.2.4 Bâghâ Jatin : gare ferrovière à la banlieue de Kolkâtâ 8.2.5 Bâghâ Jatin : commune sud de Kolkâtâ 8.2.6 Bâghâ Jatin : plusieurs hôpitaux, lycées et écoles dans les Etats du Bengale occidental et Orissâ 8.2.7 Bâghâ Jatin : plusieurs bustes en Orissâ 8.2.8 Bâghâ Jatin : une des routes principales en Orissâ


8.3 Films 8.3.1. Bâghâ Jatîn par Hiranmay Sen (en bengali), 1957 8.3.2. Bâghâ Jatîn par H. Dâsgupta, Films Division, Government of India, documentaire (en anglais), 1977 8.3.3. Bâghâ Jatîn (en oriyâ), documentaire

9 Ainsi parlait JNM (Jatîndranâth Mukherjee)

9.1. “Nous allons mourir pour que la nation s’éveille.” 9.2. “Par saccades nous allons secouer la conscience patriotique.” 9.3. « Praphulla Châki, Khudirâm, Châru Basu, Bîren Datta-Gupta ont sacrifié leur vie en martyrs individuels. C’est notre tour de mourir en guérilla, pour qu’un jour le soulèvement de la masse devienne possible. » 9.4. « Si nous nous inquiétons pour notre propre sécurité, pourquoi avons-nous choisi cette voie périlleuse ? Nous allons mourir pour vaincre la peur de mourir, pour que le peuple apprenne à vivre dans la dignité de citoyens libres. » 9.5. « La Thaïlande sera notre Suisse de l’Asie. » 9.6. « Si le service pour libérer la Patrie ne nous menait pas à la délivrance spirituelle, je ne serais pas à vos côtés. » 9.7. Kaptipodâ, le 18 mai 1915 [Lettre à sa sœur] « N’oubliez dans aucune circonstance na hi kalyânakrit kaç-cit durgatim tâta gacchati.(1) Grâce aux bénédictions de notre Mère, j’ai pu sortir indemne de tous les dangers : de même qu’elle m’a secondé dans toutes mes activités, elle m’aidera certainement à traverser les circonstances présentes. Rien que son inspiration m’a permis de me jeter dans cet océan d’actions; elle-même, elle me ramènera sur la terre ferme…

« … Vous avez constaté tellement souvent combien tout est éphémère dans cette vie : celui, qui a la chance de sacrifier cette vie éphémère dans ce monde éphémère pour la cause du Dharma(2), est en vérité tellement fortuné… 

« …Désireux de faciliter sa tâche de mener à bien cette réalisation, [ses proches] restent au foyer pendant son absence, avec le seul but de garder fermes leur espoir et leur confiance en Dieu, se protégeant et se consolant mutuellement : c’est cette catégorie d’êtres humains qui sont véritablement bénis, qui ont puisé sur terre le lait d’une mère digne de toute gloire. « Tout le monde peut se plaindre et se lamenter (…) Nous ne sommes pas - à l’instar des autres - enfants d’une mère au cœur froussard et sans foi : rappelez-vous tout ce qu’elle a souffert la vie durant avec un sourire. Si elle était, aujourd’hui, de ce monde, elle m’aurait sans aucun doute félicité pour le choix de mes activités. » « A une occasion, dans le passé, sur la face d’une grave menace, ne m’aviez-vous pas écrit : Celui qui t’aime mieux que nous tous, prend soin de toi, Lui-même, constamment; que pourrons-nous pour toi bon Dieu, en nous inquiétant pour toi ? Votre attitude, dans toutes ces années, est censée atteindre un état bien supérieur. Il m’est permis d’espérer que la force de votre âme est aujourd’hui bien plus intense. « N’oubliez pas que dans des moments difficiles, il est sage de rester imperturbable et de compter sur sa propre raison. Conservez votre foi ferme aux pieds de notre Gurudéva vénéré.(3) Ecrivez-lui régulièrement. » Note (1) : Citation du Bhagavad Gîtâ que JNM connaissait par cœur : « Celui que tu dis ne se perd ni dans ce monde, ni dans l’autre ; qui fait le bien… ne saurait aller à sa perte. » (VI. 40) [traduction d’Emile Sénart, 1944] Note (2) : La Loi juste, l’Ordre cosmique qui conserve l’équilibre du monde. Note (3) : Le saint Bholânand Giri de Hardwâr

