Barbe-Bleue
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La Barbe-Bleue est un conte populaire, dont la version la plus célèbre est celle de Charles Perrault, parue en 1697 dans Les Contes de ma mère l'Oye.
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[modifier] Histoire
Une jeune femme vit une période angoissante de sa vie : sa famille va la donner en mariage à un riche gentilhomme du voisinage, plus âgé qu'elle et avec une particularité physique : il a la barbe bleue. Le personnage est d'autant plus inquiétant qu'il a déjà été marié à diverses reprises, et que toutes ses femmes ont mystérieusement disparu…
Quelques temps après les noces, Barbe-Bleue doit quitter le foyer pour affaires. Il confie à sa jeune épouse un trousseau de clés ouvrant toutes les portes du château. Mais attention ! Il est une pièce où la jeune femme ne doit se rendre sous aucun prétexte.
Une fois seule, rongée par la curiosité, elle pénètre dans le lieu interdit et fait une macabre découverte : le corps des précédentes épouses, pendues à des crochets. Sous le coup de l'émotion, elle laisse tomber la clé, qui se tache de sang.
La jeune femme vit dans la crainte du retour de son mari. L'angoisse est à son comble lorsque, en essayant d'effacer la tache, elle se rend compte que la clé est magique, et que le sang ne disparaît pas...
[modifier] Analyse
Le conte de Barbe Bleue aborde le thème du mariage, du point de vue de la jeune fille. Comme il était d’usage à l’époque en Europe, les mariages étaient l’affaire des familles, et les unions arrangées par les parents ou tuteurs légaux. Etre unie à un parfait inconnu pouvait représenter quelque chose d’angoissant et d’effrayant pour des jeunes filles, surtout lorsqu’un grand nombre d’années les séparaient de leur futur conjoint.
La sexualité, découverte par la majorité des jeunes filles le soir de leur noces en ces temps, n’est pas le thème du récit, contrairement à La Belle au bois dormant ou au Petit chaperon rouge. Le conte éduque en revanche la lectrice au devoir d'obéissance. Car si Barbe Bleue est décrit comme une sorte d’Ogre, les choses se passent parfaitement bien entre les époux jusqu’à ce que la jeune mariée transgresse la règle fixée par le chef de famille. Et on peut imaginer que c’est la même désobéissance qui a conduit les précédentes épouses jusqu’à leur funeste destin. La mort est donc présentée comme le châtiment qui attend la femme désobéissante.
Car à cette époque, la femme doit obéissance à son mari, d’un point de vue légal ; c’est ce que le conte enseigne. Heureusement pour la jeune héroïne, elle échappe à son sort grâce à sa famille, toujours attentive même après le mariage : ses frères viennent en effet à bout de Barbe Bleue pour la sauver. Mais là encore, elle reste soumise à l’autorité masculine au sein de sa propre famille.
Le thème de la curiosité des femmes et de leur désobéissance est à rapprocher du péché originel d’Ève dans la Bible ou de la boîte de Pandore de la mythologie grecque.
[modifier] Le personnage de Barbe-Bleue
Barbe-Bleue est à l'origine un personnage des histoires de tradition orale. C'est une variante de l'ogre qui s'attaque à ses femmes successives et aux enfants qu'il en a. Suite à la diffusion du récit de Perrault, on l'a associé à différents personnages, historiques ou mythologiques :
- Ainsi, dans la mythologie grecque, Cronos et Médée partagent cette conduite infanticide, mais c'est la mise en cause de la femme dans sa fonction la plus élevée qui est la faute majeure que la finalité morale du conte doit faire entendre qu'elle mérite la mort.
- Conomor, personnage historique travesti en Barbe-Bleue aux couleurs bretonnes, est conforme au personnage du contes de Charles Perrault.
- Gilles de Rais, compagnon de Jeanne d'Arc a été qualifié de « Barbe-Bleue » nantais. Il était en effet un amateur criminel de jeunes gens et d'enfants.
- Henri VIII d'Angleterre, qui fit condamner à mort pour trahison sa seconde épouse Anne Boleyn, a lui aussi été gratifié de ce surnom.
- Henri Désiré Landru, tueur en série français, fut surnommé "le Barbe-Bleue de Gambais".
Le personnage de Barbe-Bleue inspira nombre d'écrivains, musiciens et cinéastes.
[modifier] Adaptations
(liste non exhaustive)
- Raoul Barbe-Bleue, opéra d'André Grétry, livret de Michel-Jean Sedaine (1789) est probablement le premier des nombreux opéras sur le personnage
- Barbe-Bleue, film muet réalisé par Georges Méliès, sorti en 1901
- Le Château de Barbe-Bleue est l'unique opéra de Béla Bartók (1911), livret de Béla Balázs. Barbe-Bleue n'est pas ici le monstrueux personnage traditionnel, mais un idéaliste sombre et renfermé. C'est sa nouvelle fiancée (Judith) qui l'oblige à ouvrir les sept portes secrètes, pour découvrir dans la dernière les trois premières épouses de Barbe-Bleue, qu'elle ira rejoindre, laissant l'Homme à son éternelle solitude
- Barbe-Bleue est un opéra-bouffe de Jacques Offenbach (livret de Meilhac et Halévy) de 1866. L'héroïne s'appelle Boulotte, tendance nymphomane ; Barbe-Bleue confie à un alchimiste (Popolani) le soin de faire disparaître ses épouses successives - ce qu'il fait, mais en les enfermant dans un "gynécée" à son usage...
- Barbe-Bleue est un ballet de Marius Petipa (1896)
- Ariane et Barbe-Bleue est l'unique opéra de Paul Dukas (1907)
- Barbe-Bleue, court-métrage réalisé par Jean Painlevé, sorti en 1936
- La Huitième Femme de Barbe-Bleue (Blue Beard's Eighth Wife), comédie de Ernst Lubitsch avec Claudette Colbert et Gary Cooper
- La Huitième Femme de Barbe-Bleue (L'Ottava moglie de Barbablù) est également un opéra de Frazzi (1940)
- Barbe-Bleue, film réalisé par Christian-Jaque, sorti en 1951
- Barbe-Bleue, film réalisé par Edward Dmytryk, sorti en 1972
- Barbe-Bleue, téléfilm musical (réalisateur non connu), diffusé en 1972 à la télévision française
- Barbe-Bleue, téléfilm musical, réalisé par Jean Bovon, diffusé en 1984 à la télévision française
- L'Affaire Barbe-Bleue est un roman de Yak Rivais de 2000