Troisième cohabitation
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La période de cohabitation qui s'étend de 1997 à 2002 est la troisième de la Vème République. Elle se déroule dans un contexte politique très différent des deux premières. Elle n'était pas attendue, donc pas préparée par les principaux acteurs, contrairement aux précédentes. Conséquence d'une dissolution surprise de l'Assemblée nationale, elle intervient en outre en début de septennat présidentiel et va durer le temps de la législature.
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[modifier] Le contexte
Jacques Chirac, Président de la République, deux ans après son entrée à l'Elysée et alors que la majorité parlementaire qui soutient le gouvernement Alain Juppé est écrasante, mais divisée, estime que les échéances à venir, notamment européennes et les réformes en cours nécessitent "une majorité ressourcée et disposant du temps nécessaire à l'action" et "qu'il faut, dès maintenant, aller plus loin sur le chemin des changements. Il faut que l'action politique monte en puissance pendant les cinq années qui viennent. Pour réussir, la France a besoin d'un nouvel élan. Cet élan ne peut être donné que par l'adhésion, clairement exprimée, du peuple français" (déclaration télévisée, 21 avril 1997).
A l'approche du scrutin législatif, l'éventualité d'une nouvelle cohabitation est de nouveau posée. Jacques Chirac, le 20 mai 1997, se référant à la scène internationale et plus particulièrement au cadre de la construction européenne, déclare : "N'oublions jamais que la France ne pourra défendre ses intérêts que si elle est capable de parler d'une seule voix, et d'une voix forte", manière indirecte de mettre en garde les électeurs contre un éventuel succès de l'opposition parlementaire.
Lionel Jospin réagit le lendemain en affirmant qu'en cas de cohabitation, il est évident que la France parlera d'une seule voix et il rappelle, dans un entretien au Figaro, que : "En matière de cohabitation, la Constitution est claire sur les pouvoirs de chacun. La cohabitation n'est plus une situation mystérieuse, puisqu'il y en a eu déjà deux. Ce qui compte c'est de respecter la fonction de chacun...".
[modifier] Les Faits
La nette victoire de la gauche plurielle (PS, PC, radicaux de gauche, Verts), qui obtient la majorité absolue au scrutin législatif des 25 et 1er juin 1997, ouvre donc une nouvelle période de cohabitation.
Le 2 juin 1997 Jacques Chirac nomme Lionel Jospin Premier ministre.
Cette troisième cohabitation, qualifiée à plusieurs reprises de "constructive" par le Président de la République débute néanmoins par une mise au point d'ordre institutionnel. Répondant à une question, lors du traditionnel entretien télévisé le 14 juillet 1997, Jacques Chirac déclare : "La Constitution prévoit des choses et ces choses donnent, notamment, une prééminence, et je dirais, donnent un peu le dernier mot au Président de la République...".
Deux jours après, dans une déclaration en Conseil des ministres Lionel Jospin corrige l'appréciation présidentielle par ces termes : "Il n'y a pas de domaine de la politique française où le Président aurait le dernier mot".
Cette troisième cohabitation se caractérise par un contexte politique défavorable au chef de l'Etat, qui se voit contraint à cette situation du fait de la dissolution qu'il a provoquée, ce qui en outre lui interdit toute nouvelle dissolution pendant un an.
Comme François Mitterrand en 1986-1988, Jacques Chirac, s'appuyant sur son rôle de gardien des intérêts permanents, va exercer une magistrature tribunicienne en adressant des gestes en direction de l'opinion. Il fera connaître ses désaccords ou exprimera des mises en garde à propos de la politique menée par le gouvernement, soit en Conseil des ministres, soit au cours de déplacements en province.
[modifier] La fin de la cohabitation
A l’approche du scrutin présidentiel d’avril 2002, auquel il se représente, Jacques Chirac précise ses critiques. Si le 14 juillet 1999, il avait qualifié la cohabitation de "constructive", deux ans plus tard, il dénonce le "manque de volonté d’agir" du gouvernement "en matière de sécurité" et son "immobilisme" concernant les réformes à entreprendre (14 juillet 2001). ce qui est certain, c'est qu'elle n'a pas été un handicap. Et la preuve en est, nous avons réussi ce sommet. Nous l'avons réussi ensemble"
Le 21 avril 2002, Jacques Chirac arrive en tête du premier tour de l’élection présidentielle, avec un score relativement faible pour un Président sortant (19,9% des suffrages exprimés). Le contexte très particulier du second tour, du fait de la présence de Jean-Marie Le Pen, lui assure une réélection triomphale (82,2%). Un mois plus tard, au scrutin législatif l’Union pour la majorité présidentielle obtient la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale. C’est la fin de la troisième cohabitation.