9.8. Kaptipodâ, le 18 mai 1915 [Lettre à son épouse] « Par la volonté de Dieu, tu m’as épousé depuis bientôt quinze ans. Durant cette période longue, chaque fois que le temps m’était accordé, j’ai tâché de t’expliquer où réside la source de la véritable humanité. De tant de manières t’ai-je prévenue que la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement, surviendrait certainement un jour, te demandant même de t’y attendre. J’espère que toutes ces semences de mon enseignement ont porté les fruits souhaités dans un champ de qualité. Ce que j’attends de toi c’est d’être la personne parmi tant de milliers en qui, en particulier, s’épanouissent simultanément la force, la patience et un sens du devoir (…) Sache que Purusha n’est complet qu’en prenant en considération Prakriti(4) : quelle que soit la distance qui nous sépare, que ta sérénité et ton assistance avec la puissance bienveillante de tes vœux m’accompagnent pour toujours. Sois constante dans tes prières auprès de Gurudéva et aux pieds du Divin pour l’accomplissement de la mission de ton époux, et garde courage dans ton cœur. » [Lettre à son épouse] Note (4) : Notion fondamentale de la philosophie indienne : Purusha = l’Absolu ou le Mâle transcendant; Prakriti = l’Energie divine créatrice ou la Femme transcendante.

9.9. Prison Centrale d’Alipore, le 4 avril 1910 [Lettre à sa sœur] « (…) Quoi qu’il en soit, maintenez votre soumission à Dieu et confiez moi à ses pieds seuls : de même qu’il m’a protégé depuis mon enfance à travers tant de dangers, ici aussi il est mon unique appui. Plus il aime quelqu’un, plus grandes sont les épreuves qu’il place devant celui-là et, ainsi, l’introduisant en face de diverses calamités, Il rend sa présence manifeste. L’homme n’a aucun pouvoir sur ce qu’il décidera de faire; nous avons au plus le choix de nous confier à Lui et vivre les résultats de nos actes passés; les fruits sont uniquement entre Ses mains. (…) Fixez votre regard sur Lui et restez au foyer, armée de l’espoir. Dieu a plus d’affection pour vous et, par conséquent, vos épreuves aussi sont plus de taille et plus dures que les miennes. Quoiqu’il arrive, n’oubliez pas sa compassion. Ne Le mettez pas, même pour un instant, en doute. 9.10. Prison Centrale d’Alipore, le 23 mai 1910 [Lettre à sa sœur] « (...) Que peut-on par l’inquiétude ? Dieu est le Maître, nous ne sommes que ses jouets. Il mène à chaque moment son jeu. Quand Il aime quelqu’un beaucoup, Il aime le bousculer. Au lieu de s’en affliger, si l’on garde en mémoire toute Sa compassion, la dévotion ne peut que s’en raffermir. Très vite vous verrez la profondeur de sa miséricorde : (vous verrez) comment, pas à pas, il mène l’innocent vers (Son) abri (...)

9.11. Prison Centrale d’Alipore, le 20 août 910 [Lettre à sa sœur] « (...) Quoiqu’il en soit, je place mon regard sur les pieds du Père suprême qui ne veut que notre bien. Quel que soit Son verdict, je l’accepterai comme Ses bénédictions. Jamais Il ne fait rien pour notre mal. Apparemment ce que nous prenons pour mal cache, par derrière, certains desseins nobles qu’avec notre esprit erroné nous ne pouvons comprendre. Vous fiant intégralement à Lui, concentrant toute force dans l’âme, attendez le temps (propice)…

9.12. Prison Centrale d’Alipore, le 25 septembre 1910 [Lettre à sa sœur]

« (...) Par la grâce du saint notre Guru je vais mieux. (…) De toute façon, n’ayez aucune crainte. Seul Dieu est notre refuge et Lui seul est le maître du bien et du mal de ses enfants. Cette fois Il m’a accordé une ample chance de me rendre compte de sa faveur et de son affection. C’est dans de telles circonstances et de tels lieux que l’on peut d’une manière adéquate mesurer sa faveur et sa compassion. Si Dieu m’en donne l’occasion, je raconterai tout auprès de vos pieds. Celui que Dieu aime, c’est de cette manière qu’il lui fait preuve de Son amour. »


10 Renvois ¤ Sri Aurobindo ¤ M.N. Roy ¤ Rasbehari Bose ¤ Târaknâth Dâs ¤ Le Ghadr ¤ Indian Freedom Fighters ¤ People of Kolkâtâ ¤ 1879 births ¤ 1915 deaths ¤ British Rule in India ¤ Bagha Jatin : www.odiya.org/personality/perslink/jatin.html

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¤ Bagha Jatin : 64.246.44.128/phpBB2/viewtopic.php?t=123& postdays=0&postorder=asc&&start=160&sid=079d...

