Épistémè

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L’épistémè (du grec ἐπιστήμη) est la conception du monde (weltanschauung), la pratique du monde d’un groupe social, à une époque donnée.

Michel Foucault le caractérise de la façon suivante :

« ... l'épistémè, où les connaissances, envisagées hors de tout critère se référant à leur valeur rationnelle ou à leurs formes objectives, enfoncent leur positivité et manifestent ainsi une histoire qui n'est pas celle de leur perfection croissante, mais plutôt celle de leurs conditions de possibilité ; ... » (Foucault, Les Mots et les Choses, 1966 : 13)

Le concept d’épistémè est employé dans un sens plus large que le concept de paradigme.

A chaque époque de l'Histoire – Bas Moyen Age - Renaissance, Age classique, modernité - correspond ainsi une vision du monde spécifique, une épistémè.

Le terme est écrit « épistémè » - c’est en particulier le choix de Michel Foucault – mais aussi « épistémé » ou « épistêmê ».

Dans les Mots et les Choses, Michel Foucault étudie plus particulièrement le passage de l'âge classique à la modernité actuelle. Il suggère que nous sommes déjà dans une épistémè ultérieure. Cette épistémè peut porter le nom d’hypermodernité.

Il est intéressant de comparer les épistémès décrites par Foucault avec les médiasphères décrites par la médiologie – logosphère, graphosphère, vidéosphère, webosphère.

Il est également intéressant de rapprocher l'épistémè du concept de représentation mentale employée par des historiens comme Georges Duby, ou de représentation sociale.

Dans son usage le plus courant le terme d’épistémologie ne désigne pas l’étude des épistémès - c'est à dire d'ensembles considérés articulations de productions de visibilités, de pratiques discursives, d'organisations de la connaissance, etc. mais quelque chose de plus ciblé comme par exemple, « étude critique de la connaissance ».

Certes, ce discours sur la connaissance peut se développer en philosophie de la connaissance et de là en philosophie du langage puisqu'il n'y a pas de connaissance sans langage. Puis par paliers successifs à une philosophie de l'action puisqu'il n'y pas de langage en dehors d'une action, etc..

Cependant on note une différence fondamentale de posture de recherche entre, par exemple, un Michel Foucault qui embrasse d'emblée la production de discours et celle de visibilités et celle d'épistémologues qui procèdent selon les glissement successifs décrits ci-avant.

Une des acceptions du mot épistémologie est « étude critique des sciences ».

Une autre seconde, dans le monde anglo-saxon, est « théorie de la connaissance ».