¤ Bagha Jatin : services.vandemataram.com/Patriots. jsp?CatId=6&start=10&end=20 - 14k - Résultat complémentaire

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¤ Bagha Jatin : www.amarchitrakatha.com/store/viewItem.asp?idProduct=341–



7 Son héritage : évaluation Les répercussions – même étouffées par la Couronne tant, pour ne pas ternir son image internationale d’un bon ménage avec son empire des Indes, qu’au nom de l’autorité qu’elle exerçait sur cette vache à lait – étaient forcément proportionnelles à l’ampleur du mouvement conçu et mis sur pied par JNM. Nous n’en retenons que deux principales.

7.1 Vu de Londres Du point de vue du professeur Amales Tripathi , un examen minutieux du Procès de Howrah et des écrits des militants impliqués, révèle les nouveaux courants originaux que JNM avait introduits : (a) la création d’une conscience révolutionnaire à partir d’actes audacieux et apparemment épars, et du martyr individuel ; (b) une résistance armée sporadique par petits groups, en même temps qu’un effort d’améliorer globalement le niveau de vie (notamment financier) de la population ; (c) la collecte d’armes de sources indigènes (dont le cas de l’entreprise Rodda de Kolkâtâ) et d’en importer (de l’Allemagne via la côte californienne); (d) l’organisation et la consolidation de la guérilla; (e) endoctrinement des soldats indigènes de différents régiments (dont les 10e Jats et les 16e Rajput Rifles) et la préparation d’un soulèvement panindien.

Bhûpati Majumdâr, ancien disciple de JNM – plusieurs fois ministre au Bengale-occidental depuis 1947 – réclamait dans son article intitulé Dâdâ (‘Grand Frère’) que tout le réseau international était conçu et créé par ce seul cerveau maître. La première alerte lancée par le Vice-roi Minto en janvier 1910 en caractérisant JNM et son action d’un nouvel esprit reçut une corroboration de la plume de son successeur Hardinge qui, à peine arrivé en Inde, avait repéré Jatin comme le vrai criminel, tout en regrettant vivement le non lieu qu’il venait de remporter ; exaspéré, Hardinge avouera dans sa lettre à Valentine Chirol que, par la suite, les services de l’Ordre et de la Justice se trouvaient bafoués aux deux parties du Bengale. Dans une dépêche à Londres, la Police de Kolkâtâ reconnaissait, en début de 1915, que malgré une forte prime annoncée pour la capture de JNM, celui-ci se déplaçait libre de ses mouvements grâce à ses déguisements parfaits : nul agent n’était disponible pour le suivre à sa trace car l’homme était « dangereux, se promenant toujours armé. »

Prévenu que Charles Tegart rentrait de Balasore, J.N. Ray, avocat et ami de JNM lui demanda le bien-fondé des bruits concernant l’éventuelle mort de JNM. Tegart – réputé avoir aidé JNM à mourir à l’hôpital - répondit : “Malheureusement c’est vrai. » Interrogé sur son choix de l’adverbe, le Commissaire ajouta : «C’était le seul en Inde qui ait improvisé une guerre de tranchées ! » Plus tard, fidèle à l’attitude condescendante occidentale, de même que Chirol, Ker, Rowlatt, jusqu’à Judith Brown, Tegart écrira : “Dans le tempérament de Jatin(…) et celui d’autres enthousiastes, le visionnaire remportait sur le réaliste(…) Cependant leur puissance de meneurs était immense. » Force est de constater que s’agissant de Gandhi et Nehru, Emery les trouvait des “niggling unpractical creatures” (‘créatures invétérées privées de sens pratique’), tandis que Linlithgo commentait : “Ils ne pouvaient jamais courir tout droit. » Néanmoins, sortant de ce jugement paternaliste traditionnel de l’indigène, Tegart finit par avouer que si – selon les projets de Jatin – l’armée de libération pouvait être entraînée de façon adéquate à la frontière birrmano-thaïlandaise et, si la livraison d’armes et de munitions pouvait s’effectuer aux ports indiens, ceci signifierait sérieusement une défaite britannique dans la Première Guerre.

Lors de la dernière poursuite, JNM avait déposé - avec quelques affaires – son journal intime rédigé en anglais dans le creux d’un arbre : découvertes par les villageois, les affaires avaient disparu avant que le carnet fût remis à la police. Le jour même (9/9/1915) Kilby le transmit à Denham. A Balasore, lors du procès des trois survivants, attirant l’attention de l’avocat des révolutionnaires sur ces écrits de JNM, le juge anglais observa : « Si cet homme restait en vie, il saurait diriger le monde entier. »

Informant le Siège de la Police secrète de l’incident de Balasore, Denham mentionna : « Jatin Mukherjee était probablement le plus audacieux et le plus activement dangereux de tous les révolutionnaires bengalis. » Encouragé par Londres pour des mesures exceptionnelles, Hardinge venait d’écrire à Austen Chamberlain qu’il a « mobilisé toute source de force militaire disponible en Inde(…) au nom de l’Empire(…) Nous n’avons rien entre nos mains pour faire face aux nouvelles possibilités tant en Perse qu’en Mésopotamie… » Une fois que les membres du conseil du Vice-roi prirent connaissance de ce rapport intéressant et les documents annexes, Hardinge fit éloge de l’habileté du Magistrat Kilby et du Sergeant Rutherford dans cette opération, avant de prévenir Chamberlain (15/9/1915) que le premier Bengali tué s’avère être «Jatin Mukherjee, le très célèbre criminel politique en fuite(…) D’après les témoignages il est clair que ces cinq Bengalis étaient engagés dans le complot allemand d’expédier des armes en Inde en complicité avec d’autres de leur parti, dont certains ont été arrêtés au cours du dernier mois. » Le Ministre, au retour du télégramme, recommanda une extrême discrétion afin d’éviter tout ébruitement par la presse, avant d’écrire (29/10/1915) un mot de remerciement « pour les papiers concernant le Complot d’Armes allemandes. » Nulle recherche n’a permis d’avoir accès à ce précieux carnet.

7.2 Le Jugântar, le Ghadr et Gandhi En résumant la théorie révolutionnaire de Sri Aurobindo en 1906, un militant de l’époque, Arun Chandra Guha – devenu collaborateur estimé de Gandhi et Ministre de l’Union indienne - semblait esquisser le parcours pratique de JNM, son idole de toujours : (a) prôner la violence en réponse à la violence devenait indispensable ; (b) tolérer l’injustice freinerait et affaiblirait l’enthousiasme, la persévérance et l’unité patriotiques, tellement nécessaires pour le mouvement d’indépendance ; (c) dans le contexte d’un peuple asservi, il était primordial d’apprendre à rendre coup pour coup, de se redresser contre une agression, d’instaurer la virilité chez le peuple ; (d) la prolifération impunie de la trahison et de la perfidie à l’intérêt patriotique était nuisible ; (e) un peuple qui cherchait à se libérer devait faire face à la tyrannie et à la persécution. Il fit état de l’importance qu’accordait Sri Aurobindo à la politique d’auto perfectionnement dans tous les domaines de la vie nationale, désireux d’appliquer la résistance en parallèle avec tous les points du développement de soi : Guha souligne l’aspect visionnaire de Sri Aurobindo qui anticipait et énonçait le programme constructif et de Satyagraha de Gandhi. Dans la préface de cet ouvrage, Bhupendra Kumar Datta ouvrait la perspective de leur doctrine créative de se sacrifier : « La marche en avant fut maintenue d’Aurobindo à Jatindranath, de Jatindranath à Gandhi, de Gandhi à Surya Sen, de Surya Sen à Subhas Bose. »

D’après Guha, malgré une politique gouvernementale de dénigrer les révolutionnaires comme des terroristes ou des anarchistes, les hautes instances étaient sensibles à ce programme basé sur une capacité d’un sacrifice total au nom de l’indépendance : ce fond d’estime aboutit par le caractériser, par exemple, dans le Rapport de la Commission Rowlatt, en 1918, comme un « mouvement révolutionnaire ». En 1920, en réponse à l’appel de Gandhi de lancer un programme non-violent et de « non coopération », le Jugântar au Bengale (l’esprit de JNM) - après avoir consulté Sri Aurobindo - et le Ghadr au Punjab lui accordèrent leur participation politique provisoire, tout en maintenant leurs réserves éthiques. Ces réserves éthiques serviront à rectifier les faux pas de Gandhi tout le long de son parcours. Lorsqu’en juin 1924 le jeune militant bengali Gopînâth Sâhâ sera exécuté pour avoir descendu un Européen (qu’il avait mépris pour Tegart, associé avec la mort de JNM), refusant de rendre hommage à la mémoire de ce martyr, Gandhi le stigmatisera, tandis que sept ans plus tard, il déplorera Bhagat Singh, militant punjabi exécuté dans des circonstances similaires. L’autoritarisme de Gandhi démontra, en 1936, comment dompter le fougueux et socialiste Jawaharlâl Nehru en lui tendant la perspective du dauphin ; en 1939, il évincera Subhâs Bose – élu Président - du Parti Congrès, toujours pour son projet gauchissant. Ce qui mitigera davantage la notion de sa non-violence.

Prévenu par son ami Horace Alexander que sa politique décevait profondément ses admirateurs britanniques, en juin 1942, Gandhi s’en prit au journaliste Louis Fischer soulignant les éléments fascistes du régime britannique et lui demanda si les libertés prônées par Roosevelt incluaient aussi la liberté d’être libre : « On nous prie de lutter pour la démocratie… Comment est-ce possible pendant que nous-mêmes nous n’en avons pas ? » Dépassé par l’idylle entre le Gouvernement et Jinnah concernant les priorités musulmanes séparatistes, Gandhi fut interrogé sur la nature des choses dans l’hypothèse où par son opération Anglais, fichez le camp, ceux-ci lâchaient l’Inde pendant que le Japon s’acharnait sur la frontière orientale du pays : dans une candeur puérile, il soutint qu’une fois que les Japonais découvriraient que leurs ennemis - les Anglais - étaient partis, ils laisseraient l’Inde tranquille, car on était des amis. Avec maladresse, il fit écho de la formule de JNM : « l’Inde n’a pas besoin d’une puissance étrangère ; sa propre force intérieure trouvera son salut. » Sur les menaces éventuelles d’un éclatement de violence populaire, Gandhi fut formel : « Les scrupules que j’avais, étaient nécessaires pour notre expérience. Dorénavant, je n’en aurai plus. » Ce qui signifiait un abandon de son pacifisme.

Calquée sur le projet de JNM du 21 février 1915, cette opération avait pour but des grèves, des manifestations, la démission des fonctionnaires, le boycott des établissements scolaires, le refus de payer des taxes, convaincre les paysans que la terre appartenait à ceux qui la labouraient. Dès le 9 août 1942, tandis que les dirigeants – Gandhi compris - étaient tous incarcérés pour avoir incité le peuple à la violence, la révolte ressembla à une traînée de poudre. Des trains mis en feu, les lignes ferroviaires arrachées, les câbles sectionnés… Toute la colère intériorisée du peuple depuis la dénonciation brusque de Gandhi devant le défoulement spontané à Chauri Chaura - accompagnée de boniment non-violent pendant vingt ans - bannit une fois pour toutes le retour de doctrines expérimentales au dépens d’un peuple en souffrance. Le sous-continent, par étapes successives, n’allait plus connaître que des famines, des pogromes de plus en plus virulents, jusqu’au génocide de 1947. Dans ce contexte, se rappelant la discipline avec laquelle JNM avait maîtrisé tout acte de violence entre 1911-14 au nom d’un projet constructif, certains dirigeants se tournèrent vers Sri Aurobindo pour une solution. La réponse fut : « Si Jatin Mukherjee était en vie, il aurait résolu le problème avant de venir me dire : Voici, Aurobindo, ce que j’ai pu. »


8 Hommages posthumes TIMBRE-POSTE JNM

Dans les annales de la lutte pour l’indépendance, le 9 septembre fut commémoré comme une date de réflexions, de résolutions et de transitions. D’après le rapport de H.W. Hell les révolutionnaires, sous la couverture du Congrès, reprenaient leur programme en 1923 : depuis le Punjab jusqu’au Bengale, le 9 septembre, ouvertement on célébrait avec enthousiasme le martyre de JNM, en publiant des articles illustrés consacrés à sa mémoire ; l’Englishman, porte-parole du Gouvernement, fit part de ses inquiétudes dans deux de ses articles. C’est le 9 septembre 1938, d’un accord unanime les dirigeants du Jugântar (l’esprit JNM) mirent officiellement fin à leur programme radical, au profit de l’action du Congrès sous la direction de Gandhi. Cependant, le 9 septembre 1947 fut fêté au grand jour dans une liesse populaire, pendant toute une semaine d’hommages spontanés.

9 Ainsi parlait JNM (Jatîndranâth Mukherjee)

9.1. “Heureusement chaque goutte de ce sang a été versée au service de la mère Inde” [Dernière parole, à la vue de ses plaies qui saignaient toujours, le lendemain de la bataille de Balasore.] N.B. Soixante-dix ans plus tard, dans son dernier discours à proximité de Balasore, Indirâ Gandhi prononcera, la veille de son assassinat : “Si je dois mourir au service de la nation, je le ferai avec fierté. Chaque goutte de mon sang (...) contribuera au développement de ce pays, à son renforcement et à son dynamisme.” 9.2. “Nous allons mourir pour que la nation s’éveille.” 9.3. “Par saccades nous allons secouer la conscience patriotique.”

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